Le recyclage d’armes occidentales en Ukraine enrichira l’industrie militaire américaine

Le recyclage d’armes occidentales en Ukraine enrichira l’industrie militaire américaine

Les pays de l’Otan continuent de vider leurs arsenaux en fournissant des armes à l’Ukraine. Sachant que si au début Kiev recevait des systèmes antichars et l’artillerie, à présent l’Ukraine a soutiré des chars et exige de lui livrer des avions et même des sous-marins. Certains donateurs de Kiev ont déjà exigé des compensations de l’UE pour l’achat de nouveaux armements. L’Europe est incapable de satisfaire une telle demande d’armes. Alors que les États-Unis monopoliseront facilement ce marché.

La Pologne exige de l’UE de compenser le coût des chars transmis à l’Ukraine, a déclaré cette semaine le premier ministre polonais Mateusz Morawiecki. Varsovie a déjà remis aux forces ukrainiennes près de 250 chars T-72 et a également l’intention d’envoyer des chars Leopard 2 allemands de ses réserves. « Oui, nous demanderons des compensations, bien sûr. Ce sera une nouvelle épreuve pour tester la bonne foi de l’UE », a déclaré le chef du gouvernement polonais.

L’Estonie compte également se faire rembourser ses dépenses pour l’aide militaire ukrainienne. D’après Katri Raudsepp, représentant du Centre public des investissements de défense auprès du ministère de la Défense, à l’heure actuelle, Bruxelles a approuvé une indemnisation pour Tallinn à hauteur de 156 millions d’euros, qui seront versés au budget estonien afin de renforcer le potentiel de défense du pays d’ici 2027. Cependant, les Estoniens espèrent recevoir en tout 400 millions d’euros.

En novembre, les médias occidentaux écrivaient que « les petits pays ont épuisé leur potentiel, et 20 des 30 membres de l’Otan sont significativement épuisés ». La Slovaquie était l’une des premières à exiger de lui rendre l’argent dépensé pour livrer des systèmes antiaériens soviétiques S-300 envoyés à l’Ukraine d’une valeur de 130 millions de dollars. La semaine dernière, la porte-parole du ministère slovaque de la Défense Martina Koval Kakascikova a déclaré que son pays était prêt à fournir à Kiev des chars T-72 à condition de recevoir en échange du matériel blindé moderne occidental. Et le chef de la Défense Jaroslav Nad a parlé de projets d’envoyer en Ukraine des chasseurs soviétiques MiG-29.

Les appétits de Kiev ne cessent de grandir. Après l’obtention de chars soviétiques et de lance-roquettes multiples (LRM) américains Himars, l’Ukraine a demandé des chars modernes pour lancer une offensive active. Cependant, l’Occident s’y opposait obstinément. Le groupe de contact de l’Otan a évoqué la semaine dernière le renforcement de l’aide militaire à l’Ukraine à la base aérienne de Ramstein, en Allemagne. Ses participants n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur la livraison de chars. Mais cette semaine déjà les dirigeants allemand, Olaf Scholz, et américain, Joe Biden, ont annoncé leur décision de livrer leurs chars les plus modernes, Leopard 2A6 et M1 Abrams.

Le même jour, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a annoncé son entretien avec le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg. « Nous devons débloquer les livraisons de missiles de longue portée en Ukraine, il est important pour nous d’élargir notre coopération dans l’artillerie, nous devons faire livrer des avions en Ukraine. C’est un rêve. Et c’est l’objectif », a déclaré Zelensky.

De son côté, le vice-ministre ukrainien des Affaires étrangères Andrij Melnyk a déclaré dans une interview à NTV qu’après la fourniture de chars Leopard 2 à l’armée ukrainienne l’Allemagne devait également remettre à Kiev des chasseurs Panavia Tornado ou Eurofighter Typhoon, des navires de guerre et des sous-marins. « Nous avons besoin de navires pour protéger le littoral, nous avons une très longue ligne côtière. Nous aurons également besoin de sous-marins pour prévenir le danger d’une nouvelle attaque depuis la mer Noire », a déclaré le diplomate.

Les experts estiment que les pays qui exigent d’être remboursés pour le matériel fourni à l’Ukraine devront acheter de l’armement neuf aux États-Unis, mais à leurs frais, et seulement quelques « distingués comme la Pologne » pourront compter sur un « bonus ». Des affaires, rien de personnel. L’Estonie a tout donné: des canons, des chars et d’autres armes dans l’espoir de recevoir de nouveaux armements. Mais c’étaient des attentes erronées. Beaucoup d’argent est en jeu. Plus de matériel occidental sera recyclé en Ukraine, plus l’industrie militaire américaine sera contente.

Fin 2022, l’ambassadrice des États-Unis à l’Otan Julianne Smith disait que les membres de l’Alliance manquent cruellement d’armes et de munitions à cause d’une importante aide militaire à l’Ukraine. D’après la responsable américaine, l’industrie militaire occidentale cherche actuellement à relancer et à mettre en place la production d’armements sous les garanties de leur nécessité à cause du conflit ukrainien.

L’un des objectifs de Washington consiste à détruire l’industrie militaire de l’UE et de rendre ses pays membres dépendants des livraisons d’armes américaines.

Il se pourrait que Washington fasse aux Européens une remise sur l’achat de matériel militaire, notamment d’Abrams. Cela sera fait pour que l’Europe ait meilleur temps d’acheter ces chars plutôt que de relancer la production de Leopard. Sachant que l’argent obtenu par les Américains suffira pour élaborer un char de nouvelle génération et lancer sa fabrication.

Les États-Unis pourront déployer également en Europe d’autres équipements transmis à Kiev. Olaf Scholz a déjà déclaré que l’Allemagne ne fournirait pas d’avions de guerre à l’Ukraine. Mais le chancelier adoptait le même discours au sujet des chars. Des avions de guerre seront également transmis prochainement, et très probablement selon le même schéma: les Européens donneront leurs avions pour recevoir en échange des chasseurs F-35.

Rappelons l’idée du président français Emmanuel Macron de créer une armée européenne. Cela a forcé Washington à mettre en œuvre son schéma de substitution des armements remis à l’Ukraine. Les États-Unis font en sorte que l’armée européenne potentielle ne dispose pas de son propre armement, uniquement américain. Par conséquent, même si l’idée de Macron sera réalisée dans une certaine mesure, l’armée européenne sera quand même extrêmement dépendante des États-Unis.

Alexandre Lemoine
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Source : Lire l'article complet par Mondialisation.ca

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