par Tim Kirby.
L’allocution du général Milley au Forum d’Aspen sur la sécurité est une nouvelle majeure qui donne matière à réflexion.
Nous vivons une époque de folie médiatique dans laquelle il est si facile de devenir cynique ou de se désensibiliser aux nouvelles les plus odieuses ou potentiellement choquantes. Il peut donc être difficile de s’enthousiasmer pour une citation qui n’a rien à voir avec les questions de genre sur Twitter, mais je vous exhorte à considérer la résonance d’une récente déclaration faite au Forum d’Aspen sur la sécurité par le président du Comité des chefs d’état-major interarmées des États-Unis…
« Nous entrons dans un monde tripolaire où les États-Unis, la Russie et la Chine sont toutes des grandes puissances. Le simple fait de passer de deux à trois entraîne une complexité accrue ».
Il ne s’agit pas d’une déclaration d’un outsider, d’un eurasiste refoulé ou d’un ancien partisan de Trump. Le général Mark Milley est absolument un étatiste (du point de vue de l’ère Biden) qui ne demande qu’à suivre la ligne du parti sur n’importe quelle question à la mode. Comme preuve de cette position, pour une raison qui vous échappe, c’est lui qui a véritablement introduit le « changement climatique » comme un aspect de la défense. Il a même commandé un rapport important de l’Army War College détaillant un scénario de « défaite » pour la « mission » de l’Amérique dans les 20 ans suivant sa publication en raison du changement climatique. Bien que Trump lui ait donné son poste actuel, il a ensuite demandé à Milley de démissionner parce qu’il n’a pas réussi à « défendre (l’armée américaine) contre les radicaux de gauche qui détestent (les États-Unis) et (son drapeau) ». Cela était en rapport avec le soutien de Milley à la « théorie de la race critique » mise en place au sein des forces armées américaines.
Ce qui précède n’est pas une sorte d’attaque de la droite contre le général Milley en tant que personne, mais un bref aperçu de son caractère en tant que personne qui, au moins publiquement, a montré un grand soutien pour les hauteurs de ce bon vieil agenda libéral dont tout le monde parle. Ce qui signifie qu’avec sa position et ses opinions, il agit comme « le système », en uniforme. Et cet homme du système, qui est au sommet du sommet de l’armée ( en excluant le Président bien sûr) vient de déclarer que la période monopolaire, la période post guerre froide de la Pax Americana est terminée.
Les autres valeurs pour lesquelles Milley est connu (favorablement ou défavorablement), comme la théorie de la race critique et le changement climatique dans un contexte de défense, n’ont pas été inventées par lui, mais il les a néanmoins encouragées. C’est un reflet du niveau de leur « mainstreamness », qui montre que s’il répète aujourd’hui » Multipolarité « , c’est que le concept est peut-être devenu courant dans les couloirs du pouvoir à Washington, bien que ce ne soit pas par enthousiasme passionné pour l’idée, mais plutôt par une acceptation triste de la réalité.
« Ils ont été très clairs à ce sujet. Ils ont un rêve chinois, et ils veulent remettre en question l’ordre dit libéral, fondé sur des règles, qui est entré en vigueur en 1945 à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Ils veulent le réviser. Nous avons donc un… pays qui devient extraordinairement puissant et qui veut réviser l’ordre international à son avantage. Cela va être un véritable défi au cours des 10 à 20 prochaines années, [et cela] va être vraiment déterminant ».
Cette citation moins connue du discours souligne une fois de plus la conviction de Milley que la Pax Americana est morte.
Aujourd’hui, a-t-il dit, les États-Unis, la Russie, la Chine, les alliés et les partenaires vont devoir être très prudents et conscients de la façon dont ils traitent les uns avec les autres à l’avenir et une communication coordonnée entre les grandes puissances sera une nécessité, a-t-il ajouté.
Nous devrions peut-être tous pousser un soupir de soulagement, car l’ordre de l’après-Guerre froide a, ou devrais-je dire « avait », un grand potentiel de scénario apocalyptique, étant donné que les protocoles et les règles d’engagement entre Moscou et Washington ont été rompus, alors que la menace de guerre (de la moitié de la période Poutine à aujourd’hui) ne l’a pas été. Si les États-Unis sont réellement disposés à travailler sur le fonctionnement de cette nouvelle guerre froide, cela ne pourra que contribuer à préserver le monde d’un hiver nucléaire dû à un malentendu qui aurait mal tourné.
C’est un motif d’optimisme, mais le fait que le général Milley ne voit dans la montée d’un monde multipolaire qu’une excuse pour une nouvelle guerre froide est un peu déprimant. Mais une nouvelle guerre froide est une excuse pour maintenir le budget militaire à un niveau élevé alors qu’il pourrait être réduit. Comme on dit « suivez l’argent ».
L’un des arguments de vente d’un ordre mondial multipolaire est qu’il élimine la logique du « jeu à somme nulle » de la Guerre froide, selon laquelle chaque nation sur Terre fait partie soit de l’équipe A, soit de l’équipe B, ce qui signifie qu’il faut se battre pour chacune d’entre elles, sinon l’autre camp gagne la place. La façon multipolaire de gérer les choses élimine également la tyrannie inhérente au mondialisme, où un groupe domine le monde entier en écrasant tout concurrent qui tenterait de briser le monopole. Le chef d’État-Major des armées voit dans cette situation une sorte d’horrible réalité contre laquelle il faut lutter, bien qu’il n’ait pas mentionné le rétablissement d’un ordre mondial monopolaire, du moins il ne l’a pas encore fait.
Pour les raisons décrites ci-dessus, le discours du général Milley au Forum sur la sécurité d’Aspen est une nouvelle majeure qui donne matière à réflexion. Il pourrait s’agir du grand signal que le monde attendait, à savoir que même Washington et l’armée américaine, en particulier, considèrent qu’un avenir multipolaire est inévitable et se dessine déjà.
source : https://fort-russ.com
traduit par Avic pour Réseau International
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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