La Gestapo postmoderne à “D.C.-la-folle”
13 août 2022 (18H10) – Il faut tenter de reprendre le contrôle de ses pensées, si l’on s’avise de suivre trop dans le détail l’évolution de la situation judiciaro-politico-policière, & communicationnelle certes, aux USA. Le “non-raid” du FBIsur l’énorme résidence-golfeuse de Mar-a-Lago, chez Donald Trump, est en effet un des plus puissants révélateurs d’une situation d’imbroglio crisique en marche dans la Grande République.
(Vous a-t-on dit que le “non-raid” s’est effectué hors de la présence de tous les occupants, – dont Eric, fils de Donald, – de l’immense résidence de 124 pièces ? Oui, sans doute. Mais vous a-t-on précisé que tous, avec en plus Trump à New York, ont pu suivre toutes les péripéties de la visite à partir de caméras de surveillance dont Mar-a-Lago est truffée et que, semble-t-il, le FBI n’avait pas eu l’esprit de débrancher.)
L’excellent Howard J. Kunstler, un de mes favoris avec Larry Johnson et quelques autres, sort une chronique de sa série « Clusterfuck Nation », qu’il me plaît bien de traduire en “Nation-Merdier”, le 12 août, consacrée à l’affaire ; « Gestapo the Steal » nous dit le titre, que je pourrais après tout traduire par “Le pillage intégral de la Gestapo” (“Gestapo” ? Concept intégrant principalement le ministère de la Justice [DoJ] et le FBI…) Kunstler reprend le tout en détail, avec beaucoup de détails, et figurez-vous qu’à la fin de son texte, les deux derniers paragraphes de conclusion, il écrit ceci qui n’est pas sans rappeler l’hypothèse de Larry Johnson dont il a été question hier ; je veux dire la première phrase, sur le “qui-perd-gagne” qui aurait été « monté par [Trump] lui-même », aux dépens du DoJ-FBI… L’idée est dans l’air !
« On peut se demander si Trump n’a pas attiré le FBI (et le DOJ) dans une opération de type “qui-perd-gagne” montée par lui-même. Il sortait tout juste d'une saison de primaires réussie, au cours de laquelle plus de 90% de ses partisans ont remporté leurs courses. Les élections de mi-mandat s'annoncent de plus en plus désastreuses pour les démocrates, le parti du chaos, dirigé par le transcendantal et incompétent “Joe Biden”. En juin, Trump avait rencontré à Mar-a-Lago des agents du FBI et produit de nombreux documents demandés dans le cadre d'une assignation à comparaître. Le FBI et le DOJ ont-ils été alarmés par ce que M. Trump a remis à ce moment-là, et cela suggère-t-il qu'il y avait beaucoup d'autres documents, peut-être plus préjudiciables, dans la collection de l'ancien président qui se dirige vers le tribunal ? L'important procès contre Hillary[concernant la découverte de milliers d’email officiels et secrets du département d’État détournés], – qui n'est pas couvert par les médias de gauche, – n'est pas terminé.
» Quoi qu’il en soit, le FBI et le DOJ ont fini par se prendre eux-mêmes les pieds dans le tapis avec le raid du 8 août à Mar-a-Lago, un acte aussi maladroit et lourd que la plupart des initiatives rapportées dans les nauséabondes annales du sinistre régime de “Joe Biden”. Ils se sont révélés être une Gestapo américaine, dont la mission principale est de persécuter les ennemis politiques du régime en place, et ils ont probablement réussi à galvaniser une opposition encore plus forte qui s’exprimera dans les bureaux de vote en novembre prochain, au péril des officiers de ces agences de sécurité nationale, et peut-être même de leur existence. »
Cette conclusion est précédé du corps du texte, où Kunstler nous rapporte les principaux éléments d’une longue enquête dont il cite la source, – un nommé ‘Sundance’, sur le site ‘TheConservativeTreehouse.com’. L’auteur a rédigé un formidable dossier en quatre parties, qui nous conte l’évolution de l’appareil judiciaro-politico-policier qui a transformé, depuis 2001 et le fameux ‘Patriot Act’ de l’automne 2001, le DoJ et son bras armé le FBI en une machine de répression à la fois juridique et policière de plus en plus féroce. D’abord, ce fut dirigé contre un supposé “ennemi intérieur” (on pensait alors : “terrorisme”, mais on réglait déjà quelques comptes politiques, car la dégénérescence vient vite par les temps qui courent et corrompent) ; puis, avec Obama et son ministre de la Justice Holder, le dispositif de répression a été complètement orienté vers les adversaires de ces démocrates de gauche, contre la droite en général, et surtout la droite populiste.
Vous voyez que l’explication est pleine de parti-pris, mais vous pouvez voir aussi que ‘BlackLivesMatter’, organisation fort douteuse et corrompue, peut tout casser dans le pays, et en toute impunité sinon sous les bravos de la foule, alors qu’un régiment et plusieurs divisions du FBI surveillent les faits et gestes de Trump. Comprenne qui voudra et il n’est nullement nécessaire d’être un admirateur de Trump pour comprendre.
Trump, justement… C’est à son propos que Kunstler commence son article, nous rapportant les positions et les atouts de Trump, et en face de lui, cet extraordinaire appareil, – je répète bien : judiciaire, politique et policier à la fois, – cette pieuvre qui s’est développée monstrueusement, qui s’est “métastasée” en un formidable complexe qui maille, et remaille, et sur-maille tout le pays de ses innombrables technologies de surveillance, de ses pesanteurs obèses de bureaucraties paralysées, de ses crissements de pneus des énormes quatre-quatre noir déboulant, toutes sirènes hurlantes.
« En dépit de toutes les tentatives visant à le mettre hors d'état de nuire, Trump, en tant que président, a pu disposer d’une quantité impressionnante de documents classifiés, y compris toutes les preuves du montage d’Hillary Clinton sur la pseudo-collusion avec la Russie[le ‘Russiagiate’], réalisée avec l'aide du FBI, du DoJ, de la CIA et du DoD, ainsi que toutes les manigances illégales qui ont eu lieu devant le tribunal FISA [tribunal spécial pour autoriser les actions “spéciales” contre des citoyens à la demande des agences de sécurité].
» Pour la gauche politique américaine, qui sert ses maîtres dans l’État profond, la réalité elle-même doit être décrite comme “sans fondement”, – c’est-à-dire en bref : “Circulez, y a rien à voir”. Il n'est pas étonnant, alors, que la moitié du pays soit devenue folle. La réalité qu'ils ne veulent pas que vous voyiez, c'est que les agences de renseignement et de sécurité nationale de notre République ont adopté un comportement de voyou en s’affirmant comme “quatrième pouvoir gouvernemental” dominateur du reste, et qu’elles se sont lancées depuis quelques années dans une série d’attaques criminelles contre quiconque menaçait leurs opérations.
» Cela inclut la cible numéro un : Donald Trump. Pour une explication magistrale de la façon dont cet incroyable merdier s’est développé, je vous recommande le site Web ‘The Conservative Treehouse’, où l’auteur qui se fait appeler “Sundance” a rédigé un rapport en quatre partiessur la façon dont le péché originel du RussiaGate s'est métastasé en un cancer de nécrose institutionnelle de stade quatre qui a culminé avec le raid de cette semaine à Mar-a-Lago. »
Armageddon contre le FBI
Les commentateurs républicains, et aussi de nombreux indépendants (Kunstler est loin d’être un républicain ou un conservateur, mais il n’est plus un partisan du parti démocrate) se rallient autour de jugements désormais extrêmes : le FBI est devenu un « American Stasi ». L’objectif est désormais clairement identifié : la destruction du FBI et la purge totale du DoJ. Ce sera la feuille de route des républicains, même des hésitants, après l’intervention à Mar-a-Lago du tout début de la semaine. Trump, qui a évidemment le vent en poupe, jouera à fond cette carte de la destruction du FBI, y compris auprès des républicains tièdes ou des RINO (“Republicans In Name Only”) qui affrontent, comme les autres, leurs électeurs en novembre ; et bon nombre d’élus républicains en novembre seront estampillés “trumpistes” (personnellement soutenus par Trump lors des primaires républicaines) et seront conduits à agir en conséquence. C’est dire, s’il y a victoire républicaine, notamment majorité à la Chambre, si le ‘Titanic’ va tanguer.
… Cette attaquecontre le FBI, selon les mots de Victor David Hanson présentés dans un texte au titre plein de signification de « R.I.P., FBI ? » :
« Le FBI est en train de se dissoudre sous nos yeux pour devenir un service de sécurité véreux semblable à ceux de l'Europe de l'Est pendant la guerre froide. […]
» Le FBI interfère avec les élections nationales et en fraude les résultats. Il engage comme informateurs des fraudeurs complets qui sont bien pires que ses cibles. Il humilie ou exempte le gouvernement et les élus en fonction de leurs opinions politiques. Il viole les libertés civiles des citoyens américains.
» Les plus hauts responsables du FBI trompent maintenant régulièrement le Congrès. Ils ont effacé ou modifié des preuves produites par des tribunaux et des assignations à comparaître. Ils divulguent illégalement des documents confidentiels aux médias. Et ils ont menti sous serment aux enquêteurs fédéraux.
» L'agence est devenue dangereuse pour les Américains et constitue une menace existentielle pour leur démocratie et leur État de droit. Le FBI devrait disperser ses responsabilités d'enquête vers d'autres agences d'enquête gouvernementales qui n'ont pas encore perdu la confiance du public. »
… Car après le “non-raid” de Mar-a-Lago, le sort en est jeté. Il s’agit d’engager la bataille finale, une sorte d’Armageddon contre ce monstre qui a désormais montré son vrai visage, et même avec une singulière arrogance, sans véritable souci de le dissimuler. C’est d’ailleurs, me semble-t-il, un mélange étrange de certitude de soi et de panique grandissante, car il faut également paniquer avec toute l’assurance de soi pour se lancer dans une telle aventure et croire qu’elle suffira à liquider Trump. Il ne faut pas oublier que le constat de Kunstler concernant la folie gauchiste wokeniste (« Il n'est pas étonnant, alors, que la moitié du pays soit devenue folle ») vaut également pour ceux qui la diffuse, ce qui est le cas du monstre DoJ-FBI. Cette folie engendre aussi bien la panique devant les obstacles qu’elle grandit démesurément, que l’arrogance propre aux épisodes maniaques qu’elle conserve jalousement ; cet étrange mélange conduit aux plus folles extrémités.
Il est vrai qu’il y a aujourd’hui aux USA une situation extraordinaire que met à jour l’attaque du “non-raid” de Mar-a-Lago. Il s’agit de la formidable puissance, on devrait même dire la “surpuissance” de l’appareil de sécurité nationale intérieure, du complexe de renseignement et de surveillance policière que forment le DoJ-FBI, avec soutien de la CIA, de la NSA, etc. Les critiques évoquent la Gestapo de Hitler, ou la Stasi de la RDA, ou le KGB dans ses services de répression intérieure, etc. La différence est que tous ces divers monstres totalitaires furent très rapidement opérationnels et efficaces dans la surveillance et l’élimination d’un opposant. Un Trump n’aurait pas duré six mois dans l’Allemagne de Hitler ou l’URSS de Staline ; non, il n’y serait en fait jamais apparu.
Aux USA, le ‘Patriot Act’ est en vigueur depuis vingt-et-un ans, et il a été aussitôt salué avec enthousiasme par le Congrès comme un outil totalitaire de première grandeur. Aujourd’hui, on ne peut que constater que son efficacité est plus que contestable par rapport au travail effectué, aux sommes dépensées, au personnel pléthorique qui y est affecté. Il semble que nous soyons là aussi du côté du pic dépassé du ‘Principe de Peter’, et que tout est étouffé par l’inefficacité également métastasique de la bureaucratie. C’en est au point où la surpuissance ne parvient qu’à accoucher d’une bataille finale où le monstre est obligé de se montrer pour ce qu’il est, dénoncé de toutes parts comme tel, et grondant d’arrogance et de panique, tout prêt à accoucher son autodestruction.
Ce qui se passe est finalement très considérable et il est hautement ironique que ce soit un personnageaussi ambigu, aussi vulgaire, aussi démagogique, – bien plus que despotique, certes ! Stupidité extraordinaire des antifascistes de profession que j’entends aboyer à un ‘nouvel Hitler’, – que ce soit un personnage tel que Donald Trump, qui soit le mieux placé pour frapper le plus rudement dans une bataille qui met en jeu et donc menace tout l’apparatusde sécurité nationale qui s’est structurellement installé depuis 1947 et le ‘National Security Act’ de Truman. Jusqu’ici, jamais l’enjeu que dénonçaEisenhower, qui eut la peau de Kennedyet força Nixonà la démission, n’a été aussi clairement étalé sur le champ de bataille suprême de la crise du système de l’américanisme. Il est très, très difficile de concevoir que d’ici 2024-2025, on n’en vienne pas aux mains, directement et sans s’en cacher, entre la formidable puissance totalitaire de tout l’apparatusde sécurité nationale et le formidable abattage de la formidable popularité qu’un Trump regonflé à bloc est capable de lever et de soulever.
• Comment faire l’économie d’un tel affrontement si aucune catastrophe ne vient interrompre ce processus ? Désormais, Trump sait, bien mieux et bien plus qu’il ne le sut jamais, qui sont ses ennemis, et leur élimination est la condition de sa victoire, de la fusion de sa victoire en une nouvelle présidence. Il gagnera et sera à nouveau président à la condition expresse d’éliminer le FBI, – ce qui déclenchera un immense incendie en forme de tsunami au cœur des États-Unis d’Amérique.
• Quelle catastrophe peut interrompre la marche vers un tel affrontement ? Un assassinat ? Une mort par assaut soudain de la vieillesse ? Une sécession ici ou là ? Même la guerre catastrophique d’Ukrisis ne semble pas réussir à arrêter cette marche vers l’affrontement. C’est-à-dire ironiquement et sans craindre la répétition qu’il faudrait une catastrophe pour le Système, pour empêcher la catastrophe pour le Système que serait, que sera un affrontement entre Trump et l’apparatus de sécurité nationale.
• Car le fait le plus important est bien là : si Trump est fou, ce qu’on sait depuis longtemps, il apparaît que ses adversaires sont plus fous que lui, rendus plus fous par la folie de ce mirobolant saltimbanque postmoderne fabriqué littéralement par les dieux pour liquider la modernité.
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