Être “RT-journalistes” en France

Être “RT-journalistes” en France

Être “RT-journalistes” en France

Le Drian, notre actuel ministre, gris et terne en général, n’est jamais plus lui-même que face aux Russes lorsqu’il se doit pleinement de conserver la bouche pincée et le regard d’en-dessus ses lunettes pour voir au plus près en-dessous, pour répondre au journaliste qui l’interroge lors d’une conférence de presse suivant une rencontre ministérielle à Moscou. Chaque fois, le brave homme a l’air à la fois excédé et épuisé, mais toujours gris. On parle ici d’une question absolument effrontée et inconvenante qu’un journaliste de RT-France, a donc tenu à lui poser…

Note Bene d’une bonne source, récemment sorti d’un hôtel-Spa psychiatrique à 5 étoiles : « Tiens donc ! Celui-là se trouvait ce jour-là à Moscou ? A Moscou, justement ! Tiens donc, tiens donc… Ne serait-ce pas suspect ? N’est-ce pas une forme d’aveu ? Tiens donc ! Bizarre, bizarre… Vous avez dit ‘Tiens donc’ ? Comme c’est bizarre… »

La question donc, revenons-y… Une question posée par un journaliste de RT-France, Thomas Bonnet, journaliste français, basé à Paris (est-ce bien sûr ?) et en mission à Moscou (ah, c’est donc l’aveu !). La question devait être de ce genre un peu inquisiteur (on n’en a pas entendu les termes exacts, alors j’improvise) : “Dans cette nouvelle atmosphère de coopération entre la France et la Russie, le ministre [Le Drian] considère-t-il les journalistes de RT en France comme des journalistes ?” Retenons précisément l’entame de la réponse du ministre, précisément sous cette forme énigmatique d’un pléonasme tautologique teintée d’oxymore à propos de l’“exercice de la liberté en toute liberté” :

« Je pense que les journalistes de RT en France exercent la liberté en toute liberté… »

… Cela suivi, après un assez long silence significatif semble-t-il d’une intense activité cérébrale, de quelques bafouillis et gribouillis, terminée par une anecdote sur la  liberté internationale des journalistes proclamée dans un manifeste que la France initiatrice a paraphé et que d’autres pays n’ont pas (encore ?) paraphé, – dont la Russie certes, est-il précisé sur ce ton lugubre qu’affectionne notre ministre.

Quoi qu’il en soit, voici, pour en venir au principal… A la fin de la conférence de presse, dans une dernière intervention faite un peu dans le brouhaha, alors que les ministres se levaient et que les journalistes commençaient à se diriger vers la sortie, Lavrov, le grand Lavrov lança de toute sa taille aux journalistes de Spoutnik-France et RT-France présents des félicitations joviales et ironiques, sous forme de “félicitations !” :

« Vous êtes donc bien des journalistes ! ».

Il entérinait ainsi la percée décisive tenant à ces mots de Le Drian, décidément réveillé en sursaut : « les journalistes de RT », – « Ce qui n’a pas toujours été le cas », précisa Bonnet.

« … Ici d’ailleurs, intervient une autre source [ proche du CSA et désignée sous le pseudo de ‘Voix-off’], il importe que l’on dévoile un aspect de cette enquête qui relève complètement de la machination, et qui est du fait de PhG, peut-être d’ailleurs non-élaborée au départ. La conférence de presse à laquelle on assiste, la réponse de Le Drian, la plaisanterie de Lavrov ; tout cela qui est dit et commenté comme si c’était aujourd’hui, c’est-à-dire mardi dernier, pourrait parfaitement l’avoir été il y a trois ans ; et d’ailleurs, et c’est là qu’on en veut venir, c’est effectivement le cas puisqu’il s’agit de la première rencontre France-Russie des ministres de la défense et des affaires étrangères depuis 2014, suivie d’une conférence de presse, le 23 septembre 2019. »

Ainsi donc, les journalistes RT et Spoutnik sont finalement des journalistes en France qui « exercent la liberté en toute liberté… » depuis septembre 2019 : “Plus ça change, plus ça recommence” avec le temps qui passe… Car si l’on s’attarde tant à cet épisode qui est, je l’avoue, complètement un montage de ma part, qu’on jugera justement dérisoire à côté de l’enjeu fondamental de cette terrible crise ukrainienne, c’est parce qu’il est à la fois significatif et archétypique, et qu’après tout il vaut bien “cette terrible crise ukrainienne” quand l’on sait à quoi elle (cette crise) tient, sérieusement considérée depuis Kiev-2014 et « le coup [d’État US] le plus flagrant dans l’histoire ».

L’aspect dérisoire quoique constamment persifleur de mon sujet tient à la dérision alimentée par le persiflage qui marque, depuis des années, le procès fait à RT & Cie. Ce procès est instruit sans cesse, sous la houlette d’un extraordinaire simulacre de complotisme, par le principal, le gros noyau moutonnier de la cohorte des employés syndiqués et rédactionnels de la presseSystème en France, ceux-là agissant avec la gourmandise du voyeur-délateur et autres cafardeur-sycophante caractérisant le comportement épisodique des élites françaises. (Ailleurs dans le bloc-BAO aussi, mais nous restons dans notre beau pays dont l’histoire donne tant d’exemples d’épisodes de mouchardise vertueuse, très collaborationniste, au nom chargé de vertus de la vertu.)

C’est effectivement dans ce pays qui ne cesse de se féliciter de son indépendance et de sa souveraineté depuis de Gaulle, que l’alignement sur les thèses, les manigances et les effets sonnant-trébuchant de l’atlantisme du système de l’américanisme, c’est donc bien dans ce pays exemplaire que l’antirussisme a pris des allures d’une sorte de vertigineuse schizophrénie. La distance sanitaire mise entre les proclamations de la valeur républicaine de la liberté d’expression, de pensée, de chuchoter, d’allusionner, et le comportement de toute cette bande de l’alignement aux vœux d’un empire décrépit et complètement pris dans une dérive hystérique (les USA, dit-on) relève d’un exceptionnel grand écart qui semblerait finalement confirmer la thèse des univers parallèles.

Les Russes en sont évidemment les principales victimes, et la gauche, – la gôôôche germanopratine, ou “gauche-caviar” comme l’on disait de mon temps des beaux et longs manteaux en cachemire ; cette gauche-là, donc, qui cajola pendant trois quarts de siècle le communisme et sa soi-disant matrice russe, au temps où effectivement il pouvait y avoir une chance d’être collabo en étant pro-russe, cette gauche-là donc y est aujourd’hui d’un activisme stupéfiant dans la vindicte antirussiste. Elle s’y trouve collabo au meilleur des prix : les gâteries de l’État capitaliste, des grands patrons, des privilèges de la puissance installée, des pitreries idéologiques  et de son spectacle permanent, de la charité subventionnée et télévisée, et toutes ces sortes de chose avec en plus le délice de pouvoir insulter, diffamer et dénoncer.

Il ne m’étonne plus d’avoir appris ce que j’ai appris en visionnant il y a quelques années un film sur les débuts de la Résistance en France et en France libre (les quatre premiers envoyés de De Gaulle en France pour organiser la Résistance étaient Rémy, Maurice Duclos, Pierre Fourcault, Honoré d’Estienne d’Orves, soit un maurassien, deux Cagoulards et un royaliste). Je vous livre ici, comme en passant, une part de mon “devoir mémoriel” :

« “Une partie de la droite et de l’extrême-droite percevait dans l’Allemagne et le nazisme un danger fondamental pour la France, et ils furent les premiers résistants.”

» Cela est expliqué par Simon Epstein, de l’université hébraïque de Jérusalem, auteur en 2001 des ‘Dreyfusards sous l’occupation’, où il montre le nombre impressionnant des partisans de Dreyfus en 1898 encore actifs en 1940 devenus pétainistes et collaborateurs pendant la Deuxième Guerre mondiale (on n’apprécia guère le bouquin, sur les rives de Saint-Germain-des-Prés). Quant aux socialistes et aux radicaux aux premiers temps de la résistance, ils tenaient congrès avant de s’engager.

» “N’oubliez pas que sur les 17 ministres socialistes du gouvernement du Front Populaire, les deux-tiers furent exclus de la SFIO en 1944 pour pétainisme ou collaborationnisme » [Epstein].” »

RT et Spoutnik sont donc considérés comme une constante infamie dans la mesure où les deux compères ne cessent de rappeler leur propre infamie à ceux qui les diffament. D’où le rôle du type ‘Je suis partout’ joué par des clandés du type ‘Le Monde’ et ‘Libé’, avec leurs petites rubriques du type simulacre-checking ; d’où les émissions des chaînes et radio nationales et publiques, de ‘Arte’ et ainsi de suite, où sont persiflées avec certitude les réelles activités de tous ces “journalistes” directement financés par l’ex-colonel de l’ex-KGB. On sait ce que j’en pense de RT, moi, sans qu’il faille chercher d’autre cause que l’évidence, face à ce champ de ruines qu’est devenue le champ de l’information et de la communication, en France et chez les amis, esclaves de leur propre infamie, prisonniers des simulacres qu’ils ne cessent de tisser. J’en rappelle quelques mots à un autre propos, en confirmant ce qu’on ressent, que j’apprécie chez ces Russes qui font le travail que nous ne faisons pas, plus encore leur travail écrit que leur travail parlé et télévisé d’ailleurs, parce que je crois que c’est dans l’écrit qu’est le vrai journalisme :

« RT est vraiment fort bien fait. Plus qu’aucun autre réseau au monde, RT a réussi, techniquement parlant, à intégrer complètement la nouvelle formule des grands médias : d’une part produire à la fois une TV d’information en continu (ce pourrait être aussi publier un grand journal-papier) ; d’autre part publier régulièrement en ligne un site formidablement bien informé, un véritable journal quotidien touchant à l’actualité autant qu’au sujet de fond, couvrant tous les domaines, disposant d’une armée de commentateurs dont les opinions varient notablement, et dont certains, comme Žižek, sont loin d’épouser toute la ligne éditoriale de RT… Et le tout, comme on ne manque jamais de vous le dire avec un sourire entendu et méprisant, étant financé par son gouvernement [horriblement russe, sachez-le !]. RT fait, dans cette formule nouvelle de l’information, infiniment mieux que les divers ‘France-Info’, la BBC, les divers réseaux et quotidiens US, tous financés par le fric-Système (les divers gouvernements pour les uns, les puissances financières du Système pour les autres). A tous ceux-là, il manque, – et je crois intuitivement, en vieux journaliste, que c’est une cause de leur médiocrité technique dans la réalisation de leur travail, – “la gloire du respect de la liberté”. »

C’est un jeu étrange et à quel jeu jouons-nous, dans un cloaque grouillant de mensonges comme autant de sargasses, autour d’une Gorgone aux mille serpents animant sa chevelure et persiflant leurs accusations furieuses. Observée objectivement et en ayant le souci rationnel de leur intérêt tactique (je parle de ces antirusses), rien de réellement probant ne justifie cette hargne extraordinaire exprimant une haine dont on cherche en vain la cause.

Il faut savoir qu’une telle conduite finit par dépasser ceux qui la suivent, pour les mettre dans le domaine de l’incompréhension de ceux qui les observent et les écoutent, faisant naître le doute de l’équilibre de la santé mentale. Leurs efforts sont formidables, les effets qu’ils en obtiennent finalement assez médiocres, et parfois même ridicules jusqu’à se tourner contre leur cause. Rien n’y fait, ils continuent, tels des robots aux yeux pleins d’un feu qui les aveugle plus qu’il ne les éclaire. J’avoue effectivement mon incompréhension, au-delà de la critique, de la dérision, de l’indignation. Ils sont comme leurs maîtres qui sont aussi des valets, à fulminer, accuser, bombarder, écraser depuis des décennies, semant la souffrance, la destruction et la mort ; et pour se retrouver encore plus bas qu’ils n’étaient auparavant, sombrant encore plus vite. Priez pour eux, ce sont de pauvres gens ; ensuite, poussez-les un peu pour qu’ils s’étalent complètement mais sans trop de casse, ils encombrent le passage.

Enfin, et pour justifier tous ces anathèmes, je joints un rapport court et précis sur la façon dont la toute-puissance du service public français, les grandes ondes de la radio-télévision publique, traitent les hordes russes qui les assaillent, via RT et Spoutnik… Un témoignage rapide, par Karine Bechet-Golovko, sur son site le 8 février 2022, sous le titre « Quand France Inter reproche à RT France l’objectivité qu’il n’a plus depuis longtemps : oui, je pense que la Russie n'attaquera pas l'Ukraine ». (Titre modifié par mes soins, pour des raisons techniques-esthétiques attenantes au site.)

PhG, – Semper Phi !

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La traque anti-RT de France Inter

L'arrivée de Macron en Russie s'est accompagnée d'une attaque médiatique en règle contre RT France, menée notamment par France Inter. Ayant été personnellement visée par notre média public, qui sous couvert d'appel au pluralisme et à l'objectivité veut imposer le discours dominant, je voulais rappeler ma position, qui n'est dictée par aucun intérêt financier – non, la Russie n'attaquera pas l'Ukraine. 

Une très étrange publication est sortie sur le site de France Inter, qui n'a rien à voir avec un article de presse. France Inter, se réfugiant derrière la signature de la "rédaction internationale", attaque directement RT France pour sa présentation de la situation autour du conflit ukrainien. Il fait partie d'un mouvement lancé volontairement, comme le souligne Xenia Fedorova :

« Une série d’attaque coordonnées contre RT France par les médias mainstream au cours des deux derniers jours illustre une tentative unanime de discréditer notre média concernant la couverture de l’Ukraine juste avant la visite d’Emmanuel Macron à Moscou »

Il est reproché à RT France d'avoir une position partiale sur le traitement de la crise ukrainienne et plusieurs "experts" y sont cités, dont je fais partie, puisque nous avons le toupet de ne pas penser que la Russie puisse avoir la volonté d'attaquer l'Ukraine – ce qui semble être pourtant une chose acquise pour la "rédaction internationale". Est-ce pour France Inter un signe d'objectivité que de reproduire sans nuance ni réflexion la ligne de l'Élysée, qui reproduit lui-même sans nuance ni réflexion la ligne atlantiste ?

En survolant rapidement la production du service public de l'information en France, j'aimerais beaucoup que France Inter me dise quels sont les invités, qui expriment des doutes ou au moins des réserves quant à une attaque de l'Ukraine par la Russie, quelle est la proportion du temps d'antenne dont ils disposent et quelles sont plages horaires ? Ensuite, nous pourrons parler d'objectivité et de pluralité.

Ces critiques sont d'autant plus amusantes, que France Inter n'a pas publié l'intégralité de la réponse qu'il a reçue de RT France (lire ici). Notamment :

« A titre d’exemples, pour Frédéric Encel, ce n’est pas Moscou qui peut choisir qui rentre ou pas dans l’OTAN. Alexandre del Valle a salué les initiatives françaises du Président Macron et souligné les désaccords qui existent en Europe. Dominique Trinquant a estimé que les demandes russes ne sont pas réalistes, doute de cette stratégie et ajoute que les manœuvres militaires russes auraient dû être déclarées. Un porte-parole de Valérie Pécresse a estimé que les Ukrainiens, s’ils sont agressés, vont se défendre, qu’il faut garantir l’intégrité de l’Ukraine et qu’il est hors de question de laisser la Russie l’envahir. D’autres critiquent la position américaine etc… M. Bernard-Henri Levy a récemment appelé à une intervention américaine sur Fox News et nous en avons parlé. »

Les critiques s'abattent sur RT France au moment où l'on voit arriver sur ses plateaux de plus en plus d'experts s'exprimant dans les médias main stream, important autant la langue de bois que le discours globaliste, et que les "débats" sont noyés par une quantité grandissante de personnes n'ayant plus le temps ni la possibilité de traiter le sujet réellement en profondeur, ce qui faisait pourtant l'intérêt de cette chaîne par rapport aux autres.

Sur le fond des critiques portées par France Inter, il est intéressant que l'argumentation de la position des experts ne reconnaissant pas la possibilité d'une attaque russe de l'Ukraine n'est pas traitée. Il est a priori reproché de ne pas reconnaître la possibilité d'une attaque de l'Ukraine par la Russie. C'est absurde, mais comme il s'agit du discours politique dominant en Occident, les médias alignés le reprennent et les autres doivent justement s'aligner – au nom de "l'objectivité". 

Une question : s'ils en arrivaient à parler d'une prochaine invasion extra-terrestre de l'Ukraine, serait-ce une faute professionnelle de ne pas propager ce discours ?

Une chose est réellement inquiétante dans ce gloubiboulga médiatique est l'insistance avec laquelle ces médias posent comme assurée l'attaque de l'Ukraine. Le pire scénario serait celui de la tentation de reproduire l'intervention azérie au Karabakh : dans ce cas, les médias savent qu'il y aura conflit et il faut préparer à force de matraquage l'espace de communication pour rendre la Russie responsable de défendre le Donbass. Si, sous couvert d'uniforme ukrainien, le Donbass est attaqué, la Russie ne pourra pas rester à regarder. Le discours est alors prêt pour montrer comment elle est censée "attaquer" l'Ukraine. Les menaces de sanctions sans précédent sont d'ailleurs là pour la dissuader de bouger le petit doigt dans l'opération qui se prépare.

Mais le Donbass et la Crimée ne sont pas le Karabakh et la Russie n'est pas l'Arménie. Comme l'a très clairement dit Poutine lors de la conférence de Presse avec Macron : vous voulez demander au Français s'ils veulent une guerre avec la Russie au nom de l'Ukraine ? 

Karine Bechet-Golovko

Source: Lire l'article complet de Dedefensa.org

À propos de l'auteur Dedefensa.org

« La crisologie de notre temps » • Nous estimons que la situation de la politique générale et des relations internationales, autant que celle des psychologies et des esprits, est devenue entièrement crisique. • La “crise” est aujourd’hui substance et essence même du monde, et c’est elle qui doit constituer l’objet de notre attention constante, de notre analyse et de notre intuition. • Dans l’esprit de la chose, elle doit figurer avec le nom du site, comme devise pour donner tout son sens à ce nom.

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