par Vincent Gouysse
Il y a maintenant un peu plus d’un semestre, Vladimir Poutine déclarait à la face du monde que « soit un pays est souverain, soit c’est une colonie » :
« Le chef d’État russe Vladimir Poutine a profité d’une rencontre avec des jeunes entrepreneurs, ce 9 juin à Moscou, pour évoquer sa vision des relations internationales. Et, en particulier, de la souveraineté des nations : « Dans un domaine quelconque, chaque pays, chaque peuple, chaque ethnie doit sans aucun doute assurer sa souveraineté. Parce qu’il n’y a pas (…) d’état intermédiaire. Soit le pays est souverain, soit il est une colonie. Quel que soit le nom [que l’on donne à ] la colonie », a souligné le chef de l’État ».
Vladimir Poutine parlait ici en premier lieu de souveraineté politique et désignait implicitement les pays d’Europe comme étant des colonies inféodées à la puissance américaine dominante. On ne saurait évidemment lui donner tord sur ce point. Cependant, nous souhaitons à Mr Poutine de se tromper quand il affirme qu’il n’existe pas d’état intermédiaire entre ces deux antipodes. La réalité est en effet beaucoup plus complexe et nuancée. En premier lieu parce que l’indépendance politique n’est pas innée ou automatique. Ceux qui raisonnent en matérialistes (-dialecticiens) savent que l’indépendance politique véritable est d’abord conditionnée par des facteurs matériels, généralement économiques et en particulier industriels.
Le premier facteur d’une véritable indépendance est d’abord la question de l’approvisionnement énergétique, car l’énergie est à l’économie, ce que le Travail est au Capital… Le second ne peut exister sans le premier. TOUT dans la nature comme dans la société humaine (la biologie et la chimie organique le prouvent), peut se résumer à des transferts d’énergie… C’est pourquoi l’approvisionnement énergétique est une question absolument cruciale pour le développement des sociétés humaines. De ce fait, nous l’avons étudiée à plusieurs reprises, y compris dans deux articles récents (datant respectivement de mai et décembre 2022) faisant le point sur la filière nucléaire civile qui peut être une énergie abondante bon-marché donnant un avantage concurrentiel décisif à celui qui la maîtrise… Les chinois et les russes l’ont parfaitement compris, et l’Occident va lui aussi se servir (à sa façon) de l’arme énergétique pour mettre en place le Grand Reset (visant à obtenir la paupérisation absolue accélérée des masses populaires occidentales) via un suicide énergétique prémédité, qui devrait également être la voie royale vers la compradorisation de la ploutocratie capitaliste occidentale…
Le second facteur d’une véritable indépendance économique véritable et durable est sans le moindre doute constitué par l’industrie lourde, également connue sous le terme d’industrie mécanique. De même que l’esclave salarié est la propriété du Capital collectif, détenteur des moyens de production sans lequel il ne trouve pas à s’employer et ne peut donc s’assurer les moyens de sa subsistance (sauf à parvenir lui-même à se hisser dans le chœur des exploiteurs), de même un pays dépourvu de la capacité de mettre en œuvre librement ses propres moyens de production se condamne à demeurer l’esclave, ou pour le moins à contracter une dépendance industrielle vis-à-vis des pays qui disposent de telles capacités industrielles et sont prêts à lui en céder les produits…
Comment donc mener une politique économique et industrielle indépendante si l’on ne dispose pas d’une industrie mécanique indigène, en d’autres termes si l’on dépend de l’étranger pour procéder à l’extension des capacités de production d’une branche d’industrie ou édifier de nouvelles branches d’industries ? Les bolchéviques, qui conditionnèrent l’édification de rapports de production socialistes à la conquête et au renforcement d’une véritable indépendance économique et industrielle, ont les premiers posé et résolu dans la pratique et devant l’Histoire cette question ardue, donnant la primauté absolue à l’édification et au renforcement de l’industrie lourde, c’est-à-dire l’industrie de production des moyens de production. Celle-ci constitue en effet la colonne vertébrale de l’industrie en général, comme condition nécessaire à l’essor ultérieur de toutes les branches d’industrie (industrie légère ; industrie de la défense) et des transports, sans oublier la mécanisation de l’agriculture… C’est dans cette optique que l’URSS se dota, sous la direction de Staline, d’une très puissante industrie mécanique autonome (qui ne cédait qu’à celle des USA), et ce en l’espace de seulement deux plans quinquennaux (1928-1937)…
Après les destructions (matérielles aussi bien qu’humaines) à grande échelle occasionnées à l’URSS par la guerre d’extermination livrée par la ploutocratie anglo-saxonne via son proxy nazi en 1941-1945 et en dépit du relèvement fulgurant de l’industrie soviétique dans l’immédiate après-guerre, la nomenklatura néo-bourgeoise khroutchévienne allait bientôt donner de nouveau l’espoir au IVe Reich atlantiste de reprendre la main sur une Histoire qui semblait lui avoir irrémédiablement échappé quelques décennies auparavant… À la mort de Staline, ayant donné le gage à son nouvel allié/rival US que le « péril rouge » était enterré et qu’il serait désormais question de « coexistence pacifique », c’est-à-dire d’un nouveau partage des marchés mondiaux, elle s’attacha à « jouer » à l’exploitation salariée internationale, une contre-révolution révisionniste-bourgeoise ayant conduit à la naissance d’un capitalisme monopoliste d’État baptisé « socialisme de marché ».
Mais elle s’engagea dans ce jeu périlleux avec des capacités d’accumulation insuffisantes, et se fît distancer de manière croissante par l’impérialisme américain et ses féaux/satellites au niveau de l’industrie mécanique à partir des années 1970, avec de funestes conséquences pour son développement économique et par ricochet pour sa stabilité sociale et sa cohésion nationale. Gorbatchev et Cie actèrent cette faillite économique croissante et procédèrent à la liquidation de ce qui était jugé comme « obsolète » (et qui l’était effectivement devenu dans le cadre délétère de la production marchande internationale) et de tout le tissu économique et les « acquis sociaux » qui en dépendaient… Nous avons détaillé ces processus dans plusieurs travaux, en particulier en 2007 et en 2014.
Cette brève parenthèse historique close, il apparaît aujourd’hui que cette aile bourgeoise-compradore (atlantiste) russe n’est plus en honneur de sainteté en Russie… La bourgeoisie russe a en effet été dans l’obligation de reprendre assez rapidement fermement les choses en main après moins d’une décennie de libéralisme atlantiste débridé qui menaçait d’achever de ruiner et de disloquer la Fédération de Russie elle-même. La Russie de Vladimir Poutine allait alors s’engager sur la voie d’une reconquête progressive de sa souveraineté nationale… De toute évidence, il existe donc bien un état intermédiaire entre la souveraineté et la « reductio ad colonia » [réduction à l’état de colonie]… La volonté politique d’émancipation économique doit d’abord exister, et chercher ensuite les moyens concrets, matériels, de créer ou de renforcer l’indépendance économique, qui elle-même fournit en retour l’unique garantie d’une souveraineté politique durable. Sous le capitalisme, ce processus nécessite une direction politique stable, capable de poursuivre cette stratégie sur un temps long, ce qu’est parvenue à réaliser la direction chinoise…
Comme rapporté par une camarade, les communistes bolchéviques de l’ex-URSS (appartenant au VKPB de Nina Andreeva – ВКПБ) constatent aujourd’hui que « l’industrie lourde mise en œuvre par le gouvernement conduit par Staline avait été presque entièrement détruite ». Or Staline a démontré que l’indépendance nationale véritable était impossible sans industrie lourde (de production des moyens de production), dont le cœur est l’industrie mécanique et sans laquelle il est impossible d’édifier une industrie indépendante diversifiée et donc le socialisme : que serait un « socialisme » qui contracterait une dépendance économique permanente vis-à-vis des capitalistes d’autres pays ?…
Sans même parler aujourd’hui de socialisme scientifique au pouvoir (qui n’existe plus nulle part dans notre réalité contemporaine), parlons maintenant d’autonomie et d’indépendance industrielle des pays formant la scène géopolitique internationale. Il y a maintenant une douzaine d’années, nous avions donné une analyse assez complète de l’évolution récente de l’industrie mécanique à l’échelle internationale. L’infographie suivante en est issue. Elle synthétise l’évolution du rapport de forces industriel mondial au cours de la 1ère décennie du XXIe siècle.
La domination de la Chine y apparaît très nettement, que ce soit en termes de production, et davantage encore de la consommation des produits de l’industrie mécanique. On notera également que la Russie ne figure aujourd’hui pas parmi les acteurs majeurs de l’industrie mécanique mondiale. Si l’URSS détenait l’une des plus puissantes industries lourdes au monde, l’aile bourgeoise-compradore atlantiste victorieuse en 1991 a effectivement presque tout liquidé. De fait, la Russie doit aujourd’hui importer le gros des produits de l’industrie mécanique pour permettre l’expansion de ses capacités industrielles… Heureusement pour les russes, l’Occident est très loin d’avoir le monopole de cette industrie : les chinois sont en capacité de leur fournir tout ce dont ils ont besoin. Mais cela les rend tout de même dépendants d’une tierce partie (une variété sophistiquée de semi-colonisation, au moins latente)…
Les chinois ont parfaitement compris l’importance de l’industrie mécanique et détiennent, depuis maintenant plus d’une décennie, et de très loin, la plus puissante industrie mécanique du monde. En valeur, c’était déjà vrai en 2009 ; en volume, le différentiel est encore plus grand… En 2009, la Russie importait près de 80% de ses machines-outils. Cette proportion était de 30% pour la Chine (cf. graphes de l’ouvrage cité), un chiffre dont la tendance était alors en baisse structurelle, témoignant d’un renforcement continu de l’industrie mécanique chinoise. Les derniers chiffres publics disponibles les plus récents permettent de voir l’évolution de la situation en 2014. Ils sont tirés du World Machine-Tool Output & Consumption Survey 2015 (Gardner Research). Ces rapports ne sont plus publics depuis quelques années : il faut désormais débourser des milliers de dollars pour y accéder, ce qui restreint évidemment notre capacité à suivre précisément les évolutions les plus récentes.
Ces chiffres témoignent de l’accroissement réel des capacités industrielles d’un pays. Les pays ne figurant pas dans ce classement mondial comptent plus ou moins pour quantité négligeable, à l’exception notable de la Corée du Nord qui produit pour ses besoins domestiques… En 2014, la Chine a consommé 42,2% du total mondial de l’industrie mécanique. La Chine a consommé presque quatre fois plus de machines-outils que le second mondial (les USA). Et l’industrie mécanique chinoise a produit pour 29,3% du total de l’industrie mécanique mondiale.
Précisons néanmoins qu’il s’agit de chiffrages en valeur, et le volume n’est pas comparable, et que le rapport de force est par conséquent encore plus en faveur de la Chine (mais c’est difficile à estimer). Les chinois produisent en effet de très grandes quantités de machines-outils de niveau technique inférieur/moyen/moyen-haut. Vers 2010, le Japon, l’Allemagne, la Corée du Sud et Taïwan produisaient celles du plus haut niveau technique mais dans des quantités bien inférieures aux productions chinoises. (C’est comme en ce qui concerne la production navale : l’Occident ne produit presque rien en termes de tpl (volume de déplacement et donc tonnage de navires), mais ce sont des navires hors de prix (navires spécialisés, plaisance) qui coûtent une fortune… En valeur, la construction navale occidentale a un poids faible et très minoritaire, mais en tonnage, la construction navale occidentale est absolument marginale et anecdotique…
Notons au passage que l’industrie mécanique mondiale est traversée par des interactions complexes et invisibles au premier abord, à l’instar de participations capitalistiques directes et des implications de la propriété intellectuelle, qui peuvent placer dans une dépendance partielle, intermédiaire ou même totale l’industrie mécanique « délocalisée » du pays situé au sommet de la chaîne de valeur mondiale… Ainsi, les USA ont leur mot à dire dans l’industrie électronique et mécanique japonaise, sud-coréenne et taïwanaise, dans lesquelles la ploutocratie américaine possède des capitaux et de la technologie… C’est évidemment difficile à quantifier précisément, mais cela n’en reste pas moins une réalité objective possédant des implications majeures. Bien sûr, les entités semi-indépendantes peuvent être tentées de passer outre les directives données à Washington par la « maison mère », afin de remporter des marchés et de conquérir des débouchés. Il existe donc des failles dans l’embargo technologique atlantiste… En 2009-2010, un jeune camarade travaillant dans le secteur des machines-outils à l’international nous avait donné des informations capitales sur ce qu’il avait vu de ses propres yeux. Il soulignait notamment la montée en gamme fulgurante de l’industrie mécanique chinoise. Cette montée en puissance ne doit pas s’être démentie depuis la situation dressée par les dernières statistiques disponibles pour 2014…
En 2014, la Russie occupait la 7ème place mondiale avec une consommation de 2,0 milliards de $ de machines-outils (soit 1/12ème de celle de la Chine). Cela donne une idée du rapport de force de l’accroissement des deux industries… En 2014, la Russie a produit pour 0,23 milliards de $ de machines-outils et occupait ainsi la 20ème place mondiale, et son industrie mécanique fournissait seulement l’équivalent du dixième de sa consommation indigène propre ou 1/100ème de la production chinoise… Même rapportée à son poids démographique, la production de l’industrie mécanique chinoise reste le décuple de celle de la Russie. On voit effectivement que l’industrie mécanique russe a été littéralement anéantie après 1991… En 2014, la Chine a couvert par sa propre production l’équivalent de 75% de sa consommation de machines-outils ; et les USA sont à un taux de couverture d’environ 60%. La Chine importait néanmoins encore des machines-outils sophistiquées d’Allemagne et des pays d’Asie les plus technologiques…
En 2014, le rythme d’équipement de l’industrie mécanique russe (reflété par sa consommation de machines-outils) était de toute évidence en retrait de celui des grandes puissances industrielles (USA, Japon, Allemagne), mais pas ridicule non plus (voisin de l’Italie, mais supérieur à celui de l’Inde pourtant dix fois plus peuplée). L’autonomie de l’industrie mécanique russe est par contre quasi-nulle, ce qui impose à la Russie de bonnes relations avec un allié disposant de ces capacités. Les relations bilatérales avec la Chine sont justement excellentes…
L’industrie russe a vu certaines de ses branches (en particulier dans l’industrie mécanique et dans l’industrie légère (production de biens de consommation) être liquidées ou réduites à la portion congrue après 1991. À l’inverse, les industries de base (sidérurgie, industrie extractive), ainsi que son industrie de la défense (qui était d’un très haut niveau bien qu’elle se soit vue amputée de certaines capacités au moment de la dislocation de l’URSS social-impérialiste), ont plutôt bien résisté. Si la Russie exporte aujourd’hui des céréales, des hydrocarbures et des produits miniers, elle figure également parmi les principaux pays exportateurs d’armement. Et dans ce domaine en particulier, elle possède de solides capacités de production sans oublier les stocks pléthoriques hérités d’avant 1991. Il n’y a donc pas lieu d’être alarmiste en ce qui concerne le rapport de forces militaire Russie/Occident. La Russie conserve de très fortes capacités militaires par rapport à Kiev et à ses sponsors. La résilience de la Russie est certes très inférieure à l’URSS de Staline… mais néanmoins très supérieure à celle de l’Occident en cours d’effondrement, que ce soit sur le plan économique, industriel, militaire, social ou… moral !
Dans d’autres branches d’industrie, qui fournissent parmi les plus importants intrants de l’industrie lourde (le ciment et l’acier), la domination chinoise est encore plus écrasante : en 2020, la Chine a ainsi représenté 57,2% des 4,17 milliards de tonnes de la production mondiale de ciment. La part de marché mondiale des USA était de 2,1%, bien loin de celle de l’Inde (7,0%). La production de ciment des USA n’a ainsi représenté que 3,7% de celle de la Chine. Ceci donne une idée du différentiel de développement réel des infrastructures urbaines et industrielles en Chine et aux USA : rien de moins qu’un gouffre abyssal entre ces deux pôles rivaux ! Notons que la production russe de ciment a représenté 63% de celle des USA, soit une production par habitant sensiblement supérieure. On notera enfin que par rapport à son niveau de 2001, la production des pays impérialistes d’Occident a diminué non seulement souvent de manière relative, mais même d’un point de vue absolu, avec une stagnation dans le meilleur des cas, mais le plus souvent une baisse sensible : la France a ainsi vu sa production diminuer de 12,6% à 16,7 millions de tonnes durant la période 2001-2020, quand celle de la Russie s’est accrue dans le même temps de 95,1% pour atteindre 56 millions de tonnes.
En 2021, la Chine a représenté 52,9% des 1,95 milliards de tonnes de la production sidérurgique mondiale, très loin devant l’Inde (6,1%), le Japon (4,9%) et les USA (4,4%). Avec ses 75 millions de tonnes (5ème rang mondial), la production sidérurgique russe a représenté plus de 88% de celle des USA, soit une production par habitant très supérieure. À plus de 21 millions de tonnes, la production sidérurgique de l’Ukraine représentait 154% de celle de la France. Enfin, avec ses 28 millions de tonnes, celle de l’Iran a représenté 71% de celle de l’Allemagne. La production sidérurgique des USA n’a représenté que 8,3% de celle de la Chine… Selon les données de production préliminaires de 2022 (portant sur janvier-novembre) la Chine voit sa production sidérurgique très bien résister (-1,4%) malgré le refroidissement brutal de son marché immobilier observé depuis 2021 (Evergrande). Dans le même temps, la production sidérurgique américaine affiche un recul beaucoup plus marqué de 5,5%, celle du Japon de 6,9%, celle de l’Allemagne de 7,9%, et celle de la Russie de 7,0%… L’Iran voit pour sa part sa production augmenter de 8,5%… Surtout, le pire reste à venir pour les auteurs des sanctions : sur le seul mois de novembre 2022, la production sidérurgique américaine recule de 10,5% et celle de l’Allemagne recule même de 17,9% en glissement annuel, contre 9,6% pour la Russie ! La production sidérurgique chinoise affiche pour sa part dans le même temps… une croissance de 7,3% !
Les sanctions économiques adoptées par l’Occident contre la Russie fonctionnent à l’évidence aussi bien (sinon beaucoup mieux) contre lui-même que contre ses rivaux stratégiques : impact limité à court terme contre la Russie, et la Chine et l’Iran complètement épargnés… Le différentiel de développement à la base du grand déclassement de l’empire atlantiste ne fait donc que s’accélérer, quoiqu’il fasse pour tenter de freiner sa descente aux enfers !…
Ces digressions étant closes, les pays dépourvus d’industrie mécanique ainsi que des industries qui en forment la base ne disposent d’aucune autonomie industrielle véritable. Ils forment pourtant l’immense majorité des pays de cette planète et leurs marges de manœuvre économiques et politiques sont structurellement limitées et réduites. Ils dépendent directement ou indirectement de leurs relations avec l’une ou l’autre puissance dominante…
Voilà donc un bref aperçu de quelques indices clef de la production matérielle appartenant à la sphère de l’économie réelle, et non au siphonage de la plus-value offshore… La ploutocratie atlantiste a vécu, des décennies durant, selon son idéal de « société de consommation » « post-industrielle », vivant tel un parasite suçant « ad vitam aeternam » l’énergie vitale de pays dépendants ateliers produisant l’essentiel des biens matériels à bas coût grâce à leur monopole sur des niches industrielles « high tech » à très haute composition organique en Capital et les revenus provenant de l’innovation (propriété intellectuelle). La réalité objective de l’hégémonie mondiale du IVe Reich atlantiste peut ainsi être résumée de la sorte : le règne d’une ploutocratie capitaliste, fondamentalement colonialiste et fasciste, dont les valeurs intrinsèques réelles (démontrées notamment par des décennies d’agressions coloniales ininterrompues visant à maintenir par la force l’intégrité de sa sphère d’influence), et non fantasmées (à travers de fumeux prétextes interventionnistes droit-de-l’hommiste et des double-standards aujourd’hui intégralement démasqués comme outils de son hégémonie mondiale), sans oublier un racisme latent structurel à l’égard des peuples colonisés. Un « palmarès » qui n’a, une fois le vernis médiatique atlantiste décapé, en définitive pas grand-chose à envier à celui du IIIe Reich…
La Chine est en train d’achever de briser le monopole industriel et technologique de l’Occident à qui il assurait cette position internationale privilégiée, tout au sommet de la division internationale du travail, mettant en échec ses multiples stratégies de containment, remontant une à une les dernières niches d’industrie des pays impérialistes d’Occident, et ce malgré toutes les entraves mises par les USA en travers de ce chemin via des guerres hybrides qui n’osent pas dire leur nom (technologiques, commerciales, financières, militaires, bio-terroristes, médiatiques, etc.), guerres hybrides dont la guerre des puces électroniques livrée depuis des années par les USA fournit d’ailleurs une parfaite illustration, notamment au moyen d’un embargo technologique visant à interdire l’accès à la Chine aux machines de lithographie EUV qui lui permettraient de contester à très brève échéance les parts de marché des multinationales US du secteur…
En synergie avec la Russie disposant d’une puissance militaire de tout premier ordre capable de tenir tête et même de mettre en échec les capacités militaires de l’Occident collectif, ces forces combinées sino-russes et leurs alliés sont aujourd’hui déterminées à gagner la guerre hybride « préventive » qui leur est livrée depuis des décennies par l’Occident collectif, et à briser, sur de multiples fronts, l’asphyxiante domination coloniale atlantiste sur les affaires du monde… Comme on le voit à travers ce bref tour d’horizon des mutations industrielles majeures qui secouent notre réalité actuelle, si la pensée politique de Vladimir Poutine rejette aujourd’hui incontestablement dans les ténèbres les plus impénétrables les élucubrations et les gesticulations pathétiques des roquets nains placés à la tête du IVe Reich atlantiste dont l’orgueil ne cède qu’à la mégalomanie, il serait pourtant faux de croire qu’elle pourrait éclipser celle d’un géant d’une stature qui lui est elle-même incomparable et dont la pensée politique a permis à l’URSS de passer du Moyen-âge à une société socialiste avancée et prospère en à peine trois décennies, et ce en dépit de conditions intérieures éminemment défavorables et de conditions extérieures irréductiblement hostiles…
Les peuples doivent s’en souvenir s’ils veulent aborder avec pleine conscience et réalisme les combats actuels et à venir 1° pour leur libération de l’oppression des manifestations particulières du capitalisme que sont le colonialisme et le fascisme, 2° mais aussi en vue de la lutte plus générale pour leur affranchissement du joug de toute forme d’exploitation, et en particulier la destruction de l’esclavage salarié dont les contradictions antagonistes inhérentes ont produit ces monstruosités… Quoiqu’il en soit, que les peuples (aujourd’hui dans leur grande masse lobotomisés et apathiques) deviennent pleinement acteurs ou demeurent spectateurs de leur propre Histoire, des bouleversements structurels majeurs amenés à changer de fond en comble les rapports internationaux sont en cours et se produiront inéluctablement. Si l’année 2022 a été synonyme de tempête géopolitique majeure, l’année à venir pourrait bien voir se déchaîner les éléments à une échelle et avec une intensité très supérieures…
Vincent Gouysse pour marxisme.fr
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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