« Vivre » avec le RSA
Le RSA, pour ceux qui l’ignorent (les riches, souvent), c’est un minimum de 600 balles distribués par l’État, chaque mois, à deux millions de foyers : 600, c’est pour une personne seule de plus de 25 ans ; 1 000, c’est pour une personne seule avec un enfant à charge, en général une gonzesse avec un môme ; et pour un couple avec deux enfants, qui ne bosse pas, ça monte vertigineusement jusqu’à 1 200 euros, soit un Smic.
Évidemment, il est difficile de vivre avec une telle somme à quatre, mais on a le droit de combiner un petit boulot (déclaré) avec son RSA : ça l’ampute un peu mais ça augmente les revenus. Dans ce cas, on a le droit de toucher pendant trois mois un RSA de 500 euros, qui inclut une prime d’activité de 71 euros. Tous ces chiffres sont faciles à trouver, on ne va pas recopier les sites officiels. Par exemple, une mère isolée avec 3 enfants touchera 1 450 balles, aide au logement comprise.
Désormais, l’État va changer tout ça et obliger les allocataires à faire 15 ou 20 heures de « formation en insertion » ou en « emploi ».
On l’a déjà écrit ici, on voit venir gros comme un hippopotame dans un couloir de T2 de cité le coup du remplissage des trous dans la fonction publique, on pense aux soignants qui manquent. On peut se tromper, mais si on était à la place des ingé sociaux vicieux, on piocherait dans l’armée de réserve (du capital, ah ah ah) des 2 millions d’infortunés pour boucher les trous à l’hosto, à La Poste, dans les forêts… Pour faire aide-machin, sans aucune qualification.
Oh, il y aura sûrement des formations, justement, pour ne pas faire hurler les syndicats, mais on peut déjà parier que l’État ne sera pas regardant, et cela pourra justifier la fameuse promesse de Macron, qui paraissait jusque-là surréaliste, sur le plein-emploi. Le coup du « le RSA actuel n’est pas efficace » vient de la Cour des comptes, c’est-à-dire de l’agent européiste néolib Moscovici.
Pour lui et la Buzyn, qui vient d’y être placée dans un fauteuil après avoir interdit aux Français de se soigner début 2020, le RSA ne favorise pas assez le retour à l’emploi : seul un tiers des allocataires trouve un job au bout de 7 ans ! Autant dire qu’il s’agit d’un revenu pour maintenir la paix sociale en période de chômage de masse, qui est le prix à payer pour la rentabilité capitalistique. Le niveau de profit massif induit ce chômage massif, c’est mathématique.
Par exemple, dans la presse – mais on retrouve ce système destructeur partout depuis les années 80 –, un groupe se débarrassait de journaux pourtant viables économiquement quand ils descendaient au dessous de 12 % de marge. Ils étaient alors fermés, et leur personnel fusillé, pardon, licencié, sauf quelques recasés. Et si ces journaux étaient revendus, c’était à des sous-groupes qui les faisaient tenir avec deux fois moins de personnel… C’est bien le taux de profit qui dirige notre pays et qui est à l’origine de ces « réformes » qui ne sont que destruction d’emplois, et ensuite de vies.
Il fallait au moins ce clown sinistre de Karl Olive pour faire la pub de leur réforme perverse et démago qui consiste à exploiter les bénéficiaires du RSA contre un sous-SMIC…#DirectAN pic.twitter.com/L4SuqIdVh7
— Marcel (@realmarcel1) August 4, 2022
Naturellement, la gauche s’oppose à cette réforme, qu’elle assimile à du travail dissimulé, et la droite libérale est pour, elle qui aime dénoncer la France paresseuse ou combinarde, la France du black (le travail au noir qui s’ajoute à l’allocation).
Devant la fronde qui se lève, Macron a envoyé son fusible du Travail (ou du Chômage, plutôt), Olivier Dussopt, au front. Il en a sorti une belle : ce sera pas du boulot, mais de l’« immersion en entreprise ».
« Les 15 heures à 20 heures d’activité ne seront pas du travail gratuit, mais du stage, des formations individuelles ou collectives, des périodes d’immersion en entreprise… »
Ici, Olive, visiblement très ému par la pauvreté (ou par la prise de parole en public), démontre tout son humanisme.
Source: Lire l'article complet de Égalité et Réconciliation