Nous savions depuis les révélations de Wikileaks que les services de renseignements américains avaient espionné Merkel pendant des années (et ses prédécesseurs durant des décennies). Nous l’évoquions succinctement, et de manière facétieuse, dans l’un des tout premiers billets de ce blog, sous la forme d’un dialogue entre dame Angela et Barrack à frites lors du sommet du G7 en 2015 :
Le club des pays les plus endettés du monde se réunit. Entre deux bières, Merkel et Obama discutent le bout de gras :
– dis Angela, je suis embêté, les néo-nazis dont nous avons soutenu le coup d’Etat l’année dernière commencent à nous échapper…
– écoute Barack, les médias verrouillés sont dans notre poche, personne n’en parle.
– je sais, mais ils mettent une pression énorme sur Poco… Poro… comment s’appelle celui qu’on a installé là-bas… le mec du chocolat… ah oui, Poroshenko.
– celui qui a multiplié par sept sa fortune personnelle depuis qu’il est président ?
– oui, celui-là.
– jetons-le, on n’en a plus besoin. Prenons Yaroch.
– non, celui-là aussi est néo-nazi, tu sais, le Pravy Sektor…
– décidément !
– et Yatseniouk n’a plus aucune crédibilité depuis qu’il a annoncé la 79ème invasion russe de l’année…
– écoute Barack, est-il finalement si important que l’Ukraine ait des dirigeants ? De toute façon, depuis le Maidan, ce pays court à l’abîme, l’anarchie côtoie la banqueroute. Europe et Russie sont divisées, tu as ce que tu voulais et je t’ai fidèlement secondé. A propos… heu… tu pourrais enfin me donner ces enregistrements de la NSA sur mon passé ?
Ailleurs, nous nous demandions pourquoi Merkel passait son temps à…
crier au grand méchant ours russe. Russophobie réelle, chantage à l’or allemand entreposé à la FED américaine et dont on ne sait plus trop s’il existe encore, chantage de la NSA sur la jeunesse peu reluisante de la possible informatrice de la Stasi, ou tout cela à la fois ? Mémère a en tout cas tout fait pour torpiller le South Stream devant fournir le gaz russe aux Balkans.
Six ans plus tard, l’affaire revient sur le tapis et le sagace Bhadrakumar se pose la même question : « Un chantage s’exerce sur les leaders allemands. Il y a des cadavres dans le placard. Stasi ? »
Si l’on reparle de la chose, c’est qu’on apprend que cet espionnage en règle de la NSA sur ses « alliés » s’est fait avec la collaboration pleine et entière des services danois. Solidarité européenne, quand tu nous tiens…
On savait déjà que les services du pays scandinave étaient fort impudents, renseignant le Big Brother américain sur les ministères danois (!) ainsi que les entreprises nationales, sans compter les dirigeants français, suédois, norvégiens et hollandais. Merkel est maintenant à ajouter sur la longue liste.
Un véritable Etat dans l’Etat au service de Washington, oeuvrant contre les intérêts de son propre pays ainsi que ceux des voisins, théoriquement amis. Cela remet sur la table une question que beaucoup se posent depuis longtemps : jusqu’à quel degré les organes de renseignement européens sont-ils noyautés par le suzerain US et oeuvrent-ils pour lui ? A qui obéissent-ils vraiment ?
En son temps, Richelieu avait tranché dans le vif, coupant les « têtes du dragon » comme il les appelait, que ce soient les places fortes protestantes (siège de La Rochelle) ou le parti dévot ultra-catholique pro-espagnol. Il est cependant difficile de voir dans les euronouilles actuels des émules du vénérable cardinal…
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