Un article du général Guillemain (lien 1) a fait dire au général Dubois que J. Guillemain écrivait comme un porte-parole du Kremlin.
Voir ci-dessous la réponse de Guillemain à Dubois
(Lien 1) https://www.profession-gendarme.com/point-de-vue-du-general-francais-jacques-guillemain-situation-russie-ukraine/
4 mai 2022 Jacques Guillemain GUERRE OTAN CONTRE RUSSIE
Mon positionnement sur le conflit en Ukraine, à 180° du narratif officiel imposé par Washington et Kiev à tout l’Occident, me vaut de nombreuses critiques, y compris dans le milieu militaire, lequel, pour l’essentiel, épouse l’odieuse propagande anti-russe distillée par l’Otan et les médias, qui se complaisent dans le mensonge permanent, au mépris de toute éthique professionnelle.
L’Occident veut ignorer que la Russie n’est plus l’URSS et fait tout pour prolonger la guerre froide. Un choix totalement suicidaire dicté par Washington, pour défendre ses seuls intérêts.
C’est ainsi que mon dernier article, « Voyage en Novorossia… », a suscité une réprobation totale du général Dubois, que nos lecteurs connaissent bien, puisqu’il s’exprime de temps à autre dans nos colonnes.
En total désaccord avec cet atlantiste inconditionnel, j’ai déjà eu l’occasion d’échanger avec le général Dubois sur l’Otan, cette alliance devenue offensive, qui ne fait que semer la mort à travers le monde depuis la dissolution du Pacte de Varsovie en 1991. J’y reviendrai.
Selon le général, mes textes sur l’Ukraine sont tellement outranciers que j’en perds toute crédibilité. « Un porte-parole du Kremlin ne ferait guère mieux », dit-il.
Il ajoute néanmoins comprendre l’annexion de la Crimée et les raisons du conflit limité au Donbass. Ce qui serait un moindre mal, s’il ne perdait pas toute crédibilité en déclarant que dans l’immédiat, « il y a un agresseur et un agressé ». Le fort qui se prétend menacé par le faible.
Éternel refrain occidental sans jamais évoquer les causes réelles de cette légitime offensive russe.
Et de nier le caractère néo-nazi de certains éléments proches du pouvoir à Kiev, tout en dénonçant « les villes ravagées et les victimes civiles ukrainiennes », alors que la Russie reste bien à l’abri des destructions.
« Le colonel Guillemain critique aussi la livraison d’armes offensives à l’Ukraine », ajoute le général, en argumentant que nul ne saurait être jugé responsable des victimes et des destructions parce qu’il résiste à l’agresseur.
Et le général Dubois termine avec un couplet sur le courage des Ukrainiens face à l’envahisseur.
Ce discours pro-ukrainien, sans nuances, n’a rien d’étonnant, alors que l’hystérie collective anti-Poutine, largement entretenue par Washington et le déluge mensonger de l’artillerie médiatique, finit par priver nos élites de toute réflexion sensée et de tout jugement impartial.
Biden l’a dit : Poutine est un boucher et Zelensky est le nouveau Churchill, c’est devenu un postulat.
Mais la vérité est que, depuis plus de deux mois, je n’ai entendu qu’un seul discours :
La Russie est l’agresseur, il faut donc tout faire pour qu’elle subisse une défaite. Je souhaite bien du plaisir à ces matamores.
Peu importe que l’Ukraine soit un État mafieux et corrompu, peu importe que Zelensky joue du piano et de la guitare à poil sur l’estrade et soit cité par les Panama Papers. Zelensky, c’est le Churchill ukrainien. On croit rêver !
Mais mettre sous le tapis les véritables causes du conflit et faire croire aux Ukrainiens qu’ils peuvent gagner cette guerre est tout simplement un positionnement criminel. Si Biden était persuadé de cette victoire, il aurait déjà envoyé ses marines sur le sol ukrainien, ou bien il aurait lancé une armada de 1 000 avions bombarder la Russie, comme en 1999 sur la petite Serbie.
Mais la Russie, avec ses missiles hypersoniques et ses 6 000 têtes nucléaires, n’est pas la Serbie. L’Otan a toutes les chances de perdre une guerre contre l’ours russe. J’y reviendrai.
Par conséquent, faire la guerre à la Russie par procuration, en saignant le peuple ukrainien et en détruisant des pans entiers des infrastructures, c’est un crime odieux des Occidentaux.
Quand Poutine aura obtenu ce qu’il veut, car il l’obtiendra n’en doutons pas, il faudra bien trouver des responsables autres que le maître du Kremlin. Cette guerre, qui n’est pas la nôtre, devrait être terminée depuis longtemps si l’Otan ne s’en était pas mêlée.
Combien de civils, combien de soldats des deux camps devront encore mourir parce que Biden et Zelensky s’obstinent à refuser l’évidence ? Le Donbass et la Crimée ne font plus partie de l’Ukraine.
En armant l’Ukraine de plus en plus massivement, non seulement l’Occident saigne le peuple ukrainien, mais il joue avec le feu. Le feu nucléaire s’entend, comme je l’ai déjà écrit.
Le général Dubois, en parfaite osmose avec le discours officiel, se garde bien de dire quelques vérités :
Tout d’abord, aucun média ne dévoile que Kiev a massé 50 ou 60 000 hommes à l’ouest du Donbass pour agresser en mars 2022 les républiques séparatistes pro-russes. Ce qui a précipité l’offensive russe. C’est prouvé. Qui est le véritable agresseur depuis 2014 ?
Ce sont les Américains qui ont refusé en 1990 que la Russie soit arrimée à l’Europe.
Ce sont encore les Américains qui ont promis à Gorbatchev de ne jamais élargir l’Otan à l’Est et ont trahi leur parole.
Quand le pacte de Varsovie a été dissous en 1991, les Occidentaux ont conservé l’Otan avec ses 16 membres, européens pour la plupart.
Vainqueurs de la guerre froide, les Américains, au lieu de construire la paix et de dissoudre l’Otan devenue obsolète, ont intégré 14 pays de l’ex-URSS dans l’Alliance et installé leurs missiles aux frontières de la Russie qui ne menaçait plus personne.
En 2022, cinq pays de l’Otan possèdent encore des armes nucléaires américaines sur leur sol. Qui menace qui ?
Depuis 1990, l’Otan n’a plus rien d’une alliance défensive, c’est au contraire un outil offensif aux ordres de Washington pour régenter le monde. C’est toujours l’Otan l’agresseur, en Serbie, en Libye, en Irak, en Syrie, en Afghanistan. Avec les succès que l’on sait…
En 1999, l’Otan a bombardé la Serbie alliée de Moscou avec une armada de 1 000 avions et dépecé le pays en l’amputant en 2008 de la province du Kosovo, devenu un État mafieux siège de tous les trafics : êtres humains, armes, stupéfiants et organes.
L’Occident pleure sur le sort de l’Ukraine, mais il applaudissait aux bombardements de la malheureuse Serbie, accusée injustement de génocide. Car le mensonge, c’est une spécialité de la CIA et de l’Otan pour justifier les expéditions coloniales de l’Oncle Sam.
Souvenons-nous du mot de Mike Pompéo, ex-Secrétaire d’État américain :
« J’ai été directeur de la CIA et nous avons menti, triché, volé. C’était comme si nous avions eu des stages entiers de formation pour apprendre à le faire. »
Ces bombardements criminels contre un petit pays qui n’avait agressé personne ont duré 78 jours. Les avions de l’Otan ont effectué 38 000 sorties, entraînant de nombreuses bavures et victimes civiles.
La récupération de la Crimée par Moscou n’est donc que le juste retour du boomerang pour l’indépendance du Kosovo, imposée à Belgrade en totale violation du droit international et au mépris de la Russie, encore trop affaiblie pour s’opposer à cette ignominie.
Quand Poutine refuse de voir l’Ukraine devenir une base avancée de l’Otan aux frontières de la Russie, c’est exactement ce que Kennedy a refusé en 1962, quand Khrouchtchev a voulu installer ses missiles nucléaires à Cuba.
Non, ce n’est pas Poutine qui a enterré les accords de Minsk. C’est l’Ukraine qui ne les a jamais respectés en refusant d’accorder l’autonomie au Donbass prorusse.
L’Occident gémit sur le sort de l’Ukraine, mais depuis 2014 les habitants du Donbass subissent eux aussi des bombardements ukrainiens perpétuels sans que l’Europe, ni l’Amérique ne s’en émeuvent. 13 000 morts en 8 ans.
Qu’en pense Zelensky, lui qui fait pleurer toutes les chancelleries occidentales ? Qu’en pense BHL, le champion de la désinformation sur tous les plateaux TV ?
Le régiment Azov, qui torture et décapite les soldats russes, cela choque-t-il notre grand combattant des droits de l’homme, ou bien y aurait-il des victimes plus dignes de compassion que d’autres ?
Tout l’Occident veut soi-disant la paix, mais une trentaine de pays arment l’Ukraine et attisent les braises. Ce sont maintenant des F-16 et des chars Abrams qui sont livrés à Kiev ! Pure folie.
Zelensky ne cesse de distiller la haine et de demander des sanctions toujours plus lourdes contre le peuple russe. Il veut que la Russie soit interdite des ports et des aéroports du monde entier. Il veut la bannir de toutes les instances internationales. C’est un va-t-en-guerre que la presse européenne encense.
Est-il raisonnable d’humilier la Russie avec des sanctions sportives et culturelles, en pénalisant les artistes et la culture slaves, les sportifs qui ne sont en rien responsables de la guerre ?
C’est une pure barbarie, le contre-modèle absolu d’un peuple civilisé. C’est se comporter comme les talibans dynamitant les Bouddhas de Bâmiyân, en Afghanistan, ou comme l’État islamique détruisant les vestiges de Palmyre, en Syrie.
Ce que veut Zelensky, c’est un engagement de l’Otan au risque d’un embrasement généralisé. Le soutien des Occidentaux lui donne des ailes et il ne cesse de faire pression sur l’Europe.
L’Occident en fait un héros, alors qu’il ne fait qu’aggraver les souffrances de son peuple en restant terré dans son bunker.
Mais Zelensky n’est pas un saint. Il dirige un pays corrompu. Le régiment Azov est bien une unité nazifiée, ce que l’Occident refuse de reconnaître. Éternelle morale à géométrie variable du gendarme du monde…qui a fait des milliers de victimes au cours de ses multiples guerres menées partout depuis 1945 pour conserver sa suprématie planétaire.
« L’Otan, c’est un million de bombes tous azimuts et des millions de victimes depuis 1990 » (Général Dominique Delawarde).
Il faut bien défendre le roi dollar et satisfaire les lobbys du pétrole et de l’armement. Sinon, à quoi servirait un budget Défense de 800 milliards de dollars ?
En annonçant brutalement que l’Ukraine serait la bienvenue au sein de l’UE, Ursula von der Leyen a démontré une fois de plus son incompétence et sa totale irresponsabilité, alors que Poutine s’oppose à cette adhésion et à toute intégration dans l’Otan. Rien de tel pour braquer l’ours russe encore davantage et difficile de faire plus stupide ! N’est pas Thatcher qui veut !
Zelensky a d’ailleurs sauté sur l’occasion, s’exprimant devant le Parlement européen pour réclamer une procédure accélérée d’adhésion. Comme si l’Europe devait intégrer sans attendre un État corrompu, en faillite et entouré d’éléments nazis !!
Nul ne sait comment va se terminer cette guerre, qui a changé de nature à cause de l’arrogante Amérique, assoiffée de domination. Mais si les Occidentaux avaient écouté les légitimes demandes de Poutine, afin de garantir la sécurité de la Russie, de l’Ukraine et de l’Europe, le monde n’en serait pas là.
Il serait temps que les Européens ne se comportent plus en vassaux des États-Unis, qui ont tout fait pour enflammer la région et retirer les marrons du feu de ce conflit, sans tirer eux-mêmes un seul coup de fusil.
Ils ont ressuscité l’Otan moribonde, ils ont relancé la guerre froide pour 30 ans, ils ont enterré à jamais le grand projet d’une vaste Europe de l’Atlantique à l’Oural, si cher à de Gaulle. Ils peuvent se réjouir, du moins à court terme.
Et les naïfs cocus Européens applaudissent, au nom de la paix et du droit international, alors qu’ils sèment la haine par leur surenchère permanente dans les sanctions et les livraisons d’armes.
Quand j’entends Bruno Le Maire vouloir détruire l’économie russe, alors que l’Europe va souffrir bien davantage que la Russie et que des famines risquent de sévir en Afrique et au Moyen-Orient, je me dis que l’Europe est en train de se suicider.
Depuis 70 jours, l’Occident a fait le choix de l’escalade sans jamais parler de négociations. À tort, car ni l’Europe, ni les États-Unis n’ont les moyens d’engager un véritable affrontement avec la Russie, en pointe pour de nombreux armements conventionnels.
Par conséquent, Poutine ira jusqu’au bout de ses objectifs. Voilà 30 années que l’Occident trompe et humilie les Russes. Cette époque est révolue, ce sera dorénavant un rapport de force entre Moscou et l’Europe.
Avoir gagné la guerre froide pour revenir au point de départ 30 ans plus tard, c’est certainement le plus retentissant échec politique depuis 1945. Merci Oncle Sam, merci les élites européennes ! Toute la paix en Europe est à reconstruire.
Et nous, Français, quittons l’Otan. Nous n’avons pas à être les supplétifs des États-Unis dans leurs guerres de domination. Des guerres qui se sont toutes terminées par d’abominable fiascos.
Je rappelle aussi à tous ceux qui ruminent leur haine antirusse, que ce sont les Russes qui ont gagné la guerre contre les nazis. Hitler a englouti 80 % de son armée dans les steppes russes. Sans le sacrifice du peuple russe, jamais les Alliés n’auraient pu débarquer. Les Occidentaux ont la mémoire courte.
Je termine avec quelques chiffres que livre le général Delawarde, un des rares analystes du conflit à tenir un discours autrement plus crédible et lucide que les niaiseries diffusées dans les médias.
Et j’invite les va-t-en-guerre de plateaux TV, qui s’imaginent bouter les Russes hors d’Ukraine, à lire le lien ci-dessous.
« Jusqu’à preuve du contraire, la Russie n’a pas déclaré de mobilisation partielle et encore moins générale de ses forces pour mener cette « opération spéciale ». Dans le cadre de l’Opération Z, elle n’a utilisé, jusqu’à présent, que 12% de ses soldats (des professionnels ou des volontaires), 10% de ses avions de chasse, 7% de ses chars, 5% de ses missiles et 4% de son artillerie. Chacun observera que le comportement des élites dirigeantes occidentales est, jusqu’à ce jour, beaucoup plus fébrile et hystérique, que le comportement de la gouvernance russe, plus calme, plus placide, plus déterminée, plus sûre et maîtresse d’elle-même, de son action et de son discours. Ce sont des faits. »
Par conséquent, prétendre que l’armée russe s’essouffle, qu’elle a subi de lourdes pertes, qu’elle manque de munitions, qu’elle n’a plus le moral et surtout qu’elle peut être vaincue, comme je l’entends sur les ondes, tout cela relève de la farce la plus grotesque.
Nul ne conteste que l’armée russe subit des pertes toujours trop lourdes, ce que reconnaît le ministère de la Défense russe. Mais que dire des pertes ukrainiennes systématiquement passées sous silence ?
À l’heure actuelle, un affrontement entre la Russie et les États-Unis tournerait à l’avantage de Moscou. Non seulement les Américains sont dépassés en armement conventionnel, notamment avec les missiles hypersoniques imparables, mais dans tous les exercices d’évaluation de guerre de haute intensité, les « wargames », les unités US sont laminées huit fois sur dix.
Quant à la France, qui manque déjà de munitions pour une petite opération au Sahel, elle tiendrait 48 heures dans un conflit de haute intensité, nécessitant des dizaines de milliers d’obus et de bombes.
À mon humble avis, si Zelensky accepte de négocier, Poutine pourra se contenter du Donbass et d’un corridor jusqu’en Crimée. Mais s’il s’obstine, il ira jusqu’à Odessa et jusqu’en Transnistrie.
Et ce ne sont ni les armes de Biden ni les sanctions européennes qui l’en empêcheront.
Je ne sais pas si je me fais « le porte-parole du Kremlin », mais je pense tenir un langage de vérité, loin des délires antirusses et va-t-en-guerre de certains, qui prolongent le malheur et la mort au sein de la population ukrainienne.
Source : Riposte Laïque
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