Choc en retour
• Par contraste avec les optimistes, une vision extrêmement pessimiste de l’évolution de l’‘Ukrisis’, qui n’accorde guère d’importance aux référendums, et beaucoup à la résolution du capitalisme global, – vision d’apocalypse d’un regard trotskiste. • D’autres perceptions, venues d’un camp complètement opposé, exposent également cette vision catastrophiste de la possibilité d’une guerre nucléaire. • D’autres encore vous disent que l’essentiel ne peut venir que des USA et que pour cela, les ‘midterms’ sont essentielles. • Contributions : dedefensa.org et WSWS.org.
A l’argumentaire optimiste de notre « Choc sans retour » d’hier, nous opposons celui, extrêmement pessimiste, du « Choc en retour » ; ou plutôt, disons que l’un complète l’autre et prend sa place dans l’éventail des possibilités de développement d’‘Ukrisis’, dans la position la plus extrême. On trouve un exemple de cet argumentaire pessimiste dans un texte d’analyse du site trotskiste ‘WSWS.org’, qui n’a pas à forcer pour la situation présente son habituelle perception apocalyptique lorsqu’il parle de l’activisme du capitalisme globalisé. Il s’agit d’une analyse classique selon les conceptions trotskistes, argumentée d’un point de vue idéologique, texte sec, dur et précis, avec un peu d’hystérie dans les marges et l’habituel sermon sur le prolétariat en fin de compte
Pour ce cas, l’emploi de l’argument idéologique de cette approche (comme telle autre dont nous parlons plus loin) importe peu dans la mesure où il se place à propos de faits possibles et pressants d’une extrême puissance et d’une dangerosité inimaginable. Tout juste faut-il prêter attention à ne pas oublier de qualifier Poutine selon la même logique, c’est-à-dire en l’incluant dans une « oligarchie russe » qui est jugée comme désespérée face à « l’encerclement impérialiste ». Toute allusion à des questions plus subjectives et moins mécanistes n’est pas en général prise en compte ; des questions comme les questions identitaires, les questions historiques dans le souvenir collectif, les questions de manipulations et de formatage de la communication, etc.
D’un autre côté, une vision complètement différente, qui prend très fortement en compte dans ses composantes de tels facteurs, – “ les questions identitaires, les questions historiques dans le souvenir collectif”, etc., – peut aboutir à la même conclusion du risque énorme d’un conflit nucléaire. C’est le cas d’un intéressant entretien d’un ‘blogueur’ désormais fameux pour son engagement bien réel, depuis 2015, dans les forces des républiques du Donbass. On trouve ainsi un cet intérêt dans une longue interview de Erwan Castel faite par une radio canadienne (‘Radiofacile.com’) et reprise aussi bien sur le site de Castel que sur ‘YouTube’. La présentation de l’interview nous indique le ton de l’entretien, complètement différent du texte de ‘WSWS.org’.
« Ce 21 septembre 2022, j'ai eu le plaisir d'être invité virtuellement par Carl Brochu en terre du Québec afin de partager mon point de vue sur la situation entre Russie et Ukraine dont la tectonique, dans ses dimensions géopolitique, économique et militaire, menace aujourd'hui l'ensemble de notre planète. »
Ce qui est particulièrement intéressant, dans la conversation avec Castel, notamment dans la première partie, ce sont ses explications techniques concernant les événements de la bataille après les référendums, qui pourraient conduire à une confrontation au plus haut niveau. Il y est notamment question des lance-fusées HIMARS tirant vers les villes du Donbass, devenues sans doute à partir du 27 septembre territoire russe, ou bien plus loin à l’intérieur de la Russie avec les missiles à longue portée (300 kilomètres) que peuvent tirer ces systèmes. Il est question dans tout cela du guidage par géolocalisation satellitaire, et d’éventuelles interventions russes contre ces satellites, avec toutes les hypothèses plus ou moins exotiques qui vont avec.
Par ailleurs, le rappel que Castel fait de l’histoire récente conduisant à ‘Ukrisis’, puis de la crise ‘Ukrisis’ elle-même, montre un personnage possédant une culture politique extrêmement solide, c’est-à-dire un argumentaire impressionnant pour expliquer les causes de son engagement extrêmement et à la fois opérationnel et passionné.
Psychologie et volonté
L’article de ‘WSWS.org’ qu’on trouve ci-dessous rappelle qu’on fêtera le mois prochain le 60ème anniversaire de la crise des missiles de Cuba, alors qu’on se trouve dans des conditions géopolitiques assez proches, mais dans des conditions politiques et psychologiques complètement différentes. Même si l’article se garde bien de le mentionner, l’argument n’étant pas ‘troskistement correct’, il fait évidemment prendre conscience de l’absence complète aujourd’hui, du côté du bloc-BAO sans aucun doute et bien entendu, de personnalité(s) consciente(s) de l’enjeu et de la dangerosité de la situation, et notamment à cause d’un état psychologique absolument catastrophique ; alors que l’on sait ce que l’on doit, pour la résolution de la crise d’octobre 1962 aux psychologies des deux acteurs principaux, à la volonté commune des deux dirigeants ennemis, Krouchtchev et Kennedy, de parvenir, comme s’ils étaient soudain alliés devant un danger commun, à trouver une solution pour éviter l’‘unthinkable’.
On citera à ce propos, à propos de l’état d’esprit et l’état psychologique de la directionsSystème à l’Ouest, l’excellent commentateur Alexander Mercouris, que nous apprécions beaucoup et qui prend de plus en plus d’importance dans la presse indépendante, dans le ‘Samizdat’ de l’internet. Dans sa vidéo du même 24 septembre, Mercouris développe l’imbroglio extraordinaire de la “menace nucléaire” attribuée à Poutine et brandie sous les yeux horrifiés de l’innocente et vertueuse civilisation américaniste-occidentaliste, alors que tant d’“officiels” US, y compris le président lorsqu’il ne sommeille pas, ne cessent d’agiter la menace d’actions militaires décisives ; alors que Poutine, explique Mercouris, n’a fait, dans son discours de la semaine dernière, que préciser évidemment et bien entendu (« Je ne bluffe pas ») que la Russie riposterait à n’importe quelle attaque (y compris, bien entendu et évidemment, une attaque nucléaire puisque ses adversaires ferraillent tant à ce propos, dans les salons et les rédactions).
Menaces contre la Russie, mais aussi, – et en même temps ! – contre la Chine en réaffirmant à plusieurs reprises, – du fait de Biden lui-même : quatre fois en 13 mois, la dernière fois le 18 septembre, – que les USA défendraient Taïwan contre la Chine s’il le fallait, en cas de tentative de réunification. C’est transgresser la fameuse ‘One China policy’ mise en, place depuis 1978 par les USA pour ce qui concerne Taiwan et la Chine continentale (“il n’existe qu’une seule Chine, et Taiwan ne peut prétendre s’affirmer comme une ‘autre Chine’ souveraine”)… Alors qu’à chaque rencontre ou dialogue qu’il a eu avec Xi, Biden a réaffirmé pour le président chinois cette ‘One China policy’ ! Mais à vrai dire, bien entendu et évidemment, est-il question une seconde de parler d’un Biden comme d’un personnage sérieux ? On veut dire : un personnage qui compte dans cette tragédie, dont il n’est que la presque-île bouffe ?
…Mercouris s’exclame alors, nous donnant une des clefs les plus effrayantes de cette crise, – en gros, le déséquilibre psychologique complet, sinon une sorte de démence habitant la direction américaniste :
« Je ne peux imaginer, je ne parviens pas à concevoir une politique extérieure plus téméraire que celle-ci [de l’administration Biden]. Je veux dire, si cela est calculé pour montrer à Pékin et à Moscou que l’on veut monter au plus haut degré de l’escalade, alors il faut dire que cette administration emploie la bonne voie. J’ignore s’il y a un plan, tout ce que je sais c’est que c’est incroyablement dangereux. Je crois qu’à un moment ou à un autre une confrontation entre Washington et Pékin concernant Taïwan est inévitable… […] Et au moment où les États-Unis semblent se préparer à une confrontation avec la Chine, les États-Unis demandent à la Chine de tenter de freiner la Russie en Ukraine !
» Je veux dire, tout cela est si étrange, si téméraire, que j’estime la chose au-delà de toute compréhension. Je voudrais ajouter que je crois qu’il s’agit de la plus dangereuse administration en termes de politique extérieure que les USA ait mis en place depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale… Tout cela suggère pour moi qu’il s’agit d’une administration qui déraille complètement… »
La vision générale du tandem Mercouris-Christoforou, puisque les deux travaillent ensemble, est évidemment que la situation est extraordinairement dangereuse. Ils se refusent à toute prospective à cet égard, et encore moins à spéculer sur le comportement du bloc-BAO vis-à-vis de la nouvelle situation créée par les référendums (sinon, suggère assez justement Mercouris, simplement nier que cette nouvelle situation existe). On attirera pourtant l’attention du lecteur sur une autre appréciation concernant l’orientation d’où pourrait venir un ou des éléments nouveaux capables de faire dérailler cette infernale mécanique.
Dans un “Questions-Réponses” du 24 septembre, une des formules d’intervention de Christoforou-Mercouris où Mercouris répond à des questions ou commentaires des auditeurs, Christoforou cite une remarque sur la nouvelle composition du Congrès si les républicains l’emportent, notamment avec l’élection d’un Joe Kent et d’un J.D. Vance, précisément avec l’hypothèse d’un lecteur, d’un Congrès beaucoup plus antiguerre, – tout cela, bien entendu, dans la situation d’une extrême tension régnant dans ce pays. L’idée est celle d’une poussée pour reprendre le pouvoir que les neocons ont confisqué pour leurs projets guerriers … Mercouris abonde dans ce sens et nous renvoie à la date essentielle du 8 novembre (‘midterms’) comme événement le plus considérable à venir ; et il nous précise ceci (segment à la moitié de la vidéo, 11’20”), qui correspond tout à fait à notre sentiment, parlant fort justement d’« activité et de vitalité » plutôt que de forces politiques en place. Il est vrai, sans aucun doute, que l’activisme antiguerre, dans sa latence et sa sous-jacence par rapport au domaine pour l’instant de chasse gardée de la narrative officielle, est beaucoup plus puissant aux USA qu’en Europe, et notamment beaucoup plus puissant que dans la malheureuse et tristement médiocre France.
Mercouris : « Je dois dire, comme je l’ai déjà fait plusieurs fois, que le grand espoir pour l’Ouest [pour la paix] est aux États-Unis. Je ne dis pas ça parce que les choses vont bien aux USA, au contraire c’est là aussi qu’est la source du danger, mais regardez l’état d’esprit existant en Europe pour le moment… Si vous voulez stopper cette course au désastre, il y a beaucoup plus d’activité et de vitalité aux USA pour le moment, [pour aller dans ce sens,] que ce qu’on trouve en Europe. »
Ci-dessous, donc, le texte de ‘WSWS.org’ du 24 septembre 2022. Les deux auteurs sont Andre Damon et Joseph Kishore et le titre original est « Washington’s nuclear brinkmanship threatens catastrophe ».
dedefensa.org
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Washington et la menace nucléaire
Le mois prochain marquera le 60e anniversaire de la crise des missiles de Cuba, qui était, jusqu’alors, la crise la plus proche de la guerre nucléaire.
La phase finale de la crise a débuté le 22 octobre 1962, lorsque le président américain John F. Kennedy a annoncé, dans un discours diffusé à l’échelle nationale, que la marine américaine mettait en place une “quarantaine” pour empêcher la poursuite du transfert de missiles à capacité nucléaire de l’Union soviétique vers Cuba, à une centaine de kilomètres au sud de Key West, en Floride.
Bien que le blocus naval américain se soit poursuivie en novembre, la crise est effectivement terminée le 28 octobre, grâce à un accord conclu entre les États-Unis et l'URSS. En échange du retrait des missiles soviétiques de Cuba, les États-Unis promettent secrètement de retirer leurs missiles de Turquie. Pendant les six jours qui ont suivi, le monde a été au bord d'une guerre nucléaire qui aurait pu mettre fin à la civilisation.
Cette crise est pertinente pour le conflit actuel entre les États-Unis et l'OTAN à plusieurs égards. Tout d'abord, il convient de répéter que si les États-Unis rejettent aujourd'hui toute inquiétude de la Russie concernant l'intégration effective de l'Ukraine dans l'OTAN et l'armement militaire massif d'un pays situé à la frontière de la Russie, ils étaient eux-mêmes prêts à risquer une guerre nucléaire pour éviter une présence militaire soviétique dans l'hémisphère occidental.
Deuxièmement, en initiant la “quarantaine”, Kennedy a parlé au nom d'une faction de la classe dirigeante américaine qui cherchait, au plus fort de la crise, à trouver une issue par un règlement négocié. L'administration Kennedy a résisté à ceux qui, au sein de l'establishment militaire et politique, réclamaient le bombardement et l'invasion de Cuba, – et la guerre avec l'Union soviétique – ce qui a finalement contribué à son assassinat un an plus tard.
« Si cette planète est un jour ravagée par une guerre nucléaire, avait déclaré Kennedy dans un discours prononcé après la crise, si 300 millions d'Américains, de Russes et d'Européens sont anéantis par un échange nucléaire de 60 minutes, si les survivants de cette dévastation peuvent alors endurer le feu, le poison, le chaos et la catastrophe, je ne veux pas que l'un de ces survivants demande à un autre : “Comment en est-on arrivé là ?” et qu’il reçoive l’incroyable réponse suivante : “Ah, si seulement on savait”. »
Kennedy a prononcé ces mots 17 ans seulement après la conclusion de la Seconde Guerre mondiale, qui a culminé avec le largage par les États-Unis d’armes nucléaires sur les populations civiles du Japon.
Dans le contexte de la crise actuelle, ce qui est le plus frappant, c’est l'absence de toute section de l’establishment politique aux États-Unis, ou d’ailleurs des puissances européennes au sein de l’OTAN, opposée à l’escalade toujours plus grande d'un conflit avec la Russie qui porte le danger de guerre nucléaire à son point le plus élevé depuis les événements déchirants d’octobre 1962.
Le gouvernement Poutine en Russie, acculé par l'intervention massive des États-Unis et de leurs alliés européens dans la guerre en Ukraine, répond par des menaces. À la suite de sa débâcle militaire dans le nord de l'Ukraine, Poutine et Dimitri Medvedev, vice-président du Conseil de sécurité russe, ont tous deux menacé d'utiliser des armes nucléaires si l'OTAN intervient davantage dans le conflit.
Ces menaces, qui expriment la réponse désespérée de l’oligarchie russe à l’encerclement impérialiste, sont bien réelles. La Russie dispose de centaines de missiles balistiques intercontinentaux, ainsi que de missiles sous-marins, capables d’être lancés à travers le monde et de raser toutes les grandes villes des États-Unis en moins de deux heures.
La proclamation universelle des puissances américaines et européennes est qu'aucune retraite n'est possible.
Les « références de Poutine aux armes nucléaires n'ébranlent pas notre détermination, notre résolution et notre unité à défendre l'Ukraine », a déclaré Josep Borrell, chef de la politique étrangère de l'UE.
La ministre allemande de la défense, Christine Lambrecht, a ajouté que la
« réaction de Poutine aux succès de l’Ukraine ne fait que nous encourager à continuer à soutenir l'Ukraine ». La « rhétorique de Poutine sur les armes nucléaires, a déclaré le Premier ministre néerlandais Mark Rutte, nous laisse froids. »
Mercredi, le Washington Post a encouragé la Maison Blanche à poursuivre l’escalade de la guerre en Ukraine, ce que Biden et le secrétaire d’État américain Antony Blinken ont clairement indiqué qu'ils feraient dans leurs discours devant les Nations unies cette semaine.
« Poutine devient désespéré », a écrit le comité éditorial du Post. « L’Ukraine et l’Occident doivent maintenir la pression ».
Citant les menaces de Poutine d’utiliser des armes nucléaires, le Post a conclu :
« La seule chose pire que de ne pas se préparer à ce que M. Poutine mette ses menaces à exécution serait de se laisser intimider par elles. »
Qu'est-ce que cela signifie pour les États-Unis de ne pas être “lâchés” – ou, comme d’autres l’ont dit, “dissuadés” – par le danger très réel d'une guerre nucléaire ? Cela signifie que la classe dirigeante américaine poursuivra l’escalade de la guerre, quelles qu’en soient les conséquences. En mesurant les coûts de l’escalade, qui pourrait conduire à l’anéantissement de la civilisation, par rapport aux conséquences d'un compromis, ils ont décidé que le risque de guerre nucléaire est l'issue préférable.
Cela témoigne d'un niveau incroyable d'insouciance et de frénésie de guerre qui s'est emparé de la classe dirigeante, ainsi que d'importantes sections de la classe moyenne supérieure.
Au sein de l'appareil d'État, il y a des discussions actives sur ce qu'il faut faire en cas de guerre nucléaire. Lors d'une audience extraordinaire de la commission des services armés du Sénat sur la stratégie nucléaire, mardi, on a discuté de la question de savoir si la résidence du vice-président devait être déplacée en dehors de Washington. Le sénateur Angus King a demandé s'il fallait
« disperser nos dirigeants [car] si le président, le vice-président et les dirigeants ne sont plus là, nous sommes décapités, il n'y a plus personne pour prendre la décision de lancer[des armes nucléaires] en l’absence d'une deuxième frappe. »
Quoi qu'il en soit, la guerre doit continuer. Comme l’écrivait WSWS.org en début de semaine,
« Ayant marché jusqu'au bord de l'abîme, la réponse de la classe dirigeante américaine est : “En avant vers la victoire !” »
Comment expliquer cette pathologie socio-politique ? Il y a, tout d'abord, des intérêts géopolitiques. Les puissances américaines et de l'OTAN ont provoqué la guerre en Ukraine dans le but d'entraîner la Russie dans un conflit qui conduirait à un changement de régime ou à la fracture de la masse continentale géante du pays pour faciliter son exploitation directe par l'impérialisme. C'est le point culminant de trois décennies de guerre sans fin après la dissolution de l'Union soviétique, par laquelle les États-Unis ont cherché à compenser leur déclin économique par la force militaire.
Tout au long du conflit, les États-Unis se sont opposés à tout règlement négocié qui n'impliquait pas la capitulation totale de la Russie. Au lendemain de la débâcle russe dans le nord de l'Ukraine, la classe dirigeante américaine sent le sang. En outre, alors même qu'ils intensifient leur conflit avec la Russie, les États-Unis profèrent des menaces toujours plus belliqueuses à l'encontre de la Chine, jetant ainsi les bases d'une nouvelle guerre catastrophique à propos de Taïwan.
Deuxièmement, il y a la crise à l'intérieur des États-Unis et de tous les grands pays capitalistes. L'impact de la pandémie en cours, avec 20 millions de morts à l'échelle internationale et plus d'un million rien qu'aux États-Unis, est combiné à une crise économique qui s'intensifie, à une inflation galopante, à un effondrement croissant des marchés et, plus dangereux encore pour la classe dirigeante, à la croissance de la lutte des classes. Ce ne serait pas la première fois qu'une élite dirigeante désespérée cherche une sorte de résolution à sa crise interne par la guerre à l'étranger.
À cet égard, il convient de souligner que, si toutes les discussions dans les médias portent sur la possibilité que la Russie utilise des armes nucléaires, il reste un fait historique que le seul pays à avoir jamais utilisé de telles armes en guerre est les États-Unis eux-mêmes. Si la classe dirigeante américaine ne sera pas "dissuadée" d'une escalade susceptible de provoquer une réponse nucléaire, qu'est-ce qui la dissuadera de préparer elle-même une frappe "préventive" ? La doctrine militaire américaine n'a jamais exclu cette possibilité.
Le grand danger dans cette situation est que la classe ouvrière n'est pas consciente de la menace à laquelle elle est confrontée. Les médias, organe de propagande de l'Etat, ne font rien pour alerter la population. Tous les mensonges utilisés par la classe dirigeante pour justifier ses politiques ne sont pas contestés. La classe moyenne supérieure aisée, au nom de laquelle s'expriment les organisations de la pseudo-gauche du Parti démocrate, est, au contraire, encore plus hystérique dans sa demande de guerre, car elle croit que rien ne peut affecter son style de vie confortable.
Parmi les masses, il n'y a pas de soutien général à la guerre, seulement une incrédulité à l'idée que leur gouvernement soit prêt à sacrifier des millions de personnes. Mais l'expérience historique, – et, plus récemment, la pandémie de COVID-19, – montre que les gouvernements capitalistes sont parfaitement capables de tels calculs meurtriers.
Si l'on veut éviter la catastrophe qui menace l'humanité, l'hostilité de la classe ouvrière à la guerre doit être rendue consciente et organisée. Elle doit être fusionnée avec les luttes croissantes des travailleurs à travers les Etats-Unis et au niveau international. Et elle doit être armée d'un programme socialiste, internationaliste et révolutionnaire qui combine la lutte contre la guerre avec la lutte contre le capitalisme.
‘WSWS.org’
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