Le temps qualifié
Nous pourrions remettre un autre « paradigme chronologique » en question, celui du temps linéaire. Le temps de la « science moderne », qui dans son élan pathologique à vouloir faire entrer tout ce qui existe dans la norme du nombre brut, nous explique que des durées qui se succèdent sont strictement équivalentes entre elles. Il suffit d’écouter les beaux discours de vulgarisateur tel Etienne Klein, pour capter l’impasse dans laquelle cette science s’est placée, sans jamais en relever les paradoxes. (Avant le bigbang, la vitesse de la lumière, ou la simultanéité de la physique quantique).
A vouloir tout simplifier pour résoudre des problèmes pratiques de contingence, cette méthode a réduit le réel à la modélisation, et transformé le modèle en idéologie. Le musicien comprendra sans peine les notions de rythme, de tempo et de mélodie. La science moderne réduit la musique à la mesure en ignorant totalement ce qui s’y joue.
Un édifice construit sur des fondations si précaires n’a que l’effondrement comme perspective. Nous y sommes.
Le principal défaut de la relecture de l’histoire et de la détermination de sa durée est qu’elle se fait encore avec les outils de « notre temps » et donc parfaitement inaptes à résoudre le problème.
Pour comprendre cela, il faut entendre que hors de l’idéologie du monde moderne, le temps n’est pas linéaire, il est cyclique, et, il n’est pas équivalent (durée A aujourd’hui ≠ durée A demain), il est qualifié. Voir René Guénon Le règne de la quantité chapitre V ; R.G. Formes traditionnelles et cycles cosmiques ; Ernst Jünger : Le traité du sablier.
Un exemple typique de confusion, mais également de propagande liée à la manipulation du temps est : l’espérance de vie. En dehors de la mystification des statistiques et de la manipulation des chiffres, il est évident que, l’utilisation d’une mesure actuelle (qui correspond à une époque d’écoulement rapide du temps), pour qualifier une période de temps dans le passé (écoulement plus lent du temps) ne peut pas être satisfaisante.
Ceci explique également les nombres, parfois étranges sur la durée de vie « particulièrement longue » de patriarches, dus à l’utilisation de mesures postérieures et donc empreintes de « l’accélération du temps ».
Sortir du monde moderne, c’est aussi sortir de son arrogante mesure du temps, pour retrouver celui que l’homme n’aurait jamais dû quitter : le temps du jardinier.
Libre selon l’esprit
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