par Mohamed El Bachir.
« La France n’est plus ce qu’elle était, j’ai les larmes aux yeux »
Des élections législatives dans un contexte de guerre par procuration…
Quelles que soient les raisons qui ont poussé la Russie à faire la guerre en Ukraine et qu’on soit pour ou contre cette guerre, un état de fait est indéniable : l’État français a engagé le peuple français dans cette guerre, au-delà de la solidarité toute naturelle envers la population ukrainienne. En effet, en envoyant des armes pour défendre l’Ukraine tout en appuyant les candidatures de la Finlande et de la Suède au sein de l’OTAN, on alimente le feu aux frontières de la Russie. Ainsi, loin d’être un médiateur entre la Russie et l’Ukraine, le président français E. Macron a joué le rôle de pyromane. Un rôle partagé par l’Union européenne. Un rôle qui, sous la banière de l’OTAN, appuie la politique internationale des États-unis dans sa nouvelle guerre froide menée contre la Russie, la Chine et l’Iran…
Mais si la première guerre froide s’est terminée par l’effrondement de l’Union soviétique (URSS), quelles seront les conséquences de cette deuxième guerre froide ?
Et c’est dans ce contexte géopolitiqe international que se déroulent les élections législatives en France.
Au centre du débat, les préoccupations de la population concernant les services publics dont l’École et la Santé sans oublier les questions sociales et écologiques… Des préoccupations légitimes mais débattues en faisant abstraction de cet environnement géopolitique. Comme si cet environnement n’a et n’aura aucun impact sur le devenir de la population française. Et nul besoin d’être économiste ou expert pour prévoir que toute politique interne en France est et sera dépendante de ce contexte. Et ce, quelle que soit la puissance économique de l’UE et de la France.
Car comme le souligne Henri Guaino : « une chose en tout cas est certaine : cette guerre est, à travers l’Ukraine martyrisée, une guerre entre l’Occident et la Russie qui peut déboucher sur un affrontement direct par une escalade incontrôlée ».
Faisant référence à la naissance du Front populaire le 3 mai 1936, le secrétaire national du Parti communiste français, Fabien Roussel, compare la Nouvelle Union populaire, écologique et sociale (la NUPES) au « Front populaire » en déclarant que « c’était de grandes avancées sociales. On est aujourd’hui à un tournant aussi historique que celui-là ».
Sans aucun doute sur le plan social mais Fabien Roussel fait abstraction du contexte historique comme d’ailleurs les autres membres de la NUPES. Car il faut bien souligner que le contexte international de 2022 est aussi comparable sur certains points à celui de 1936. Pour le moins, en ce qui concerne les enjeux géostratégiques. Sur ce point, la lecture de l’article de Henri Guaino intitulé, « Nous marchons vers la guerre comme des somnanbules »[2] est fort édifiant.
Et les répercussions du contexte intenational se font sentir déjà sur les conditions de vie de la majorité de la population mondiale !
Un débat indigent
Selon les prévisions du FMI, la guerre assombrit les perspectives de l’économie mondiale tandis que l’inflation s’accélère. Cette nouvelle guerre froide survient alors que « l’économie mondiale ne s’est pas encore totalement remise de la pandémie. Avant même la guerre, l’inflation s’était accélérée dans de nombreux pays en raison des déséquilibres entre l’offre et la demande et de l’aide apportée par les pouvoirs publics pendant la pandémie, ce qui avait entraîné un resserrement de la politique monétaire. Les dernières mesures de confinement prises en Chine pourraient provoquer de nouveaux goulets d’étranglement dans les chaînes d’approvisionnement mondiales ».
Un contexte international où chaque parole de diplomate, russe, américain, chinois, iranien, israélien… est scrutée, analysée parce que susceptible d’être annonciatrice d’un déluge à l’échelle mondiale. Mais en France, on considère que ce contexte géopolitique n’a aucune incidence sur la politique interne et donc point de débat sur les conditions dans lesquelles le programme de la NUPES est susceptible d’être appliqué. Si jamais majorité, il y a !
Certes, les sanctions économiques contre la Russie prises par les États-Unis et l’Union européenne tout en alimentant la guerre ont un impact indéniable sur la Russie mais « il semble cependant être très réduit par rapport à ce qu’annoncent les experts occidentaux ou par rapport aux désirs de certains dirigeants ». Et le souhait du ministre français des Finances, Bruno Le Maire d’assister à « l’effondrement de l’économie russe »[5] n’a pas été exaucé.
Mais la guerre continue. Et au vu des liens historiques entre l’Ukraine et la Russie, nul besoin d’être expert pour comprendre que cette guerre est la traduction de la volonté russe de retisser ces liens historiques avec l’Ukraine contre un monde occidental perçu comme un danger existentiel… À tort ou à raison ?
Une chose est sûr, des exemples dans le passé récent plaident plutôt pour l’existence d’un impérialisme occidental prédateur avec comme idéologie économique, l’ultra-libéralisme. Une idéologie conduisant l’humanité inexorablement vers un « après moi le déluge ». Et omettre d’en tenir compte risque de conduire au pire.
Enfin, pour conclure et appuyer le propos ci-dessus et sans ironie, il faut souligner la convergence involontaire, sans doute, entre l’ancien responsable politique de droite, l’eurosceptique H. Guaino et le Secrétaire général du PCF, F. Roussel. Le premier fait un parallèle entre la situation géopolitique internationale actuelle et la Seconde Guerre mondiale en alertant que : « Nous marchons vers la guerre comme des somnanbules ». Le second fait un parallèle entre la NUPES et le « Front populaire de 1936 »[3].
Le premier montre la face sombre d’une réalité, le second sa face reluisante.
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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