La plupart des membres de la société industrielle, y compris la vaste majorité des femmes elles-mêmes, restent sourds et aveugles à la défense des droits des femmes. Les grands mouvements des droits humains recouvrent toutes les revendications possibles et visent à légitimer toutes les exploitations suprémacistes ayant cours dans cette culture : l’exploitation et le contrôle des organes sexuels des femmes, l’exploitation et le contrôle de leurs organes reproducteurs et le fruit de ces exploitations, la commercialisation des enfants, etc. Les mouvements de légalisation du proxénétisme et de la vente d’enfants ont le vent en poupe : comme le dirait le président Macron, cela représente « un pognon de dingue ». De même que les discours politiques parlent de « violences faites aux femmes » à la forme passive, sans jamais nommer les auteurs de ces violences, c’est-à-dire les hommes, les mouvements en faveur des « droits humains » suscités, c’est-à-dire en faveur de la « légalisation de la prostitution » ou de la « légalisation de la gestation pour autrui » dissimulent leurs activistes, les proxénètes et les commerçants d’enfants, ainsi que ce qui est réellement en jeu derrière leur activisme. Il est difficile de lutter contre ce que l’on ne peut nommer. Il est difficile de résister contre ce que l’on ne comprend pas. Trop peu de gens se demandent qui sont les activistes derrière le dernier mouvement de libération en lice, « les droits des personnes transgenres » et quelles seraient l’étendue et l’application concrète de leurs revendications. Levons le mystère immédiatement : il s’agit d’hommes et leurs activismes visent à l’avancement des droits sexuels masculins. Mais face à quoi ou qui ces hommes revendiquent-ils des droits sexuels ? Face aux femmes et aux enfants, et contre les protections légales qui empêchent ces hommes d’accéder aux femmes et aux enfants.
Des scandales à la chaine
Après la fermeture de la clinique Tavistock, spécialisée dans les transitions de genre pour enfants et adolescents au Royaume-Uni, les scandales touchant l’organisation caritative Mermaids se sont succédés. Mermaids est l’un des principaux organismes britanniques — notamment financé par les contribuables — dédiés à la défense des personnes transgenres, adultes et enfants. Rappel des faits :
- L’association de défense des droits des personnes transgenres Mermaids a porté plainte contre la décision de la Commission des associations caritatives d’accorder le statut d’association caritative à la nouvelle organisation de défense des droits des homosexuels LGB Alliance.
- L’association de défense des droits des personnes transgenres Mermaids a été mise en examen par la Commission des associations caritatives pour avoir distribué des binders (des vêtements de compression de poitrine) à des mineures à l’insu de leurs parents et gardiens légaux depuis 2019. Certains employés de Mermaids se sont fait passer pour des mineurs sur le forum de l’association et entraient en contact avec des préadolescentes de 12 à 14 ans qu’ils encourageaient à transitionner. Ils requéraient ensuite l’adresse physique des filles pour leur faire parvenir les binders par la poste.
- L’enquête est toujours en cours lorsqu’éclate un troisième scandale : l’un des membres du conseil d’administration de Mermaids, Jacob Breslow, est identifié comme un activiste ouvertement pro-pédophile qui a délivré une conférence lors d’un symposium organisé par B4U-Act — une organisation caritative fondée en 2003 par le pédocriminel condamné Michael Melsheimer, visant à promouvoir la déstigmatisation de la pédophilie et à légitimer l’usage sexuel[1] d’enfant comme une « orientation sexuelle ». Dans le texte lu à son auditoire dans le cadre de ce symposion, Breslow déclarait :
« Tout comme j’écris que le désir et l’acte d’éjaculer dans une chaussure requiert de repenser la chaussure et de la façon dont elle vient à l’existence, je vais maintenant soutenir que le désir et l’acte d’éjaculer sur / voire potentiellement avec un enfant requiert de repenser l’enfant — ce que nous venons jute de commencer à faire — et la personne pour qui l’enfant est un fantasme sexuel ou un partenaire. Contrairement à l’enfant ou à la chaussure, la capacité à consentir ne fait pas intrinsèquement défaut au pédophile. »
Cela doit-il se passer de commentaires ? Non. La perspective de cet homme fantasmant sur le fait d’utiliser sexuellement un enfant exprime on ne peut plus clairement la relation objectifiante de l’adulte sociopathe envers ses victimes. L’enfant est déshumanisé et objectifié en un accessoire de masturbation. En quoi cette perspective est-elle sociopathique ? Elle l’est en ce que le pédophile n’attribue pas de subjectivité propre à l’enfant, l’enfant n’est pas une personne réelle, mais un objet qu’il va utiliser, un objet auquel il va appliquer des volitions et une subjectivité de son choix. En quoi cela diffère-t-il de l’approche qu’ont les hommes vis-à-vis des femmes dans notre culture ? Aucunement. Il s’agit de la même. En psychiatrie, l’on parlera d’un « défaut d’altérité » même si nombre d’hommes considérés comme « normaux » présentent ce « défaut d’altérité » par leur seule consommation de pornographie violente et/ou recours à la prostitution : il s’agit bien d’une compartimentalisation de l’empathie : envers les victimes des violences sexuelles filmées ou sur lesquelles ils exercent directement ces violences, ils ne font montre d’aucune empathie.
De manière plus générale encore, l’on peut dire que notre culture tout entière est sociopathique : une classe d’oppresseurs objectifie une classe d’êtres humains (les femmes et les enfants) que leur pouvoir et prééminence politique, économique, culturelle et sociale, leur permet de violer quasiment en toute impunité[2].
Tandis que nous rédigions ceci, un 4ème scandale éclate chez Mermaids : le responsable de la communication et des échanges avec le public sur internet, du marketing et des campagnes promotionnelles, Darren Mew (ci-dessus), pose tranquillement en tenue fétichiste d’écolière et partage ses autoportraits pornographiques sur internet (par exemple ce photomontage kaléidoscopique de son pénis en érection et des poses révélatrices, au milieu de nuages, de poneys et de couleurs pastels — bon, d’accord, il n’y a pas de poney).
Pour résumer : un pédophile et un pornographe fétichisant les écolières occupaient tous deux des postes à responsabilités dans une organisation qui prétend conseiller les enfants, tandis que des employés adultes se faisaient passer pour des mineurs et discutaient de binders avec des préadolescentes sur la plateforme de l’organisation. Tout va bien.
La protection des enfants reste aujourd’hui encore la dernière ligne de front féministe occidental ayant tenu bon, non sans avoir essuyé maints coups de boutoir de la part des activistes des droits masculins (Men’s Rights Activists) durant ces dernières décennies. Aux États-Unis, nous avons perdu le droit à l’avortement, et en Iran, en ce moment même, on observe un immense soulèvement contre le régime hyperpatriarcal qui interdit l’éducation des filles et qui tue les femmes pour une mèche de cheveux dépassant d’un foulard. Jusqu’ici, les institutions et les gouvernements, tous aussi patriarcaux soient-ils, s’accordaient un minimum sur la protection des mineurs par le biais de garde-fous et d’obligations juridiques (âge du consentement, autorité parentale, etc.). Passons sur le fait que la justice patriarcale échoue à protéger l’enfant dans les cas de séparation des parents où l’homme exerce des violences psychiques et/ou physiques sur la mère. Dans de nombreux cas de violences masculines sur conjoint, le système juridique se fait complice de l’agresseur masculin au travers de la garde partagée par défaut. Aujourd’hui encore, cette fragile ligne qui protège les enfants est menacée par l’activisme en faveur des droits sexuels masculins portés par l’idéologie transidentitaire et par une renaissance des mouvements propédophiles.
L’éternel retour
Il y a à peine 35 ans, soutenir la pédophilie, c’était se trouver du bon côté de l’histoire. Un grand mouvement pro-pédophile tentait sa seconde offensive pour se greffer au milieu d’un mouvement de libération de la sexualité masculine, afin d’obtenir une façade de respectabilité. Leur première offensive avait eu lieu dans les années 50 et 60, mais avait été repoussée par les gays qui souhaitaient vivre leur sexualité au grand jour sans être associés aux violeurs d’enfants. Il faut avoir conscience que l’homosexualité était perçue comme une déviance à cette époque, et que les homosexuels n’étaient pas protégés. Ils pouvaient apparaître aux véritables déviants (les sexualités pathologiques qui s’exercent sur des êtres vulnérables et /ou qui ne peuvent être en pleine capacité de jugement, comme les enfants, les personnes handicapées psychiques, les animaux…) comme d’opportuns alliés d’infortune. Mais au cours des années 70 et 80, les violeurs d’enfants repassèrent à l’attaque et furent cette fois tout près de toucher au but.
Dans son livre paru cette année, en 2022, intitulé Penile Imperialism (Impérialisme pénien) Sheila Jeffreys relate les idées de cette époque :
« Le terme pédophilie, censé véhiculer autre chose que l’idée des abus sexuels sur enfants, se trouva particulièrement associé aux hommes homosexuels. Ceux qui se qualifiaient de pédophiles firent valoir que leur penchant n’était qu’une forme rare et particulière d’homosexualité masculine. Il est avéré que de nombreux militants et théoriciens homosexuels, avant et pendant la période de libération gay des années 1970, considéraient la pédophilie de cette manière. Theo Sandfort, dans son article “Pedophilia and the Gay Movement” (La pédophilie et le mouvement gay) (1987), explique le processus par lequel la pédophilie a été normalisée comme une forme ordinaire d’homosexualité aux Pays-Bas en examinant la façon dont elle était considérée par la principale organisation gay du pays, le COC (Cultural and Recreational Center — le Centre culturel et récréatif). Il explique qu’entre 1947 et 1958, les pédophiles étaient considérés comme une part importante du COC, et que les premiers magazines de l’organisation étaient fréquemment « agrémentés d’illustrations de jeunes garçons » (Sandfort, 1987 : 90). Au cours de la période suivante, de 1959 à 1963, un malaise croissant s’est installé face à l’établissement d’un lien entre les abus sexuels sur les enfants et l’homosexualité, car certains homosexuels souhaitaient être acceptés socialement. Ainsi, de 1964 à 1974, l’organisation a complètement rejeté la pédophilie. De 1975 vers le milieu des années 80, on assiste en revanche à une nouvelle acceptation croissante de la pédophilie, et en 1981, le COC rédige une déclaration appelant à la libération de la sexualité infantile et de la pédophilie.
Un effort considérable fut alors déployé pour soutenir les atteintes sexuelles sur les enfants parmi les théoriciens et les activistes homosexuels masculins à partir des années 1970. Le philosophe français Michel Foucault était l’un d’entre eux (1990). Ses travaux ont été d’une importance capitale pour le mouvement de défense des droits des homosexuels et sont à l’origine de la théorie queer et de l’important corpus de travaux qui ont donné naissance aux études queer et aux études de genre [NdLT venant balayer et remplacer les Women studies]. Foucault a explicitement défendu l’usage sexuel des enfants tout comme l’ont fait d’autres homosexuels de son époque. À la fin des années 1960 et dans les années 1970, on assiste en France à une vague de soutien en faveur de l’utilisation sexuelle des enfants, et Foucault n’est qu’un parmi de nombreux acteurs impliqués. L’essor du discours pro-pédophile s’associait à la révolution sexuelle et à l’esprit révolutionnaire qui emportait la France en réponse aux événements de 1968. L’utilisation sexuelle des enfants par les hommes est devenue partie intégrante de la révolution. »
Quand Foucault prenait la défense de Polanski
La pensée de Michel Foucault est à l’origine du courant théorique post-moderne dit « queer », un constructivisme social affranchi de toute matérialité, dans lequel le langage a le pouvoir de créer une nouvelle réalité surimposée au reste du monde. Il s’agit — à l’évidence — d’une philosophie de privilégiés, de penseurs déconnectés de la réalité, confortablement installés dans le microcosme de leur université et de leur donjon BDSM. En outre, il s’agit d’une pensée dualiste patriarcale typique de séparation du corps et de l’esprit (le « corps sans organes » des compères Deleuze et Guattari) : le penseur patriarcal objectifie les autres, il leur retire leur subjectivité pour les reconstruire à sa convenance à et son seul usage. C’est ainsi que le penseur pédophile objectifie l’enfant, pour le reconstruire en tant que « sujet désirant » (du pénis d’un homme adulte) afin de prétendre vouloir libérer la sexualité de l’enfant prisonnière du carcan factice des bonnes mœurs. La seule chose que le penseur pédophile veut libérer, c’est son pénis. Il veut pouvoir utiliser l’enfant comme un accessoire masturbatoire d’assouvissement de son obsession et de ses désirs pervers, sans entraves, et sans égard pour les effets que cela aura sur l’enfant en construction, pour les souffrances terribles auxquelles il le voue. Les pédocriminels détruisent les vies de leurs victimes avant que celles-ci n’aient pu commencer. Bien sûr que l’âge de consentement et la protection de l’enfance représentent pour lui une entrave. Breslow, qui a récemment quitté le conseil d’administration de Mermaids, après que son activisme propédophile ait été révélé, musait dans ses dissertations universitaires sur la question de savoir s’il fallait « jouir sur l’enfant ou avec l’enfant ». Telles sont les questions que se pose cet homme, dont le temps de loisir intellectuel est financé par l’argent des contribuables. Voyons maintenant le genre de questions que se posait Foucault. Jeffreys poursuit :
« Foucault a exprimé son point de vue sur l’usage sexuel des enfants dans plusieurs dialogues publié dans le recueil Philosophy, Politics, Culture (1990). Dans un de ces dialogues, il discute notamment de l’inculpation de Roman Polanski, inculpé pour avoir drogué et violé une jeune fille de 13 ans. Foucault annonce avec assurance : “Elle paraît avoir été consentante[3]” (Foucault, 1990 : 204). Il soutient ce point de vue selon l’affirmation suivante :
“Le problème des enfants, voilà la question. Il y a des enfants qui à dix ans se jettent sur un adulte — alors quoi ? Il y a des enfants qui consentent, ravis.” (Ibid)
La position de Foucault était semble-t-il que du moment que l’enfant était “consentant” et que l’auteur n’employait pas de coercition physique, un tel usage des enfants était acceptable, et l’âge de consentement dans la loi n’était pas défendable :
“En tout cas, la barrière d’âge fixée par la loi n’a pas beaucoup de sens. Encore une fois, on peut faire confiance à l’enfant pour dire s’il a subi ou non des violences” (Ibid. : 285). »
Si cela vous rappelle l’argumentation des idéologues transidentitaire dans leurs tentatives de construction de l’enfant trans, c’est normal. Le discours est le même. Voilà ce que dit l’une des papesses du genre, Diane Ehrensaft ; Psychologue du développement et autrice de The Gender Creative Child (L’enfant créatif du genre) :
« Les enfants réalisent qu’ils sont transgenres à un très jeune âge. Parfois non, même s’ils sont vraiment transgenres. »
Sur la communication préverbale des enfants entre 1 et 2 ans :
« Dans l’émission de Barbara Walters, un enfant portait une petite grenouillère avec des boutons-pression entre les jambes. Et à l’âge d’un an, il les détachait pour faire une robe, afin que la robe volette. Cet enfant avait été assigné mâle. Il s’agissait d’une communication, d’une communication préverbale concernant le genre. […] Et les enfants sauront [qu’ils sont transgenres] dès la deuxième année de leur vie… ils le savent probablement avant, mais c’est du pré-préverbal. »
Même idée en encore plus extrême dans une vidéo promotionnelle de l’hôpital pour enfant de Boston (récemment supprimée, mais sauvegardée ici et là).
Voici maintenant la traduction de ces propos en revendications légales :
« L’intérêt supérieur de l’enfant doit être considéré en premier lieu dans les procédures légales, et l’opinion de l’enfant doit être dûment prise en compte, en fonction de sa maturité et de son développement individuel. L’intérêt supérieur de l’enfant doit inclure le respect du droit de l’enfant à exprimer librement son opinion et la prise en compte de cette opinion dans toutes les questions le concernant.
En pratique, cela signifierait, par exemple, qu’une déclaration venant d’une autorité publique qui suggérerait que les enfants d’un certain âge sont trop jeunes pour avoir conscience de leur identité est en contradiction avec le principe de “l’intérêt supérieur” et le droit d’être entendu de l’enfant. Au contraire, l’État doit veiller à ce que l’intérêt supérieur de l’enfant soit appliqué de manière appropriée et cohérente dans toutes les mesures prises. L’intérêt supérieur de l’enfant soit appliqué de manière appropriée et cohérente dans chaque action prise par les institutions publiques. »
(Extrait du rapport du cabinet de conseil juridique Denton, Only adults ? Good practices in legal gender recognition for youth)
L’opinion et le consentement de l’enfant seront souvent invoqués, de même que le consentement que donnent les femmes aux hommes dans la « pratique » du BDSM afin que ceux-ci puissent exercer des actes de barbarie sexuelle, ou encore, le consentement que les femmes ont donné aux proxénètes de French Bukkake et de Jacquie et Michel : que vaut le consentement d’une femme polytraumatisée par des hommes, ayant été incestée dans l’enfance et ayant développé de profonds troubles dissociatifs (et cognitifs) qui lui font dire, aujourd’hui, exposant un prolapsus rectal à la caméra, après avoir enchaîné de multiples pénétrations brutales par autant d’hommes non protégés, sur un matelas sale dans la cave d’un immeuble de cité, qu’elle « aime ça » ? Que vaut le consentement d’un enfant, un être humain aux capacités de réflexion à peine balbutiantes et au cerveau complètement immature ? Que vaut le consentement d’une préadolescente qui s’apprête à prendre des bloqueurs de puberté, et donc, à être stérilisée, à ne pas développer les tissus d’organes sexuels fonctionnels ?
À ce propos, il faut écouter ce qu’en dit Daniel Metzger, pédiatre et endocrinologue s’exprimant dans le cadre d’une présentation de la WPATH (The World Professional Association for Transgender Health, soit l’Association professionnelle mondiale pour la santé des personnes transgenres). Les préadolescents et adolescents ne sont pas en capacité de concevoir ou de comprendre l’étendue des conséquences d’un traitement qui va les stériliser, et moins encore de donner un « consentement éclairé ». Ils n’ont littéralement pas les circuits neuronaux qui leur permettraient d’évaluer les conséquences de leur décision.
Est-ce que cette femme, cet enfant et cette préadolescente sont en capacité de donner leur « consentement éclairé » à ce qui va leur être fait ? La question est rhétorique.
***
Une gauche politique ouverte à toutes les revendications
Encore une fois, les mouvements de libération d’hier et le mouvement transidentitaire d’aujourd’hui prennent leurs fondements théoriques dans la « théorie queer », issue du courant post-moderne dont le plus célèbre penseur était Michel Foucault — qui s’est prononcé en faveur de la suppression de l’âge minimum du consentement sexuel.
La théorie queer constitue le renversement de l’analyse des féministes radicales des années 70 au profit des activistes des droits sexuels masculins. Il s’agit en effet de la réappropriation par les dominants d’une pensée subversive formulée par les opprimées, menaçant l’ordre établi, remise au service de cet ordre établi et des privilèges des dominants. La théorie queer est en quelque sorte au féminisme ce que la décarbonation du capitalisme est à l’écologie : une arnaque, une mystification idéologique visant à perpétuer l’exploitation et à camoufler cette perpétuation de l’ordre établi. Ou encore : une mystification qui vise à faire croire que tout change lorsque rien ne change ; pire, l’exploitation ne fait que s’étendre, et la destruction s’accélérer.
Dans un livre à paraître, Derrick Jensen demande à l’une de ses amies, professeure d’université, de lui expliquer ce qu’est la théorie queer. Voici sa réponse :
« La théorie queer tente essentiellement de se débarrasser de ce qu’elle appelle les oppositions binaires, en soutenant que ces oppositions sont intrinsèquement hiérarchiques, dans la mesure où un terme est privilégié comme primaire et l’autre est simplement son déviant ou son dérivé. Par exemple, l’homme est primaire et la femme n’est que la négation de l’homme ; en psychanalyse par exemple, les femmes ont été théorisées comme étant simplement l’absence de pénis. La théorie queer soutient donc que nous devons déconstruire toutes les oppositions binaires : homme/femme, hétérosexuel/homosexuel, naturel/artificiel, nature/culture, etc. Nous y parvenons par le biais du “queerage”, qui constitue grosso modo une stratégie de transgression des frontières conceptuelles et catégorielles, visant à faire en sorte que chaque catégorie se trouve dénuée de sens et indistincte de l’autre. Par exemple, si nous redéfinissons l’homme comme n’étant pas une personne de sexe masculin, mais comme quiconque “se sent homme”, alors nous avons queerifié cette catégorie, elle n’est plus distincte de la catégorie femme. Les théoriciens queers y voient un mouvement progressiste qui débarrasse la société de l’oppression. Pourquoi ? Parce que la théorie queer considère que l’oppression ne découle pas de la subordination d’une classe de personnes à une autre et de l’exploitation du travail et des ressources pour le bénéfice de la classe exploiteuse (d’ailleurs, elle récuse souvent l’idée même qu’il existe des classes, qu’elle considère encore comme une catégorisation problématique), mais que l’oppression provient plutôt du simple fait d’étiqueter ces groupes de manière binaire. Cette étiquette est considérée comme restrictive et oppressive dans la mesure où les gens ne peuvent pas exprimer leur moi authentique dans cette opposition binaire. »
L’homme adulte et l’enfant mineur sont, selon cette perspective, prisonniers de catégories binaires et oppressives qu’il faut queerifier, c’est-à-dire transgresser. Il n’y a plus d’homme adulte ni d’enfant, il n’y a plus de violeur d’enfant et d’enfant violé. C’est la « libération de l’oppression ». Derrick Jensen reprend :
« Je n’ai pas pu m’empêcher de répondre : “C’est une mauvaise farce, non ?”
Elle m’a répondu : “Si c’est le cas, nous sommes les dindons de la farce. Lorsque l’oppression n’est pas considérée comme découlant des relations matérielles de pouvoir et de classe, mais plutôt de l’étiquetage de ces relations de manière binaire — du fait de placer les gens dans des groupes ou catégories — alors ces relations matérielles de pouvoir et de classe sont éliminées de l’équation. Par exemple, Judith Butler, dans son texte fondateur Trouble dans le genre, publié en 1990 et qui a eu une influence considérable sur ce cette prétendue troisième vague du féminisme, célèbre le fait que dans la théorie queer ‘féministe’, nous ne pouvons pas identifier les hommes en tant que classe comme étant les oppresseurs des femmes en tant que classe, car, insiste-t-elle, identifier les hommes en tant que classe oppressive ne fait que renforcer l’opposition binaire.”
J’ai commenté : “Alors, si je comprends bien. Même si 25 % de toutes les femmes de cette culture ont été violées au cours de leur vie par des hommes, et que 19 % ont dû repousser des tentatives de viol, cela n’aide pas à…”
“Lorsque les femmes s’unissent dans le féminisme, disent les théoriciens queers, cela ne fait que renforcer la binarité du genre, qui est la source de toute oppression. Ainsi, selon les théoriciens queers, parce que les femmes ne sont pas opprimées en vertu de ces relations matérielles de pouvoir, mais par la catégorie de femme elle-même, le féminisme doit, toujours selon ceux qui disent cela, procéder sans référence à la catégorie femme. Le fait de prendre les femmes pour sujet du féminisme serait ‘excluant’ et ‘oppressif’.” »
C’est en s’appuyant sur ce genre d’idées que les pédophiles ont revendiqué un statut de « minorité sexuelle opprimée » (Liz Kelly, 1996, sur la construction de la pédophilie en tant que minorité sexuelle et orientation sexuelle spécifique). Et que des hommes adultes qui prétendent être des femmes revendiquent aujourd’hui être une minorité opprimée requérant des droits spéciaux : l’accès aux espaces réservés aux femmes et aux enfants. La queerification de l’oppression n’est qu’une mascarade encouragée par la classe dominante désireuse de ne pas perdre son privilège de violer et d’exploiter les femmes et les enfants. Le dialogue continue :
« “Donc, ai-je demandé, le mouvement pour l’abolition de l’esclavage aux États-Unis n’aurait pas dû, selon cette logique, faire référence au fait que c’étaient des Blancs qui réduisaient des Africains en esclavage ? Et les tentatives pour mettre fin à la spoliation des terres et au génocide des Amérindiens ne sont pas censées reconnaître l’existence des catégories ‘colonisateurs’ et ‘indigènes’ ? Le problème, c’est l’existence de ces catégories, pas le fait que les Blancs volent les terres des Amérindiens ?”
“Exactement, a‑t-elle répondu. Avec l’essor de la théorie queer, le féminisme est devenu symbolique, dans le sens où, selon eux, la guerre que le féminisme doit mener est seulement symbolique, son but est d’effacer certaines catégories du langage par le processus de queerification. C’est complètement démentiel. Et ça a des conséquences dans le monde réel.”
“Et c’est stupide !”
“Et ça sert le pouvoir. Disons que deux hommes blancs gays aux États-Unis souhaitent avoir un bébé. Ils engagent alors une mère porteuse en Inde pour la gestation de leur enfant. Et vu que les ovules de cette femme indienne sont d’une race indésirable (pour eux), ils prennent un ovule d’une femme blanche par un processus d’extraction douloureux et nuisible pour pouvoir l’implanter dans l’utérus de la femme indienne. La théorie queer ne considérerait pas cette pratique comme colonialiste, raciste et méprisante envers les femmes (ce dont il s’agit pourtant), mais plutôt comme un mouvement positif. Il s’agit de ‘queerifier’ les naissances ! Il s’agit d’une remise en question de la binarité de la reproduction sexuelle entre mâle et femelle, ainsi que de la relation entre le naturel et l’artificiel !”
“Et le colon et le colonisé !”
“Oui, quelle transgression ! Un vrai brouillage de toutes les frontières oppressives !”
J’ai cru que mon cerveau allait exploser, mais pas dans le bon sens. J’ai demandé : “Comment la théorie queer peut-elle passer si rapidement de questions raisonnables sur la manière dont certaines choses ont été normalisées, à cette déformation du langage mise au service du pouvoir ?”
“La théorie queer est très influencée par Michel Foucault, souvent appelé le père de la théorie queer. Dans le cadre du post-modernisme, il a popularisé et renommé l’idée nietzschéenne des généalogies historiques au travers desquelles, par exemple, il a écrit L’Histoire de la folie, et L’Histoire de la sexualité, pour montrer comment la folie et l’homosexualité, respectivement, ont été stigmatisées. Tout cela représente un travail important.” »
On remarquera que les grands esprits se rencontrent : si l’on ne peut affirmer que Foucault entretenait des « relations sexuelles » avec des mineurs en Tunisie[4], on peut affirmer qu’il partageait avec Nietzsche la passion des « éphèbes », euphémisme désignant les garçons adolescents, tous deux faisant appel à la culture grecque et de manière plus explicite, de la part de Foucault, à la paideia, pour justifier leurs proclivités. Nietzsche, quant à lui, abonda de joie au sujet des délices qu’il connut enfin en Italie à Messine, là où les hommes respectables de la société européenne se rendaient pour les mêmes raisons que les hommes respectables de la société européenne de 1970 se rendaient en Afrique du Nord[5]. Le dialogue continue encore :
« “Mais, comme je l’ai dit, lorsque vous retirez de l’équation les relations matérielles de pouvoir et les relations de classe, lorsque vous vous retrouvez incapable d’identifier une classe d’oppresseurs qui bénéficie de ces relations matérielles de pouvoir et de classe, que vous reste-t-il ? Selon Foucault, ces normes sont le fruit de ce qu’il appelle ‘la contingence’, qui est sa façon fantaisiste de désigner ‘le hasard’. Ces normes prennent de l’ampleur, pour une raison ou une autre, et continuent, pour une raison ou une autre et c’est comme magique, personne ne sait vraiment pourquoi.
C’est ainsi que l’on peut se retrouver avec des théoriciens queers comme Judith Butler qui affirment très sérieusement que les femmes ne sont pas opprimées au profit des hommes, mais que ces normes sont simplement apparues un beau jour, qu’elles sont très restrictives et qu’elles oppriment les ‘gens’. ‘Les gens’ !” »
Dans Trouble dans le genre Judith Butler demande : « Le tabou de l’inceste est la loi juridique qui prohiberait les désirs incestueux tout en construisant certaines subjectivités genrées par le mécanisme de l’identification obligatoire. Mais qu’est-ce qui garantit l’universalité ou la nécessité de cette loi ? » Et comme souvent, elle ne formule pas même un semblant de réponse à ses questions oraculaires. Peut-être pouvons-nous l’aider à répondre ? La nécessité de la loi contre l’inceste tient au préjudice que le viol cause à enfant et à son développement futur, et en particulier aux conséquences traumatiques des atteintes sexuelles incestueuses sur les survivants, amplement documentées. La loi est également nécessaire en raison de la prévalence de ces atteintes. Dans Undoing Gender, (Défaire le genre), Butler affirme : « Je pense qu’il y a des formes d’incestes qui ne sont pas nécessairement traumatiques ou qui ne le deviennent qu’en vertu d’une conscience de la honte sociale qui en découle. » Butler argumente donc en faveur d’une déstigmatisation des hommes qui utilisent sexuellement des enfants, tant que cela reste en famille. Le dialogue se poursuit :
« “La théorie féministe — et cette fois je ne parle pas de la théorie queer ‘féministe’ de la troisième vague, mais de la bonne vieille théorie féministe — de la construction sociale du genre se base sur la compréhension du fait qu’il existe des humains mâles et des humains femelles. Il s’agit de catégories réelles d’humains. Le patriarcat institue ensuite une hiérarchie où les hommes en tant que classe ont plus de pouvoir que les femmes en tant que classe. C’est le but du patriarcat, tout comme le but du suprémacisme blanc consiste à établir une hiérarchie où les Blancs en tant que classe ont plus de pouvoir que les personnes de couleur en tant que classe. Dans le patriarcat, les femmes sont ensuite conditionnées pour être (et/ou sont caractérisées comme) illogiques, frivoles, soumises et sexuellement subordonnées aux hommes. Elles sont ‘celles à qui on le fait’. Dans cette construction, les hommes sont caractérisés comme étant courageux, actifs, intelligents, logiques et leaders. Ils sont ‘ceux qui le font à’.” »
La comparaison s’arrête là : la différenciation sexuée traverse toute l’humanité, toutes les diversités ethniques, elle est d’ailleurs plus générale que toutes les diversités ethniques, qui sont culturelles, politiques, variables. Aucun peuple, aucune culture ne peut contourner la différenciation sexuelle. Celle-ci n’est pas « soluble dans l’histoire puisqu’elle repose sur l’organisation des êtres humains vivants » (Sylviane Agacinski). Fin du dialogue entre Derrick Jensen et son amie :
« “Au lieu de considérer les problèmes comme a) la hiérarchie et b) l’exploitation de la classe subordonnée, la théorie queer en fait une sorte de complot omniprésent visant à enfermer des individus complexes dans des cases binaires restrictives, ce qui serait en soi oppressif. Ce qui signifie qu’au lieu de se débarrasser de la hiérarchie, il faut ‘queerifier la binarité’ en brouillant les distinctions. Il en va de même pour toutes les binarités. Cela conduit au comble de l’insanité. Par exemple, Eve Sedgwick et Judith Butler ont toutes deux affirmé que l’une des façons de queerifier la binarité homme/femme et la binarité hétérosexuel/homosexuel serait que les lesbiennes aient des relations sexuelles avec des hommes. C’est fou. Et bien sûr, c’est juste un moyen de plus de rendre les femmes sexuellement soumises aux hommes.” [NdLT : de les rendre sexuellement disponibles. Les hommes revendiquent le droit et l’accès aux corps des femmes.]
J’ai rétorqué : “Tout ceci est un peu trop abstrait pour moi.”
“C’est justement le but. C’est trop abstrait pour la plupart des gens. Si plus de gens comprenaient vraiment ce qu’est la théorie queer, la résistance s’organiserait dans les universités aussi vite que le travail intellectuel pouvant être abattu par les seules personnes encore saines d’esprit du bâtiment universitaire : les secrétaires de département.” »
Les gays de gauche et la pédophilie
Aujourd’hui, les associations d’homosexuel·les Gays Against Groomers et LGB Alliance luttent contre l’instrumentalisation des enfants pour l’avancement des droits sexuels masculins. Cela n’a pas toujours été le cas concernant les hommes homosexuels. Dans le chapitre intitulé « La libération des pédophiles » de son livre Penile imperialism, Sheila Jeffreys note :
« Lucy Robinson, dans son livre sur les hommes gays et la gauche politique dans la Grande-Bretagne d’après-guerre, décrit le soutien considérable qui existait en faveur du viol des enfants dans les années 1970 (Robinson, 2011). Elle explique que le collectif Gay Left (La gauche Gay) a adopté la cause de ce qu’ils appelaient pédophilie parce qu’ils y voyaient un “nouveau champ de bataille” à partir duquel déployer la libération sexuelle. Dès son troisième numéro, le magazine Gay Left diffusait des annonces pour le principal groupe pro-pédophile, le Paedophile Information Exchange (PIE). Robinson relate comment une “identité pédophile” se développa à partir du Mouvement de libération gay. Un certain nombre d’organisations de campagnes politiques gay parmi les plus importantes ont créé des plateformes où les pédophiles pouvaient s’exprimer et publier leur matériel de campagne, comme l’Albany Trust, qui a édité une brochure sur le PIE avant de perdre ses sources de financement à cause de cela. Elle explique que l’opposition féministe organisée face aux atteintes sexuelles des enfants l’a emporté sur les tentatives de libération des pédophiles par la Gay Left dans les années 1980, ce qui entérina définitivement le divorce entre le mouvement de libération des femmes et le mouvement de libération des gays. »
L’opposition des féministes
Un discours semblable à celui dont les médias nous abreuvent aujourd’hui était jadis déployé pour museler les opposantes au mouvement des droits sexuels des hommes — opposantes qui étaient surtout des féministes. Il s’agissait entre autres choses de les accuser d’attiser une « panique morale », de faire preuve de « bigoterie », d’être des « réactionnaires », des « conservatrices ». Tout cela sonne en effet terriblement familier.
Ce mouvement pro-pédophile s’inscrivait, comme aujourd’hui, majoritairement à gauche. Ses défenseurs considéraient que les offensives contre le mouvement de libération pédophile étaient « le début d’un affaiblissement général des droits et libertés sexuelles ».
Par exemple, Stephen Gee, dans son live sur la Gay Activist Alliance (dont il était l’un des financeurs), et dans lequel il présente son travail de libération des pédophiles contre l’oppression, explique tranquillement que « les inquiétudes des féministes vis-à-vis du fait de [retirer de la loi] l’âge de consentement n’est qu’une panique morale généralisée autour des enfants ». En effet, selon lui, le mouvement de libération des gays a créé un sursaut dans les sphères conservatrices de la société, un « choc contre le système hétérosexuel » qui « se manifeste en particulier par un vent de panique morale autour des enfants ».
L’histoire se répète. Un article récemment publié par Libération en défense des idées transidentitaires et de l’idéologie transgenre en général (un stupéfiant tissu de mensonges, que nous examinons ici) : « Certaines féministes se sentent prises en tenaille entre un mouvement trans plus visible qu’avant, avec des revendications plus nombreuses, et d’autre part un mouvement d’extrême droite qui a politisé ces questions et qui a fourni des arguments et des clés de lecture suivant la même logique de panique morale qu’avec la cancel culture et le wokisme. »
La manière dont Stephen Gee susmentionné venait délibérément confondre et marier de force ses revendications pédophiles au mouvement de libération gay est flagrante. Aujourd’hui, des hommes présentant quantité de paraphilies telles que l’autogynéphilie, le désir de « nullification » c’est-à-dire d’amputation des organes sexuels (nous parlons bien du fait d’être excité à l’idée de la castration, avec ou sans passage à l’acte), l’apotemnophilie (soit l’excitation sexuelle à l’idée d’être amputé d’un ou divers membres sains), des hommes fétichistes des couches-culottes dits « agefluid », excités à l’idée d’être traités « comme des enfants », y compris souhaitant « jouer » avec des enfants « de leur âge », revendiquent une déstigmatisation avec une panoplie de droits spécifiques incluant l’ accès aux espaces réservés aux femmes et aux enfants. Les accommodements qu’ils revendiquent impliquent la destruction des droits des femmes conquis durant une cinquantaine d’années, ainsi que des avancées obtenues par les personnes homosexuelles.
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Qu’en est-il aujourd’hui
Le pédophile, une victime stigmatisée ?
Certains experts autoproclamés (Jahnke et Hoyer) soutiennent que la déstigmatisation et l’acceptation sociale des pédophiles — des hommes qui fantasment sur le fait d’utiliser sexuellement des enfants[6] — contribueraient à prévenir un passage à l’acte de la part de ces hommes. Or, les chercheurs et chercheuses ayant étudié la relation entre la stigmatisation et le contrôle des « impulsions » pédophiles ont trouvé que l’inverse était vrai (Lievesley et collègues). Aucun lien n’a été trouvé entre l’intériorisation de la stigmatisation sociale par les pédophiles et leur propension à chercher de l’aide psychiatrique pour canaliser ou supprimer leurs obsessions sexuelles envers les mineurs. Leurs résultats suggèrent plutôt que la stigmatisation peut favoriser le self-control des pédophiles.
A‑t-on déjà vu des psychiatres promouvoir des espaces virtuels d’échanges ou des criminels sexuels pouvaient librement discuter de leurs fantasmes comme étant un dispositif bénéfique à l’estime de soi de ces criminels, et contribuant dès lors à empêcher leur passage à l’acte ? A‑t-on déjà argumenté que donner des poupées réalistes à des criminels, de manière à ce qu’ils puissent les démembrer, puisse être un moyen de prévention d’éventuels passages à l’acte ? C’est pourtant le discours que tiennent les sexologues pro-pédophiles. Or, une étude parue en septembre 2022 dément ces affirmations en faisant le constat inverse : il apparaît que les pédophiles (qui, afin d’éviter une partie de la stigmatisation allant de pair avec le terme « pédophile », se disent désormais « Personnes attirées par des mineurs », soit PAM, bien qu’ils soient très majoritairement des hommes[7]) propriétaires de poupées sexuelles réalistes figurant des enfants, manifestent des niveaux plus élevés de comportement sexuellement objectifiant et d’excitation anticipée à l’idée d’établir des contacts sexuels avec les enfants.
En outre, les groupes d’échanges tels que les forums où les hommes donnent libre cours à l’expression de leurs déviances sont — factuellement — le terreau d’une normalisation de leurs déviances, et donc, l’endroit où peuvent se développer leurs motivations à émettre des revendications légales.
D’après le rapport du projet « Final redirection 2020 – 2022 » sur les utilisateurs de CSAM (Child sexual abuse material, soit du matériel pédo-pornographique tels que des photos, des vidéos, ou le live streaming de violences sexuelles mettant en scène des enfants ou des hommes et des enfants — toujours produits par des hommes), les communautés virtuelles qui permettent aux paraphiles d’échanger sur leurs « fantasmes » ne font que renforcer et normaliser ces sentiments paraphiles chez les hommes qui les expriment. Notons qu’il en va de même pour les forums des eunuques, autogynéphiles, apotemnophiles (hommes sexuellement excités à l’idée d’être amputé d’un membre en dehors de leur pénis), fétichistes des couches et autres « bébés adultes » (ou régression infantile), entre autres fétichismes sexuels.
Dans ces communautés, les paraphiles déploient des stratégies de distorsions cognitives et d’inversion, c’est-à-dire des stratégies de désengagement moral et/ou d’auto-mystification visant à justifier et légitimer leur paraphilie : son caractère inévitable (« c’est une orientation sexuelle, je suis né avec »), son caractère prétendument inoffensif (« les enfants ne souffrent pas vraiment » ; eux ne toucheraient jamais des enfants et se contentent de consommer des viols d’enfants filmés), ou encore une complète inversion des réalités (se définir comme quelqu’un qui aime et protège les enfants, être un protecteur et un libérateur des enfants prisonniers de normes rigides).
Ces stratégies leur permettent de réduire leur anxiété à l’idée de commettre des actes qui vont à l’encontre des normes de leur société. En effet, détruire des enfants est censé aller à l’encontre des normes de notre société. Pourtant, à l’heure du scandale sanitaire, des praticiens transactivistes continuent de prescrire des bloqueurs de puberté et d’opérer des chirurgies de réassignation (le tout appelé « thérapie d’affirmation du genre ») sur des enfants originellement en bonne santé. Ce sentiment de légitimité facilite ensuite le passage à l’acte des paraphiles. À terme, c’est également ce qui leur permet d’organiser et de militer pour revendiquer des droits spéciaux.
L’organisation Virped (« virtuous paedophiles ») établit dans ses principes :
« Nous pensons que l’activité sexuelle entre un adulte et un enfant est toujours préjudiciable, et nous nous opposons à sa légalisation ou à son acceptation de quelque manière que ce soit. Nous estimons que le matériel pédopornographique mettant en scène l’exploitation et l’abus d’enfants réels est toujours mauvais et nous opposons à sa production, sa distribution, sa légalisation et son utilisation. »
Toutefois, comme le fait remarquer Jeffreys, il y a des limites à la vertu des pédophiles vertueux. Elle relève les nuances exprimées dans la F.A.Q de leur site web (voir capture d’écran) et fait remarquer :
« On peut y lire : “Nous demandons instamment aux pédophiles de ne jamais rechercher ou regarder du matériel illégal. Nous sommes conscients que c’est une tentation à laquelle de nombreux pédophiles sont confrontés.”
Toutefois, d’autres matériels susceptibles de servir et d’entretenir leurs penchants [NdLT : nous soulignons] sont acceptables. Ils disent que :
“Lorsqu’aucun enfant n’est impliqué dans la production de matériel, c’est moins clair. Cela inclut les fictions érotiques impliquant des mineurs, les images générées par ordinateur (pornographie dite ‘virtuelle’) ou les poupées sexuelles pour enfants.” »
Permettrait-on a des criminels sexuels et autres psychopathes de visionner du matériel pouvant « servir et entretenir leurs penchants » ?
James Cantor, sexologue spécialisé, entre autres, dans l’étude des pédophiles[8], propose une distinction sémantique pour une seule et même réalité ontologique : il y aurait d’un côté l’usage sexuel d’enfants relevant d’une offense criminelle, et de l’autre, la pédophilie, relevant seulement d’un intérêt sexuel qui aurait par ailleurs des origines biologiques — affirmation qu’il tente toujours de prouver et qui s’avère très difficile à illustrer.
Ce discours déplace l’attention des crimes commis, et des hommes qui en sont responsables, sur la stigmatisation sociale de ces hommes qui naîtraient avec une condition appelée « pédophilie », et qui remettrait en cause la responsabilité de leurs actes.
Le but louable de James Cantor est d’intercepter les pédophiles avant qu’ils ne passent à l’acte et de faire en sorte, par le biais de thérapies et de plateformes (vertueuse) de soutien, qu’ils n’y passent jamais. C’est également le but du projet « ReDirection finale » dont les chercheuses ont réussi à obtenir 20 022 réponses de pédophiles utilisateurs (de matériel pédopornographique impliquant des enfants réels) à l’enquête – traduite en 19 langues et diffusée sur le darknet – en s’association aux moteurs de recherches du darkweb, ainsi qu’à Meta, dans le web généraliste. On y apprend que 37% des répondants ont déclaré avoir recherché des contacts avec des enfants réels après avoir consommé des CSAM. Dans une étude concentrée sur 1546 des répondants qui ont complété la partie « aidez-nous à vous aider », 42% ont déclaré avoir recherché des contacts avec les enfants après le visionnage de pédopornographie et 58% ressentaient de l’angoisse à l’idée que leur consommation les incite à rechercher des contacts avec les enfants.
La Queerification
L’on pourrait raisonnablement penser qu’il est dorénavant difficile de soutenir les arguments pro-pédophiles qu’avançait, entre autres, Foucault. En effet, de très nombreuses études ont permis d’établir un consensus au sujet des graves psychotraumatismes engendrés par les violences sexuelles sur les enfants, sans même parler des problèmes de santé mentale et physique que rencontreront les victimes tout au long de leur vie, revictimisées par les relations abusives dans lesquelles elles reproduiront les traumatismes initiaux. Aussi, les discours pro-pédophiles communiquent aujourd’hui autour de deux stratégies opposées, mais convergeant vers un même but. L’on observe d’un côté, une médicalisation de leur paraphilie au travers de la sexologie, de la psychologie et de la criminologie, et de l’autre, sa normalisation en tant qu’orientation sexuelle. L’objectif est de « déstigmatiser » cette paraphilie afin que les pédophiles puissent vivre au grand jour leur pédophilie auprès de leur famille et amis en tant que « personnes attirées par les mineurs », ou encore en tant que « pédophiles sans contact ». Ce niveau de reconnaissance est à ce jour le plus haut atteint par les hommes consommateurs de matériel pornographique impliquant des violences sexuelles sur les enfants ou auteurs de violences sexuelles sur les enfants.
Mais avant d’aborder ces deux stratégies en vogue, penchons-nous sur l’argumentation de Kathryn Bond Stockton, théoricienne queer citée dans la thèse de Jacob Breslow, le pédophile qui travaillait, il y a quelques semaines encore, au contact d’enfants vulnérables pour l’organisme caritatif Mermaids. Voici quelques extraits de The Queer Child (L’enfant queer), paru en 2009, livre nominé pour les Lambda Literary Award for LGBT Studies (Prix littéraire Lambda pour les études LGBT) :
« Les enfants sont protégés par des lois qui les écartent du mal, bien sûr, mais aussi de l’agencement de leur propre plaisir. (Les lois sur l’âge du consentement en sont un exemple clair). »
« Qu’en est-il du droit d’être traité cruellement ; du droit d’être battu selon ses désirs aux mains des adultes ; ou, en tant qu’enfant, du droit d’infliger une telle douleur ? »
« En revanche, le prétendu dominateur d’un enfant innocent (c’est-à-dire, le pédophile) se bat comme un avocat pour les droits et la liberté de l’enfant de sorte que celui-ci ne soit pas seulement considéré comme innocent. C’est pourquoi NAMBLA [North American Man Boy Love Association soit Association Nord-Américaine d’Amour Homme-Garçon] revendique le droit des enfants à choisir leur éducation ; à divorcer de leurs parents ; à choisir ses plaisirs. »
« (…) À quel point l’objet de l’attraction pédophile – c’est-à-dire l’enfant – est-il un produit de la loi ? À quel point le pédophile a‑t-il besoin de la loi pour produire la silhouette de l’enfant, et donc, des mesures juridiques qui profilent le libre agencement [agency – la faculté d’agir] de l’enfant qu’il souhaite déshabiller ? (Autrement en quoi serait-il en train de déshabiller un enfant à proprement parler ?). Et que dire des fantasmes de la loi ? De la manière dont elle fabrique l’enfant innocent, dont elle en fait un corps nécessitant plus de protections que de libertés ; la loi a produit l’enfant comme queer (bizarre, étrange) même lorsque la catégorie produite est normative. »
Et voilà la queerification de l’enfant, qui, sans les catégories normatives que sont la loi et les stéréotypes socioculturels, ne serait pas vraiment un enfant. Dans la théorie queer, les catégories sont des constructions culturelles et tracent des frontières arbitraires entre ce qui est mâle et ce qui est femelle, ce qui est mature et ce qui est immature, ce qui est adulte et ce qui est enfant. L’âge est une convention sociale, tout comme le développement cérébral. D’ailleurs, ce sont les colons blancs qui ont imposé la binarité adulte/enfant aux peuples indigènes, qui sans cela, n’auraient jamais eu conscience d’une distinction entre adultes et enfants. Cet argument est réellement avancé par les idéologues (trans)genristes au sujet des deux sexes. En effet, les mêmes arguments sont déployés, accompagnés de pseudoscience et d’une bonne dose de malhonnêteté intellectuelle, au sujet de la notion de sexe : « le sexe (biologique) est un spectre », ou encore « il existe plus que deux sexes ». D’ailleurs, puisque le sexe est assigné de manière arbitraire et le résultant d’une construction normative, il doit être supprimé dans la loi, ainsi que tous les droits sexo-spécifiques « oppressifs » (entendre, qui oppriment les hommes en les empêchant de n’en faire qu’à leurs désirs).
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Notre société produit des pédophiles. Il existe une approche raisonnable médico-judiciaire pour tenter de neutraliser les pédophiles : un encadrement thérapeutique reconnaissant un caractère pathologique, d’origine psychotraumatique ou non, d’origine biologique ou non, reposant sur le fait de ne pas encourager les pédophiles dans leur pédophilie. Il existe notamment un ensemble de mesures visant à protéger les enfants. Ces mesures sont possibles parce que la société reconnaît la paraphilie pédophile comme une paraphilie sociopathique en dépit de l’activisme ayant pour but de supprimer les « garde-fous » légaux. La pédophilie est une paraphilie qui fabrique des victimes, non une « orientation sexuelle ».
Notre culture – violente, exploitatrice, hiérarchique, qui érotise les relations de pouvoir et de subordination — produit des paraphilies. Des sexualités pathologiques dont l’intérêt sexuel relève de l’érotisation de la différence de pouvoir. S’il faut privilégier les approches raisonnables de traitement ou de gestion des paraphilies et des dysphories, la protection des personnes vulnérables et la protection des enfants, il est difficile de considérer des chirurgies destructrices et iatrogènes comme des accommodations raisonnables pour les personnes en grande souffrance. Jeffreys rappelle que la clinique de l’université Johns Hopkins, qui fut la première aux États-Unis à réaliser des chirurgies de réassignation sexuelle
« a été fermée en 1979 au motif que les traitements transsexuels n’apportaient aucune amélioration à la santé mentale. Le psychiatre en chef qui a pris cette décision, le professeur Paul McHugh, a écrit plus récemment que l’hôpital avait “gaspillé des ressources scientifiques et techniques et porté atteinte à notre crédibilité professionnelle en collaborant avec la folie au lieu d’essayer de l’étudier, de la guérir et, en fin de compte, de la prévenir” (McHugh, 2004). D’autres cliniques ont fermé peu de temps après. Mais en 2017, la clinique réouvrait face à une demande énorme, et il était évident que le scepticisme qui avait jadis motivé la décision de fermeture avait été vaincu (Smith, 2018). »
Paul McHugh a eu l’occasion de travailler avec John Money à l’hôpital. Il fut notamment responsable de la supervision des publications de John Money vers la fin de sa vie. En tant que conservateur, McHugh s’est opposé au mariage des homosexuels. Exécuter des chirurgies cosmétiques de réassignation de sexe pouvait avoir du sens pour ce chrétien traditionaliste étant donné que ces opérations correspondaient à des thérapies de conversions hétérosexuelles. Sauf qu’il n’en était rien. Les homosexuels ne représentent pas la plus grande par des travestis. La majeure partie des travestis et des hommes qui recherchent un travestissement social permanent sont des hommes hétérosexuels ayant un intérêt sexuel au travestissement, excités à l’idée d’être des femmes (autogynéphiles) comme le montre déjà cette étude de 1987. McHugh déclare qu’il n’y avait pas d’amélioration au niveau de la santé mentale après les chirurgies, qu’aucun bénéfice psychologique n’était constaté, et que les travestis post-opératoires faisaient face aux mêmes difficultés mentales. Dans un entretien pour le Wall Street Journal, il évoque l’étude suivie sur 30 ans du Karoliska Institute de Suède, effectuée auprès de 324 transsexuels post-opérées et qui révèle que dès 10 ans après les chirurgies, les personnes ont commencé à rencontrer de plus en plus de difficultés psychologiques et que leur taux de tentative de suicide était de 20 fois supérieur à celui de la population contrôle.
Aujourd’hui, dans le cas de l’autogynéphilie ou de l’apotemnophilie portant sur les parties génitales (« identité de genre eunuque »), les protections légales n’existent plus : ni concernant les hommes atteints de paraphilies autodestructrices, ni concernant leurs victimes. Les hommes autogynéphiles ont accès aux espaces des femmes, peuvent concourir dans leurs sports, prendre leur place sur les listes paritaires, prendre leurs bourses universitaires, parler en leur nom lors d’évènements mondiaux. Les apotemnophiles sexuels sont consultés sur les forums où ils transcrivent leurs fantasmes sexuels de castration d’enfants ou d’autocastration, mêlant des paraphilies toutes plus viles les unes que les autres, pour les derniers protocoles de soins (version 8) de la WPATH au sujet de leur « identité de genre ».
En dépit des 11 études ayant démontré que la vaste majorité des enfants (entre 71 et 88%) désistaient dans leur désir d’être de l’autre sexe avec le passage de la puberté, lorsque leurs parents n’avaient pas permis de « transition sociale », l’approche généralisée dans les années 2000 pour traiter la dysphorie « de genre » des enfants a été celle du protocole d’Amsterdam (Dutch protocol). C’est l’approche qui déboucha ensuite sur la thérapie d’affirmation, et qui consiste aujourd’hui encore à administrer des bloqueurs de puberté afin de donner aux enfants le temps de changer d’avis et de voir lesquels persisteraient, et lesquels désisteraient. Mais les bloqueurs de puberté, en « bloquant la puberté », risquent d’empêcher la maturation cérébrale, et donc également les processus de développement par lesquels la puberté peur régler la dysphorie[9]. Dans la seule étude (une douzième étude) montrant que 97,5% des enfants persistaient dans leur dysphorie après 5 ans, les enfants avaient déjà effectué une « transition sociale » au départ de l’étude (changer de prénom, utiliser les pronoms grammaticaux du genre opposé, s’habiller selon les stéréotypes sexistes tels que des robes et des couettes avec des chouchous dans les cheveux pour le genre féminin, et des pantalons, baskets, casquette et cheveux courts pour le genre masculin). Il s’agissait de la seule différence notable. Dans l’une des 11 études, certains des mineurs avaient partiellement ou entièrement transitionné socialement, et cette étude était celle qui montrait le plus haut taux de persistance : 29,1%.
Aussi, les deux études qui montraient le plus haut pourcentage de persistants était celle où les enfants avaient déjà effectué une transition sociale. Permettre chez l’enfant une transition sociale « juste pour voir » a de sérieuses conséquences. La transition sociale doit être considérée comme faisant déjà partie du traitement de la dysphorie de genre. Tout comme les bloqueurs de puberté, la transition sociale a des effets iatrogènes et influence grandement le développement psychique de l’enfant. La thérapie « d’affirmation » qui consiste à faire transitionner l’enfant dès que possible au plan social, et qui mène quasi invariablement à la médicalisation suite au recours aux bloqueurs de puberté, suivis des hormones et de la chirurgie, est le plus sûr moyen de fabriquer des « enfants trans ». Ainsi que de détruire leurs corps, leurs cerveaux, leur psychisme, leur vie. Ici, les garde-fous font clairement défaut.
La psychologisation
Retour aux stratégies de banalisation de la pédophilie. « S’engager dans un contact sexuel avec un enfant de quelle manière que ce soit est moralement indéfendable et doit être puni par la loi. Mais être né avec une attraction sexuelle incontrôlable et non voulue ne n’est pas. » (Eleanor Stevens et Jane Wood) Le focus sur les enfants disparaît au profit d’une focalisation sur les victimes que seraient les pédophiles eux-mêmes. Il s’agit d’une inversion patriarcale de responsabilité. Les coupables sont en fait les victimes non consentantes d’une condition qu’ils déplorent. Admettons. Le cas échéant, ces hommes sont atteints d’une grave condition mentale qui les rend proprement inaptes à vivre en société sans supervision médico-judiciaire. Ils devraient de facto faire l’objet d’un contrôle médical et judiciaire, avec des obligations spécifiques telles que l’interdiction d’approcher les écoles, l’interdiction de travailler au contact d’enfants ou dans des institutions qui reçoivent des enfants et l’inscription sur un registre de pédophiles, dès lors qu’ils réalisent être sexuellement attirés par les enfants. Un dispositif de suivi socio-judicaire a été mis en place en France pour les pédocriminels sexuels, c’est-à-dire pour les pédophiles qui sont passés à l’acte. Quid de la différence entre pédophiles et criminels sexuels en dehors du passage à l’acte ?
« Les “pédophiles” constituent une sorte de nébuleuse extensive, banalisée par la médiatisation. Les Anglo-Saxons préfèrent d’ailleurs parler de child molesters, d’agresseurs d’enfants. Au sens strict, les personnes [hommes] qui agressent sexuellement les enfants ne sont pas toutes des pédophiles, frange infime de la population intéressée de manière exclusive par les enfants jeunes et non pubères des deux sexes. Dans nombre de cas, il s’agit de personnes, mariées ou vivant en couple, ayant une vie sexuelle ordinaire. Et si des actes sexuels peuvent être qualifiés de “pédophiliques”, cela ne signifie pas pour autant que leurs auteurs entrent dans la catégorie des pédophiles stricto sensu. De plus, la classification des agresseurs d’enfants est complexe, puisqu’elle prend en compte plusieurs domaines dont sont issus les critères de catégorisation [sic]. On considère schématiquement, à propos de l’agresseur, la nature de l’acte, le contexte de l’agression, ses caractéristiques psycho-comportementales, son histoire personnelle ; et, à propos de la victime : le sexe, l’âge et la nature de ses relations avec l’agresseur. »
C. de Beaurepaire, Psychiatre des hôpitaux, praticien hospitalier, EPS de Maison-Blanche, Paris. La Lettre du Psychiatre • Vol. VI — n°3 — mai-juin 2010
D’après ce dossier thématique publié dans La Lettre du Psychiatre, tous les agresseurs sexuels d’enfants ne sont pas forcément des pédophiles. Il peut s’agir de pédophilie opportuniste de la part de criminels sexuels. Mais devrions-nous considérer que tous les pédophiles ne sont pas de potentiels violeurs d’enfants ? Ou devrions-nous considérer les enfants autour desquels évoluent les pédophiles « sans contact » comme de potentielles victimes ? Dans les dispositifs existants, il est question d’empêcher les récidives sexuelles. Mais qu’existe-t-il pour empêcher le premier passage à l’acte ? Dès le moment où un homme à conscience de ses penchants, il devrait alors rechercher de l’aide auprès des services appropriés. Et obtenir un suivi. Et faire l’objet d’obligations et de restrictions. Après tout, il s’agit d’une pathologie qui se manifeste par un intérêt sexuel envers les enfants et rien ne peut distinguer le pédophile abstinent du violeur d’enfant sinon le passage à l’acte. Êtes-vous prêtes à risquer l’avenir de vos enfants au nom de la vertu d’un pédophile ?
Une orientation sexuelle
L’organisation Prostasia vise à normaliser la pédophilie comme une orientation sexuelle innée. Leur discours compare la pédophilie à l’homosexualité, au motif que l’homosexualité aussi était stigmatisée avant d’être complètement acceptée par la société. Sheila Jeffreys cite Delano, un intellectuel militant :
« Si les poupées sexuelles pour enfants sont légalisées, les amants d’enfants [childlovers] le feront avec des poupées, au lieu de vouloir le faire avec de vrais enfants. Cela continuer (sic) pendant encore 50 ans, jusqu’à ce que l’acceptation des PAMs [personnes attirées par des mineurs] atteigne le point où être PAM sera considéré comme être gay en 2020. Pour l’instant, être PAM est considéré comme être gay au Moyen-Âge. »
Et peu importe la récente étude susmentionnée portant sur les effets des poupées sexuelles d’enfants réalistes.
Il semblerait que les pro-pédophiles, entendre ici les PAM, personnes attirées par les mineurs, aient oublié que l’homosexualité concerne des égaux en droit et en capacité, « homo », soit « le même », tandis que la pédophilie désigne les désirs sexuels d’hommes adultes envers des êtres qui ne sont pas en mesure de comprendre et consentir à ce que les adultes veulent leur faire. De tels éléments de langage visent à masquer la responsabilité des hommes adultes qui désirent violer des enfants et à masquer les véritables violences qu’impliquent leurs déviances sexuelles. Il s’agit d’une minimisation de violences sexuelles, fantasmées ou non : en effet, la seule chose qui empêche une partie de ces hommes de passer à l’acte, c’est la punition, le fait qu’il s’agit d’un crime punissable dans la loi — même si comme nous l’avons constaté, trop peu de violeurs d’enfants sont inculpés. La stigmatisation sociale constitue l’une des barrières qui entravent l’exécution de leurs fantasmes, ne la supprimons pas.
Les droits des femmes – tout le monde s’en fout
Que se passe-t-il lorsque les barrières qui protègent les femmes sont retirées ? Les hommes paraphiles en profitent. C’est d’ailleurs à cette fin qu’ils ont souhaité les abolir. Pour conclure cette partie, voici la traduction de plusieurs sous-parties du chapitre « Le travestissement face à l’effacement des femmes » du livre Penile Imperialism de Sheila Jeffreys.
Les espaces non mixtes réservés aux femmes
Les espaces non mixtes réservés aux femmes ont été historiquement établis pour protéger le droit des femmes à la dignité et à la sécurité. Pour les hommes qui ressentent de l’excitation sexuelle en se faisant passer pour des femmes, l’accès à ces espaces est crucial, car il confirme leur « féminité ». Les premiers espaces dans lesquels les travestis se sont efforcés d’entrer sont les toilettes pour femmes. Ils se sont battus pour leur « droit » d’y accéder par le biais d’une discrète campagne parfois baptisée « le droit de faire pipi » (Jeffreys, 2014b). Les militants travestis réclament le droit de « faire pipi » dans les toilettes pour femmes parce que, disent-ils, les toilettes des hommes ne sont pas des endroits sûrs pour eux, puisqu’ils pourraient y subir de la violence. Ils n’ont jamais apporté la moindre preuve de telles violences à leur égard de la part des autres hommes (Cavanagh, 2010). Les sexologues, qui considèrent ces hommes comme des autogynéphiles sexuellement excités par leur travestissement, proposent une explication très différente. Ils affirment que ces hommes sont sexuellement excités par de telles incursions parce qu’elles nourrissent leur fantasme érotique d’être admirés « en tant que persona féminine, par une autre personne » (Bailey et Triea, 2007 : 523), ou parce qu’ils ont besoin d’un public devant le « film » perpétuel qu’ils se font et dans lequel ils paradent « en tant que femmes » : devant des témoins involontaires, surtout leurs épouses, ou les femmes dans les toilettes (Cameron, 2013).
Les toilettes pour femmes sont nécessaires aux femmes et aux filles. Elles leur permettent de rester sur leur lieu de travail, de voyager et d’utiliser l’espace public. Toute restriction de leur nombre ou affaiblissement de leur sécurité par l’inclusion de certains hommes viole les droits des femmes (Penner, 2001 ; Yardley, 2012). Le danger de l’intrusion des hommes apparaît clairement sur les nombreux sites web consacrés à « l’upskirting » [soulèvement de jupons] d’après le nom de la pratique masculine sexuellement violente consistant à filmer secrètement les parties génitales et les fesses des femmes (Jeffreys, 2014a, 2014b).
J’ai montré au premier chapitre que les hommes sont parfois prêts à tout pour satisfaire leur urolagnie et leur coprophilie, allant jusqu’à s’enfouir dans des fosses septiques [NdLT : et jusqu’à mourir, true story]. Les femmes et les filles ont besoin de toilettes non mixtes pour éviter le harcèlement et les agressions sexuelles des hommes.
Au Royaume-Uni, en 2018, il a été signalé qu’un peu moins de 90 % des plaintes concernant les agressions sexuelles dans les vestiaires, du voyeurisme au harcèlement, concernaient des incidents survenus dans des installations mixtes, et que deux tiers de toutes les agressions sexuelles dans les centres de loisirs et les piscines publiques avaient lieu dans des vestiaires mixtes (Hosie, 2018). Les femmes ont également d’autres raisons d’avoir des toilettes offrant une certaine intimité, comme le besoin de changer de protection hygiénique et de mener des conversations avec leurs amies à l’écart de la surveillance masculine. L’entrisme des hommes perturbe tout cela.
Les activistes trans, eux, ne cessent de répéter qu’il n’y a aucun danger pour les femmes ou les jeunes filles à croiser des hommes dans leurs toilettes. Il s’agit d’un argument bien rodé visant à faire honte aux femmes qui s’opposent à leur présence, laissant entendre qu’elles sont haineuses. Les réserves des femmes à l’égard du partage des vestiaires et toilettes avec des hommes sont comparées aux objections historiques que certains suprémacistes blancs américains ont jadis soulevées au sujet du partage des toilettes avec des Noirs. L’inconfort ressenti par les femmes est le résultat de préjugés similaires, a affirmé l’ex drag queen et « transactiviste » Laverne Cox dans une interview accordée à l’Observer en 2021 (Wiseman, 2021). L’analogie est cependant vicieuse. Il n’y a aucune équivalence entre le racisme et la peur des femmes face aux agressions sexuelles.
À la suite de la campagne menée par les activistes des droits des transgenres, des toilettes mixtes ont été installées dans les centres commerciaux, dans des lieux de divertissement tels que les galeries et les théâtres, ainsi que dans les écoles. Ce fut le cas dans de nombreux pays. Ces installations sont moins chères et plus faciles à mettre en place pour les architectes et les autorités : elles nécessitent moins de dépenses et en les proposant, les personnalités politiques et institutionnelles réduisent les pressions qu’exercent les hommes activistes. Mais ces installations sont généralement mal accueillies par les femmes et les jeunes filles, et pour de très bonnes raisons. Un groupe de femme galloises a réalisé une enquête auprès des parents et des élèves pour savoir s’ils étaient satisfaits du déploiement des toilettes mixtes dans les écoles ainsi que pour connaître leurs inquiétudes à ce sujet : « Ce que nous avons recueilli jusqu’à présent témoigne de filles qui s’abstiennent de boire de l’eau toute la journée durant pour éviter d’aller aux toilettes jusqu’à d’autres qui rapportent une “honte d’avoir leur règles” induite par la présence des garçons » (Petter, 2019). En 2015, l’Université de Toronto a été contrainte de modifier ses toilettes pour revenir à des installations non mixtes après que « de nombreux étudiants de la résidence Whitney Hall de l’université se soient fait attraper en train de tenir leurs téléphones portables au-dessus des cabines de douche des étudiantes et de les filmer pendant qu’elles prenaient leur douche » (Seleh, 2015).
Le gouvernement du Queensland, en Australie, a été contraint d’abandonner son projet de construction visant à équiper les nouvelles écoles exclusivement avec des toilettes mixtes, après les réactions défavorables des parents en 2020 (Stevens, 2020).
Au Royaume-Uni, la politique d’installation des toilettes mixtes a dû être modifiée en réponse aux préoccupations des femmes. Ces toilettes mixtes ont été introduites dans les bâtiments gouvernementaux et il a été rapporté en 2021 que les employées au ministère de l’Intérieur ne les utilisaient pas et étaient sérieusement incommodées par ces installations : « Les femmes travaillant au ministère de l’Intérieur doivent se rendre dans d’autres services pour utiliser les toilettes, car de nombreuses installations du bâtiment sont mixtes. Quantité de femmes ont déclaré qu’elles se sentaient mal à l’aise dans des toilettes mixtes. De longues files d’attente se sont alors formées devant les dernières toilettes pour femmes » (Dathan, 2021).
La colère des femmes a été efficace. En mai 2021, le gouvernement britannique a annoncé qu’en vertu de nouvelles règles, tous les bâtiments publics neufs et existants seraient tenus de fournir des toilettes non mixtes (Gilbody-Dickerson, 2021).
Par ailleurs, les activistes des droits des travestis cherchent à permettre aux hommes qui disent avoir une « identité de genre féminine » d’accéder aux logements d’urgence pour les femmes, y compris aux refuges pour les femmes qui fuient la violence masculine. Les effets de cette mesure sont maintenant très clairs : les refuges et les abris, dans le monde entier, admettent des hommes dans ces espaces et exigent, dans certains cas, que les femmes réfugiées de la violence masculine partagent des chambres et toutes les commodités avec des hommes (Gottschalk, 2009). Dans un cas, un homme nommé Christopher Hambrook, au lourd passif de délinquant sexuel, a été hébergé (sous le nom de Jessica) dans plusieurs refuges pour femmes à Montréal et à Toronto, où il s’est livré à des actes de voyeurisme, de harcèlement sexuel et de viol (Shaw, 2019). Il a finalement été accusé d’infractions sexuelles, déclaré dangereux pour la santé et la sécurité des femmes et condamné à une peine de prison à durée indéterminée, mais c’était trop tard pour les femmes qu’il avait déjà agressées.
Les prisons constituent un autre espace réservé aux femmes, établi pour protéger leur sécurité, ayant été de plus en plus envahi au cours de la dernière décennie par des hommes prétendant avoir une « identité de genre féminine ». Les femmes représentent une petite minorité de la population carcérale et sont rarement incarcérées pour des délits de violence grave. Elles constituent un groupe particulièrement vulnérable, ayant régulièrement subi de graves violences sexuelles et physiques de la part d’hommes dans leur vie. Plus de la moitié des femmes incarcérées au Royaume-Uni ont subi des violences domestiques, 53 % ont été victimes d’abus sexuels dans leur enfance et plus d’un tiers ont été victimes de violences sexuelles à l’âge adulte (Foster, 2014). Des hommes prétendument transidentifiés en femmes ont agressé sexuellement à la fois les femmes détenues et le personnel féminin des prisons lorsqu’ils ont été placés dans les bâtiments pour femmes (Beckford et Owen, 2020).
La liberté d’expression
Un autre domaine des droits des femmes lourdement affecté par la campagne pour les droits des transgenres est celui de la liberté d’expression. Les activistes des droits des transgenres et leurs partisans ont été impliqués dans une longue campagne de harcèlement et d’intimidation à l’encontre des femmes qui n’acceptent pas l’idéologie de l’identité de genre — selon laquelle les hommes peuvent devenir des femmes — ou qui critiquent les revendications des activistes. Parmi les femmes (et les quelques hommes) ayant été victimes de ce comportement figurent des femmes politiques, des universitaires, des autrices, des personnalités du spectacle et des féministes. Les intimidations ont pris la forme de campagnes d’injures sur les médias sociaux, avec de graves menaces de violences, voire de mort.
Il s’agit d’une des raisons pour lesquelles l’activisme transgenre n’a rien à voir avec d’autres campagnes de défense de droits. Les militantes pour les droits des femmes et les droits des homosexuels, par exemple, n’ont jamais considéré que les menaces et les insultes pouvaient être un moyen utile d’avancement de leur cause. Elles et ils se sont en revanche appuyés sur des arguments. Les activistes pour les droits des travestis, en revanche, vont jusqu’à proférer des menaces de mort. En février 2021, l’UK Transgender Alliance (Alliance britannique transgenre) a estimé que tous les mouvements de défense des droits devaient pouvoir employer la violence pour parvenir à leurs fins :
« Chaque mouvement pour les droits civiques a donné lieu à des effusions de sang ; les groupes ne se contentent pas de s’écarter et d’accepter les changements. Lorsque les terfs commenceront à être tuées, les lois changeront (Shaw, 2021). »
TERF (Transgender Exclusionary Radical Feminists – Féministes Radicales Excluantes des Trans) est un terme utilisé par les militants des droits des travestis pour décrire les féministes qui ne sont pas d’accord avec eux.
Le site web « TERF IS A SLUR » (TERF est une insulte) documente les abus que les femmes subissent sur internet de la part des activistes des droits des travestis, et l’une des nombreuses pages du site est consacrée aux menaces de violences envers les femmes qui se trouvent sur leur chemin. Nombre de ces menaces adjurent les femmes de sucer des bites ou de « s’étouffer avec ma bite de femme » — des menaces très masculines et très sexualisées. Certains de ces hommes annoncent qu’ils frapperont au visage celles qui disent que les travestis ne sont pas de vraies femmes ; d’autres les menacent en posant avec des armes telles qu’une batte de baseball « incrustée de clous ». L’un d’eux déclare : « Je poignarderai une TERF dans l’entrejambe et lui donnerai une bonne raison d’avoir besoin d’un tampon. » Un autre suggère que les « trans meufs » pourraient arracher la langue des TERF et leur couper les mains, ce qui permettrait de les utiliser comme jouets sexuels, tandis qu’un autre homme dit qu’il « commettra un génocide de TERF s’il le faut ». Certaines des menaces visent des féministes en particulier — l’un d’entre eux dit qu’il aimerait « trancher la putain de gorge flasque de Germaine Greer ». L’on trouvera une multitude d’images d’armes à feu et autant de suggestions sur la façon de tuer les TERFS. Des centaines de messages extrêmement violents sont rassemblés sur le site, et témoignent du fait que de nombreux activistes des droits des travestis, par leur rage et leur haine des femmes, font partie du phénomène incel, ce mouvement mondial très effrayant désormais pris au sérieux et considéré comme une menace terroriste (voir chapitre 4). Ce type de menaces vise à réduire les femmes au silence. Dans un tel contexte, il leur faut beaucoup de courage pour s’exprimer.
Ces menaces ne sont pas que des menaces en l’air, car les travestis commettent des meurtres, y compris des meurtres de femmes. Nombre de ces meurtres sont épouvantables et révèlent un sadisme considérable. Le site web « Women are Human » (les femmes sont humaines) documente les meurtres commis par des hommes travestis au moment des crimes, ou qui ont choisi de s’identifier en tant que femme au moment de leur arrestation — ou encore pendant leur emprisonnement (Women Are Human, consulté le 6 mai 2021). Les hommes répertoriés ont assassiné des épouses, des petites amies, des filles, des petits amis, des inconnus au hasard, ainsi que des connaissances par divers moyens, et parfois les meurtres étaient multiples.
À l’occasion, les meurtres étaient motivés par le refus des femmes de se plier aux exigences des travestis. En 2019, Roderick Deakin White, un décorateur de la Royal Opera House, a matraqué à mort Amy Parsons avec une barre de métal après qu’elle lui ait annoncé qu’elle le quittait parce qu’elle n’était pas heureuse depuis qu’ils se travestissait (Lowe, 2019). En 2020, un homme qui se fait appeler Dana Rivers a été condamné pour le meurtre, commis en 2016, d’un couple de lesbiennes et de leur fils adolescent (FLC, 2020). [Le procès a lieu en ce moment même. Précisons qu’il s’agit d’un couple de lesbiennes noires, et de l’un de leurs fils adoptifs noirs – Rivers les a tués tous les trois (NdLT)] Rivers était un organisateur du Camp Trans, qui avait lieu chaque année en face du Michigan Womyns’ Music Festival [dit Mich Fest], pour protester contre le fait que le festival n’accueillait pas officiellement les travestis. De nombreux travestis entraient toutefois sur le site, s’adonnant à beaucoup de harcèlement (Jeffreys, 2014a). Le festival a mis fin à ses 40 ans d’existence l’année des meurtres de Patricia Wright et Charlotte Reed, qui étaient des participantes régulières. Rivers a été retrouvé sur la scène du crime avec plusieurs armes et recouvert de sang.
Des femmes éminentes, outre Germaine Greer, ont été la cible d’attaques et de tentatives de destruction de leur carrière pour avoir exprimé ouvertement leurs critiques. L’autrice de la saga Harry Potter, J. K. Rowling, a fait l’objet d’une campagne de diffamation parce qu’elle a critiqué l’effacement des femmes dans le langage, effacement revendiqué par les militants des droits des transgenres qui utilisent, pour désigner les femmes, l’expression « personnes qui ont leurs règles ». Les harceleurs ont cherché en vain à s’attaquer à la manière dont elle gagne sa vie, en tentant de diminuer la vente de ses livres et des films qui en ont découlé (BBC News, 2020, 11 juin). La romancière nigériane Chimamanda Ngozi Adichie a également été attaquée en 2017 pour avoir simplement dit « les femmes trans sont des femmes trans ». Cette simple phrase a été considérée comme transphobe (Freeman, 2021).
Outre la force brute et les campagnes visant à instiller la peur, des pressions et des menaces sont exercées sur les salles de spectacles, les maisons d’édition et tout autre établissement ou lieu où les féministes peuvent s’exprimer et formuler leurs objections. Des féministes de renom ayant déjà critiqué un aspect quelconque de la politique transgenre sont déprogrammées des évènements et conférences, ce qui signifie que les invitations à s’exprimer sur quel sujet que ce soit ne leur sont pas envoyées ou sont retirées sous la pression des militants transgenres. Un exemple édifiant qui montre jusqu’où cette pratique peut aller concerne la journaliste et autrice féministe Julie Bindel, qui a été privée de plate-forme en 2021, alors qu’elle effectuait une tournée de promotion de son livre organisée par son éditeur, Spinifex Press. Readings, une librairie de Melbourne où elle s’était rendue en 2018 pour parler de son livre sur la prostitution, a présenté ses excuses aux activistes transgenres trois ans plus tard pour l’avoir autorisée à prendre la parole, alors qu’elle avait été accueillie favorablement à l’époque (Bannerman, 2021).
La silenciation des femmes en politique
Les militants travestis cherchent à faire taire les femmes politiques qui critiquent l’idéologie et les pratiques transgenres, ce qui constitue une menace pour le droit des femmes à participer à la démocratie représentative. L’une des victimes est la députée de Canterbury au Royaume-Uni, Rosie Duffield, qui a été décrite comme « complètement terrifiée » par les menaces proférées contre sa vie après avoir déclaré sur Twitter que « seules les femmes ont un col de l’utérus », en réponse au fait que les femmes aient été appelées « individus avec un col de l’utérus », une expression adoptée afin d’apaiser les militants des droits des travestis (Sylvester, 2020). Un autre exemple est celui des menaces qui ont été adressées à Carmen Calvo, Vice Première ministre d’Espagne, qui a critiqué la législation proposée sur l’auto-identification dans son pays (El Comun, 2021). Le 19 février 2021, une effigie d’elle était pendue à un arbre d’une place majeure de la Ville de Santiago de Compostela, baptisée du nom de la Journée internationale de la femme, Plaza 8 Marzo. L’emplacement avait été choisi délibérément, et un message autour du cou de la poupée indiquait clairement qu’elle était visée en tant que féministe.
De nombreuses autres femmes politiques et en vue dans la sphère publique ont été harcelées et menacées pour leur prétendue « transphobie ». Les activistes cherchent à faire taire ces femmes par divers moyens, demandant à la police de poursuivre les mécréantes qui seraient coupables de « discours haineux », tout en cherchant à les faire licencier et en menant contre elle des campagnes agressives de harcèlement avec menaces de mort sur les réseaux sociaux. Cela a pour effet d’empêcher l’expression de discours féministes. Dans le cas de la sénatrice Claire Chandler en Tasmanie, en Australie, un tribunal anti-discrimination a été instrumentalisé pour la harceler. En juillet 2020, elle a écrit un article d’opinion dans lequel elle critiquait l’idée selon laquelle les travestis devraient être autorisés à concourir dans les sports féminins, en disant
« Il n’est pas nécessaire d’être un réac’ pour reconnaître les différences entre les sexes masculin et féminin et comprendre pourquoi les sports féminins, les vestiaires et les toilettes non mixtes sont importants » (Uhlmann, 2020).
Un homme lui a envoyé un courriel pour se plaindre. Elle a réaffirmé son point de vue dans sa réponse. Il s’est ensuite plaint auprès du Commissaire anti discrimination de Tasmanie qui a décidé que le courriel pouvait amener « une personne membre de la communauté LGBTIQ+ et de la diversité des genres » à se sentir « humiliée, intimidée, offensée et insultée » (Ibid). La sénatrice Chandler a été convoquée à une réunion devant la Commission, mais après une controverse considérable dans les médias, la plainte pour discrimination a été abandonnée.
L’activisme transgenre représente une menace sérieuse pour la représentation des femmes en politique, et ce de diverses manières. Les partis politiques du monde entier adoptent l’idéologie transgenre et, même lorsqu’ils ne s’engagent pas à inscrire l’auto-identification du « genre » dans la loi, comme quantité l’ont déjà fait, ils mettent en place des lois et des pratiques qui punissent les femmes qui expriment des opinions critiques à l’égard de la politique transgenriste. C’est tout particulièrement le cas des partis qui se considèrent comme progressistes ou à gauche de la scène politique, tel que le Parti travailliste, le Parti des Verts, les Démocrates libéraux, le Parti pour l’égalité des femmes au Royaume-Uni et les Démocrates aux États-Unis. Ces partis semblent désireux de privilégier les politiques en vogue auprès de leurs membres les plus jeunes afin de courtiser cet électorat.
Le Scottish National Party (SNP) (Parti national écossais) au Royaume-Uni, qui défend l’indépendance de l’Écosse et se positionne du côté progressiste de l’échiquier politique, s’est retrouvé au cœur d’une controverse à l’intérieur et à l’extérieur de ses rangs, en raison de sa détermination à mettre en œuvre un programme législatif en faveur des transgenres. Cela a conduit au limogeage de la lesbienne et féministe Joanna Cherry de l’avant-garde du parti au Parlement de Westminster (Cherry, 2021). Cherry a fait le commentaire suivant :
« Les raisons de mon licenciement n’ont pas été précisées, mais je n’ai pas été surprise. Depuis un certain temps, une petite cohorte de mes collègues du SNP, qui se fait fortement entendre, s’est engagée dans une performance théâtrale qui rappelle les procès des sorcières de Salem. La question – croyez-vous ou avez-vous déjà cru que les femmes sont des femelles humaines adultes – est une question à laquelle je dois répondre par l’affirmative, mais ce n’est pas une réponse très populaire auprès de ceux qui ont l’oreille des dirigeants. »
La nuit où elle a été licenciée, elle explique avoir reçu « une série de messages sinistres et menaçants sur mon téléphone, culminants en une menace de viol » (Ibid).
La représentation politique des femmes est également menacée par l’entrisme des travestis qui cherchent à obtenir les places paritaires réservées aux femmes dans l’optique de faire progresser la place des femmes en politique, telles que les listes « All Women Shortlists » du parti travailliste (listes 100% femmes) au Royaume-Uni. En février 2021, la position du parti travailliste était la suivante : « Les listes de sélection des All Women Shortlists du parti travailliste sont ouvertes à toutes les femmes, y compris les femmes trans qui s’identifient comme telles. » En d’autres termes, il ne s’agit plus seulement de faire avancer les intérêts des femelles adultes humaines en politique, il s’agit aussi de faire progresser ceux des hommes qui prétendent être des femmes (The Labour Party, consulté le 17 février 2021).
Une même position a été adoptée dans toutes les situations où les femmes étaient censées être favorisées, par exemple vis-à-vis des places réservées pour que des femmes soient responsables de circonscription, qui peuvent désormais être occupées par des travestis. Le parti travailliste britannique a constitué un environnement particulièrement hostile aux femmes qui souhaitent critiquer les politiques transgenres. En septembre 2021, par exemple, à l’occasion de la conférence annuelle du parti travailliste, le Secrétaire d’État à la Justice du cabinet fantôme, David Lammy, a déclaré lors d’un événement en marge qu’en ce qui concerne les « droits » des transgenres, « il y a quelques dinosaures à droite ». Et que « ces dinosaures existent dans notre propre parti » et cherchent à « amasser des droits » (Politics.co.uk.staff, 2021). Cette déclaration — selon laquelle les femmes qui veulent protéger leurs droits fondamentaux refuseraient déraisonnablement de les partager avec les travestis — a suscité une controverse considérable.
(Fin de l’extrait du livre de Sheila Jeffreys)
Une campagne comme les autres
Tout au long de cette présentation, les stratégies de communication et les discours de tous types d’activistes de droits sexuels masculins ont été mis en vis-à-vis. Leur point commun, c’est d’en appeler aux droits humains. Les activistes des droits sexuels masculins cherchent à normaliser et naturaliser les paraphilies qu’ils défendent de manière à inscrire leurs revendications dans le vaste mouvement des droits humains. Il en va toujours ainsi en matière de suprémacisme, qu’il soit mâle ou blanc, il s’agit de faire passer l’exploitation pour un droit. Les campagnes de légitimation du proxénétisme et de la commercialisation des enfants (euphémisés sous les termes de prostitution et de GPA) ne sont pas différentes : le droit à l’autodétermination est retourné comme « le droit de marchandiser l’intérieur de son corps », « le droit d’être maltraitée, brutalisée, mise en danger et désenfantée » ou encore un dangereux « droit à l’enfant », qui rappelons-le, n’existe pas. Tout ceci n’est qu’un grotesque stratagème. Imagine-t-on les esclaves noirs, il y a 175 ans, revendiquer le droit d’être exploités par les colons blancs, faisant ce qu’ils veulent de leur corps ? Et les Blancs soutenir ces revendications – bien sûr qu’ils les auraient soutenues ! Il n’y a qu’en ce qui concerne le corps des femmes que de telles aberrations sont possibles et pires, qu’elles paraissent sensées et légitimes.
Les rares personnes « trans-raciales » ayant tenté de normaliser leur condition mentale, telles Rachel Dozeal ou Oli London, ont été vilipendées, le racisme et l’appropriation culturelle sautant aux yeux de n’importe qui, aussi sincères et intimement convaincues d’être « Noire » ou « Corréenne » qu’étaient ces deux personnes atteintes de sérieux problèmes psychologiques. Oli London a récemment annoncé sa détransition, passant de « trans-femme » « trans-coréenne » à « homme ». Il dit avec recul : « J’ai été malheureux tout au long de ma vie par rapport à mon apparence, et j’ai été harcelé quand j’étais gamin. (…) En 2013, j’ai vécu en Corée du Sud et la chirurgie plastique y était endémique. Je me suis dit “peut-être que je peux changer mon apparence et trouver le bonheur”. » Il remarque aussi : « L’année dernière, quand j’ai fait mon coming out en tant que transracial, les gens m’ont attaqué. Mais ensuite, je suis devenu trans[gender], et les gens ont commencé à me célébrer ; ils m’ont critiqué pour avoir voulu ressembler à une pop star coréenne, mais m’ont félicité pour être trans[genre]. C’est tellement hypocrite. Quand je suis “devenu“ une femme, soudain, ils se sont mis à m’aimer. C’est un monde déroutant[10]. » Exactement.
Il est très déroutant de constater que la « race » qui est une construction culturelle — les humains modernes étant tous homo sapiens —, est maintenant protégée des idéologies nauséabondes grâce à la notion de « racisme » dont la plupart des gens censés savent reconnaître les occurrences. Mais le sexe, qui est fondamental à l’organisation du vivant et de notre humanité, et qui traverse toutes les « races » et toutes les ethnies, échappe au « sexisme » que trop peu de gens savent reconnaître. Pourquoi cela ? Car le sexisme est essentiellement une nuisance pour les femmes, les hommes n’en souffrent pas : l’exploitation et la haine des femmes (la misogynie) traversent également toutes les cultures et toutes les ethnies. Les dernières rares sociétés et groupes indigènes égalitaires existant au monde, chez quelques ethnies de chasseurs-cueilleurs à retour immédiat, tels que les Hazda de Tanzanie et les BaYaka d’Afrique centrale, ou les quelques ethnies de cultures matrilinéaires et égalitaires pratiquant l’agriculture soutenable telles que les Minangkabau d’Indonésie et les Khasi de l’Assam (qui ont récemment perdu leurs derniers territoires face aux « projets de développement du capitalisme ») sont les exceptions qui confirment la règle. Le capitalisme patriarcal – pléonasme – et son exploitation du vivant à mort par laquelle il s’accroît (jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien) a envahi la planète entière et colonisé toutes les cultures humaines. Le contrôle du corps des femmes et de la reproduction constitue la première exploitation patriarcapitaliste humaine. Le contrôle du corps des femmes par les hommes. Autrement dit, les droits sexuels masculins. Cette exploitation et la légitimation qui en est faite par les hommes sont au fondement de cette civilisation destructrice des mondes. C’est pourquoi elle est la plus invisible.
Audrey A.
- Comme le rappelle la psychologue Sociale Patrizia Romitro, autrice d’Un silence de morte, la violence masculine occultée, l’expression « abus » sexuels laisse entendre qu’il existe une possibilité d’utiliser les enfants à des fins sexuelles sans en « abuser », ce qui est faux. L’expression « abus » sexuels est donc un abus de langage qui masque une réalité : des hommes utilisent des enfants à des fins sexuelles. ↑
- En 2020, 0,6% des viols déclarés par des majeures ont fait l’objet d’une condamnation. http://www.justice.gouv.fr/art_pix/stat_Infostat_164.pdf
« L’ONDRP estimait en 2016 que moins de 4% des viols sur mineurs font l’objet de plaintes. 70% de celles-ci sont classées sans suite, et 30% sont instruites, mais la moitié d’entre elles, sont correctionnalisées, selon les chiffres du ministère de la Justice publiés cette année. En comparaison chez les adultes, on estime que seulement 10 % des femmes victimes de viol portent plainte, et seuls 3 % des viols débouchent sur un procès en cour d’assises. Au final, seuls 10% des plaintes sont jugées pour viol en Cour d’Assises ou au tribunal pour enfants soit … 0,3% de l’ensemble des viols. » https://www.tf1info.fr/societe/violences-sexuelles-sur-mineurs-en-france-des-chiffres-tres-sous-estimes-2103628.html ↑ - NdLT : le propos entier est le suivant : « M. Foucault : Elle paraît avoir été consentante. Et cela me mène à la seconde question que je voulais vous poser. Le viol peut tout de même se cerner assez facilement, non seulement comme non-consentement, mais comme refus physique d’accès. En revanche, tout le problème posé, aussi bien pour les garçons que pour les filles ‑car le viol pour les garçons, cela n’existe pas, légalement -, c’est le problème de l’enfant que l’on séduit. Ou qui commence à vous séduire. Est-ce qu’il est possible de proposer au législateur de dire : un enfant consentant, un enfant qui ne refuse pas, on peut avoir avec lui n’importe quelle forme de rapport, cela ne relève aucunement de la loi ? » ↑
- En 2021, Guy Sorman, un collègue intellectuel de Foucault, a affirmé qu’il savait que Foucault était impliqué dans l’abus sexuel d’enfants arabes, lui ayant rendu visite en Tunisie en 1969. Sorman décrit les relations de Foucault avec ces enfants : « il y avait des enfants de 8, 9, 10 ans, qui lui couraient après. il leur jetait de l’argent en leur disant : « rendez-vous à 22 heures à l’endroit habituel ». » Cet endroit s’est révélé être le cimetière local : « Il faisait l’amour sur les tombes avec de jeunes garçons » Le récit de Sorman a évidemment été contesté par le Centre Michel Foucault. L’exploitation sexuelle de garçons en Afrique du Nord par des intellectuels gays occidentaux était cependant une routine à cette époque (Hamilton, 2014) https://glreview.org/article/article-678/
https://www.lepoint.fr/livres/pedocriminalite-guy-sorman-denonce-les-actes-ignobles-de-michel-foucault-30–03-2021–2419958_37.php et contrepoint : https://www.nouvelobs.com/idees/20210506.OBS43714/michel-foucault-accuse-de-pedocriminalite-notre-enquete-en-tunisie-aux-origines-de-la-rumeur.html ↑ - « Ainsi, me voilà aux extrémités de la Terre, où, selon Homère, réside le bonheur. En vérité, il ne m’est jamais arrivé rien d’aussi bon. Depuis la dernière semaine mes nouveaux concitoyens me gâtent et me choyant de la manière la plus délicieuse ! » Lettres, Cosima Wagner – Friedrich Nietzsche, introduction par Mac Sautet, p.41. ↑
- Cela devrait aller sans dire, mais un contact sexuel avec un enfant constitue de facto une violence sexuelle. ↑
- « Le sexe de l’agresseur : les hommes sont essentiellement représentés, bien que l’on décrive des pédophilies féminines. Toutefois, dans la plupart des cas, les femmes agissent surtout dans un contexte de dépendance et de soumission à un partenaire, en tant que complice et sous emprise. La “pulsion” pédophilique est bien rare chez les femmes, encore qu’on l’ait mise en évidence. » https://www.edimark.fr/Front/frontpost/getfiles/16465.pdf ↑
- J. Cantor a montré que la prescription de bloqueurs de puberté empêchait la résolution des dysphories sexuelles chez les enfants, qui avant l’introduction systématique des bloqueurs de puberté, se produisait pour 60 à 90% des cas. En empêchant la puberté, les bloqueurs empêchent également la maturation cérébrale qui permet dans la majeure partie des cas une résolution du sentiment de dysphorie et laissent ces enfants devenir des ados – souvent homosexuels – en bonne santé. ↑
- https://cass.independent-review.uk/wp-content/uploads/2022/03/Cass-Review-Interim-Report-Final-Web-Accessible.pdf p.38 et 39 ↑
- https://www.foxnews.com/entertainment/influencer-oli-london-explains-why-detransitioned-male-blasts-hypocritical-haters?intcmp=tw_fnc&fbclid=IwAR3YI1b8Lj1k0_30HWHppTV5Dp2dcmvg2KKBDnriVznCaBTryHPsRIFrR9o ↑
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