6 février 2022 par Régis Ollivier
Par Shahin Vallée – Le 03 février 2022 – Le Grand Continent
« C’est à Saint-Cyr que j’ai appris à ne pas exprimer mes doutes ou mes interrogations ». Shahin Vallée s’entretient avec Guillaume Ancel à propos de la culture du silence dans l’armée, l’oubli militaire du passé, la défense européenne et la situation au Mali. Passionnant.
Vous avez écrit trois livres importants inspirés de votre expérience en tant qu’officier. Un premier porte sur le Rwanda, un autre sur les Balkans et le troisième sur le Cambodge, ils racontent vos expériences sur ces théâtres d’opérations. Vos ouvrages tirent également des conclusions plus larges sur l’action des forces armées et posent une question, qui est votre fil conducteur, à savoir la place de la parole et du silence dans l’armée française. Vous vous opposez au silence en affirmant qu’il est important que les militaires parlent, qu’ils expriment leur opposition à un ordre lorsque c’est nécessaire, voire même à un ordre politique.
Je vais commencer par Saint-Cyr. Je m’apprête à publier un livre sur cette école spéciale militaire, qui est le creuset de la formation des officiers de l’armée de terre, car elle est aussi le lieu où j’ai « appris » la culture du silence. Je venais d’un milieu universitaire plutôt de gauche, j’avais la culture du débat. Et je me suis retrouvé confronté à une société militaire dont j’ignorais globalement les codes, et qui me questionnent encore : d’une part, ne jamais remettre en cause la mission – à Saint-Cyr, on apprend que la mission a un côté sacré, presque religieux –, d’autre part qu’il faut exécuter la mission à tout prix dès lors qu’elle a été acceptée. C’est à Saint-Cyr que j’ai appris à ne pas exprimer mes doutes ou mes interrogations.
Source : Le Colonel.net
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