« Nous assistons à une vampirisation, par les GAFAM, d’internautes exhibitionnistes qui, en tant que proie, sont dans une posture de ravissement. » (Christophe Bruno, artiste anti-Google)
Technologie, sexe, vie privée et notoriété : mélangez, secouez, vous obtenez un risque de chantage à la sextape, c’est-à-dire à la vidéo intime logée dans le cœur de votre mobile ou de votre tablette. Si ces appareils mêlant l’intime (photos et vidéos perso) et le social (échanges sur les RS) sont volés, alors le pire est possible.
Tout le monde a suivi l’affaire Valbuena-Benzema, qui a fini en eau de boudin pour raison d’État : la France ne pouvait pas se passer de Benzema à la pointe de l’attaque en octobre 2021. C’est notamment lui qui sauvera les fesses des Bleus contre la Belgique, dans une demi-finale de Ligue des nations très mal engagée.
Depuis, le Madrilène a été à nouveau évincé des Bleus et n’a pas pu participer au mondial du Qatar, mais c’est une autre histoire. Aujourd’hui, la chanteuse française Aya Nakamura fait le tour des plateaux pour vendre son nouveau disque – toujours le même, avec les mêmes chansons imbitables – et polir son image qui risque d’être écornée par une sordide affaire de chantage. La justice, elle y est abonnée depuis ses déboires (violences réciproques) avec son ex, le producteur musical Vladimir Boudnikoff.
Ce que fait le maître-chanteur (qui demande 250 000 et pas 250 millions d’euros), c’est le versant visible et amateur du vol de données à grande échelle que pratiquent les GAFAM : mais là, il n’y a pas de chantage, puisque toutes les données, absolument toutes, que vous entrez dans vos appareils mobiles, leur appartiennent de fait, et sont vendues aux enchères à des entreprises annonceurs, qu’elles soient économiques, politiques, sanitaires… Qui ensuite vous ciblent pour vous vendre ce dont vous n’avez pas besoin, par exemple une injection, un Macron…
Sextape, la data monnayable qui peut vous échapper
Le circuit est tout simplement parallèle avec les escrocs hors GAFAM, qui dealent par exemple vos codes personnels pour accéder à votre boîte mail ou à votre compte bancaire. D’où l’explosion du phishing qui pousse les victimes à faire le yo-yo entre la police et la banque, chacune se renvoyant la balle. Les plaintes sont de moins en moins reçues par des flics débordés, et les banquiers remboursent de moins en moins facilement…
Dans le domaine people, les journalistes peuvent acheter à un employé d’opérateur de téléphonie indélicat le contenu d’une boîte mail de star… Quant aux flics du renseignement, ils ont un accès direct à tous vos échanges, sur simple autorisation d’un juge, ou alors pour un petit billet, qui n’est qu’un investissement : cela permet de revendre ensuite le contenu des échanges à des chasseurs de people. En réalité, plus rien n’est protégé, il n’y a plus d’intimité, tout se deale, c’est le capitalisme de l’intime.
Au royaume du numérique, aucune data ne se perd – toutes se transforment en monnaie sonnante et trébuchante. Des transactions chiffrées en milliards, qui font de la donnée l’or noir du XXIe siècle et du web un pays de Cocagne pour les géants d’Internet aux pratiques intrusives. Logique élémentaire : plus l’internaute est transparent, plus les plateformes s’enrichissent. Quitte à violer certains droits fondamentaux. (magazineantidote.com)
La data, c’est l’Eldorado actuel, et les maîtres-chanteurs qui réclament 250 000 euros pour des vidéos de cul sont des petits joueurs par rapport aux péta-aspirateurs de données personnelles que sont les GAFAM. Après, s’attaquer à une star de l’envergure de Nakamura, qui est, quoi qu’on en pense, la plus grosse vendeuse de disques en France, devant Jul et Booba, ça peut être trop gros pour des petits escrocs. C’est comme un casse de bijoux avec de trop belles pièces difficiles à refourguer sur le marché parallèle, même international.
Mais aujourd’hui, tout le monde pense à faire de l’argent, même Djadja.
« En catchana baby tu dead ça
Chuis pas ta catin Djadja genre
Tu penses à moi, j’pense à faire de l’argent
J’suis pas ta daronne, j’te ferai pas la morale »
On ne voit, pour les people (un nobody risque moins, sauf en cas de revenge porn), que deux solutions, l’une radicale, l’autre pragmatique : découvrir les vertus de l’abstinence, ou se retenir de filmer ses ébats.
Source: Lire l'article complet de Égalité et Réconciliation