par Vincent Gouysse.
Ces derniers temps, ceux qui lisent la presse chinoise assistent à un véritable festival d’humour sarcastique. Comme la plupart des esclaves salariés occidentaux, persuadés de leur « exceptionnalité » innée et éternelle, n’estiment naturellement n’avoir rien à apprendre de l’étranger (une « immunité » naturelle conférée par le racisme atlantiste multiséculaire « normal », aujourd’hui massivement anti-russe et anti-chinois), le lobby politico-médiatique atlantiste n’a pas encore jugé utile de censurer ouvertement les médias chinois, mais au rythme actuel des choses cela pourrait néanmoins advenir rapidement…
Au cours des derniers jours, on a vu l’un des principaux organes médiatiques officiels du Parti Communiste Chinois publier une série d’articles illustrés. Cette saga en sept volets intitulée « Commentaire illustré sur l’hégémonie à l’américaine » se compose des épisodes suivants : (1) Les initiateurs de la crise ukrainienne ; (2) Le « marionnettiste » qui tire les fils dans les « coulisses » des turbulences mondiales ; (3) Un « vampire » qui amasse sans vergogne de l’argent partout dans le monde ; (4) Les « conspirateurs de la guerre froide » du XXIe siècle ; (5) Un « fabricant de poisons » qui répand la peste, la haine et la guerre ; (6) Des « pseudo-gardiens » des droits de l’homme qui n’ont aucune considération pour la vie ; (7) Un « Voldemort » qui détruit l’ordre international. Voilà pour les thèmes abordés, et voici les principales illustrations correspondantes…
Pour le Quotidien du peuple, le conflit actuel révèle « les véritables intentions des États-Unis, c’est-à-dire freiner le développement d’autres pays et de consolider la position dominante de Washington dans le schéma international » : « Ce que les États-Unis font pour maintenir leur hégémonie sème la discorde et les conflits dans le monde ». Voici de larges extraits de cette série d’articles :
« Sous la direction des États-Unis, l’OTAN a persisté à pousser sa soi-disant ligne de défense de « sécurité collective » jusqu’à la frontière russo-ukrainienne, ce qui a finalement conduit à la crise ukrainienne. (…) Après le déclenchement de la crise ukrainienne, les États-Unis ont crié « arrêtez la guerre », mais leur action réelle a été de verser de l’huile sur le feu par tous les moyens. Le 10 mars, les États-Unis ont approuvé 13,6 milliards de dollars d’« assistance à l’Ukraine ». Début mars, le New York Times a rapporté que les États-Unis et l’OTAN avaient livré plus de 17 000 armes antichars à l’Ukraine en six jours. (…) Les États-Unis allument l’incendie en premier, puis attisent le vent, et c’est le peuple ukrainien qui en paie le prix. Le HCR a déclaré le 31 mars que 4 millions de personnes avaient fui l’Ukraine et qu’environ 6,5 millions étaient devenus des sans-abri. Les États-Unis crient halte à la guerre tout en tenant en même temps un couteau à la main. Ce comportement de pompier pyromane montre toute la nature hypocrite des Etats-Unis ».
« Depuis le déclenchement du conflit entre la Russie et l’Ukraine, les États-Unis n’ont cessé de verser de l’huile sur le feu et de livrer successivement des armes à l’Ukraine. (…) Selon un récent rapport publié par l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm en Suède, les États-Unis et leur complexe militaro-industriel, en tant que « plus grand exportateur d’armes au monde », « réalisent plus de profits » dans le conflit russo-ukrainien. Le cours des actions des géants américains de l’armement confirme également cette affirmation : du 24 février au 28 mars, le cours de l’action Lockheed Martin a augmenté de plus de 13%, Northrop Grumman de plus de 13,4% et General Dynamics de plus de 10%. Les États-Unis ne cessent de créer des tensions de peur que le conflit ne s’arrête. Ils veulent simplement gagner de l’argent avec la guerre pour remplir leurs propres poches et maintenir leur position hégémonique le plus longtemps possible ».
« Récemment, l’affaire des laboratoires biologiques américains en Ukraine a suscité une attention générale. En fait, les activités militaires biologiques des États-Unis en Ukraine ne sont que la pointe de l’iceberg. Au nom de la « coopération pour réduire les risques de biosécurité » et du « renforcement de la santé publique mondiale », le département américain de la Défense contrôle 336 laboratoires biologiques dans 30 pays à travers le monde, répartis en Afrique, en Europe de l’Est, en Asie du Sud-Est et au Moyen-Orient. Il y a de fréquents accidents dans ces laboratoires et un grand nombre de dangers potentiels pour la sécurité. (…) La base biologique de Fort Detrick aux États-Unis est quant à elle qualifiée de « centre des expériences les plus sombres menées par le gouvernement américain » par les médias américains. La base a connu de nombreux accidents de sécurité et a été finalement fermée en juillet 2019. Face aux inquiétudes et aux doutes de la communauté internationale, les États-Unis ont toujours éludé les choses importantes et tenté de s’en sortir de manière superficielle avec des mensonges légers. Que font les laboratoires biologiques que les États-Unis ont dans le monde entier ? Washington doit apporter une clarification complète avec une attitude responsable et donner une réponse au monde ».
« Depuis leur fondation, les États-Unis n’ont jamais cessé de s’immiscer dans les affaires intérieures d’autres pays et de renverser le pouvoir politique d’autres pays, et ont toujours plongé le monde dans les troubles avec leur comportement hégémonistes. Ce « Voldemort », qui sape la paix et la stabilité mondiales, a eu recours à des moyens tels que l’ingérence dans les élections, l’incitation à l’agitation, la subversion du pouvoir politique et même la guerre dans le monde entier pour pratiquer l’interventionnisme et l’intimidation. L’histoire des États-Unis est entièrement une histoire de guerre, ce qui est un fait reconnu par la communauté internationale. Depuis leur fondation en 1776, les États-Unis ont été en état de guerre environ 93% du temps ; au cours des 10 dernières années, les États-Unis ont envahi plus de 20 pays ou provoqué des changements de régime dans les pays concernés, et sont intervenus à plusieurs reprises et ont manipulé la « révolution de couleur » de certains pays. En regardant un peu partout, que ce soit en Amérique latine, au Moyen-Orient, en Europe de l’Est et d’autres endroits, la situation politique est turbulente, les troubles civils se poursuivent, le terrorisme devient de plus en plus intense ou la situation régionale continue d’être tendue. Le « chef-d’œuvre » des États-Unis créant des troubles peut être vu partout dans le monde d’aujourd’hui ».
Le 17 avril, le Global Times reprenait également cette thématique à travers un article intitulé « « Le Voldemort« de l’ordre mondial : L’Amérique est le « Seigneur des Ténèbres« cherchant à détruire l’ordre international » ! Un message des plus explicites aux fans d’Harry Potter, chinois comme occidentaux… Les semaines précédentes, les mass-médias chinois s’en étaient déjà donnés à cœur joie, comme l’illustrent les caricatures d’un autre organe médiatique officiel majeur, mais indéniablement, la critique chinoise va crescendo au fil du temps !…
Aussi est-il évident que si la Russie ne bénéficie aujourd’hui d’aucun appui militaire chinois en Ukraine, il n’en va pas de même sur le plan idéologique. L’appui moral de la Chine est incontestable… inconditionnel et massif !
De toute évidence, si la résistance désespérée opposée par les détachements de chocs ukronazis et l’armée régulière ukrainienne (dont les principales infrastructures et dont la plus grande partie du matériel lourd ont déjà été décimés) est supérieure à ce qu’attendait Moscou, les révélations permises par l’opération militaire ainsi que la campagne occidentale de désinformation à la sauce Goebbels ont indéniablement renforcé la cohésion du front intérieur de la Russie, celui de son opinion publique, au grand désespoir des médias atlantistes forcés de reconnaître implicitement le total échec de leur « psy-op » en Russie :
« C’est une étude aux résultats qui peuvent sembler étonnants du point de vue des Occidentaux. Plusieurs semaines après le début de la guerre déclenchée par la Russie en Ukraine, 83% des Russes approuvent les actions de Vladimir Poutine en mars, un chiffre en augmentation de 12% par rapport au mois de février, selon une étude du Levada Center, un institut de recherche et d’analyse de l’opinion publique russe indépendant, et considéré par l’État comme ‘agent étranger’ ».
La situation n’est pas plus reluisante pour la propagande atlantiste en Chine. Selon une enquête d’opinion réalisée du 30 mars au 7 avril auprès des internautes chinois, ce sont pas moins de « 89,2% des internautes chinois » qui jugent que « les États-Unis sont un pays hégémonique et tyrannique sur la question ukrainienne », et seuls 5,6% ont jugé les États-Unis « justes et équitables », tandis que 5,2% déclaraient ne pas avoir d’opinion sur la question…
L’hypocrisie et la partialité infinies de la presse atlantiste mainstream apparaissent aujourd’hui dans toute leur nudité aux yeux de ceux qui ne sont pas victimes de la « cancel culture » occidentale systémique. Quoique l’on pense de sa décision d’intervention, Vladimir Poutine est de toute évidence loin d’être le fou dément, irrationnel et isolé (en Russie comme à l’international) dépeint il y a quelques semaines par la presstituée atlantiste… Si la Guerre du cœur et des esprits semble déjà perdue à l’extérieur des frontières du monde atlantiste, une autre guerre semble au moins toute aussi mal engagée pour l’Occident.
La guerre économique des sanctions ne tourne également pas à l’avantage de l’Occident déjà forcé de reconnaître à demi-mots que la Russie a d’ores et déjà remporté « une première victoire dans la bataille du rouble ». Un autre média atlantiste va même plus loin et concède que « le rouble se porte comme un charme, malgré la guerre en Ukraine » « grâce à un excédent commercial sans précédent » : « Les exportations sont solides, et avec des prix des hydrocarbures (pétrole, gaz) élevés ». En bref, les sanctions occidentales ont complètement manqué leur cible désignée, mais promettent fort heureusement d’atteindre pleinement leur cible secondaire (les peuples occidentaux en voie de paupérisation absolue accélérée), qu’on dépeindra comme un « dommage collatéral » pour tenter de les consoler…
La situation économique se dégrade en effet rapidement en Occident. La Banque de France a d’ores et déjà abaissé ses prévisions de croissance pour 2022. Et la situation économique n’était déjà guère brillante en 2021 : selon les dernières statistiques de l’INSEE, la France a enregistré un déficit commercial record de 9 milliards d’euros sur le seul mois de novembre 2021, et cela n’est « ni un accident ni une exception », mais une tendance structurelle lourde résultant « de l’érosion rapide de la compétitivité du pays » induite notamment par « la désindustrialisation accélérée que nous connaissons, et qui alimente le sentiment partagé par de nombreux Français d’un déclassement économiques de notre pays ».
Au 1er trimestre 2022, les faillites d’entreprise en France affichent une croissance de 34,6% en glissement annuel. Les analystes lucides estiment surtout que bien que le pire (un durcissement de la Guerre du gaz) ait ponctuellement été mis en suspens pour des raisons de cirque électoral présidentiel en France, il n’en constitue pas moins une menace majeure de dislocation et d’effondrement des économies occidentales. Et le gaz russe pourrait être le premier domino : « En cas de rupture d’approvisionnement de la Russie, « les prix partiraient dans tous les sens, la liquidité s’effondrerait, prévient Jean-François Cirelli. On serait dans une situation de dislocation ». En d’autres termes, « l’Europe risque un Lehman Brothers de l’énergie »…
Et il faut bien comprendre que les bouleversements actuels de l’approvisionnement énergétique européen (pénuries et renchérissement) ne sont pas ponctuels, mais promettent au contraire d’être durables et d’impacter très négativement l’économie et les lambeaux de l’industrie de bazar occidentale : « Anticipant une baisse des livraisons d’énergies russes vers l’Ouest, le président russe Vladimir Poutine avait déclaré le 14 avril vouloir réorienter les exportations dans ce secteur de l’Europe vers l’Asie ».
Cette dernière, du moins son centre de gravité, se porte en effet à merveille. Au 1er trimestre 2022, la Chine a vu les IDE affluant sur son sol croître de 25,6% en glissement annuel à 379,87 milliards de yuans. Dans le même temps, son commerce extérieur a enregistré une croissance de 10,7% à 9420 milliards de yuans (soit 1480 milliards de dollars). Surtout, l’excédent commercial a poursuivi sa croissance, les exportations bondissant de 13,4% à 5230 milliards de yuans, tandis que les importations progressaient de 7,5% à 4 190 milliards de yuans… À 1040 milliards de yuans, il représente 19,9% du volume des exportations ! Les autorités chinoises sont donc optimistes pour l’année en cours et comptent si besoin prendre « des mesures pour stimuler la consommation » afin de « stabiliser les fondamentaux économiques », en particulier si le besoin s’en faisait sentir au gré de l’évolution de la conjoncture internationale…
Les expérimentations des Dr « Empire of the Lies » et « Euro-Reich » sur le zombie européen… Le Dr Mengele n’a qu’à bien se tenir ! Un message limpide envoyé le 24 mars par la diplomatie russe à destination des roquets atlantistes européens… Et un autre message encore moins flatteur sur la perception de l’Europe par la Russie :
De toute évidence, si le conflit actuel est quant au fond l’expression de rivalités inter-impérialistes et vise indéniablement à un repartage (des plus radical !) des sphères d’influence à l’échelle internationale, il déborde du cadre strictement matériel et revêt de plus en plus la forme d’un conflit de civilisations, un conflit opposant la société de consommation atlantiste post-industrielle vivant comme un vampire de la sueur et du sang des peuples des pays dépendants maintenus sous son joug quasi-exclusif par une politique coloniale fasciste, à la promesse d’un nouvel ordre mondial sous leadership sino-russe débarrassé de ce joug protectionniste agressif…
Un conflit qui ne semble pas tourner à l’avantage du bloc atlantiste, que ce soit sur le plan militaire, économique ou moral ! Au gré de la phase terminale de sa crise de déclassement, de nombreux mythes atlantistes sont déjà tombés, qu’il s’agisse de la « démocratie » et des « droits de l’Homme »… Même les héros de l’Occident n’ont pas été épargnés : Terminator a été irrémédiablement infecté par Skynet, et Harry Potter s’est transformé en Voldemort… Surtout, alors que la Russie est loin d’avoir jeté toutes ses forces dans cette bataille, la Chine (dont la puissance industrielle littéralement écrasante n’a pas été mobilisée sur le théâtre militaire) observe attentivement l’évolution de la situation et pourrait déjà avoir envoyé un coup de semonce (économique) implicite à l’Occident via le confinement musclé de Shanghai sous le prétexte Omicron, une mise sous cloche radicale qui promet de nouvelles perturbations majeures de la chaîne industrielle mondiale et en particulier de l’approvisionnement commercial de l’Occident en biens de consommation et en biens intermédiaires bon marché… L’empire atlantiste, d’ailleurs bien mal en point, n’est certainement pas le seul à être en position de mener une « guerre hybride » !..
Il y a deux semaines, le tacticien en chef des contre-mesures économiques russes et de la naissance du futur système monétaire mondial post-occidental, Sergey Glazyev, donnait une interview particulièrement éclairante sur l’enjeu fondamental des bouleversements mondiaux en cours. Au-delà des poncifs rebattus sur l’échec du socialisme en URSS propre à tous les économistes bourgeois, il livrait une analyse fine des événements actuels à replacer dans le cadre de l’effondrement des sociétés occidentales et de l’avènement d’une nouvelle étape de développement du capitalisme bâtie sur les ruines du colonialisme occidental et de sa politique agressive de « containment » : le souverainisme et l’État providence de nouveau à l’ordre du jour. Un « printemps » des nations longtemps soumises au joug de l’occupation coloniale atlantiste. Les russes et les chinois sont sans conteste très habiles et promettent de rallier les élites bourgeoises-compradore du monde entier avec leurs échanges en roubles/yuans/monnaies locales/matières premières… La promesse d’un retour à l’économie réelle, une fois la parenthèse de la bulle spéculative de la « société de consommation » occidentale fermée ! La fin de la domination colonialiste mondiale va adosser les économies occidentales à leur création réelle de valeur (c’est-à-dire à bien peu de choses), au lieu de la valeur extorquée à l’international (cette source étant sur le point de se tarir)… Des pans entiers de ce qui subsiste de « l’industrie de bazar » occidentale vont s’effondrer (aéronautique civile, automobile par exemple), sans oublier la majeure partie de leur « secteur tertiaire ». Le tournant fasciste de l’Occident n’est pas un hasard… Écoutons-donc Glazyev pour lequel « des événements comme celui-ci se produisent une fois par siècle ». De son point de vue petit-bourgeois (trimondiste et anti-colonialiste), parce qu’il vise le « bien-commun » de pays représentant la majeure partie de la population mondiale, « le nouvel ordre économique mondial est idéologiquement socialiste ».
« Comme l’Empire britannique l’a fait autrefois, ils cherchent à maintenir leur hégémonie dans le monde. Les événements qui se déroulent aujourd’hui sont une manifestation de la façon dont l’élite financière et oligarchique du pouvoir des États-Unis tente de maintenir sa domination mondiale. On peut dire que depuis 15 ans, elle mène une guerre hybride mondiale, cherchant à chaotiser les pays qui échappent à son contrôle et à freiner le développement de la RPC. (…) Aujourd’hui, la concurrence économique a déjà fait que les États-Unis ont perdu leur leadership. (…) Si nous regardons le taux de croissance depuis 1995, l’économie chinoise a été multipliée par 10, tandis que l’économie américaine n’a augmenté que de 15%. Ainsi, il est déjà évident pour tout le monde que le rythme du développement économique mondial se déplace actuellement vers l’Asie. (…) Déjà en 2020, la Chine a atteint une croissance économique de 2%, alors qu’aux États-Unis, il y a eu une baisse de 10% du PIB (les analystes ont noté la plus forte baisse depuis la Seconde Guerre mondiale – ndlr). Aujourd’hui, les Chinois ont retrouvé des taux de croissance d’environ 7% par an, et il ne fait aucun doute que la Chine continuera à se développer avec confiance, en développant la production d’un nouveau mode technologique. (…) Les tentatives de Trump de limiter le développement de la Chine par des méthodes de guerre commerciale ont échoué. Dans le même temps, ils ont fait un boomerang sur les États-Unis eux-mêmes. Ensuite, les Américains ont ouvert un front de guerre biologique, lançant le coronavirus en Chine, espérant que les dirigeants chinois ne feraient pas face à cette épidémie et que le chaos surviendrait en Chine. Cependant, l’épidémie a montré une faible efficacité des soins de santé US et a créé le chaos aux États-Unis même. Le système de gestion chinois a également montré ici une bien plus grande efficacité. En Chine, le taux de mortalité est nettement inférieur et ils ont fait face à la pandémie beaucoup plus rapidement ».
Encore plus récemment, Sergey Glazyev a insisté sur le rapprochement stratégique croissant de la Chine et de la Russie. Mais Sergey Glazyev apparaît aujourd’hui surtout comme l’architecte du futur système monétaire mondial post-occidental qui sera adossé à un panier de monnaies nationales et de ressources naturelles liées à l’or, un système qui permettra de « libérer » « le Sud global de la dette occidentale et de l’austérité imposée par le FMI », c’est-à-dire de détacher définitivement les pays dépendants de la sphère coloniale atlantiste. Pour l’Occident, cette période de transition (désormais imminente) aura des conséquences proprement cataclysmiques, car renfermant en elle la promesse de l’effondrement de l’ensemble de son système de prédation monétaire sur lequel est adossé la redistribution mondiale de la plus-value fondant le modèle « démocratique » de la société de consommation postindustrielle occidentale :
« La transition vers le nouvel ordre économique mondial sera probablement accompagnée d’un refus systématique d’honorer les obligations en dollars, en euros, en livres et en yens. À cet égard, ce ne sera pas différent de l’exemple donné par les pays émetteurs de ces monnaies qui ont jugé bon de voler les réserves de change de l’Irak, de l’Iran, du Venezuela, de l’Afghanistan et de la Russie à hauteur de milliers de milliards de dollars. Puisque les États-Unis, la Grande-Bretagne, l’Union européenne et le Japon ont refusé d’honorer leurs obligations et ont confisqué les richesses des autres nations détenues dans leurs devises, pourquoi les autres pays devraient-ils être obligés de les rembourser et d’honorer leurs prêts ? En tout état de cause, la participation au nouveau système économique ne sera pas limitée par les obligations de l’ancien système. Les pays du Sud peuvent être des participants à part entière du nouveau système, quelles que soient leurs dettes accumulées en dollars, en euros, en livres et en yens. Même s’ils devaient manquer à leurs obligations dans ces monnaies, cela n’aurait aucune incidence sur leur cote de crédit dans le nouveau système financier ».
De toute évidence, l’intervention militaire russe en Ukraine va agir comme un catalyseur et un ferment majeurs de la destruction de la sphère d’influence coloniale atlantiste. Elle promet un bouleversement radical des « règles du jeu » (dans la continuité de la conférence de Bandung d’avril 1955, mais conjuguée à la stratégie d’émergence tri-mondiste sophistiquée de la Chine) qui ne pouvait naître que de la coopération sans faille de deux acteurs majeurs combinant des industries de tout premier ordre, de gigantesques ressources énergétiques et stratégiques, ainsi qu’une puissance militaire dissuasive… C’est pourquoi l’épilogue du théâtre militaro-médiatique ukrainien représente un enjeu proprement existentiel au regard des élites d’Occident ! Pour Sergey Glazyev, le « partenariat stratégique russo-chinois » repose notamment sur des « intérêts communs », ainsi que la nécessité de faire front commun face aux « menaces communes émanant de Washington » dans la « guerre hybride mondiale visant à défendre » la « position hégémonique dans le monde » de « l’élite dirigeante américaine » :
« La guerre tarifaire américaine contre la Chine et la guerre des sanctions financières contre la Russie ont validé ces préoccupations et démontré le danger clair et présent auquel nos deux pays sont confrontés. Des intérêts communs de survie et de résistance unissent la Chine et la Russie, et nos deux pays sont largement symbiotiques sur le plan économique. Ils se complètent et accroissent leurs avantages concurrentiels respectifs. Ces intérêts communs persisteront sur le long terme. Le gouvernement et le peuple chinois se souviennent très bien du rôle de l’Union soviétique dans la libération de leur pays de l’occupation japonaise et dans l’industrialisation de la Chine après la guerre. Nos deux pays ont une base historique solide pour un partenariat stratégique et nous sommes destinés à coopérer étroitement dans nos intérêts communs. J’espère que le partenariat stratégique entre la Russie et la RPC, qui est renforcé par le couplage de l’Initiative Ceinture et Route et de l’Union économique eurasiatique, deviendra le fondement du projet du président Vladimir Poutine de grand partenariat eurasiatique et le noyau du nouvel ordre économique mondial ».
Il n’y a là rien d’étonnant en ce qui concerne ce rapprochement stratégique que nous avions décrit dès 2007, et qui permet de ressusciter une vieille (mais brève) amitié sino-russe (soviétique), liquidée par la tentative de la néo-bourgeoisie nomenclaturiste khrouchtchévienne d’inclure la RPC dans une asservissante « division socialiste internationale du travail » dominée par le social-impérialisme soviétique naissant. Quant à la « base historique solide » de ce partenariat stratégique sino-russe, elle est effectivement parfaitement fondée. En 2007, nous avions ainsi souligné que l’aide matérielle désintéressée fournie par l’URSS de Staline à la RPC de Mao au cours de ses premières années d’existence avait constitué un atout majeur de la politique d’industrialisation et de rattrapage technologique de l’impérialisme chinois au cours des décennies suivantes :
« S’il est vrai que les investissements essentiels ont été réalisés par les chinois eux-mêmes, il est non moins vrai que l’aide soviétique, tout en représentant un pourcentage infime des investissements industriels chinois des années 1952-1957, n’en avait pas moins une très grande valeur qualitative : l’édification des bases d’une industrie lourde de production des moyens de production permettait en effet de démultiplier le dynamisme et d’accroître l’autonomie de l’industrie chinoise toute entière dans des proportions gigantesques. La bourgeoisie impérialiste chinoise le reconnaît elle-même quand elle définit [dans un document officiel datant de 2006] la période allant jusqu’en 1957 comme ayant été marquée par la mise en place de « l’ossature de l’industrie chinoise » basée sur la construction de « 694 ouvrages de grandes ou moyennes dimensions, centrés sur les 156 projets de construction bénéficiant de l’aide de l’Union Soviétique ». En conséquence, la Chine avait produit près de 17 millions de tonnes d’acier durant la période 1953-1957, soit plus du double de la production cumulée des années de la période 1900-1948 ! Ce niveau de production était loin d’être ridicule puisque la jeune URSS n’avait produit que 4 millions de tonnes d’acier en 1927 – son niveau de 1913 ! »
De même, en 2015, nous avions souligné la contribution majeure de l’URSS de Staline à la fin de l’occupation coloniale japonaise en Asie. En effet, les fascistes japonais furent chassés de Mandchourie (qui fût ensuite rétrocédée à la Chine) par l’écrasante offensive de l’Armée Rouge lancée en août 1945… En quelques semaines, l’Armée Rouge libéra 1,5 million de km2 avec près de 300 000 soldats japonais tués à la clef… A titre de comparaison, ce sont 500 000 soldats japonais qui furent tués face aux troupes américaines tout au long de la période 1941-1945… Et au final, les deux bombes atomiques US servirent à envoyer un premier « message » (précurseur de la Guerre Froide) à « l’allié » soviétique et à occulter le rôle déterminant de l’URSS dans la libération de vastes territoires occupés par les fascistes en Asie… La conclusion donnée par Sergey Glazyev sonne indéniablement comme une revanche sur l’impérialisme américain, pour la Chine comme pour la Russie. De même que la présence des troupes de choc tchétchènes en première ligne des combats urbains les plus périlleux contre Azov à Marioupol, des troupes d’élite fières d’occuper une place de choix dans la destruction du colonialisme atlantiste dont les méthodes de déstabilisation américaines (salafisation) coûtèrent si cher au peuple de Tchétchénie dans les années 1994-2009… De nouveau un retour de boomerang majeur pour le Grand Oncle sénile d’Amérique et ses larbins d’Europe qui avaient rêvé de parvenir à achever le dépeçage de la Russie… et dont la Russie et ses alliés ne cachent plus être en retour bien déterminés à liquider la sphère d’influence coloniale !
Que la confrontation militaire occidentalo-russe reste dans les frontières ukrainiennes actuelles ou s’étende à d’autres parties du Monde, l’inéluctable victoire militaire à venir des forces armées russes et des patriotes antifascistes et anticolonialistes du Donbass marquera un jalon majeur de la phase finale d’effondrement de la sphère coloniale atlantiste. On entend déjà résonner la future « Marche de la Victoire » des combattants du Donbass qui résistent victorieusement depuis maintenant huit années à la « juridiction nazie » de Kiev, une chanson que bien des peuples d’un Monde si longtemps opprimé par le colonialisme Occidental pourraient prochainement reprendre à leur compte ! Seuls les merdias atlantistes faisant délibérément les autruches afin d’intoxiquer leurs esclaves indigènes en cours de déclassement feignent aujourd’hui de ne rien voir de l’imminente bérézina contemporaine multiforme qui attend le monde Occidental… Mais qu’importe, le déni systémique de la réalité contemporaine de la chute du « Roi nu » par ses valets ne pourra pas le sauver de la chute elle-même, mais promet seulement de la rendre plus douloureuse !
Vincent Gouysse pour www.marxisme.fr
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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