par Panagiotis Grigoriou.
Temps dit trompeur, et qui pourtant il peut s’avérer lourd. C’est tant Chronos censé passer, puis, son alter ego, l’incontournable Kairos des anciens, le rare temps comme on sait, celui du moment opportun. Car au-delà de la douceur météorologique qui règne en ce moment en Grèce, notre Kairos politique tombant à pic et tant réclamé, nous fait plutôt défaut.
Et bientôt c’est Noël en attendant, ou plutôt son plagiat. D’où la réapparition sous l’égide de la Municipalité du symbole traditionnel de Noël en cette la Grèce côtière, qui n’est autre que le dessin ou la miniature décorée d’un bateau de pêche, et non pas le sapin.
C’est aussi le moment pour nous d’un certain bilan en guise de préambule… quelque peu eschatologique, et qui me semble toutefois essentiel. Car, le présent article est alors le millième que j’ai rédigé en ce pauvre et authentique blog depuis sa création. Ainsi, entre le premier article daté du 24/10/2011 et le 14/12/2022, il s’est écoulé 4.069 jours soit 11 ans, 1 mois et 21 jours. Ou sinon, pour le dire autrement, j’ai publié en moyenne, un article tous les quatre jours.
J’ai initié le blog greekcrisis.fr en 2011, après avoir suivi… en observateur participant, le mouvement dit des Indignés. Un an plus tard, à l’époque “blogueur associé” au site du magazine Marianne, c’était alors le… Kairos d’un tout premier bilan, déjà à la date du 22 juillet 2012.
“Notre blogueur associé Panagiótis Grigoríou poursuit son récit impressionniste de l’été grec. Il revient également sur le mouvement des Indignés, ses composantes sociologiques, ses évolutions, à l’heure où la Grèce est soumise au Mémorandum de la Troïka”.
“Ce mois de juillet est déjà bien plus accablant que d’habitude. On circule moins, on respire moins et finalement d’année en année on a aussi l’impression de moins vivre. C’est ainsi qu’on regarde parfois en arrière allant de surprise en surprise. Il y a un an, à Athènes, place de la Constitution et ainsi ailleurs en Grèce, c’était l’éclosion du mouvement des Indignés, spontané, prometteur, et qui s’est finalement avéré bien prométhéen par certains de ses aspects”.
“Au même moment sur la Place de la Constitution, la peur de l’avenir rencontrait, non sans détours, l’envie de lutter, la rage du renversement. Je n’oublierai pourtant jamais en tout cas cette grande joie qui régnait sur la place, ainsi que la redécouverte du sens collectif, et du sens peut-être, tout simplement”.
Cependant et de fil en aiguille, les Indignés à la devise portée jusque sur le drapeau national, “La Victoire ou la Mort”, ont fini par être instrumentalisés par les initiés des Ténèbres, avant d’être trahis comme prévu, par les parasites habituels issus du monde des partis, celui des syndicats et autant par les pique-assiettes venus du monde de la… botanique des “artistes et des intellectuels”. Le reste n’était qu’une affaire de nécropolitique prédatorienne… toujours en cours de téléchargement. Ordo ab Chao, une fois de plus et de trop.
Ensuite, les Indignés, et d’abord les plus jeunes et les plus vaillants d’entre eux, ont quitté la scène de la rue, parfois même ces même Indignés devenus écœurés, ils ont carrément quitté la Grèce pour travailler là où ils ont pu, et à l’occasion pour ne plus revenir au pays. Et dire que c’était presque… encore à l’époque, le temps où je prenais l’avion, pour me rendre par exemple à Rhodes, autant pour rencontrer les Indignés locaux, quand les résidences pour écrivains en Grèce existaient-elles disons-le encore.
Ensuite et à vrai dire, la période 2012 à 2015, fut celle où même certains médias francophones connus, m’invitaient en direct, pour évoquer et analyser les tenants et les aboutissants de la dite crise grecque. Puis, il y a eu notre réveil bis, prévisible car provoqué par la fin des illusions, celles que le système politique totalitaire, immigrationniste, woke et de ce fait xénocrate à tous les étages, pouvait autant les garder au chaud, entre notamment deux campagnes électorales.
Le “changement” a ainsi eu lieu via les urnes, et le flop fut… alors à la hauteur du bas-côté des gnostiques d’appoint. SYRIZA et sa gaucho-sphère sont passés par là, de même que finalement tous les autres partis ayant siégé et siégeant d’ailleurs toujours à l’Assemble des marionnettes.
Par la force des événements, comme du fait de la faiblesse grandissante des réactions du peuple grec, alors progressivement dévitalisé et même si besoin remplacé, le blog a également évolué… vers un verbe peut-être davantage cynique, à travers une analyse encore moins mainstream qu’à ses débuts et cependant, plus authentique que jamais. Ce qui ne veut pas dire que les lecteurs, plus de 6 millions de pages vues depuis 2011, doivent être en phase avec toutes mes analyses bien entendu.
Car somme toute, le tournant des années 2015 à 2019 fut d’abord celui de la mutation accomplie. Le pays pillé aux habitants spoliés et désormais à 70% paupérisés ou en voie de le devenir définitivement, fut converti. Dans ce sens, parler encore de crise au sens étymologique du terme n’est peut-être plus vraiment adéquat, étant donné que les mutants sont censés devenir ces créatures… alors sans retour.
Dans un sens encore bien voisin et parallèle à ce qui vient d’être évoqué, il s’agit du “peuple nouveau”, tel que par exemple Nicolas Bonnal le décrit et l’analyse à sa manière se référant à la situation qui prévaut actuellement en France ; en réalité, bien au-delà.
“Le troupeau qui a accepté tous les vaccins et tous les contrôles numériques du monde, le troupeau qui va accepter le marquage numérique et le pass carbone et tous les Resets économiques ou sexuels continue de jouer le jeu. Il est vrai que cette mutilation l’excite. La Terreur par la Vertu, disait déjà Robespierre”.
“Philippe Muray avait raison de dénoncer le côté ludique de toute cette postmodernité totalitaire: les nazis et les autres adoraient les défilés et les festivités. Au bout de deux siècles de cet esclavage républicain qui va en finir définitivement -ouf, avec la nation on peut relire Drumont alors: -Tout vient se briser contre une indifférence absolue, contre une sorte d’ataraxie, d’impassibilité générale, qui n’est point l’ataraxie stoïque dont parle Proudhon, mais plutôt une inertie maladive, une prostration sur laquelle rien n’agit”.
En cette Grèce de 2022 hivernale et hibernée, à la saison des bars de l’été fermés, quand, même nos chats attentent stoïquement sur le trottoir l’ouverture de la boucherie du quartier, on estime que près de 30% de la population encore autochtone, déchiffre suffisamment ce qui lui arrive vraiment, et ainsi finit par dénoncer le Régime totalitaire satanisé et occidentaliste, ses marionnettes, leur nécropolitique et toutes leurs gangrènes à tout crin. Sauf que dénoncer n’est pas forcément synonyme d’action.
Et parmi tous ces autres appartenant au “peuple nouveau” et qui conservent encore une vie sociale, ou sinon plus exactement une… destinée ludique sur le pont du Titanic, ils font certes preuve d’ataraxie, d’impassibilité générale, qui n’est point l’ataraxie stoïque, et c’est ce que remarquait encore cette semaine Zóis Béglis, ancien officier et médecin de la Marine nationale, aujourd’hui à la tête du mouvement patriotique K21 inspiré justement de la Révolution Grecque de 1821, c’était alors pour se libérer du joug des Ottomans.
“J’ai observé tous ces gens sur les terrasses des cafés au centre-ville d’Athènes. Impassibles, indifférents, insensibles à ce de si grave qui donc arrive à leur pays, leur terre, leur culture… leur existence même. C’est certes terrifiant, mais nous, nous nous adressons aux autres Grecs… pour enfin agir tant qu’il est encore temps, c’est-à-dire, tant que le Kairos des Grecs n’est pas complétement éteint”. Qui sait…
En attendant donc… le kairos et toute sa profondeur dans l’instant, l’actualité de la semaine tourne encore autour de l’affaire Kaili, ses euros offerts par le Qatar, pays lequel notons-le, a tout de même… historiquement pu suffisamment agir en Grèce, afin “d’accompagner” la politique des partis, des Loges et des succursales à la Soros, dans le but d’installer au pays, plusieurs centaines de milliers de migrants envahisseurs, par exemple Pakistanais et Afghans. En plus d’autres “investissements”… si bien salués par la caste des marionnettes nécropolitiques d’Athènes. Et alors dire encore… que le Kairos des Grecs n’est pas complétement éteint.
Heureusement dans un sens que sur ce blog, il est autant parfois question de poésie et de littérature, certes sous l’angle souvent de l’histoire et de l’événementialité que nos poètes et écrivains ont alors vécu et ainsi filtré à travers leurs œuvres, à commencer par Yórgos Séféris qui fut aussi ce diplomate ulcéré des affaires trop courantes.
Déjà, en recevant le Prix Nobel de Littérature en 1963, il s’en était exprimé dans son discours de Stockholm. “Le monde change. Ses mouvements vont en s’accélérant. On dirait que le propre du monde actuel est de désigner des abîmes soit dans l’âme humaine, soit dans l’univers qui nous entoure. La notion de la durée a changé”.
Enfin, et pour rester dans la lignée de notre modeste durée, précisons que greekcrisis.fr est un blog, d’emblée… accompagné dans sa démarche, d’abord par Mimi âgée de 19 ans et ensuite par Hermès, qui lui dans sa vie de félidé et comme les lectrices et les lecteurs historiques de ce blog le savent bien, il a un peu plus de 5 ans.
Plus récemment et durant l’actuelle période Péloponnésienne et ainsi troisième cycle du blog depuis 2021, sont venus s’ajouter à… notre “équipe technique”, le vaillant Volodia, Velisários qui est certes souffrant mais qui ne se laisse pas abattre, ainsi que les deux autres matous disons retentissants et ardents, Yannákis et Léon.
Il faut dire enfin que dans la mesure du possible, je suis désormais entouré de quelques chèvres et ainsi moutons du voisinage, quand encore les habitants vieillis de ce village du Péloponnèse côtier, reviennent si possible à l’essentiel.
Le temps dit trompeur est certes lourd, voire bien long pour les humains que nous sommes censés encore être. En dépit de quelques soucis de santé en plus des difficultés matérielles devenues coutumières, en dépit du Reset en cours autant ici, j’espère pouvoir tenir et maintenir greekcrisis.fr encore pour un temps ; qui sait ? Peut-être pour les mille autres articles à venir. Et c’est une sorte de dette dans un sens.
Séféris l’exprimait également à sa manière dans son discours prononcé de Stockholm, c’était en novembre 1963 faisant alors allusion à une dette analogue. “J’appartiens à un petit pays. C’est un promontoire rocheux dans la Méditerranée, qui n’a pour lui que l’effort de son peuple, la mer et la lumière du soleil. C’est un petit pays mais sa tradition est immense. Ce qui la caractérise, c’est qu’elle s’est transmise à nous sans interruption”.
“La langue grecque n’a jamais cessé d’être parlée. Elle a subi les altérations que subit toute chose vivante. Mais elle n’est marquée d’aucune faille. Ce qui caractérise encore cette tradition, c’est l’amour de l’humain ; la justice est sa règle. Dans ce monde qui va se rétrécissant, chacun de nous a besoin de tous les autres. Nous devons chercher l’homme partout où il se trouve”.
Séféris s’était aussi exprimé dans son Journal au sujet de son chat Touti, une chatte à la mémoire de laquelle il avait même redigé un poème.
“Mardi 21 janvier 1947, 2 heures du matin. Touti est furieuse, elle est folle d’amour. Son pelage noir prend la couleur d’une étincelle électrique, quand on la touche, c’est un nœud de frisons. Pauvres hommes”.
“Mercredi 22 janvier. Touti, tel un miroir noir, reflète mes humeurs, comme de retour de l’île de Poros, j’étais épris de ce sentiment de mélancolie propre aux prisonniers. Je me demande parfois quand elle tombera dans le trou noir qu’elle creuse elle-même à la lumière du jour”.
“Elle a été prise ces jours-ci par l’orgasme érotique de janvier. Pendant deux nuits, elle ne nous a pas laissé dormir. Elle se courbait, roulait, étirait ses griffes, criait – ce miaulement rapide. Hier, nous lui avons apporté un chat. Il s’est blotti dans un coin et s’est assis immobile de l’après-midi jusqu’à midi aujourd’hui. Les crises d’appel et les crises de colère de Touti ne l’ont guère ému”.
“Nous l’avons emmenée dans le potager. Un chat gris est alors venu, un clochard venu de la taverne voisine. Il la regardait, et elle se roulait devant lui dans la neige, dans la boue, comme si l’herbe était brûlante. Le fin manteau de son pelage était devenu un chiffon pitoyable. Mais ce matou, c’était son destin”.
Chercher l’homme, trouver… les matous, cela même quand tout vient se briser sur l’indifférence absolue, voire contre la nouvelle vague d’ataraxie.
source : Greek Crisis
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