Du Kosovo à l’Ukraine : Moscou dénonce des décennies de mensonges hystériques de l’OTAN

Du Kosovo à l’Ukraine : Moscou dénonce des décennies de mensonges hystériques de l’OTAN
  • Interview de Sergueï Lavrov
  • Interventions de Sergey Vershinin, représentant de la Russie, au Conseil de Sécurité de l’ONU

Interview du ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov par la chaîne de télévision RT Moscou, le 18 février 2022.

Source : Ministère des Affaires étrangères russe

Révision : lecridespeuples.fr

Question : Les médias et les politiciens occidentaux continuent d’attiser l’hypothèse d’une « invasion » de l’Ukraine par la Russie, même si de plus en plus de personnes ne croient plus à leurs déclarations. C’est déjà devenu une blague, même au Royaume-Uni et aux États-Unis. Pourquoi continuent-ils à le faire ? Quel est leur objectif ?

Sergueï Lavrov : Je suis certain que les personnes qui s’intéressent un tant soit peu à la politique étrangère sont convaincues que tout ceci n’est que propagande, « fake news » et mensonges. Le point principal est que les auteurs de ces fakes croient eux-mêmes ce qu’ils disent. Ils aiment ça. Si ça leur est agréable, pourquoi ne pas continuer à le faire ?

Tout cela est ridicule. Des personnes adultes « débitent » chaque jour des prédictions, des incantations. La revue Politico a déjà changé plusieurs fois la date de l’ « invasion ». Maintenant, elle annonce le 20 février. Dans le même temps, la Secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères britannique Liz Truss déclare qu’une « invasion » pourrait survenir à tout moment dans les prochains mois. Ils sont déjà en train de « marteler » cette perspective pour qu’elle devienne durablement une constante du paysage politico-médiatique. Le Secrétaire d’État américain Antony Blinken a déclaré que l’ « invasion » était une question de semaines, voire de jours. Nous savons que le Département d’État américain a informé confidentiellement ses alliés de l’OTAN qu’il fallait s’attendre à une « invasion » avant la fin du mois de février. Dans le même temps, le Secrétaire Général de l’Alliance Atlantique, Jens Stoltenberg (quoi que l’on puisse penser de ses activités), déclare qu’il ne dispose d’aucune donnée sur une « attaque » imminente. En parallèle, le Foreign Office britannique déclare : « Quoi qu’il arrive, nous devons être vigilants et prêts à tout. Même si la Russie retire ses troupes, la menace ne disparaîtra pas. » Ils préparent ainsi des prétextes pour l’avenir. Les troupes russes retourneront dans leurs casernes après la fin des exercices. Le processus est déjà en cours, comme ils peuvent le voir. Mais ils préparent le terrain et donnent le tempo pour l’avenir : « Même si la Russie ramène ses troupes là où elles sont stationnées en permanence, la menace restera présente ».

Tout cela se déroule sur la toile de fond du renforcement de la présence militaire et militaro-technique de l’OTAN, et de l’accroissement de ses infrastructures militaires. Les Britanniques ont annoncé qu’ils doublaient leurs forces militaires présentes en Estonie, et y envoyaient tanks et véhicules blindés. Linda Thomas-Greenfield, représentante permanente des États-Unis auprès des Nations unies, a été un exemple de « diplomatie raffinée » lorsqu’elle a déclaré devant des journalistes que « L’invasion de l’Ukraine par la Russie est imminente. Nous les avons vus à l’œuvre quand ils ont envahi d’autres parties de d’Europe de l’Est. » Ils ne nous accordent aucun répit.

Le chancelier allemand Olaf Scholz et les autres pays de l’OTAN affirment que l’OTAN est une alliance défensive. Lors de la conférence de presse qui a suivi leur entretien, le Président russe Vladimir Poutine a rappelé à Olaf Scholz le bombardement de la Yougoslavie en 1999. Ce dernier a répondu que l’OTAN était intervenue pour empêcher le génocide des Albanais du Kosovo. Ils l’ont fait avec succès, selon eux, et maintenant la région serait prospère et florissante. Mais c’est loin d’être le cas. Le Kosovo et certaines autres régions des Balkans occidentaux sont devenus des foyers de criminalité. Il y a des terroristes, des trafiquants de drogue là-bas. Des mercenaires y sont recrutés pour combattre dans les conflits, que les États-Unis, entre autres, fomentent secrètement. Selon certaines informations, des mercenaires sont également recrutés au Kosovo, en Albanie et en Bosnie-Herzégovine pour déséquilibrer la Russie et être envoyés, entre autres, dans le Donbass. Nous sommes en train de le vérifier.

La situation décrite par Olaf Scholz (quand la Yougoslavie a été bombardée) n’a rien à voir avec un génocide. La justice internationale n’a pas rendu ce jugement. Nous savons très bien ce qui a provoqué les bombardements : un citoyen américain, William Volker, dirigeait la Mission de Vérification de l’OSCE au Kosovo. C’était une période de combats. À un moment donné, il a rassemblé des journalistes et annoncé à la télévision que dans le village de Racak, 30 corps de civils avaient été retrouvés, torturés par les Serbes. Il a appelé ça un génocide et il a pris la décision unilatérale (alors qu’il n’en avait pas le droit) de retirer la Mission du Kosovo. C’est ce qui a déclenché le bombardement. Ils ont déclaré qu’après les « atrocités » commises contre des civils dans le village de Racak, « la coupe était pleine » et qu’ils allaient mettre fin aux activités du « régime criminel ».

Plus tard, un groupe spécial a été chargé d’enquêter sur cet incident. L’enquête a clairement établi qu’il ne s’agissait pas de civils mais de combattants tués au combat, qui avaient été habillés de vêtements civils après leur mort. Les trous dans leurs vêtements ne correspondaient pas aux blessures sur leurs corps. Ces affaires ont fait l’objet d’une enquête très poussée. Dire que l’OTAN a envahi la Yougoslavie avec de nobles visées est inexact et contraire à l’éthique.

La déclaration de William Volker a joué le même rôle que le tube à essai du Secrétaire d’État américain Colin Powell, qui contenait du dentifrice en poudre, mais a fourni une excuse pour envahir et détruire l’Irak. Jusqu’à présent, ni la démocratie ni l’économie n’ont prospéré dans ce pays. Nous connaissons bien le résultat de l’invasion américaine.

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Après la fiole d’anthrax, voici la preuve de l’assassinat de « l’opposant » Nemtsov par Poutine en 2015

Nos collègues de l’OTAN ne pourront pas éviter d’avoir une discussion sur la manière dont nous continuerons à mettre en œuvre les obligations auxquelles nous avons souscrit. Ils ne pourront pas interpréter de manière sélective un concept approuvé au plus haut niveau et qui garantit que toutes les composantes de la sécurité indivisible sont liées entre elles.

Voir la Lettre d’injonction de Sergueï Lavrov aux Etats membres de l’OTAN au sujet du principe de sécurité collective

Nous correspondons avec nos collègues américains. Nous avons réagi à leur réponse à nos initiatives de décembre. Jusqu’à présent, nous n’avons guère progressé sur les questions de principe. Nous continuerons à préconiser une approche globale. Il est impossible de conclure des accords durables sur des questions d’importance secondaire sans se mettre d’accord sur les concepts politiques de base qui sous-tendent notre interaction.

Question : Selon certaines informations, vous rencontrerez prochainement le Secrétaire d’État américain Antony Blinken. Cette rencontre aura-t-elle lieu ? Attendez-vous un quelconque progrès ?

Sergueï Lavrov : Nous avons convenu avec le Secrétaire d’État Antony Blinken que quand la Russie aura envoyé son document et qu’ils auront pris connaissance de notre vision de la situation, une rencontre entre nous sera organisée. Nous sommes tous deux intéressés par une telle rencontre, qui est dans notre intérêt et dans nos projets.

Je le répète : nous souhaitons expliquer en détail à nos collègues américains et à tous leurs alliés de l’OTAN que nous ne pouvons pas nous contenter de promesses. D’autant plus que les engagements écrits des chefs d’État et de gouvernement exigeant que les alliés de l’OTAN tiennent pleinement compte des intérêts de la Russie (sans parler des garanties verbales auxquelles le Président russe Vladimir Poutine a fait référence à plusieurs reprises) semblent n’avoir aucune valeur pour eux. Ça ne va pas se passer comme ça.

Nous allons insister pour une résolution équitable des différends. Je n’aime pas m’exprimer de manière familière, mais nous avons une notion : « Un vrai mec fait ce qu’il dit ». Ces « principes » devraient aussi être respectés au niveau international.

Pour une brève histoire de l’Ukraine et une synthèse des choix de la Russie face à une agression du régime de Kiev contre le Donbass, lire Russian options in the LDNR et Le judo ukrainien de Poutine

***

Déclaration et droit de réponse du vice-ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, Sergey Vershinin, lors de la réunion d’information du Conseil de sécurité consacrée à la situation en Ukraine, le 17 février 2022.

Source : Mission permanente de la Russie à l’ONU

Traduction : lecridespeuples.fr

Nous remercions la Secrétaire générale adjointe des Nations Unies aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, Mme DiCarlo [diplomate des Etats-Unis], le Représentant spécial du Président en exercice de l’OSCE en Ukraine et au sein du Groupe de contact trilatéral Mikko Kinnunen, et le Moniteur en chef de la Mission spéciale d’observation de l’OSCE en Ukraine Yaşar Çevik pour leurs idées. Nous sommes également reconnaissants à Mme Tetiana Montian d’avoir partagé de précieuses informations de première main sur la manière dont les décisions du Conseil de Sécurité pour la résolution du conflit interne ukrainien sont mises en œuvre dans la pratique.

Il n’est pas anodin que le Conseil ait cette discussion aujourd’hui : il y a 7 ans jour pour jour, le Conseil de Sécurité, dans sa résolution 2202, a approuvé à l’unanimité l’ensemble de mesures pour la mise en œuvre des accords de Minsk comme seule base juridique internationale pour régler le conflit civil dans l’Est de l’Ukraine. C’est pourquoi nous pensons que l’objectif principal de cette réunion est que le Conseil de Sécurité affirme qu’il n’y a pas d’alternative à ce document, qui constitue un jalon historique pour l’Ukraine.

Maintenant, sept ans se sont écoulés et, malheureusement, nous voyons de plus en plus de raisons de croire que nos voisins ukrainiens ne mettront toujours pas en œuvre les Accords de Minsk. Ils le disent ouvertement. Permettez-moi de citer quelques exemples les plus récents.

Hier, la vice-première ministre ukrainienne Irina Vereshchuk a déclaré : « Il n’y aura pas de nouvelles lois (concernant le statut spécial du Donbass), pas de coordination directe ». C’était après que le Président Zelensky a parlé au Chancelier Scholz. Soit dit en passant, elle a également déclaré que Kiev ne subissait aucune pression de l’Occident pour mettre en œuvre les Accords de Minsk.

Le 4 février, dans une interview à la chaîne de télévision ukrainienne 1+1, le ministre des Affaires étrangères ukrainien D. Kuleba a déclaré que les accords de Minsk ne pouvaient pas être mis en œuvre « aux conditions russes », auxquelles il a en quelque sorte attribué un dialogue direct entre l’Ukraine et le Donbass. Bien que cette exigence soit clairement stipulée dans les clauses des Accords de Minsk. Le chef du cabinet du Président de l’Ukraine, A. Yermak, a exprimé la même idée lors de la récente réunion des conseillers politiques du format Normandie qui s’est tenue à Paris.

Plus tôt, le 2 février, M. Kuleba avait déclaré : « Aucune des régions ukrainiennes ne pourra opposer son veto aux décisions à l’échelle de l’État. Ceci est coulé dans la pierre ! Il n’y aura donc pas de statut spécial, comme la Russie l’imagine, et pas de droit de veto ».

La veille, le 1er février, le Président Zelensky a également rappelé au monde entier l’indocilité de l’Ukraine. Tout en laissant entendre qu’il existait une solution « alternative » au conflit dans le Donbass, il a déclaré : « Kiev a des opinions divergentes sur l’ordre de mise en œuvre de certaines dispositions des accords de Minsk ».

Le 31 janvier, le Secrétaire du Conseil de la sécurité nationale et de la défense de l’Ukraine, O. Danilov, a déclaré dans une interview à l’Associated Press : « Le respect de l’accord de Minsk signifie la destruction du pays. Quand ils ont été signés sous le canon du fusil russe –sous les yeux des Allemands et des Français [qui n’ont rien fait]– il était déjà clair pour toutes les personnes rationnelles qu’il était impossible de mettre en œuvre ces documents. »

Les politiciens ukrainiens tentent constamment de faire croire à l’Occident que les accords de Minsk vont à l’encontre des intérêts de l’Ukraine. Mais si la construction de la paix sur le sol ukrainien fait partie de ces intérêts nationaux, de telles paroles ne devraient pas être prononcées.

Une autre excuse courante est la suivante : la Russie ne respecterait pas ses obligations au titre des Accords de Minsk. Je pense que nous pourrions entendre quelque chose de ce genre plus tard aujourd’hui. En même temps, il est évident qu’il n’y a aucune raison de poser la question de cette manière, car les Accords de Minsk ne contiennent aucune mention de la Russie. Je ne citerai qu’un avis à cet égard, l’avis de l’ancien juge de la Cour constitutionnelle d’Ukraine V. Shishkin, qui a récemment proposé d’engager des poursuites pénales contre M. Koutchma et M. Poroshenko qui ont participé à la signature des Accords de Minsk. Ce dernier est accusé du fait que « Minsk envisage 20 obligations pour l’Ukraine, 6 pour l’OSCE, 2 pour le Donbass, et aucune pour la Russie ».

Distingués collègues, permettez-moi encore une fois de vous rappeler brièvement le contenu du document [les Accords de Minsk] qui figure à l’ordre du jour de cette réunion. Je les résume disposition par disposition, dont l’ordre est strictement stipulé et ne peut être modifié :

1. Cessez-le-feu
2. Retrait des armes
3. Surveillance de l’OSCE
4. Lancement du dialogue entre Kiev et le Donbass
5. Amnistie
6. Échange de détenus
7. Accès humanitaire
8. Levée du blocus économique
9. Rétablissement du contrôle de la frontière par Kiev, si le segment 11 est appliqué
10. Retrait des formations étrangères et des mercenaires
11. Nouvelle Constitution qui prévoit un statut spécial pour le Donbass
12. Approbation de l’ordre de tenue d’élections
13. Intensification des travaux du Groupe de contact à Minsk

Sept ans se sont écoulés, mais aucune des dispositions de ces Accords n’a été pleinement mise en œuvre par l’Ukraine, à commencer par la toute première disposition, à savoir le cessez-le-feu. La cause profonde du problème est le refus systématique de Kiev d’avoir un dialogue direct avec les représentants autorisés de Donetsk et de Lougansk au sein du Groupe de contact. Cela se produit malgré le fait que les alinéas 4, 9, 11 et 12 du document stipulent directement un tel dialogue. Ce n’est pas notre « exigence » abstraite, c’est une obligation de l’Ukraine stipulée dans le document. Et c’est cette disposition que nos voisins cherchent de plus en plus souvent à contester, risquant ainsi de ruiner tout le processus de Minsk avec des conséquences des plus dévastatrices pour l’Ukraine.

L’Ukraine refuse obstinément de mettre en œuvre les dispositions des Accords de Minsk sur le dialogue direct avec le Donbass concernant l’ordre provisoire d’autonomie locale, le rétablissement des liens socio-économiques et la tenue d’une réforme constitutionnelle pour ancrer le statut spécial de la région. À l’heure actuelle, un projet de loi sur la décentralisation a été soumis à la Verkhovna Rada [Parlement] d’Ukraine. Le projet n’a pas été coordonné avec le Donbass et n’envisage pas de statut spécial pour cette zone.

La partie ukrainienne a fixé le cap de rejeter toute communication directe avec le Donbass dans le cadre du mécanisme de coordination. Les modèles que Kiev propose ne laissent aucune marge de manœuvre pour une réaction efficace aux violations du cessez-le-feu.

Les tentatives de rejeter la responsabilité sur la Russie et de la présenter comme une partie au conflit sont nulles et totalement infondées.

Je dois dire que nous sommes très déçus par la position « d’autruche » de nos collègues occidentaux qui tentent d’ignorer ces évidences. Il est également surprenant qu’ils tentent de minimiser les clauses des Accords de Minsk tout en mettant davantage l’accent sur le Format Normandie. Je rappelle que selon l’annexe 2 de la résolution 2202 du Conseil de Sécurité, le Format Normandie est « un mécanisme de surveillance » pour la mise en œuvre des Accords de Minsk plutôt qu’une plate-forme pour articuler de nouvelles décisions.

Depuis sept ans et sur toutes les plateformes, la Russie appelle les sponsors occidentaux de Kiev à exercer une certaine pression sur leurs protégés et à les obliger à respecter les Accords de Minsk. Mais ils ont fait exactement le contraire. Le sentiment croissant d’impunité et de permissivité a poussé les « têtes brûlées » à Kiev à inventer plus d’excuses et à se lancer dans de nouvelles aventures militaires contre leur propre population.

Maintenant, nous avons ce que nous avons : des milliers de victimes du conflit armé interne. Plusieurs millions d’habitants du Donbass sont des étrangers dans leur propre pays. Ils sont la cible de tirs de fusils d’assaut et de snipers, d’obus d’artillerie et de drones de combat. Quant aux représentants ukrainiens, ils ne cessent d’inventer des prétextes pour ne pas respecter leurs obligations et donnent l’ordre de bombarder la population pacifique.

Savez-vous ce qu’est « l’Allée des anges » ? C’est un mémorial à Donetsk commémorant les enfants tués par l’armée ukrainienne. Des enfants comme ceux qui sont morts sur la plage de Zugres, une ville du Donbass. Le 13 août 2014, elle a été prise pour cible par l’armée de l’air ukrainienne. Plus de 20 personnes ont été tuées, des dizaines blessées.

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L’Allée des Anges

Anastasia Ruban, 24 ans, était sur la plage avec son fils Maksim, âgé de deux ans, lorsque les forces ukrainiennes ont ouvert le feu avec un lourd lance-roquettes multiple. L’un des obus est tombé juste à côté d’eux. « Il y avait de la fumée et du sang partout. Les corps ensanglantés des enfants gisaient par terre », se souvient la jeune fille.

Le comité d’enquête de Russie et le holding de médias RT ont rassemblé cette histoire et d’autres qui illustrent les crimes de l’armée ukrainienne, qui utilise des moyens et des méthodes de guerre interdits. La Mission permanente de la Russie a fait circuler ces documents parmi les membres du Conseil de Sécurité hier. Je suggère que vous examiniez ces documents, mais s’il vous plaît soyez prêt à voir des choses terribles.

Voici un autre indicateur de « l’engagement » de Kiev à respecter les Accords de Minsk : l’enlèvement d’un observateur de Lougansk au Centre conjoint de contrôle et de coordination, A. Kosyak, qui s’est produit en octobre de l’année dernière. Monsieur Kinnunen, nous apprécierions que vous nous parliez de cet épisode. Nous savons que cet acte perfide constituait une violation directe du paragraphe 5 du paquet de Minsk qui interdit « la poursuite et la punition des personnes en relation avec les événements qui ont eu lieu dans certaines zones des régions de Donetsk et de Lougansk en Ukraine ».

Chers collègues,

En conclusion, permettez-moi d’exprimer l’espoir que les représentants des États occidentaux résisteront à la tentation de transformer cette réunion en plate-forme de rhétorique sans fondement et agressive pour alimenter les caméras de télévision, et qu’ils s’abstiendront de faire des allégations non fondées selon lesquelles la Russie serait sur le point d’attaquer Ukraine. Je pense que nous avons eu suffisamment de spéculations à ce sujet, c.-à-d. lors de la réunion du Conseil de sécurité initiée par les États-Unis le 31 janvier 2022. Nous avons expliqué tout ce qu’il y avait à expliquer. La prétendue date d’invasion que vous avez annoncée est déjà passée, alors peut-être feriez-vous mieux d’arrêter de vous mettre dans une situation délicate.

Merci. […]

Droit de réponse

J’ai suivi de près notre discussion d’aujourd’hui et les déclarations de mes collègues. Permettez-moi de faire une remarque sur plusieurs questions qui ont été soulevées aujourd’hui. Tout d’abord, des spéculations superflues autour de l’adresse des membres de la Douma d’État russe au Président Poutine avec une demande de reconnaissance [de l’indépendance] du Donbass.

Le point le plus important est qu’ils ont seulement demandé que cette question soit examinée. Cependant, la formulation même de la question reflète le sentiment qui peut être ressenti à la fois dans la société russe et dans le Donbass, dont la population a passé les sept dernières années sous les bombardements constants de l’armée ukrainienne. Nous en avons parlé aujourd’hui.

N’oublions pas que des centaines de milliers d’habitants de cette région ukrainienne ont la nationalité russe. Ils n’ont probablement pas eu d’autre choix une fois que l’Ukraine a cessé de remplir ses obligations en matière de sécurité sociale vis-à-vis de Donetsk et Lougansk.

Mais permettez-moi de souligner à nouveau qu’il ne s’agit que d’une initiative, d’une allocution de députés russes. C’est pourquoi il est important de se concentrer sur la mise en œuvre des Accords de Minsk, que beaucoup d’entre nous ont confirmés aujourd’hui, plutôt que sur des spéculations connexes. Raison de plus pour éviter de les porter au Conseil de sécurité, sinon nous nous retrouverons un jour à réagir à toutes les décisions de tous les parlements du globe. Permettez-moi d’attirer à nouveau l’attention sur ce qu’a dit le Président Poutine lorsqu’il a souligné que nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour garantir que le problème du Donbass soit résolu par la mise en œuvre des Accords de Minsk.

Le distingué M. James Cleverly a parlé du contexte des problèmes d’aujourd’hui. À mon avis, l’image était inexacte, unilatérale et même quelque peu superficielle. Permettez-moi de rappeler quelle période historique a précédé bon nombre des problèmes. C’était le coup d’État illégal et meurtrier à Kiev en 2014, lorsque les nationalistes et les radicaux sont arrivés au pouvoir et ont rejeté le dialogue avec la population russophone, préférant la menacer. Je me souviens d’une répression de la langue russe qui a commencé en Ukraine et qui se poursuit aujourd’hui. Je rappelle également que l’Ukraine développe de nouvelles versions de l’interprétation de l’histoire, qui envisagent même la glorification des criminels nazis. Tout s’est passé et a conduit, entre autres, à la sécession de la Crimée de l’Ukraine et à sa réunification avec la Russie après un référendum. L’image de ce conflit qui se développe doit donc être claire et précise, elle doit refléter les véritables raisons et les évolutions réelles de la situation.

Voir l’indispensable documentaire Crimée : Le retour à la Patrie

Quant à l’agression que la Russie serait prétendument en train de préparer contre l’Ukraine, certains partageraient complaisamment avec nous quelques scénarios militaires. Par exemple, le Secrétaire d’État américain l’a fait aujourd’hui. Il a énuméré certaines provocations comme prétendus prétextes pour attaquer l’Ukraine. De telles insinuations sont sans fondement mais causent nos plus profonds regrets. De plus, comme je l’ai dit, ces propos sont dangereux car ils ajoutent de la tension à l’atmosphère déjà tendue. Mais ce sont des mots.

La discussion d’aujourd’hui a également porté sur les déclarations qui ont été faites. Nous avons fait de nombreuses déclarations à différents niveaux qui soulignent ce que nous proposons et ce que nous sommes prêts à faire. Malheureusement, tout le monde ne perçoit pas et ne comprend pas ces déclarations qui sont prononcées à un niveau de décision très élevé à Moscou. Voilà pour les déclarations, passons maintenant aux faits. Quels sont les vrais faits ? Le fait est que les forces russes ont été et restent sur le territoire russe. Avant-hier, après les exercices, certaines unités ont commencé à se retirer vers les lieux de leur déploiement permanent sur le territoire russe. Les responsables russes ont répété à plusieurs reprises, et je me joins à eux, que notre pays mène des exercices militaires sur son territoire d’une manière que nous jugeons appropriée.

Permettez-moi de citer également d’autres faits. L’Ukraine viole le Document de Vienne de 2011 sur les mesures de confiance et de sécurité. Un contingent de 120 000 hommes est déployé à la frontière avec le Donbass du côté ukrainien. Selon des données publiques, l’année dernière, les États-Unis ont fourni à l’Ukraine pour 650 millions de dollars d’armements supplémentaires. Ce ne sont pas des jouets. Ce sont des armes qui tuent. Puis, seulement en janvier de cette année, ils ont fourni 200 millions de dollars supplémentaires d’armes. Cela n’inclut pas ce qui vient de Grande-Bretagne, du Canada, des États baltes. Tous ces États fournissent à Kiev des armes meurtrières : drones de combat, lanceurs de missiles antiaériens « Stinger », missiles antichars « Javelin », armes légères et munitions. La Pologne livre des munitions pour les canons de 122 mm et 152 mm, qui sont interdits par les Accords de Minsk. Que se passe-t-il donc ? Toute cette rhétorique agressive et ces avertissements incessants sur la menace militaire russe, à quoi servent-ils ? Sont-ils nécessaires pour expliquer ces livraisons, pour servir de prétexte ?

Il est évident pour nous que l’objectif final de cette campagne est de minimiser l’importance des pourparlers sur les garanties de sécurité juridiquement contraignantes de longue date pour notre pays que nous demandons. Nous avons exigé de telles garanties de l’OTAN et des États-Unis – de manière franche et transparente. Nous sommes prêts pour un dialogue sérieux, mais pas pour sa limitation. Vous savez qu’aujourd’hui, l’ambassadeur américain à Moscou a reçu notre réaction écrite à la réponse américaine sur les garanties de sécurité. Nous espérons que Washington étudiera très attentivement ce document écrit détaillé.

Merci. […]

En réponse au représentant de l’Ukraine

Aujourd’hui, nous avons entendu des mots tels que guerre et agression. Ce qui est intéressant, c’est que personne en Russie, à Moscou, n’a prononcé de tels mots. Je n’ai rien dit de tel non plus. Je regrette que les déclarations fortes et sérieuses que le Président Poutine a faites ces derniers jours concernant la situation autour de l’Ukraine et dans l’Est de ce pays n’aient pas été entendues. Je demanderais à nos partenaires d’écouter ce qui a été dit lors de la conférence de presse à Moscou avec la participation du Président de la France et du Chancelier de l’Allemagne, où nos invités et le Président de la Fédération de Russie ont pris la parole.

Cette réunion est consacrée aux Accords de Minsk. Je suis heureux que la plupart des déclarations d’aujourd’hui aient souligné que les accords de Minsk sont la seule base juridique internationalement reconnue pour régler le conflit ukrainien.

D’ailleurs, j’apprécie beaucoup le travail de nos interprètes qui réussissent à retransmettre correctement ce que nous disons dans d’autres langues. Par exemple, le Président Zelensky a qualifié les Accords de Minsk de « médiocres ». Je me demande comment cela se traduit, du moins en anglais et en français, car je ne pourrai pas le saisir dans les autres langues. Apparemment, le sens de la notion a été véhiculé.

Passons maintenant à ce qu’a dit l’ambassadeur [ukrainien] Kyslytsa concernant la légitimité de l’adhésion de la Russie aux Nations unies et au Conseil de sécurité. Malheureusement, ce n’est pas la première fois que des représentants de divers États, dont l’Ukraine, cherchent à renforcer leur estime de soi en spéculant sur la légitimité du siège de la Russie au Conseil de Sécurité. Nous comprenons pourquoi ils font cela. Ils s’adressent à un public inexpérimenté, à ceux qui sont éloignés du droit international. Parce que si on prend des professionnels, on verra qu’ils savent, les gens savent comment sont les choses.

La Russie a-t-elle présenté une nouvelle demande pour devenir membre de l’ONU ? Nous pouvons également demander si l’Ukraine l’a fait ou si vous agissez toujours au nom de la République socialiste soviétique d’Ukraine ? La Russie est l’État continuateur de l’Union soviétique. Fondamentalement, il ne s’agit que d’un changement de nom de l’Etat. Quant à l’Ukraine, c’était l’État successeur de l’URSS, ce qui signifie qu’il s’agit d’une nouvelle formation d’État.

Quant à la poésie, c’est bien quand les messages politiques prennent la forme de poèmes. J’adore les poèmes sur la beauté de N. Zabolotskiy, un poète russe soviétique. Vous souvenez-vous de ces vers ?

Si c’est le cas, qu’est-ce que la beauté ? Décidons.
Et pourquoi construisons-nous pour elle un palais ?
Un calice, contenant le vide à l’intérieur,
Ou une flamme brûlante qui scintille dans le calice ?

Je me rends compte que c’est une tâche impossible pour les interprètes, mais j’espère quand même qu’ils en transmettent le sens. Je comparerais la beauté à la sagesse. Nous devons avoir de la sagesse. Nous devons prendre de sages décisions. En ce qui concerne le règlement de la situation dans l’Est de l’Ukraine sur la base des Accords de Minsk, je prône la sagesse.

Merci.

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À propos de l'auteur Le Cri des Peuples

« La voix des peuples et de la Résistance, sans le filtre des médias dominants. »[Le Cri des Peuples traduit en Français de nombreux articles de différentes sources, principalement sur la situation géopolitique du Moyen-Orient. C'est une source incontournable pour comprendre ce qui se passe réellement en Palestine, en Syrie, en Irak, en Iran, ainsi qu'en géopolitique internationale.]

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