par Alexandre Lemoine.
Le retrait des forces américaines d’Afghanistan en août 2021 a remis sur le tapis le problème du départ des États-Unis du Moyen-Orient.
La déclaration qui a suivi du président américain Joe Biden que les États-Unis cessent les grandes opérations militaires pour restructurer d’autres pays est généralement perçue dans ce contexte comme un argument en faveur du passage définitif du Moyen-Orient à la périphérie de la politique étrangère de Washington et, en conséquence, de la fermeture de la plupart des projets militaires dans cette région.
En effet, les États-Unis ont réduit leur présence militaire en Arabie saoudite, et en décembre 2021, ils ont formellement cessé leur mission en Irak. Cependant, il existe sur la carte politique du Moyen-Orient un pays d’où les États-Unis n’ont pas l’intention de se retirer, la Syrie.
En octobre 2021, selon la porte-parole du Pentagone Jessica McNulty, jusqu’à 900 militaires américains se trouvaient en Syrie. À noter qu’il s’agissait de la première déclaration officielle en pratiquement deux ans mentionnant les effectifs du contingent américain en Syrie. En décembre 2019, le chef du Pentagone Mark Esper avait déclaré que les effectifs américains en Syrie avoisineraient 600 hommes. On ignore si ces deux chiffres incluent la base d’al-Tanf dans le sud-est du pays, à la frontière jordanienne, où se trouvent près de 200-250 soldats américains.
Pendant son discours d’octobre, Jessica McNulty a déclaré de nouveau que la défaite de Daech était l’unique objectif de la présence des États-Unis en Syrie, mais il est peu probable que Washington ait revu aussi fondamentalement sa politique syrienne.
Aujourd’hui, la présence des forces américaines en Syrie a deux objectifs principaux: endiguer l’influence iranienne et empêcher une nouvelle opération turque contre les Kurdes syriens.
La présence militaire américaine sera maintenue à court terme, mais avec le règlement des missions mentionnées et sous la pression des facteurs intérieurs et extérieurs la question du retrait se posera forcément. Par ailleurs, le travail des États-Unis pour régler le « problème turc » pourrait mettre en péril la politique russe pour réconcilier la Syrie.
Il est difficile d’espérer que prochainement les militaires américains quitteront la Syrie de la même manière qu’ils ont quitté l’Afghanistan en août. Contrairement à l’Afghanistan, les États-Unis y ont plusieurs problèmes qui n’ont pas été réglés. Le premier problème pourrait être dit « stratégique » et concerne la lutte contre l’influence iranienne, qui menace les intérêts stratégiques des États-Unis dans la région. Le deuxième serait « d’image » visant à éviter le départ d’un autre pays du Moyen-Orient, ce qui pourrait être perçu par la communauté internationale et par sa propre population comme un autre signe de faiblesse des États-Unis.
Cependant, il existe d’autres facteurs qui poussent les États-Unis à prendre une telle décision. Il est à supposer que le retrait du contingent américain de Syrie aura lieu dans une perspective plus éloignée en respectant les conditions nécessaires. La condition primordiale pour cela serait l’élimination de la menace turque envers les Kurdes syriens. À cela pourrait surtout contribuer une pleine contribution à l’opposition turque aux élections générales de 2023, où seront réélus le président et la Grande Assemblée nationale turque. Malgré la division du camp d’opposition turc, sa grande partie s’oppose à l’opération au nord de la Syrie.
source : http://www.observateurcontinental.fr
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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