Par Moon of Alabama – Le 18 juillet 2022
Aujourd’hui, nous allons parler des analyses sur la guerre en Ukraine de trois autres auteurs.
Yelensis, d’Awful Avalanche, s’amuse avec les nouvelles du jour venant de Kiev :
Jour de guerre en Ukraine #145 : Zelensky entouré de traîtres et d’espions.
La grande nouvelle du week-end dernier en Ukraine : Zelensky a renvoyé son procureur général, Irina Venediktova, ainsi que le chef du SBU (Agence de sécurité, successeur du KGB soviétique), un homme nommé Ivan Bakanov. Tous deux étaient des membres proches du cercle restreint de Zelensky, en particulier le second.
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J’aime la façon dont Zel a lancé cette information avec désinvolture, sur les forces de sécurité ukrainiennes qui discutent régulièrement avec les services de renseignement militaires russes. La blogosphère russophile s’en donne à cœur joie, bien sûr ! Maria Zakharova s’est moqué de Zelensky sur Twitter, qualifiant ces licenciements de « dé-nazification efficace » de la part de Zelensky. D’autres blogueurs ont comparé Zelensky à Staline, dont la paranoïa commence à se retourner contre son cercle intime. Cependant, pour moi, cela ne ressemble même pas à de la paranoïa, je pense que ces agences ukrainiennes sont probablement truffées d’espions russes. Les fonctionnaires ukrainiens sont tellement corrompus qu’ils feraient littéralement n’importe quoi pour de l’argent.
Avec ses quelque 35 000 employés, le SBU est aussi grand que le FBI, mais il contrôle une population 90 % plus petite. Outre la sécurité intérieure, il est également chargé de lutter contre les crimes économiques. Il est brutal, totalement corrompu et rempli d’espions russes, et ce depuis que l’Ukraine est devenue une nation indépendante. La seule mesure correcte, mais dangereuse, serait de la dissoudre.
Avec l’effondrement du cercle restreint de Zel, l’horloge de sa propre disparition ne fait que s’accélérer.
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Yves Smith n’est guère impressionné par le « succès » de l’Ukraine dans cette guerre.
La campagne de la Russie en Ukraine : Se rapproche-t-elle d’un point de bascule ?
Il passe en revue la situation actuelle et suggère la manière dont la guerre va se poursuivre :
Les sources occidentales qui lisent le russe ou qui ont de bons contacts avec les Russes (voir la table ronde Larry Johnson-Andrei Martyanov-Alexander Mercouris, organisée par Gonzalo Lira, à titre d’exemple) spéculent que la Russie fera une pause après avoir sécurisé le Donbass et posera ses conditions de paix à l’Ukraine. Il est certain que ces conditions seront inacceptables, puisque le strict minimum demandé sera de concéder la perte du Donbass et de la Crimée (sans oublier la neutralité et la dénazification). Bien entendu, l’Occident rejettera catégoriquement cette demande. La Russie n’y voit pas d’inconvénient puisqu’elle ne fait confiance à aucun accord avec l’Ukraine ou l’Occident.
L’objectif de cette offre, au moment où le premier objectif de l’opération militaire spéciale est atteint, est de faire comprendre à la Chine, à l’Inde, aux pays du Sud et, accessoirement, aux citoyens russes les plus prudents et les plus réfractaires à la guerre, que le fait que la Russie aille au-delà de la mise en œuvre la plus étroite de l’opération militaire spéciale ne serait pas dû au fait qu’elle veut prendre plus de territoires, mais qu’elle y est forcée pour atteindre ses objectifs de démilitarisation et de dénazification. Si l’Ukraine et ses alliés ne le font pas volontairement, la Russie le fera par la force.
C’est en fait le président serbe Aleksandar Vučić, qui entretient de bonnes relations avec la Russie et qui a sûrement été chargé de transmettre ce message, qui a déclaré que la Russie fera une offre de paix et que l’Occident la rejettera probablement :
« Je sais ce qui nous attend. Dès que Vladimir Poutine aura terminé ses affaires à Sieversk, Bakhmut et Soledar, puis sur la deuxième ligne Sloviansk – Kramatorsk – Avdeevka, sa proposition suivra. S’ils ne l’acceptent pas, et ils n’en ont pas l’intention, nous irons en enfer« , a déclaré le 14 juillet le dirigeant serbe cité par le service de presse russe Izvestia.
La Russie va donc continuer. Yves Smith conclut :
Ma conviction est toujours que la Russie donnera la priorité à la prise d’Odessa, à moins que des considérations logistiques ne s’y opposent. L’armée ukrainienne est si proche de l’effondrement que la possibilité que les forces russes se rendent à Odessa plus tôt que prévu est réelle. C’est la cible psychologiquement la plus importante pour le peuple russe, et économiquement plus précieuse que Kiev. L’Occident reconnaîtra que l’obtention par la Russie du contrôle de toute la côte ukrainienne de la mer Noire est une perte énorme.
Je soupçonne que ce que la Russie décide de faire avec ou à propos de l’Ukraine à l’ouest du Dniepr dépend des événements. Cependant, l’Occident a décidé de s’attacher encore plus étroitement à l’albatros ukrainien. J’avais dit à Lambert qu’il n’était pas impossible que la Russie ait remporté une victoire décisive (comme la prise d’Odessa) dès octobre, mais que, même si les forces occidentales sont clairement incapables de mettre la Russie en déroute, l’Europe et les États-Unis garderont leurs citoyens dans le froid et la faim cet hiver juste pour contrarier la Russie.
À l’ouest du Dniepr se trouve Kryvyi_Rih, dont les richesses minérales ont été développées sous le contrôle russe, puis soviétique. Elle a toujours entretenu des relations symbiotiques avec l’industrie lourde de la région du Donbass. Elle a probablement encore plus de valeur qu’Odessa.
À l’exception des 30 dernières années, Kryvyi Rih était sous contrôle russe depuis 1775. Elle est située à environ 100 kilomètres au nord-est de Nikolayev et à seulement 40 kilomètres de la ligne de front actuelle. Cette carte pourrait refléter la vision russe d’une future ligne de démarcation dans le sud de l’Ukraine.
Le dernier point soulevé par Smith est important. Oui, l’« Occident » est susceptible de poursuivre ses sanctions suicidaires même si la Russie arrête la guerre et propose la paix. C’est la pression des États-Unis sur les Européens qui maintiendra les sanctions.
Le 7 février, avant le début de la guerre, Michael Hudson soulignait que la véritable cible de l’instigation américaine d’une guerre en Ukraine est l’Allemagne :
La menace pour la domination américaine est que la Chine, la Russie et le cœur de l’île du monde eurasien de Mackinder offrent de meilleures opportunités de commerce et d’investissement que celles offertes par les États-Unis, qui demandent de plus en plus désespérément des sacrifices à leurs alliés de l’OTAN et autres.
L’exemple le plus flagrant est la volonté des États-Unis d’empêcher l’Allemagne d’autoriser la construction du gazoduc Nord Stream 2 afin d’obtenir du gaz russe pour les prochains froids. Angela Merkel s’était mise d’accord avec Donald Trump pour dépenser un milliard de dollars dans la construction d’un nouveau port GNL afin de devenir plus dépendante du GNL américain, dont le prix est élevé. (Le plan a été annulé après que les élections américaines et allemandes ont changé les deux dirigeants). Mais l’Allemagne n’a pas d’autre moyen de chauffer nombre de ses maisons et immeubles de bureaux (ou d’approvisionner ses entreprises d’engrais) que le gaz russe.
Le seul moyen qui reste aux diplomates américains pour bloquer les achats européens est d’inciter la Russie à une réponse militaire, puis de prétendre que venger cette réponse doit l’emporter sur tout intérêt économique purement national. Comme l’a expliqué la sous-secrétaire d’État aux affaires politiques, Victoria Nuland, lors d’un point de presse du département d’État le 27 janvier : « Si la Russie envahit l’Ukraine, d’une manière ou d’une autre, le Nord Stream 2 n’avancera plus« . Le problème est de créer un incident suffisamment offensif et de dépeindre la Russie comme l’agresseur.
Le gouvernement allemand actuel est plus ou moins sous contrôle américain. Il faudra le changer pour que l’absurdité des sanctions cesse. Un « hiver de mécontentement » (voir ci-dessous) y parviendra probablement.
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Sur le site de Larry Johnson, Helmholtz Smith examine le désastre des sanctions que l’« Occident » a provoqué contre lui-même et explique pourquoi la Russie n’a aucune envie de changer sa façon de faire actuelle :
OPÉRATION Z – NE LES INTERROMPEZ PAS
L’une des observations de Napoléon est qu’il ne faut jamais interrompre ses ennemis lorsqu’ils commettent une erreur. Les Russes le savent, notamment parce qu’ils ont pris soin de ne pas interrompre Napoléon lui-même en 1812. Poutine et son équipe ont eu de nombreuses occasions de rencontrer les dirigeants de l’OTAN, de les observer, de négocier avec eux et de les évaluer. Il est peu probable qu’ils soient très impressionnés. Mais lorsqu’ils ont lancé leur « opération militaire spéciale » en Ukraine, ils n’auraient jamais pu imaginer à quel point l’OTAN allait être autodestructrice.
Quelles erreurs ? Premièrement, l’Occident ne s’est pas tiré une balle que dans le pied avec ses sanctions économiques – le Hongrois Viktor Orban a raison lorsqu’il observe qu’il s’est tiré une balle dans les poumons. On peut toujours boiter avec un pied cassé, mais une balle dans les poumons, c’est plutôt grave. Deuxièmement, qui, à Moscou, aurait pu imaginer que l’OTAN déverserait ses stocks de munitions et d’armes dans le trou noir ukrainien en espérant que s’ils parviennent à donner une nouvelle Wonderwaffe au général Steiner, il sera à Moscou pour Noël.
Une bonne raison pour Moscou d’y aller doucement est de laisser ces erreurs se développer, s’aggraver et se métastaser. C’est en train de se produire tout seul. Naturellement, inévitablement, logiquement. Aucun effort extérieur n’est requis. Un bonus inattendu.
Ne l’interrompez donc pas.
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Même The Economist l’a remarqué – un hiver de mécontentement pour l’Europe. (Il pense toujours que c’est Poutine qui a mis le doigt dans l’engrenage. Mais The Economist a fait sa part pour nous amener à ce point).
Pourquoi Moscou voudrait-il que tout cela s’arrête bientôt ? Le temps travaille et l’ennemi fait beaucoup d’erreurs.
Alors ne l’interrompez pas.
Moon of Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
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