Pierre Charbonnier, grand Mamamouchi de l’écologie (par Nicolas Casaux)

Pierre Charbonnier, grand Mamamouchi de l’écologie (par Nicolas Casaux)

Un pré­cé­dent texte publié sur notre site évo­quait déjà les mérites de Pierre Char­bon­nier. & sur le site de la revue Ter­restres, un très bon texte d’Au­ré­lien Ber­lan revient plus lon­gue­ment sur ses boni­ments.


Dans la grande famille de l’es­pèce mal­heu­reu­se­ment pas en voie de dis­pa­ri­tion des éco­char­la­tans, Pierre Char­bon­nier fait figure de grand Mama­mou­chi. Cré­tin pré­ten­tieux comme ils sont légion, tout juste bon à gâcher du papier et occu­per l’es­pace mass-média­tique que l’on peut — sans trop de crainte, en haut lieu — lui allouer, Char­bon­nier incarne digne­ment à lui tout seul la nui­sance de l’é­cole de la civi­li­sa­tion et des Lumières basse consom­ma­tion qu’elle pro­duit à la chaîne et qu’elle ose, avec un ter­rible cynisme, appe­ler « philosophes ».

Igno­rant mys­ti­fié se croyant ins­truit, cet imbé­cile ne par­vient en effet à com­prendre ni la ques­tion sociale ni la ques­tion éco­lo­gique. Car bien enten­du, au contraire de pos­sé­der une culture éco­lo­gique mini­male, idéa­le­ment à la manière de ces peuples qui savent encore vivre sur la Terre dans le milieu natu­rel sans le détruire, connaître Molière n’a abso­lu­ment rien de vital ou même d’im­por­tant. Il fal­lait bien un couillon hau­te­ment diplô­mé et char­gé de recherche au CNRS — « éta­blis­se­ment public à carac­tère scien­ti­fique et tech­no­lo­gique (EPST) pla­cé sous la tutelle admi­nis­tra­tive du minis­tère de l’En­sei­gne­ment supé­rieur, de la Recherche et de l’In­no­va­tion », autre­ment dit de l’É­tat — un singe hau­te­ment civi­li­sé, pro­pre­ment enche­mi­sé, c’est-à-dire tota­le­ment hors-sol, pour affir­mer pareille stupidité.

L’exis­tence même des œuvres de Molière, dra­ma­turge pré­fé­ré du divin tyran Louis XIV (éga­le­ment grand défo­res­teur), leur inté­gra­tion au pro­gramme sco­laire éta­tique, de même que l’exis­tence d’un pro­gramme sco­laire éta­tique et, pour com­men­cer, de l’É­tat, sont typi­que­ment des effets du désastre. L’É­tat est à l’o­ri­gine et tou­jours à la tête du désastre. Mais l’É­tat sala­rie aus­si Char­bon­nier. Ceci expli­quant peut-être en par­tie cela, le voi­ci qui « défend le rôle de l’É­tat pour lut­ter contre notre mécon­nais­sance col­lec­tive des enjeux sou­le­vés par l’é­co­lo­gie », des­quels il ne sait rien, et en « appelle à un Green New Deal », ou, pour le dire dans la langue de Molière, à une vaste escro­que­rie qui n’au­rait pour effet, si elle était implé­men­tée, que de per­pé­tuer la des­truc­tion du monde, mais sous cou­vert d’é­co­lo­gie — exac­te­ment ce qui se pro­duit déjà aujourd’hui.

Plus en détail, Mama­mou­chi nous explique qu’il vise à « trans­for­mer la for­ma­tion des élites, ou de ceux qui aspirent à ce genre de posi­tion sociale », plu­tôt qu’à sup­pri­mer l’existence d’élites. La hié­rar­chie, la domi­na­tion, ça ne le dérange fina­le­ment pas (Char­bon­nier est de ceux qui ne voient pas de pro­blème à par­ler d’É­tat démo­cra­tique, qui consi­dèrent que nous vivons en démo­cra­tie). En effet, nous dit-il, « je consi­dère qu’une puis­sance publique forte est indis­pen­sable pour trans­for­mer les rap­ports de force géo­po­li­tiques, pour faire plier les grands pro­duc­teurs fos­siles et pour réor­ga­ni­ser les infra­struc­tures ». Car si ce moule à gaufres conçoit bien que « les infra­struc­tures » de la civi­li­sa­tion indus­trielle ne sont pas par­fai­te­ment éco­lo­giques, il n’imagine pas un ins­tant que l’on puisse cher­cher à les déman­te­ler. Non, il s’agit seule­ment d’en pro­po­ser des ver­sions « pro­fon­dé­ment rema­niées ». C’est pour­quoi, conti­nue-t-il, « le déve­lop­pe­ment rapide des éner­gies renou­ve­lables » doit être « une prio­ri­té stra­té­gique qui per­met­tra l’élec­tri­fi­ca­tion de tout ce qui peut l’être ».

Élec­tri­fi­ca­tion tous azi­muts, déve­lop­pe­ment des éner­gies renou­ve­lables, rema­nier « nos infra­struc­tures », vous l’aurez com­pris, Pierre Char­bon­nier par­ti­cipe à pro­mou­voir le men­songe éhon­té selon lequel il pour­rait exis­ter une civi­li­sa­tion tech­no-indus­trielle éco­lo­gique ain­si que tous les grands men­songes verts qui l’accompagnent. Mais peu importe la véri­té. Il s’agit avant tout de « pro­po­ser un nou­vel hori­zon de pro­grès, une nou­velle pros­pé­ri­té. Et de convaincre ! »

Et sur­tout pas de renon­cer à la tech­no­lo­gie, à la haute tech­no­lo­gie, aux tech­no­lo­gies modernes, qui n’ont, selon notre fin limier du CNRS, rien de par­ti­cu­liè­re­ment nui­sible ni socia­le­ment ni éco­lo­gi­que­ment. Au contraire, avance-t-il auda­cieu­se­ment, elles favo­risent la liber­té ! Tan­dis que ceux qui les cri­tiquent, nous inci­tant à nous libé­rer « des faux besoins » et à « reva­lo­ri­ser le local », versent dans une pen­sée « réactionnaire » !

Inca­pable de dis­tin­guer un cou­teau en silex d’un réac­teur ther­mo­nu­cléaire, Mama­mou­chi remarque habi­le­ment que « la tech­nique […] fait par­tie de notre condi­tion humaine ». Dès lors, il serait absurde de la cri­ti­quer ou de vou­loir s’en pas­ser ! « Il faut donc inven­ter d’autres rap­ports à la tech­nique », d’autres rap­ports au nucléaire, d’autres rap­ports au Bag­ger 293, etc. Car, bien enten­du, la tech­nique est neutre. Elle n’implique rien en elle-même. Fabri­quer une tarière à ignames en bois ou construire une fusée, c’est du pareil au même.

« Au fond », conclut notre brillant phi­lo­sophe, les choses sont assez simples, « il s’a­git d’a­li­gner trois choses : réduire la voi­lure éner­gé­tique et maté­rielle, réin­ven­ter des formes d’ad­mi­nis­tra­tion poli­tique de l’é­co­no­mie (des formes alter­na­tives de comp­ta­bi­li­té, par exemple) et construire une idéo­lo­gie poli­tique capable d’emmener avec elle une majo­ri­té de per­sonnes ». Bon sang, mais c’est bien sûr.

Une autre civi­li­sa­tion tech­no-indus­trielle capi­ta­liste est pos­sible, verte et cool. Croyez-en nos « phi­lo­sophes émer­gents » et autres « nou­veaux pen­seurs de l’écologie politique ».

Un autre excellent can­di­dat à l’é­co-entar­tage (avec tarte bio et végan).

Nico­las Casaux

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À propos de l'auteur Le Partage

« Plus on partage, plus on possède. Voilà le miracle. »En quelques années, à peine, notre collec­tif a traduit et publié des centaines de textes trai­tant des prin­ci­pales problé­ma­tiques de notre temps — et donc d’éco­lo­gie, de poli­tique au sens large, d’eth­no­lo­gie, ou encore d’an­thro­po­lo­gie.contact@­par­tage-le.com

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