Des militaires ont diffusé une vidéo où apparaît le président réélu en 2020 pour un mandat très contesté et ont annoncé « dissoudre la Constitution et les institutions ».
Les forces spéciales guinéennes ont affirmé dimanche 5 septembre avoir capturé le président Alpha Condé et « dissoudre » les institutions, dans une vidéo adressée à un correspondant de l’Agence France-Presse (AFP) et postée sur les réseaux sociaux, tandis que le ministère de la Défense assure que les assaillants ont été « repoussés ».
« Nous avons décidé après avoir pris le Président, qui est actuellement avec nous (…), de dissoudre la Constitution en vigueur, de dissoudre les institutions ; nous avons décidé aussi de dissoudre le gouvernement et la fermeture des frontières terrestres et aériennes », dit un des putschistes en uniforme et en armes dans cette déclaration qui a aussi abondamment circulé sur les réseaux sociaux.
Déclaration du Lieutenant-colonel Mamady Doumbouya. Il annonce l’arrestation du Président Alpha Condé ainsi que d’autres mesures comme la dissolution de la constitution, des institutions en place, la fermeture des frontières.#Kaloum #Guinee #Kibaro pic.twitter.com/tvju4noImB
— Pàppa Ismaayla Jeŋ (@aliamsi) September 5, 2021
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Depuis des mois, ce pays d’Afrique de l’Ouest parmi les plus pauvres au monde malgré des ressources minières et hydrologiques considérables est en proie à une profonde crise politique et économique, aggravée par la pandémie de Covid-19. L’avant-veille de la présidentielle du 18 octobre 2020, le centre de Conakry s’était réveillé avec ses accès bloqués par les forces de sécurité, tandis que la presse faisait état d’une mutinerie dans un camp militaire à Kindia, à une centaine de kilomètres à l’est de la capitale.
La candidature du président Alpha Condé à un troisième mandat en octobre 2020 a provoqué des mois de tensions qui ont causé des dizaines de morts dans un pays coutumier des confrontations politiques sanglantes. L’élection a été précédée et suivie par l’arrestation de dizaines d’opposants.
M. Condé, 83 ans aujourd’hui, a été définitivement proclamé président pour un troisième mandat le 7 novembre, malgré les recours de son principal challenger, Cellou Dalein Diallo, et de trois autres candidats qui dénonçaient des « bourrages d’urnes » et des irrégularités de toutes sortes. Des défenseurs des droits humains fustigent une dérive autoritaire observée au cours des dernières années de la présidence Condé et remettant en cause les acquis du début. Les militaires s’étaient emparés du pouvoir par la force en 2008 après la mort du président Lansana Conté.
La contestation réprimée à plusieurs reprises
M. Condé, ancien opposant historique, emprisonné et même condamné à mort, était devenu en 2010 le premier président démocratiquement élu en Guinée après des décennies de régimes autoritaires. Le 19 juillet 2011, Alpha Condé, élu l’année précédente, était sorti indemne d’une attaque menée par des militaires contre sa résidence. Il avait accusé plusieurs personnalités, et mis en cause le Sénégal et la Gambie, qui avaient démenti.
Il a rejoint aux yeux de ses adversaires et de maints défenseurs de la démocratie les rangs des dirigeants africains se maintenant au pouvoir au-delà du terme prévu, de plus en plus souvent en usant d’arguments légaux.
Alpha Condé avait fait adopter en mars 2020, malgré une contestation déjà vive, une nouvelle Constitution pour, disait-il, « moderniser [les] institutions » et, par exemple, accorder une plus grande place aux femmes et aux jeunes. L’opposition dénonçait un « coup d’État » constitutionnel. La contestation a été à plusieurs reprises durement réprimée.
M. Condé se targue d’avoir fait avancer les droits de l’homme et d’avoir redressé un pays qu’il dit avoir trouvé en ruines. Il se défendait en octobre 2020 sur Radio France Internationale et France 24 de vouloir instaurer une « présidence à vie ». La nouvelle Constitution lui permet théoriquement de se représenter dans six ans, une éventualité sur laquelle il s’est gardé de se prononcer.
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