La politique de bombardement de l’OTAN en Ex-Yougoslavie en 1999 et celle de la Russie en Ukraine sont intéressantes à comparer : objectifs et planification strictement militaire côté russe ; côté américain, on n’oublie pas de tirer sur des objectifs qui présentent un intérêt médiatique et politique.
Les Russes essaient de s’en tenir à des objectifs strictement militaires et évitent au maximum de pénaliser les civils. Par exemple, ils ne cherchent pas à couper l’électricité, les livraisons de gaz viennent seulement d’être coupée – avec l’arrivée du printemps – alors que cela fait un moment que Kiev ne paie plus.
Les ponts sont rarement touchés, ne sont susceptibles d’être visés que ceux par lesquels les armes occidentales entrent en Ukraine, pour l’instant, il n’y a guère que le pont à Odessa dont on ait entendu parler. Les ponts sur le Dniepr ne sont pas touchés, il est vrai que les Russes sont tout à fait favorables au fait que les Ukrainiens envoient leurs réserves dans le laminoir du Donbass, ils estiment que c’est plus facile de les écraser là que d’aller les chercher ensuite dans les Carpates.
De même, le réseau ferroviaire n’a été touché que longtemps après le début de l’opération, il est vrai que, là aussi, les militaires russes avaient une arrière-pensée : pour eux, le moment optimal pour frapper le réseau, c’était au moment de l’arrivée effective des livraisons d’armes, ainsi, on provoque des embouteillages de convois très vulnérables aux attaques de missiles. Mais, en tout cas pour l’instant, les bâtiments administratifs ne sont pas touchés, les résidences officielles ou personnelles de Zelensky ne sont pas inquiétées. Les Russes semblent totalement négliger la planification politique et médiatique de la campagne.
À Belgrade, les bombardements ont débuté le 24 mars (1999), et pratiquement tout de suite, dans la nuit du 4 au 5 avril, les Américains bombardaient le ministère de l’Intérieur rue Kneza-Milosa, l’une des principales artères de la capitale, puis, dans la foulée, l’académie de police. La phase I de la campagne, l’élimination des défenses antiaériennes, n’était pourtant pas achevée, et la phase II, bombardement des troupes au sol, à peine entamée, mais visiblement, les Américains étaient pressés de passer au plus tôt à la phase III : les objectifs politiques.
Péripétie cocasse, le ministère de l’Intérieur yougoslave était client de la société d’informatique Bull, et deux ingénieurs français étaient détachés là-bas depuis trois semaines, poursuivant leurs prestations comme si de rien n’était : visiblement, on ne pensait pas que le bâtiment pouvait être une cible légitime, mais le lundi, bien entendu, ils en ont été quittes pour prendre le premier avion pour Paris, comme quoi, la destruction du ministère était même prioritaire sur la destruction d’un aéroport ! Si jamais il y avait eu une chambre de torture dans le ministère, les deux Français ne l’ont pas vue, dans les sous-sols non plus, c’est justement là que se trouvaient les salles informatiques dans lesquelles ils travaillaient. Mais d’après l’OTAN, jamais avare d’une énormité sur ses ennemis, c’est là qu’était planifiée l’épuration ethnique au Kosovo !
Sans doute dans la même logique, le 21 avril, c’est le bombardement du bâtiment abritant le siège du Parti socialiste serbe (SPS) de Milosevic. Sa résidence sera touchée le lendemain.
Mais même au-delà des ministères, l’OTAN s’en prenait aussi aux infrastructures civiles :
Deux centrales de chauffage urbain et un aqueduc ont été détruits à Novi Sad et Novi Beograd. Les ponts sur le Danube étaient coupés, notamment à Novi Sad, alors que des civils l’empruntaient, ou celui de Backa Palanka, le but étant d’entraver les communications terrestres et les transports fluviaux. Le 23 avril, raid contre le bâtiment de la télévision serbe RTS à Belgrade qui fait au moins 8 morts. Le 3 mai, première utilisation des bombes à graphite qui coupent le courant électrique dans presque toute la Serbie pendant une nuit. Bien entendu, l’OTAN avait imposé un embargo pétrolier à la Yougoslavie.
Pour finir, une liste des vilaines bavures de l’OTAN, la plus grosse, la date est facile à retenir, le 8 mai, c’était l’ambassade de Chine !
(liste complète sur le site des Échos 72 jours d’opérations militaires | Les Echos)
5 avril : première bavure. L’OTAN bombarde par erreur une zone résidentielle dans la ville d’Aleksinac, faisant 17 morts, selon Belgrade.
12 avril : bombardement à Grdelicka d’un pont où passait un train de voyageurs : 55 morts, selon Belgrade.
27 avril : un raid touche une zone résidentielle de Surdulica (Serbie) : une vingtaine de morts, selon la RTS.
1er mai : un autocar est bombardé sur un pont près de Pristina : 47 morts, de source serbe. Belgrade propose une force civile internationale au Kosovo.
14 mai : 87 morts dans le bombardement d’un village au sud du Kosovo. L’OTAN évoque l’hypothèse d’une utilisation de « boucliers humains ».
30 mai : plusieurs bavures de l’OTAN font 55 morts, de source serbe.
1er juin : l’OTAN déclare avoir détruit en 26 000 raids les deux tiers des armes lourdes des forces serbes au Kosovo : on sait aujourd’hui que c’était le début de la guerre contre la Russie.
source : Jeune Nation
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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