Un autre capitalisme industriel est possible, renouvelable (photovoltaïque, éolien, etc.) plutôt que fossile. Voilà, en gros, ce que prétend l’actuel directeur général de Greenpeace France, Jean-François Julliard. Rien d’étonnant. Promouvoir le verdissement du capitalisme industriel, c’est à quoi servent les grandes ONG prétendument écologistes.
Par curiosité, je suis tout de même allé voir la méta-étude à laquelle il fait référence dans son gazouillis. Outre qu’elle compte parmi ses auteurs des individus (Christian Breyer et Mark Z. Jacobson, entre autres) qui travaillent dans les secteurs capitalistes des énergies dites vertes, propres, renouvelables ou décarbonées (qui ont tout intérêt à ce que de l’argent soit investi dans le solaire, l’éolien, etc.), on constate — Ô surprise — que le problème des extractions minières nécessaires au développement de ces industries de production d’énergie est à peine mentionné, en passant :
« Cependant, il est également clair que ce sera un formidable défi de garantir la disponibilité des ressources en temps voulu tout en minimisant les impacts négatifs de l’extraction sur les humains et l’environnement. Cette question doit faire l’objet de recherches futures. »
Traduction : il sera difficile de ne pas trop détruire la nature pour obtenir les matériaux nécessaires à cette prétendue « transition » (décarbonation du capitalisme industriel).
Et, bien entendu, aucune mention des impacts (matériels, écologiques, sociaux) de l’usage de l’énergie. Rien sur les impacts écologiques des barrages hydroélectriques, etc. Rien sur la croissance illimitée qu’implique le capitalisme. Rien sur le fait que la fabrication et la maintenance des technologies ou des centrales de production d’énergie dite verte, propre, renouvelable ou décarbonée impliquent de consommer des combustibles fossiles. (Et, encore plus attendu, aucune réflexion sur les implications socialement hiérarchiques de l’industrialisme, etc.).
À propos d’un des auteurs de la méta-étude en question, Philippe Bihouix soulignait : « M. Jacobson n’a manifestement jamais mis les pieds dans une usine, et ne sait pas qu’il faut aussi de l’acier, du ciment, des résines polyuréthanes, des terres rares et du cuivre, des bateaux et des grues, entre autres, pour fabriquer et installer une belle éolienne “propre”. » (L’Âge des low-tech, 2014)
Tous ces plaidoyers en faveur du 100% renouvelables ne font qu’encourager la poursuite du désastre. Aucune industrie n’est « durable », toutes, y compris celles du photovoltaïque, de l’éolien et de l’hydroélectrique, impliquent des dégradations, des pollutions, etc. Toutes impliquent une forme d’organisation sociale qui soit à la fois de masse et hiérarchique. L’écologie, c’est en finir avec l’industrialisme. Sortir de la société industrielle. Tout le reste n’est que malhonnêteté.
(Je hais les types comme Julliard et les scientifiques qui signent ces études à la noix. En plus de tout ce qui précède, des mensonges et des absurdités qui caractérisent leur discours, il faut bien voir que ce ne sont pas eux qui se retrouvent à devoir travailler dans des mines ou en usine pour un salaire de misère, que ce ne sont pas eux les « forçats de l’étain » qui crèvent en Indonésie, etc. Les CSP+ ont évidemment intérêt à promouvoir le verdissement ou la décarbonation du monde où il y a des CSP+.)
Nicolas Casaux
Source: Lire l'article complet de Le Partage