Par Andrew Korybko − Le 30 août 2022 − Source Oriental Review
La suprématie ethno-nationaliste éhontée associée à sa remarque pleine de haine va amener les Africains à redoubler d’efforts dans leur activisme anti-impérialiste et pan-africain, car aucune personne se respectant ne capitulerait jamais face à des pressions aussi évidemment raciales : cela reviendrait à se soumettre à la domination de leur agresseur.
Le « président » français Macron a affirmé au cours de son dernier voyage en Algérie que « de nombreux réseaux (d’information) qui sont poussés secrètement (en Afrique) — … par la Turquie… par la Russie… par la Chine — ont un ennemi : la France. » Il s’agissait d’une insulte suprême envers l’intelligence de tous les Africains, car cette remarque transportait le maître mot raciste selon lequel ils seraient assez stupides pour se laisser facilement manipuler par les puissances multipolaires. Au lieu de reconnaître les raisons politiquement légitimes et authentiquement populaires pour lesquels les Africains se rebellent activement contre l’influence française dans sa « sphère d’influence« auto-proclamée de la soi-disant « Françafrique », comme le ministère des affaires étrangères turques avait suggéré qu’il pût le faire, Macron a décidé de répandre une fois de plus des souillures infondées, dans le même esprit que celui dont il avait déjà fait montre précédemment au Mali.
La réalité est que la transition systémique globale vers la multipolarité a pris une cadence inédite depuis la dernière phase du conflit ukrainien, provoquée par les États-Unis, qui a inspiré l’ensemble du Grand Sud (BRICS en tête) à repousser le Milliard Doré de l’Occident (piloté par les États-Unis) à ce moment pivot de la Nouvelle Guerre Froide entre ces deux modèles opposés de développement socio-économique et politique. Qui plus est, de nombreux Africains se sont sentis revigorés à intensifier leurs efforts après que le président Poutine a dévoilé son manifeste global révolutionnaire à la fin du mois de juillet, suivi de peu par la promesse faire par le ministre des affaires étrangères Lavrov d’une aide russe à l’Afrique pour boucler ses processus de décolonisation juste avant sa tournée réussie sur le continent.
« Le rôle de l’Afrique dans la Nouvelle Guerre Froide« est voué à être l’un des terrains de bataille majeurs entre le Milliard Doré et le Grand Sud, surtout parce que les peuples refusent désormais de se laisser soumettre après avoir été exploités sans ménagement durant un demi-millénaire. La France, qui figure parmi les hégémonies les plus puissantes du Milliard Doré en Afrique, et dont l’influence dépasse même celle des États-Unis dans certaines régions du continent, ne cache même plus ses intentions néo-coloniales : Macron a baissé son masque et s’est mis à insulter l’intelligence des Africains de manière extrêmement raciste. Ce qu’on appelle la « lutte pour les esprits et les cœurs » est déjà gagnée par les Grandes Puissances multipolaires du Grand Sud comme la Russie et la Chine, qui aident, sans contrepartie, à libérer tous les pays africains.
Ces deux pays ne se permettraient en aucun cas de manquer de respect à leurs partenaires, et encore moins à la manière rude que Macron vient d’employer, surtout après qu’ils ont eux-mêmes subi des formes similaires d’agression verbale. Les Africains ont bien conscience non seulement des fières histoires anti-coloniales de ces deux puissances et de celles d’autres pays, mais également de la sincérité avec laquelle ils respectent les autres en contraste avec le comportement affiché par les dirigeants occidentaux, comme le président français et ses pairs. L’insulte raciste de Macron envers l’intelligence de tous les Africains n’est pas seulement grossière ; elle suggère également que le Milliard Doré a fini par « jouer franc » après avoir abandonné tout semblant de fausse « politesse », affichée par le passé sans parvenir à convaincre. Comme les « dirigeants de la pensée » occidentaux ne se lassent jamais de le rappeler, « la force fait le droit » à leurs yeux, et c’est la raison pour laquelle ils sèment désormais le chaos en Afrique.
Ces éléments n’ont rien de spéculatif, ils relèvent désormais du fait documenté, après que le Mali a accusé la France de soutenir les terroristes liés à Al Qaeda qui ont déclaré la guerre au partenaire russe du Mali à la fin du mois de juin, et après que la Guerre Hybride de Terreur lancée conjointement par les États-Unis et l’Égypte, mais opérée par le Front de libération du peuple du Tigré contre l’Éthiopie a repris peu de temps après cela de l’autre côté du continent. De fait, ce second conflit qui a d’abord chauffé au mois de novembre 2020, après des années d’agenda multilatéral, peut être considéré avec le recul comme le nouveau modèle que l’Occident et ses vassaux régionaux — comme l’Égypte — utilisent : il est utilisé pour punir la neutralité de principe affichée par l’Éthiopie dans la Nouvelle Guerre Froide entre le Milliard Doré occidental — États-Unis en tête — et le Grand Sud — dont la tête de pont est constituée par les pays des BRICS. Il s’ensuit donc que des États dont le positionnement est tout aussi multipolaire, comme le Mali et d’autres, vont également se faire punir.
Macron a commis une grossière erreur en laissant tomber son masque après avoir balancé ses sous-entendus racistes voulant que les Africains n’aient pas l’intelligence de ne pas se laisser manipuler par les puissances étrangères. La suprématie ethno-nationaliste éhontée de cette remarque odieuse va amener les Africains à redoubler d’efforts dans leur activisme anti-impérialiste et pan-africain ; aucune personne se respectant ne capitulerait jamais face à des pressions aussi évidemment raciales ; cela reviendrait à se soumettre à la domination de leur agresseur. Loin de contribuer à la cause hégémonique du Milliard Doré comme son esprit tordu semble l’avoir imaginé, les insultes proférées par le dirigeant français contre les Africains ne vont servir qu’à accélérer le déclin de l’hégémonie occidentale et étasunienne sur ce continent.
Andrew Korybko est un analyste politique étasunien, établi à Moscou, spécialisé dans les relations entre la stratégie étasunienne en Afrique et en Eurasie, les nouvelles Routes de la soie chinoises, et la Guerre hybride.
Traduit par José Martí, relu par Wayan, pour le Saker Francophone
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Source : Lire l'article complet par Le Saker Francophone
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