Asymptomatique au Covid-19 ? Lisez ce qui suit.

Asymptomatique au Covid-19 ? Lisez ce qui suit.

CAROLLE ANNE DESSUREAULT :

Est-ce qu’un ASYMPTOMATIQUE au Covid-19 peut en contaminer d’autres ?

Tout d’abord, quelques statistiques sur l’évolution du Covid-19 au Québec, au Canada, aux Etats-Unis et surtout mondialement.

QUELQUES STATISTIQUES en ce 8 avril 2020

MONDIALEMENT – 1 464 852 cas d’infection qui ont engendré 85 397 mortalités.

AUX ETATS-UNIS – 397 538 cas d’infection qui ont engendré 12 846 mortalités.

AU CANADA –   19 179 cas d’infection qui ont engendré 427 mortalités.

AU QUÉBEC – 10 031 cas d’infection qui ont engendré 175 mortalités.

Survol en Europe – En France, 10 869 morts ; en Italie, 17 669 morts ; en Allemagne, 2 105 morts; en Espagne, 14 673 morts ; au Royaume-Uni, 7 097 morts ; en Suède, 695 morts ; en Iran,

Ici au Québec, il y a eu beaucoup de critiques. Ne serait-il pas préférable de privilégier l’immunité collective en laissant libre cours au virus Covid-19 conne a choisi de le faire la Suède afin de permettre à plus de gens de passer à travers le virus et de développer l’immunologie, plutôt que de choisir le confinement comme a choisi le gouvernement québécois ?

Toutes les approches ont leur côté positif. Toutefois, lorsqu’une méthodologie est choisie, je crois que le meilleur est de s’y joindre totalement afin d’y donner une chance de succès. On peut être pour ou contre une façon de faire, mais finalement, la réalité est qu’on ne peut essayer deux méthodes à la fois. Il faut choisir. Ce sera après la crise qu’on pourra juger des protocoles qui ont obtenu de meilleurs résultats.

Je reviens au modèle de la Suède. Il est vrai que pendant un temps, le pays enregistrait peu de décès et on louait son choix de privilégier l’immunité collective. Mais, savez-vous qu’aujourd’hui le pays enregistre 8 512 cas de Covid-19 et 695 décès ! Sur une population de 10,5 millions d’habitants comparativement au Québec, par exemple, de 8,5 millions d’habitants, ils ont un peu moins de cas que chez-nous, mais beaucoup plus de décès ?

Cette pandémie nous prend au dépourvu, et il n’y a pas de recettes miracles. On essaie, on fait de notre mieux et on fait face.

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Maintenant, revenons à la question Est-ce qu’un ASYMPTOMATIQUE au Covid-19 peut en contaminer d’autres ?

Je vous invite à lire l’histoire de celle qu’on a appelé au début du siècle dernier La Typhoid Mary, une femme qui, à son insu, était porteuse de la fièvre typhoïde. Cette femme s’appellait Mary Mallon et n’a jamais présenté aucun symptôme de la typhoïde – elle a pourtant infecté des personnes et causé la mort de plusieurs. Plus, elle n’a jamais compris ce qu’on lui reprochait. Et sa vie s’est terminée dans un hôpital sur l’île North Brother où elle a séjourné pendant plus d’un quart de siècle.

Cette histoire a été publiée dans le NATIONAL GEOGRAPHIC en mars dernier par Nina Strochlic.

PHOTOGRAPHIE DE PHOTOGRAPH FROM BETTMANN/GETTYM

Mary Mallon était une cuisinière irlandaise qui a été identifiée comme la première porteuse saine de la typhoïde. Le croquis en début d’article date de 1909 et montre Mary Mallon en train de cuisiner des têtes de morts.

Mary Mallon ne présentait aucun symptôme de la typhoïde. Pourtant, elle a propagé la maladie en travaillant comme cuisinière dans la région de New York. Elle a été confinée dans un hôpital sur l’île North Brother où elle a séjourné pendant plus d’un quart de siècle. 

En 1906, une épidémie de typhoïde fait rage à Long Island dans une maison de vacances qu’un riche banquier loue avec sa famille et ses domestiques. Craignant pour ses affaires, la propriétaire des lieux fait appel aux services de George Soper. Fin août, six des onze occupants de la maison sont cloués au lit, en proie à la fièvre typhoïde.

On a décrit George Soper comme un détective hors pair. Après une formation d’ingénieur civil, il est devenu inspecteur sanitaire. Convaincu qu’une personne porteuse de l’agent pathogène est responsable de la transmission de la typhoïde, son attention se tourne vers Mary Mallon à Long Island, la cuisinière embauchée trois semaines avant que la première personne ne tombe malade.

George Soper a découvert qu’un porteur asymptomatique peut être à l’origine d’une épidémie. Il retrouve la trace des riches familles new-yorkaises qui ont employé Mary Mallon dans leurs maisons de vacances entre 1900 et 1907. En tout, vingt-deux personnes ont été frappées par la maladie. La fièvre typhoïde est une infection causée par la bactérie Salmonella typhi qui se propage habituellement par l’eau ou les aliments contaminés. Les malades sont pris d’une forte fièvre accompagnée de diarrhée. Avant la mise au point des antibiotiques, la typhoïde provoquait le délire et parfois même la mort.

New York a dû faire face à plusieurs éruptions de la maladie, alors assez courante, en l’absence de pratiques strictes en matière d’hygiène. En 1906, l’année où George Soper commence son enquête, six cent trente-neuf personnes ont déjà péri des suites de la typhoïde à New York. Cependant, jamais épidémie n’avait été attribuée à un seul porteur – encore moins à un porteur asymptomatique.

Un plat en particulier éveille les soupçons de George Soper : une crème glacée aux pêches que Mary a l’habitude de servir les dimanches. Et il parvient à la conclusion suivante : « Contrairement aux plats chauds où les bactéries sont éliminées par la cuisson, Mary a infecté les membres de la famille avec les microbes présents sur ses mains non lavées. »

 George Soper finit par retrouver Mary Mallon dans une belle demeure située sur Park Avenue. « Un mètre soixante-huit. Blonde aux yeux bleus. Un teint resplendissant de santé. Une bouche et une mâchoire plutôt saillantes ». C’est ainsi qu’il décrit la cuisinière irlandaise alors âgée de trente-sept ans. Cependant, lorsqu’il lui réclame des échantillons de selles et d’urine, Mary Mallon le met à la porte sur-le-champ, brandissant une fourchette en guise de menace.

Mary Mallon (quatrième à partir de la droite) a été placée en quarantaine avec d’autres détenues pendant plus d’un tiers de sa vie. Mallon n’a sans doute jamais vraiment compris pourquoi elle était à l’origine de la propagation de la typhoïde. On lui attribue cinquante et un cas de typhoïde dont trois décès au cours de deux épidémies distinctes.

Mary Mallon (quatrième à partir de la droite) a été placée en quarantaine avec d’autres détenues pendant plus d’un tiers de sa vie. Mallon n’a sans doute jamais vraiment compris pourquoi elle était à l’origine de la propagation de la typhoïde. On lui attribue cinquante et un cas de typhoïde dont trois décès au cours de deux épidémies distinctes. PHOTOGRAPHIE DE PHOTOGRAPH FROM SIENCE HISTORY IMAGES, ALAMY

Par la suite, une docteure qui prône ardemment l’hygiène et la santé publique, la Dr. S. Josephine Baker, est envoyée sur place pour tenter de raisonner Mary Mallon et la convaincre de fournir des échantillons. Rien n’y fait. Elle subit le même sort que George Soper. Cette docteure, Josephine Baker, dont le père a été emporté par la typhoïde, a fait de la médecine préventive son cheval de bataille (devenant par ailleurs la première femme à décrocher un doctorat en santé publique). Elle écrira plus tard : « En refusant de nous faire confiance, Mary s’est réservé un destin tragique ».

 Mary Mallon est emmenée de force à l’hôpital, accompagnée de Josephine Baker et de cinq policiers après une tentative d’évasion presque aboutie. Le verdict tombe : elle est porteuse de la bactérie Salmonella typhi, à l’origine de la typhoïde et d’autres tests prélevés sur d’autres échantillons confirmeront ces résultats. Elle est mise en quarantaine dans une petite maison dans l’enceinte du Riverside Hospital. L’établissement est isolé sur North Brother, une petite île au large du Bronx.

Rappelons que Mary Mallon ne présente aucun symptôme de la typhoïde et refuse de croire que c’est elle qui propage la maladie. Elle n’a sans doute jamais vraiment compris le sens du mot « porteur ». Pour couper court à l’infection, le seul moyen serait de lui enlever la vésicule biliaire. Elle refuse. Le quotidien New York American la surnomme « Typhoid Mary » en 1909, et le nom lui est resté.

Dans une lettre écrite à la main et adressée à son avocat en juin de la même année, Mary Mallon fait part de sa peine : « Un modèle de ‘vitrine’. Voilà ce que j’étais pour tout le monde. Même les stagiaires en médecine venaient me voir pour m’interroger sur les faits. Des faits que tous connaissent déjà. Les hommes atteints de tuberculose disaient : « La voilà, la femme kidnappée ». Le docteur Park a même décrit mon cas dans la revue Chicago. Je me demande si le docteur William H. Park aimerait être humilié de la sorte. Je me demande s’il apprécierait qu’on publie un article sur lui ou sa femme, en qualifiant l’un ou l’autre de Typhoid William Park. »

En 1909, elle intente un procès contre le département de santé de la ville de New York et l’affaire est portée devant la Cour suprême. Devant l’opinion publique, Mary Mallon soulève un débat épineux sur l’autonomie individuelle et la responsabilité de l’État dans la gestion des crises de santé publique. Devant le tribunal, son avocat soutient qu’elle a été emprisonnée sans procès équitable.

La Cour suprême refuse de la remettre en liberté, dans un souci de « protéger la communauté contre une éventuelle résurgence de la maladie ». Cependant, Mary Mallon est relâchée au début de l’année suivante par le nouveau commissaire à la santé de la ville à condition d’abandonner sa carrière de cuisinière.  

 N’ayant pas les compétences requises pour exercer d’autres métiers et ne pensant pas être réellement un danger public, elle décide de retourner aux fourneaux dans les régions de New York et de New Jersey. Elle cuisine pour un hôtel, un restaurant à Broadway, un spa et un pensionnat. En 1915, vingt-cinq personnes contractent la typhoïde au Sloane Maternity Hsopital.

Quand George Soper est appelé sur place, il découvre que la cuisinière, Madame Brown, n’est autre que Mary Mallon.

De nouveau, Mary Mallon est confinée sur l’île North Brother, cette fois de manière permanente. Elle passe ses journées à lire et à préparer des tests médicaux au laboratoire. Elle meurt en 1938 d’un AVC, près d’un quart de siècle après sa mise en quarantaine. Elle n’a jamais admis qu’elle était porteuse de l’agent pathogène responsable de la fièvre typhoïde. Peut-être n’y a-t-elle même jamais cru, n’ayant reçu aucune formation en la matière. Neuf personnes ont assisté à ses obsèques en l’église St. Luke, dans le Bronx.

 Au cours des deux épidémies, on attribue au moins cinquante et un cas de typhoïde à Mary Mallon, dont trois décès. De nombreux autres cas sont sans doute restés inconnus. « L’histoire de Typhoid Mary montre à quel point il est difficile de convaincre les personnes atteintes de ne pas infecter les autres », avertit George Soper. Les autorités avaient même changé leur manière de faire face à la menace. Au moment de la mort de Mary Mallon, les agents de santé à New York ont identifié plus de quatre cents porteurs asymptomatiques de la Salmonella typhi, mais aucun n’a été mis en quarantaine forcée.

C’est grâce à ce destin un peu tragique que la théorie des « super-propagateurs » a vu le jour. « Depuis l’histoire de Typhoid Mary, le rôle des porteurs asymptomatiques dans la propagation des maladies infectieuses revêt une importance primordiale », dit ainsi George Soper dans un discours de 1913. « Une importance reconnue dans chaque pays où le système de santé publique est efficace mais aussi au sein de chaque armée où les maladies transmissibles sont maîtrisées. »

 

Source: Lire l'article complet de Les 7 du Québec

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