Médiapart promeut les élucubrations misogynes et malhonnêtes des idéologues trans (par Audrey A. et Nicolas Casaux)

Médiapart promeut les élucubrations misogynes et malhonnêtes des idéologues trans (par Audrey A. et Nicolas Casaux)

Au tour de Média­part de publier une tri­bune — signée par une flo­pée de célèbres oppor­tu­nistes, dont Oli­vier Besan­ce­not, Guillaume Meu­rice, Mathieu Rigouste, Vir­gi­nie Des­pentes, Rokhaya Dial­lo, Adèle Hae­nel, Éric Piolle, Usul, Phi­lippe Pou­tou, San­drine Rous­seau, Juliette Rous­seau, Grace Ly, etc., etc. — atta­quant les « militant·es anti-trans » (accu­sés d’être des réac­tion­naires), et pro­mou­vant une alliance trans et fémi­niste. Bien enten­du, on y retrouve les absur­di­tés, les inep­ties et les mal­hon­nê­te­tés habi­tuelles. Nous nous conten­te­rons d’en sou­li­gner quelques-unes.

I.

Les auteurs de la tri­bune accusent les « militant·es anti-trans » de réduire « les femmes à leurs simples organes géni­taux », alors que cette défi­ni­tion contre­di­rait « la majo­rité des écrits féministes pro­duits depuis les années 1960 », qui nous apprennent appa­rem­ment qu’« on ne nait pas femme, on le devient ». Ah ! La fameuse hyper­bole de Simone de Beauvoir !

Dans une émis­sion de télé­vi­sion dif­fu­sée le 6 avril 1975, inter­ro­gée par Jean-Louis Ser­van Schrei­ber, Simone de Beau­voir donne des éclair­cis­se­ments sur cette célèbre for­mule, « on ne naît pas femme, on le devient », tirée de son essai inti­tu­lé Le Deuxième sexe, publié en 1949. De Beau­voir explique à Ser­van Schrei­ber que ce qu’elle veut dire par là, c’est que la socia­li­sa­tion de la jeune femme dans la socié­té patriar­cale (« l’histoire de son enfance ») ins­tille en elle « ce qu’on a appe­lé quelques fois l’éternel fémi­nin, la fémi­ni­té », et qui consti­tue l’image de la femme en géné­ral, géné­rique, dans le patriar­cat.

Autre­ment dit, la for­mule de De Beau­voir consti­tue ce qu’on appelle une hyper­bole, une figure de style « consis­tant à exa­gé­rer l’ex­pres­sion d’une idée ou d’une réa­li­té, le plus sou­vent néga­tive ou désa­gréable, afin de la mettre en relief ». De Beau­voir emploie le mot « femme » pour évo­quer l’image de la femme à laquelle les femmes sont tenues de se confor­mer dans le patriar­cat. Ce qu’elle veut dire, c’est que les enfants nées de sexe fémi­nin, les filles (per­sonne ne naît femme, on naît bébé fille ou bébé gar­çon), sont ensuite condi­tion­nées afin de se confor­mer au sté­réo­type sexiste que consti­tue l’image ou l’idée de la femme dans notre socié­té patriar­cale. En bref, et pour la para­phra­ser : aucune fille ne naît des­ti­née, par nature, à incar­ner le sté­réo­type patriar­cal de la femme.

Mais il est évident pour De Beau­voir que les enfants naissent tous sexués et que l’humanité com­prend deux sexes (d’où le titre de son livre) aux­quels ren­voient les termes homme et femme. Les idéo­logues trans qui uti­lisent la for­mule de De Beau­voir afin de sug­gé­rer que le mot femme n’a rien à voir avec une réa­li­té bio­lo­gique, cor­po­relle, mais est une construc­tion sociale que l’on pour­rait choi­sir d’incarner, lui font dire l’exact inverse de ce qu’elle affirme.

Tan­dis que Simone de Beau­voir sou­te­nait que les femmes n’avaient pas par nature à incar­ner (ou deve­nir) une cer­taine construc­tion sociale, un ensemble de sté­réo­types (ceux qui consti­tuent la « fémi­ni­té », l’image de la femme fabri­quée par le patriar­cat, ou ce qu’elle nomme « l’éternel fémi­nin »), que la femme n’était pas par nature cet ensemble de sté­réo­types, cette construc­tion sociale, les idéo­logues trans sou­tiennent que la femme est un ensemble de sté­réo­types, une construc­tion sociale (un « genre »). Pour Simone de Beau­voir et les fémi­nistes radi­cales cri­tiques du genre, la femme n’est pas natu­rel­le­ment (n’a pas à être) le « genre fémi­nin » socia­le­ment (patriar­ca­le­ment) construit. Pour les tran­sac­ti­vistes, la femme est pré­ci­sé­ment ce genre fémi­nin et rien d’autre — selon le glos­saire de « l’association natio­nale trans­genre » (ANT), une « femme » est une « per­sonne défi­nie par la socié­té de genre fémi­nin (sans consi­dé­ra­tion de son sexe) ».

Voi­ci un extrait de l’interview de Simone de Beau­voir par Jean-Louis Ser­van Schreiber :

J‑L S.S. : « Les dif­fé­rences bio­lo­giques [entre l’homme et la femme], qui sont évi­dentes, vous consi­dé­rez qu’elles ne jouent pas de rôle dans le com­por­te­ment ulté­rieur éven­tuel de l’individu ? »

SB : « Je pense qu’elles peuvent en jouer un, si, elles en jouent un cer­tai­ne­ment, mais l’importance qui leur est accor­dée, l’importance que prennent ces dif­fé­rences vient du contexte social dans les­quels elles se situent. Je veux dire que, bien enten­du, c’est très impor­tant qu’une femme puisse être enceinte, avoir des enfants tan­dis que l’homme ne le peut pas ; ça fait une grande dif­fé­rence entre les deux, mais ce n’est pas cette dif­fé­rence qui fonde la dif­fé­rence de sta­tut et l’état d’exploitation et d’oppression auquel est sou­mise la femme. C’est en quelque sorte un pré­texte autour duquel est construite la condi­tion fémi­nine, mais ce n’est pas cela qui déter­mine cette condition. »

Simone de Beau­voir était en effet très claire sur le fait qu’être femme se rap­porte — évi­dem­ment — à la bio­lo­gie. Elle écri­vait : « Ces don­nées bio­lo­giques sont d’une extrême impor­tance : elles jouent dans l’histoire de la femme un rôle de pre­mier plan, elles sont un élé­ment essen­tiel de sa situa­tion : dans toutes nos des­crip­tions ulté­rieures, nous aurons à nous y réfé­rer. Car le corps étant l’instrument de notre prise sur le monde, le monde se pré­sente tout autre­ment selon qu’il est appré­hen­dé d’une manière ou d’une autre. C’est pour­quoi nous les avons si lon­gue­ment étu­diées ; elles sont une des clefs qui per­mettent de com­prendre la femme. Mais ce que nous refu­sons, c’est l’idée qu’elles consti­tuent pour elle un des­tin figé. Elles ne suf­fisent pas à défi­nir une hié­rar­chie des sexes. » Ain­si : « La femme a des ovaires, un utérus […]. »

De Beau­voir esti­mait d’ailleurs « qu’au­cune femme ne peut pré­tendre sans mau­vaise foi se situer par-delà son sexe ». Mince alors !

Simone de Beau­voir était mani­fes­te­ment ter­ri­ble­ment « trans­phobe » ! De même que tous les écrits fémi­nistes et, plus géné­ra­le­ment, de même que tous les livres ayant été écrits depuis la nais­sance de l’é­cri­ture il y a plu­sieurs mil­lé­naires et jusqu’aux envi­rons de l’année 2015 !

II.

La tri­bune est si mal écrite (n’a mani­fes­te­ment pas été écrite par des lumières) qu’elle se contre­dit — mais il en va tou­jours ain­si des écrits pro­mou­vant les idées trans et des idées trans en géné­ral, qui sont intrin­sè­que­ment inco­hé­rentes. Ses auteurs pré­tendent qu’« être une femme ne découle pas de la seule assi­gna­tion sexuée, mais d’une exploi­ta­tion qui prend plu­sieurs formes ». Mais si « être femme ne découle pas de la seule assi­gna­tion sexuée », c’est que ladite « assi­gna­tion sexuée » en consti­tue une condi­tion. Insuf­fi­sante, appa­rem­ment, mais une condi­tion. Cepen­dant, juste après, en affir­mant qu’il existe des « femmes trans », les auteurs de la tri­bune affirment que des hommes peuvent être des femmes. L’assignation sexuée ne semble donc pas être une condi­tion. Deux défi­ni­tions inco­hé­rentes du mot femme y sont donc avan­cées : A) est femme toute per­sonne sexuel­le­ment assi­gnée femme et vic­time « d’une exploi­ta­tion » qui peut prendre « plu­sieurs formes ». B) est femme toute per­sonne vic­time « d’une exploi­ta­tion » qui peut prendre « plu­sieurs formes ». Bref, en fin de compte, tous ces gens s’accordent appa­rem­ment à dire qu’être femme, c’est être exploi­té. Dans le futur dic­tion­naire de la nov­langue fran­çaise vali­dé par les auto­ri­tés trans, on trou­ve­ra donc : « femme n.f. per­sonne vic­time d’une exploi­ta­tion pou­vant prendre plu­sieurs formes ». Merveilleux.

L’on peut même se deman­der si cette confu­sion n’est pas inten­tion­nelle. Dans la rhé­to­rique tran­sac­ti­viste (dans la rhé­to­rique des hommes qui militent pour accé­der aux espaces réser­vés au femmes), il est néces­saire de dif­fu­ser un épais écran de fumée pour mas­quer le cœur de leurs reven­di­ca­tions : puisque n’importe qui se sen­tant exploi­té et res­sen­tant pro­fon­dé­ment en lui une iden­ti­fi­ca­tion au sté­réo­type sexiste de l’éternel fémi­nin peut être une femme, alors « les droits trans sont indis­so­ciables des droits des femmes ». Voi­ci donc une belle démons­tra­tion d’inversion patriar­cale dans laquelle les hommes deviennent les per­sonnes les plus oppri­mées de la pla­nète et requièrent d’être pro­té­gés sous l’égide des droits des femmes, ceux-là mêmes qu’ils sont en train de détruire.

III.

Ensuite, Média­part a‑t-il un pro­blème avec le dopage ? Les tests contre le dopage dans les com­pé­ti­tions spor­tives consti­tuent-ils, selon Média­part, une « attaque du droit des per­sonnes à dis­po­ser de leur corps » ? Toutes les per­sonnes ayant signé cette tri­bune sont-elles au cou­rant de ce qui s’est pas­sé par­tout ailleurs dans le monde, avec l’intrusion des hommes tran­si­den­ti­fiés dans les sports fémi­nins (on attend tou­jours de voir des femmes tran­si­den­ti­fiées vou­loir par­ti­ci­per aux sports en caté­go­rie mas­cu­line et explo­ser tous les records des hommes) ? Vous êtes jour­na­listes, cher­cheuses, per­son­na­li­tés poli­tiques : faites donc votre travail.

IV.

Enfin, nous retrou­vons la même stra­té­gie de déshon­neur par asso­cia­tion entre fémi­nistes et extrême droite, le même contre­sens sur l’essentialisme, et une même igno­rance crasse de l’histoire du fémi­nisme. Nous avons suf­fi­sam­ment éclair­ci ces points (ain­si que beau­coup d’autres) de manière argu­men­tée et sour­cée dans notre réponse au tor­chon de Libé­ra­tion (féli­ci­ta­tions, vous êtes par­ve­nus à faire pire).

Et vous vous dites fémi­nistes, et pro­gres­sistes, et vous vous récla­mez du maté­ria­lisme, cepen­dant que vous dis­sol­vez le sens du mot femme, la pos­si­bi­li­té de nom­mer la réa­li­té maté­rielle de l’existence des per­sonnes de sexe fémi­nin, et donc le fémi­nisme avec, dans l’acidité extrême de votre bêtise et de votre mal­hon­nê­te­té collectives.

Audrey A. et Nico­las Casaux

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« Plus on partage, plus on possède. Voilà le miracle. »En quelques années, à peine, notre collec­tif a traduit et publié des centaines de textes trai­tant des prin­ci­pales problé­ma­tiques de notre temps — et donc d’éco­lo­gie, de poli­tique au sens large, d’eth­no­lo­gie, ou encore d’an­thro­po­lo­gie.contact@­par­tage-le.com

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