Samedi 23 avril à l’UQAM, dans un événement organisé par les Nouveaux cahiers du socialisme, la compagne de Pierre Beaudet, la professeure Anne Latendresse et ses deux fils Alexandre et Victor accueillaient avec une simplicité chaleureuse une centaine d’invités en personne et autant sur internet, afin de partager leurs souvenirs de celui qui avait transformé leurs vies. Comme le rapporte sa collègue Feroz Mehdi, il pratiquait selon l’enseignement de Gramcsi « le pessimisme de l’intelligence et l’optimisme de la volonté ».
On le surnommait l’incomparable jongleur de la paix, pour sa capacité à rassembler des révolutionnaires en calmant leur impatience tentée par la violence et des universitaires réformateurs dont il « boostait » les désirs de changement, le tout pour des objectifs suffisamment équilibrés pour qu’ils tombent sous le radar des subventionnaires-censeurs d’Ottawa.
Car avec le SUCO, il avait connu le désenchantement après tant d’œuvres utiles de solidarité internationale lâchement assassinées par les Conservateurs. Mais inlassablement, sa combattivité rebondissait, en particulier à travers son travail chez Alternatives et au Forum Social Mondial, de Porto Allegre à Montréal jusqu’à l’Afrique (Tunis, Dakar, Nairobi, …) au service de l’altermondialisme, concept tout à fait opposé à la mondialisation capitaliste.
Il avait notamment lutté au CIDMAA aux côtés de notre Ami des Artistes pour la Paix, Aziz Fall, des professeurs uqamiens Dan O’Meara et Rachad Antonius, pour faire tomber l’apartheid en Afrique du Sud, en accueillant Mgr Desmond Tutu à Montréal et en le connectant non seulement avec les syndicats, mais aussi avec des partis gouvernementaux municipaux et provinciaux. Même Mulroney avait été séduit.
Son grand cœur ouvert au monde entier l’avait entraîné à appuyer les luttes de libération nationale sur les routes de la Palestine, du Pakistan et de l’Inde, du Niger et évidemment d’Afrique du Sud, comme en a témoigné notre ami cinéaste Malcolm Guy. Coup de cœur de voir publié par Entrée Libre, revue mensuelle éditée par des jeunes de Sherbrooke, un de ses derniers articles faisant la lumière sur l’Afghanistan, pays honteusement exploité par le Canada, à côté de trois autres articles des Artistes pour la Paix, dont celui co-signé Izabella Marengo sur l’espoir ténu des négociations de paix en Ukraine. L’Amérique du Sud n’avait selon Georges Le Bel aucun secret pour lui qui avait fait venir, à Montréal, le syndicaliste Lula, avant qu’il devienne président du Brésil : on sait que les charges fictives pour son emprisonnement, acceptées par un juge véreux destitué depuis, sont tombées, le rendant à nouveau éligible, et le président actuel Bolsonaro craint tellement de l’affronter lors de la prochaine élection, vu son avance dans les sondages, qu’on le dit tenté par un coup d’État militaire fasciste.
Une trop brève collaboration avec Pierre que je remercie pour ses intenses corrections (merci aussi à son assistant Benhmade) a permis à ma prose lyrique d’artiste d’apprivoiser plus de rigueur universitaire pour que mon chapitre sur le militarisme s’insère dans son ouvrage Enjeux et défis du développement international (Presses de l’Université d’Ottawa, août 2019). En résumé : un colonialisme pétrolier entraîne dans des guerres syriennes et autres la Russie et les pays membres de l’OTAN. Le complexe militaro-industriel-médiatico-académique-humanitaire impose sa (hors-la) loi de fer, à laquelle la majorité des pays occidentaux se plient en leurs dérives et leur soumission aux puissances nucléaires. S’y opposera un pacifisme éclairé par de rigoureux principes écologiques et les règles de la démocratie de la Charte de l’ONU.
Source: Lire l'article complet de L'aut'journal