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par Karine Bechet-Golovko.
Le Pentagone déclare à chaque conférence de presse ne pas constater de signes, pouvant laisser entendre que la Russie serait prête à utiliser des armes nucléaires dans le conflit en Ukraine … et donc les États-Unis avancent à décembre la livraison en Europe, dans les bases de l’OTAN, de nouvelles bombes nucléaires, pouvant être utilisées lors d’un conflit, pour faire face à la menace russe, qu’ils viennent de reconnaître comme inexistante. Et pendant ce temps-là, les pantins européens continuent à applaudir, alors que leur enterrement politique a déjà eu lieu et qu’ils entraînent nos pays dans leur chute sans fin.
L’enchaînement des déclarations du porte-parole du Pentagone et des annonces de livraison d’armes nucléaires en Europe est intéressant, d’autant plus qu’elles se suivent de très près.
Dès le 4 octobre, dans la conférence de presse du Pentagone, Pat Ryder répondait ainsi à la question de la possibilité de l’utilisation des armes nucléaires par la Russie :
« Je ne pense pas que nous allons entrer dans ces hypothèses. »
Et en général, le risque d’une utilisation nucléaire par la Russie n’est pas pris, alors, au sérieux. Son assistante Laura Cooper de préciser :
« Donc, en ce qui concerne le nucléaire, nous devons certainement toujours essayer de prendre au sérieux la menace de l’utilisation du nucléaire. Et donc, nous le faisons. Et c’est pourquoi nous surveillons de très près. Et c’est pourquoi nous consultons étroitement nos alliés. Mais en même temps, à ce stade, sa rhétorique n’est que de la rhétorique »
Il y a deux jours de cela, dans sa nouvelle conférence de presse au Pentagone, Pat Ryder réaffirmait dans un ensemble de déclarations surréalistes, le fait que rien ne conduisait à reconnaître la volonté de la Russie de recourir aux armes nucléaires, de le répéter plusieurs fois après avoir déclaré que les États-Unis seraient féroces si la Russie utilisait les armes nucléaires – qu’elle ne compte pas utiliser.
Voici un extrait significatif :
« Je pense que, comme nous l’avons dit dans le passé, lorsque nous avons vu des dirigeants russes utiliser la rhétorique nucléaire, c’est certainement préoccupant. C’est imprudent. Mais c’est quelque chose que nous continuerons à prendre au sérieux. Donc, encore une fois, entre-temps, rien n’indique que la Russie ait pris la décision d’employer ces types d’armes (…)
Q : Merci. Mais hier, vous avez dit que vous n’aviez aucune indication que les Russes aient pris la décision d’utiliser le nucléaire, ni les armes bio et chimiques. Êtes-vous toujours d’avis qu’ils n’ont pas pris la décision d’utiliser des armes biochimiques ?
GÉN. RYDER : Oui, nous n’avons aucune indication pour le moment que la Russie ait pris la décision d’employer des armes biologiques, chimiques ou nucléaires à l’heure actuelle. Mais encore une fois, c’est quelque chose que nous continuerons de surveiller de très près. »
Et ce dialogue surréaliste continue un bon moment.
Dans le même temps, l’on apprend par Atlantico, il y a également deux jours de cela, que les États-Unis vont avancer la date de livraison des nouvelles armes nucléaires sur les bases de l’OTAN en Europe :
« Les États-Unis ont accéléré la mise en service d’une version plus précise de leur bombe nucléaire principale dans les bases de l’OTAN en Europe, selon un câble diplomatique américain et deux personnes proches du dossier.
L’arrivée de la bombe à gravité améliorée B61-12, initialement prévue pour le printemps prochain, est désormais prévue pour décembre prochain, ont déclaré des responsables américains aux alliés de l’OTAN, lors d’une réunion à huis clos à Bruxelles ce mois-ci, révèle le câble. »
Donc si l’on récapitule. Le Pentagone reconnaît, que la Russie ne présente aucune menace nucléaire sérieuse. Les États-Unis livrent plus tôt que prévu aux bases de l’OTAN en Europe des bombes nucléaires améliorées et dont la nature stratégique a changé, comme le souligne Alexandre Grouchko, le vice-ministre russe des Affaires étrangères :
« Comme il est connu, les États-Unis ont modernisé les armes nucléaires, qui se trouvent en Europe. Ils améliorent la précision de ces bombes à chute libre, réduisent leur puissance, les transformant ainsi non pas en un moyen de dissuasion, mais en une arme, qui peut être utilisée sur le champ de bataille. C’est chez les professionnels qu’on appelle abaisser le seuil nucléaire ».
Et cela arrive en Europe en pleine escalade du conflit ukrainien avec une rhétorique médiatique diamétralement opposée, à celle qui a cours lors des conférences de presse du Pentagone, puisque publiquement les politiciens et les médias reprennent en chœur le couplet de la menace nucléaire russe, qui est déniée par le Pentagone. Vu la soumission totale des dirigeants européens, espérons que les États-Unis se calmeront après les élections intermédiaires. Mais l’on peut, hélas, en douter, car l’enjeu de ce conflit pour eux n’est pas tactique, il est existentiel, dans le sens direct du terme – il s’agit de l’existence du pouvoir de domination américain sur le monde globalisé et soumis. Et des élections intermédiaires ne pourront pas changer la donne, surtout quand on se souvient qu’un président, comme Trump, n’y est pas arrivé non plus.
source : Russie Politics
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