Un précédent texte publié sur notre site évoquait déjà les mérites de Pierre Charbonnier. & sur le site de la revue Terrestres, un très bon texte d’Aurélien Berlan revient plus longuement sur ses boniments.
Dans la grande famille de l’espèce malheureusement pas en voie de disparition des écocharlatans, Pierre Charbonnier fait figure de grand Mamamouchi. Crétin prétentieux comme ils sont légion, tout juste bon à gâcher du papier et occuper l’espace mass-médiatique que l’on peut — sans trop de crainte, en haut lieu — lui allouer, Charbonnier incarne dignement à lui tout seul la nuisance de l’école de la civilisation et des Lumières basse consommation qu’elle produit à la chaîne et qu’elle ose, avec un terrible cynisme, appeler « philosophes ».
Ignorant mystifié se croyant instruit, cet imbécile ne parvient en effet à comprendre ni la question sociale ni la question écologique. Car bien entendu, au contraire de posséder une culture écologique minimale, idéalement à la manière de ces peuples qui savent encore vivre sur la Terre dans le milieu naturel sans le détruire, connaître Molière n’a absolument rien de vital ou même d’important. Il fallait bien un couillon hautement diplômé et chargé de recherche au CNRS — « établissement public à caractère scientifique et technologique (EPST) placé sous la tutelle administrative du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation », autrement dit de l’État — un singe hautement civilisé, proprement enchemisé, c’est-à-dire totalement hors-sol, pour affirmer pareille stupidité.
L’existence même des œuvres de Molière, dramaturge préféré du divin tyran Louis XIV (également grand déforesteur), leur intégration au programme scolaire étatique, de même que l’existence d’un programme scolaire étatique et, pour commencer, de l’État, sont typiquement des effets du désastre. L’État est à l’origine et toujours à la tête du désastre. Mais l’État salarie aussi Charbonnier. Ceci expliquant peut-être en partie cela, le voici qui « défend le rôle de l’État pour lutter contre notre méconnaissance collective des enjeux soulevés par l’écologie », desquels il ne sait rien, et en « appelle à un Green New Deal », ou, pour le dire dans la langue de Molière, à une vaste escroquerie qui n’aurait pour effet, si elle était implémentée, que de perpétuer la destruction du monde, mais sous couvert d’écologie — exactement ce qui se produit déjà aujourd’hui.
Plus en détail, Mamamouchi nous explique qu’il vise à « transformer la formation des élites, ou de ceux qui aspirent à ce genre de position sociale », plutôt qu’à supprimer l’existence d’élites. La hiérarchie, la domination, ça ne le dérange finalement pas (Charbonnier est de ceux qui ne voient pas de problème à parler d’État démocratique, qui considèrent que nous vivons en démocratie). En effet, nous dit-il, « je considère qu’une puissance publique forte est indispensable pour transformer les rapports de force géopolitiques, pour faire plier les grands producteurs fossiles et pour réorganiser les infrastructures ». Car si ce moule à gaufres conçoit bien que « les infrastructures » de la civilisation industrielle ne sont pas parfaitement écologiques, il n’imagine pas un instant que l’on puisse chercher à les démanteler. Non, il s’agit seulement d’en proposer des versions « profondément remaniées ». C’est pourquoi, continue-t-il, « le développement rapide des énergies renouvelables » doit être « une priorité stratégique qui permettra l’électrification de tout ce qui peut l’être ».
Électrification tous azimuts, développement des énergies renouvelables, remanier « nos infrastructures », vous l’aurez compris, Pierre Charbonnier participe à promouvoir le mensonge éhonté selon lequel il pourrait exister une civilisation techno-industrielle écologique ainsi que tous les grands mensonges verts qui l’accompagnent. Mais peu importe la vérité. Il s’agit avant tout de « proposer un nouvel horizon de progrès, une nouvelle prospérité. Et de convaincre ! »
Et surtout pas de renoncer à la technologie, à la haute technologie, aux technologies modernes, qui n’ont, selon notre fin limier du CNRS, rien de particulièrement nuisible ni socialement ni écologiquement. Au contraire, avance-t-il audacieusement, elles favorisent la liberté ! Tandis que ceux qui les critiquent, nous incitant à nous libérer « des faux besoins » et à « revaloriser le local », versent dans une pensée « réactionnaire » !
Incapable de distinguer un couteau en silex d’un réacteur thermonucléaire, Mamamouchi remarque habilement que « la technique […] fait partie de notre condition humaine ». Dès lors, il serait absurde de la critiquer ou de vouloir s’en passer ! « Il faut donc inventer d’autres rapports à la technique », d’autres rapports au nucléaire, d’autres rapports au Bagger 293, etc. Car, bien entendu, la technique est neutre. Elle n’implique rien en elle-même. Fabriquer une tarière à ignames en bois ou construire une fusée, c’est du pareil au même.
« Au fond », conclut notre brillant philosophe, les choses sont assez simples, « il s’agit d’aligner trois choses : réduire la voilure énergétique et matérielle, réinventer des formes d’administration politique de l’économie (des formes alternatives de comptabilité, par exemple) et construire une idéologie politique capable d’emmener avec elle une majorité de personnes ». Bon sang, mais c’est bien sûr.
Une autre civilisation techno-industrielle capitaliste est possible, verte et cool. Croyez-en nos « philosophes émergents » et autres « nouveaux penseurs de l’écologie politique ».
Un autre excellent candidat à l’éco-entartage (avec tarte bio et végan).
Nicolas Casaux
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