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par John V. Whitbeck.
Deux principes souvent cités, chacun ayant des racines bien établies dans le droit international, sont souvent en conflit : l’intégrité territoriale des États et l’autodétermination des peuples.
Ce conflit récurrent et inévitable est évident dans les reconnaissances diplomatiques par la Russie des deux républiques séparatistes à majorité russe du Donbass dans lesquelles la plupart des gens souhaitaient manifestement se séparer de l’Ukraine, le pays auquel ils avaient été internationalement reconnus comme appartenant, ce qui était aussi le cas dans les anciennes régions soviétiques d’Abkhazie, d’Ossétie du Sud et de Crimée, toutes reconnues diplomatiquement comme États indépendants par la Russie (dans le cas de la Crimée, avant sa réintégration dans la Fédération de Russie), ainsi qu’au Kosovo.
Personne ne devrait s’étonner que le principe qu’un gouvernement proclamera absolu – ou du moins prévaudra et contrôlera – dans un cas particulier est celui qui sera compatible avec le résultat du conflit qu’il souhaitera dans ce cas.
Les États occidentaux qui claironnent actuellement (dans le cadre du conflit en Ukraine) l’applicabilité absolue et universelle du principe de l’intégrité territoriale des États n’ont eu aucun problème à soutenir l’autodétermination des peuples en Érythrée, au Timor oriental, au Soudan du Sud et, après 77 jours de bombardements de l’OTAN en violation flagrante du droit international, au Kosovo.
Une très faible majorité des États membres de l’ONU (97 sur 193) accorde actuellement une reconnaissance diplomatique au Kosovo. Les décisions à cet égard sont inévitablement influencées par des précédents potentiels proches de chez nous. Sur les cinq États membres de l’UE qui ne reconnaissent pas le Kosovo, deux, Chypre et l’Espagne, sont préoccupés par les mouvements séparatistes sur leur propre territoire, tandis que la Grèce refuse la reconnaissance par solidarité avec les Chypriotes grecs.
Il est également logique que la Chine, malgré sa relation « plus forte qu’une alliance » avec la Russie, vient de réaffirmer son profond attachement au principe de l’intégrité territoriale des États. La Chine est vivement préoccupée par les sentiments séparatistes à Hong Kong, à Taïwan et au Xinjiang.
Un exemple remarquable d’extrême souplesse dans l’application de ces deux « principes » est fourni par le Kosovo lui-même. S’étant appuyé sur le principe de l’autodétermination des peuples (et les bombes de l’OTAN) et l’ayant exploité pour parvenir à son indépendance effective, ce coin de la Serbie à majorité albanaise (la Serbie considère le Kosovo comme le cœur battant de l’histoire et de la culture serbes) a depuis lors refusé d’envisager la réintégration en Serbie de la partie nord du pays à forte majorité serbe, dont les habitants, à juste titre, ne veulent rien avoir à faire avec le Kosovo indépendant. Dans une attaque apparemment préventive contre une résolution rationnelle de ce différend, le gouvernement du Kosovo a même, de manière unique, placé la carte de son territoire post-indépendance sur son drapeau.
Enfin, le premier statut au monde du gouvernement américain dans la reconnaissance de la souveraineté israélienne sur Jérusalem-Est occupée et les hauteurs du Golan syrien occupé et dans la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur la République arabe sahraouie démocratique occupée (Sahara occidental) – dans les trois cas, contrairement aux souhaits de l’ensemble du peuple occupé – indique clairement que le seul principe auquel adhère systématiquement le gouvernement américain en la matière est le principe fondamental des relations internationales contemporaines : ce n’est pas la nature de l’acte qui compte, mais plutôt qui le fait à qui.
La plupart des gouvernements, particulièrement les plus puissants, choisissent leurs « principes » dans un menu à la carte en fonction de leur saveur du jour préférée.
source : Counterpunch
via La Gazette du Citoyen
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