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par Jean-claude Manifacer.
Comment criminaliser la pensée rationnelle : Silence des médias occidentaux, lâcheté des dirigeants et pensée sophistique.
La ligne politique éditoriale de tous les grands médias occidentaux diffuse depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale la haine du sentiment nationaliste, même et surtout d’un nationalisme pacifique. La conséquence, dans le délabrement de la pensée sophistique des « élites » occidentales, est : d’accepter, par inversion accusatoire, l’impérialisme, voire le colonialisme de certains pays.
Fin avril 2021, dans un rapport de 220 pages et plus de 800 références, l’ONG de défense des droits de l’homme Human Rights Watch (HRW) accusera Israël de crimes d’Apartheid et de persécution en Palestine occupée. Pour Kenneth Roth, son directeur, cette étude s’appuie sur le droit international, selon lequel l’intention de domination caractérise tout apartheid. « Le droit pénal international a défini deux crimes contre l’humanité pour des situations de discrimination et de répression systématiques : l’apartheid et la persécution. Les crimes contre l’humanité comptent parmi les plus odieux en vertu du droit international. Au fil des ans, la communauté internationale a détaché le terme d’apartheid de son contexte sud-africain d’origine, élaborant une interdiction juridique universelle de cette pratique, reconnue comme crime contre l’humanité selon les définitions énoncées dans la Convention internationale de 1973 sur la répression et la répression du crime d’apartheid et le Statut de Rome de 1998 de la Cour pénale internationale (CPI) ».
Eric Goldstein le Directeur adjoint de « Middle East and North Africa, HRW » précise que les forces israéliennes ont régulièrement tiré sur des manifestants palestiniens et d’autres personnes qui se sont approchées des clôtures séparant Gaza et Israël dans des circonstances où ils ne posaient pas de menace imminente à la vie, tuant 214 manifestants rien qu’en 2018 et 2019 et en mutilant des milliers d’autres. Ces crimes d’État contre une population qui résiste avec des moyens dérisoires par comparaison avec celles de l’occupant israélien sont rarement mentionnés dans des médias occidentaux qui ont l’habitude, depuis des décennies, de regarder dans une autre direction.
Un documentaire de Élise Lucet, dans l’Émission Envoyé spécial de France 2 du jeudi 11 octobre 2018 donnera, à une heure de grande écoute, la parole à un soldat de Tsahal qui reconnaissait que cette armée conseillait des tirs incapacitants. On montrait la rééducation de jeunes Palestiniens ayant perdu une jambe. « Alaa, 21 ans, rêvait de devenir le champion palestinien de cyclisme sur route. Mais le 30 mars dernier, une balle a emporté sa jambe droite et tous ses espoirs. Mohamad, 13 ans, aimerait devenir médecin. Lui aussi a été amputé, comme Atallah, 17 ans, et tant d’autres. Tous ont perdu leur jambe sous les tirs des snipers israéliens lors d’une “marche du retour” ».
La seule chose qu’avait trouvé à faire l’Ambassade israélienne c’est de demander l’interdiction de cette diffusion à la télévision à cause des risques de réactions antisémites !
Environ 6,8 millions d’Israéliens juifs et 6,8 millions de Palestiniens vivent aujourd’hui entre la mer Méditerranée et le fleuve Jourdain. Cette région englobe Israël et le Territoire palestinien occupé (TPO), constitué de la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, et de la bande de Gaza.
Dans la majeure partie de cette région, Israël est l’unique puissance gouvernante ; dans les autres parties, Israël exerce l’autorité première, parallèlement à une autonomie palestinienne limitée. Dans la plupart des aspects de la vie quotidienne, les autorités israéliennes privilégient méthodiquement les Israéliens juifs et exercent une discrimination à l’égard des Palestiniens…Ces autorités ont, à des degrés divers, dépossédé, confiné, séparé de force et asservi des Palestiniens en raison de leur identité. Dans certains endroits, comme le décrit ce rapport, ces exactions sont si graves qu’elles constituent des crimes contre l’humanité d’apartheid et de persécution… Chaque jour, une personne naît à Gaza dans une prison à ciel ouvert, en Cisjordanie en l’absence de droits civils, en Israël avec un statut juridique inférieur et dans les pays voisins avec de fait un statut de réfugié à vie, comme leurs parents et grands-parents avant eux, uniquement parce que ces personnes sont palestiniennes et non juives.
« Il n’y a pas de pays dans le monde qui soit plus clair dans ses politiques d’apartheid qu’Israël », a déclaré Nabil Shaath, un conseiller principal du président palestinien Mahmoud Abbas. « C’est un État fondé sur des décisions racistes visant à confisquer des terres, à expulser des populations autochtones, à démolir des maisons et à établir des colonies. »
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Exemples emblématiques : George Floyd, Iyad al-Halak et Abdu Fatah al-Sharif. Dans certains cas, les médias occidentaux dorment
1- George Perry Floyd, afro-américain de 46 ans, a été tué le 25 mai 2020 par un policier de Minneapolis.
Le policier Derek Chauvin, avait maintenu son genou sur son cou pendant près de 9 min, provoquant ainsi sa mort par étouffement. George Floyd avait, pendant ces 9 minutes, supplié à plusieurs reprises manifestant sa difficulté à respirer. Le policier Derek Chauvin a été déclaré coupable le 20 avril 2021 d’homicide involontaire et de meurtre au deuxième degré. L’annonce du verdict a suscité une explosion de joie devant le tribunal. Le juge doit prononcer la peine définitive dans quelques mois. L’incrimination la plus grave, meurtre au deuxième degré, peut entraîner jusqu’à quarante ans de prison. Cette mort a conduit à l’explosion médiatique du mouvement BLM (« Black Lives Matter », La Vie des Noirs Compte), un mouvement né aux USA au début des années 2010 et qui affiche sur Google plus de 96 millions de citations en janvier 2021.
2- Iyad al Halak, palestinien, autiste de 32 ans, a été tué le 30 mai 2020 par la police israélienne des frontières dans la vieille ville de Jérusalem.
Cette police avait confondu son téléphone portable avec une arme (sic). Halak tenait son téléphone à la main et il n’aurait pas compris les ordres lancés par les agents le sommant de s’arrêter, alors qu’il traversait la porte du Lion. Warda Abu Hadid, l’aide-soignante de Halak l’accompagnait à l’institution spécialisée qui le prenait en charge. Des agents ont ouvert le feu, le neutralisant (mortellement), selon la présentation usuelle dans la presse israélienne. Il aurait pris la fuite, à pied, et se serait caché dans un local à poubelles, où il a été abattu. L’aide-soignante a déclaré qu’elle avait tenté de leur dire qu’il était autiste et qu’il ne les comprenait pas. « Il est handicapé, handicapé, dit-elle avoir crié de manière répétée, en hébreu, en direction des agents. Attendez, prenez sa carte d’identité, vérifiez sa carte d’identité », se souvient-elle avoir dit. « Et soudain, ils ont tiré trois balles devant mes yeux », raconte-t-elle. « J’ai hurlé : ‘Ne tirez pas’. Ils n’ont pas écouté, ils n’ont pas voulu m’entendre ». Les deux agents incriminés ont été interrogés après lecture de leurs droits dans la journée de samedi. L’un d’entre eux a été assigné à résidence et son commandant a été libéré.
Son père, Kheiri Halak, a déclaré à la chaîne publique Kan qu’il pensait que son fils tenait dans sa main son téléphone quand la police l’a remarqué.
L’affaire a suscité peu de réactions empathiques dans le monde. Il y a eu peu d’informations dans la presse française ou européenne et en particulier un silence télévisuel total concernant sa mort. Son nom, à la différence de George Floyd, est quasiment inconnu dans le public. Sa mère, Ranad al-Halak, a déclaré depuis la chambre de son fils : « Ils ont versé le sang d’un jeune homme innocent qui n’a pas vécu grand-chose dans cette vie … il était l’une des créatures les plus faibles de Dieu ».
Il y a quelques semaines, au moment du procès de Derek Chauvin, des centaines d’articles seront publiés dans le New York Times (NYT), le Washington Post (WaPo) et la presse occidentale. Ce procès fera les unes à la télévision. Une recherche Google permettra d’évaluer la différence de traitement médiatique entre la mort de Iyad Halak et celle de George Floyd.
En mai 2021 on obtiendra les résultats suivants pour la mesure d’audience de « George Floyd » : 70 millions de ‘hits’ sur Google. Une recherche identique du patronyme « Iyad Halak », en additionnant les citations des différents patronymes, Hallak, Halak, Halaq, Hayak, Hallaq, conduiront à moins de 50 000 ‘hits’.
Dans les grands médias US et occidentaux, on rappellera que Floyd, Afro-américain, a été tué par un policier blanc. Des manifestations pour Halak ont eu lieu à Jérusalem, Tel Aviv et Bethléem en Cisjordanie occupée, où les manifestants ont allumé des bougies et scandé « La vie des Palestiniens compte », dans ce qu’ils ont appelé un acte de solidarité avec les Afro-Américains. Gideon Levy en a parlé et l’écrivain Rogel Alpher, lui-même père d’un enfant handicapé, a écrit dans le journal Haaretz « Si c’était mon fils, j’aurais du mal à continuer à vivre ». En mai 2021 les ‘hits’ sont toujours des dizaines de milliers de fois plus nombreux pour l’afro-américain que pour le Palestinien.
Dans le cas de la « neutralisation » de Iyad al Halak, on apprendra quatre mois plus tard, par le TOI du 21 octobre 2020, que malgré les nombreuses caméras présentes sur les lieux, il n’y avait aucune preuve vidéo, ni de la poursuite ni de la fusillade elle-même. « Les tirs ont eu lieu dans un local appartenant à la municipalité de Jérusalem et administré par une entreprise de nettoyage privée. Les caméras à l’intérieur n’étaient soit-disant pas branchées. En Israël où les caméras vidéos surabondent dans les lieux publics, elles semblent souvent en panne. Les seules vidéos accessibles sont celles prises par des témoins ayant assisté à l’évènement ou celles de l’association de défense des droits de l’homme B’Tselem. Le commandant de l’officier qui a tiré, participé à la poursuite et qui était présent à la fusillade, ne sera pas inculpé. Finalement, « après avoir examiné toutes les circonstances de l’incident, il a été décidé de clore ce dernier dossier, car aucune infraction pénale n’est apparue dans sa conduite. Il a agi exactement de la manière qu’on attendait de lui dans cet endroit explosif appelé Moyen-Orient : il a poursuivi quelqu’un qu’il croyait être un terroriste qui a finalement été abattu, a déclaré Oron Schwartz, qui représentait le commandant de la police, dans un appel téléphonique au Times of Israel. « C’est une tragédie, bien sûr, et nos cœurs sont avec la famille ». Le ministre de la Justice, Avi Nissenkorn, a fait lui l’éloge de ce qu’il a appelé « le traitement professionnel de la question » par le Département des Affaires intérieures.
3- La neutralisation de Abdel Fattah al-Sharif
Les exécutions par l’armée israélienne de manifestants non armés sont fréquentes. Cet exemple particulièrement poignant est celui de l’assassinat, le 24 mars 2016, d’Abdel Fattah al-Sharif qui avait, avec son cousin, attaqué et légèrement blessé deux soldats de l’armée israélienne dans la ville occupée par les colons d’Hébron. Rappelons que la charte fondatrice de la CPI, le Statut de Rome de 1998, statut entré en vigueur le 1er juillet 2002, définit dans son article 8.2.b.viii, p. 7, comme crime de guerre : « le transfert, direct ou indirect, par une puissance occupante d’une partie de sa population civile, dans le territoire qu’elle occupe ». Cet évènement sera un peu médiatisé, beaucoup plus en Israël qu’en Occident d’ailleurs, car à l’inverse du cas d’Halak une vidéo, prise par B’Tselem, sera publiée sur les réseaux sociaux. Le silence télévisuel sera total en France concernant la mort d’Iyad Al Halak, et d’Abdel Fattah al-Sharif des noms qui à la différence de George Flyod sont quasiment inconnus.
L’un des cousins avait été abattu sur le champ (neutralisé selon la formule maintenant consacrée). Elor Azaria, infirmier, qui était sergent de Tsahal à l’époque, avait ensuite froidement assassiné d’une balle dans la tête Abdel Fattah al-Sharif grièvement blessé gisant au sol. Alors qu’il n’avait pas participé à l’arrestation, Azaria était arrivé, l’avait mis en joue posément, onze minutes environ après que Sharif ayant déjà reçu une balle ait été grièvement blessé et désarmé. Azaria n’a jamais exprimé le moindre regret, mais de la fierté, pour ce meurtre, disant que si nécessaire il recommencerait. Au mois de novembre 2017, le Premier ministre Benjamin Netanyahou, le ministre de la Défense Avigdor Liberman, le ministre des Affaires sociales Haim Katz, la ministre de la Justice Ayelet Shaked, le ministre de l’Intérieur Aryeh Deri ainsi qu’environ 50 autres parlementaires avaient signé une pétition demandant sa libération. Il bénéficiera d’une réduction du tiers de sa peine et ne fera que 8 mois de prison. On se rappellera de la déclaration de la philosophe S. Weil : « Le terrorisme d’État est pire infiniment pire que celui d’individus irresponsables ».
Une vidéo de cette exécution a été filmée par l’association B’Tselem, une ONG israélienne, le centre israélien d’information pour les droits de l’homme dans les territoires occupés. La vidéo originale a été censurée mais il existe encore la vidéo ci-dessous, plus courte de durée 3min, où on voit clairement qu’il n’y a aucun geste de secours venant des soldats israéliens qui circulent sur la scène. Aucune attention manifeste et aucun soin au blessé ni ensuite aucune tentative des soldats pour arrêter le meurtrier. Le corps du cousin tué est lui aussi visible.
The Times of Israël, 8 mai 2018 reproduira la photo de la mère d’Abdel Fattah al-Sharif, qui déclarera : « Il n’y a rien à faire, c’est quelque chose de normal pour eux ».
Des déclarations de responsables politiques, militaires ou religieux caractéristiques d’un état d’esprit particulier sont tout aussi normales dans certains médias israéliens. C’est le cas par exemple deNaftali Bennett, alors ministre de l’Économie et chef de « Foyer juif » en 2013 : « J’ai tué beaucoup d’Arabes dans ma vie. Et il n’y a aucun problème avec ça », ajoutant « préférer que l’on tue ces prisonniers palestiniens plutôt que de les traduire en justice », HuffPost, 4 mars et Le Monde 30 juillet 2013. Bennett est aujourd’hui pressenti pour une participation au prochain gouvernement israélien.
Les réactions israéliennes à la publication du rapport « Apartheid et persécution en Palestine » de l’ONG Human Rights Watch
Pour Le Times of Israel (TOI), Jérusalem Post, Jewish & Israel News Algemeiner, Europe Israel News – informations sur Israël, Le Monde Juif – Actualité du monde juif, JForum.fr une information juive sur Israël, Israel news Israel Hayom, Jewish Telegraphic Agency, Jewish Journal, Tablet…, la réaction de la quasi totalité de la presse juive de langue anglaise ou française a été négative :
« Collection de mensonges et d’inventions », « à la limite de l’antisémitisme », « qui fait partie de la campagne permanente contre Israël », le rapport de B’Tselem est basé sur une « vision idéologique déformée » il est « scandaleusement faible, malhonnête et trompeur », « ce n’est pas simplement une critique forte, c’est une critique existentielle », « De toutes les organisations non gouvernementales qui se sont consacrées à la cause de la diabolisation d’Israël, Human Rights Watch est sans doute la pire et la plus vicieuse », Alléguer que les politiques israéliennes sont motivées par le racisme est à la fois sans fondement et scandaleux et minimise les menaces très réelles que les terroristes palestiniens font peser sur la sécurité des civils israéliens ». L’ambassadeur d’Israël aux États-Unis, Gilad Erdan, a déclaré que « le rapport était à la limite de l’antisémitisme », « Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU est un organe anti-israélien, discriminatoire et hypocrite ». « Ces résolutions sont obsessionnelles, partiales et anti-israéliennes » etc.
À cette lecture on comprend mieux la campagne mondiale en cours de l’IHRA qui a pour objet d’assimiler toute critique d’Israël ou tout soutien à la cause palestinienne à de l’antisémitisme. Noam Chomsky rappelait qu’il y a cinquante ans, l’éminent homme d’État israélien Abba Eban avait déjà écrit que « l’une des tâches principales de tout dialogue avec le monde païen est de prouver que la distinction entre l’antisémitisme et l’antisionisme n’est pas du tout une distinction. L’antisionisme n’est que le nouvel antisémitisme ». Il écrivait le 31 juillet 2020 un article : « Sur la militarisation des fausses accusations d’antisémitisme contre les mouvements progressistes radicaux ».
Israël rejette catégoriquement le terme Apartheid, affirmant que les restrictions qu’il impose à Gaza et en Cisjordanie sont des mesures temporaires nécessaires à la sécurité. 0n peut à juste titre penser qu’après plus de 50 ans d’occupation et la croissance exponentielle de colonies de peuplement, les problèmes de sécurité ne sont qu’une excuse et qu’Israël ayant franchi la ligne jaune, est coupable de crimes contre l’humanité et d’être un régime d’apartheid.
Parmi les rares publications ayant une analyse plus objective de ce rapport, on peut citer : Haaretz, l’organisation B’Tselem et The Jewish Forward. Gideon Levy dans Haaretz du 28 avril 2021 déclare : « Il est bien sûr possible d’argumenter sans fin avec Benjamin Netanyahou, qui nous met en garde avec beaucoup de pathos contre les terribles dommages causés à la célèbre démocratie israélienne et à son État de droit. Nous pouvons continuer à jouer avec nous-mêmes, à profiter de la vie et à mentir comme bon nous semble. Mais lorsque les rapports s’accumulent – en janvier, c’était un rapport de l’organisation israélienne B’Tselem, et maintenant celui de l’organisation américaine HRW – Cela oblige les Israéliens qui ont une conscience à réfléchir au pays dans lequel ils vivent, et oblige les gouvernements à se demander s’ils continueront à embrasser un pays doté d’un tel régime ». La journaliste Hagar Shezaf, fait une analyse équitable dans Haaretz du 27 avril 2021 : Elle résume le rapport en détail sans répéter les accusations usuelles, malhonnêtes et non prouvées, d’antisémitisme.
Il est tout aussi faux de répéter que la Palestine n’existe pas que de présenter des résistants palestiniens comme des terroristes
« Avant tout, ne vous mentez pas à vous-même. L’homme qui se ment à lui-même et écoute son propre mensonge en vient à ne plus pouvoir distinguer la vérité en lui, ou autour de lui, et perd ainsi tout respect pour lui-même et pour les autres ».
Fyodor Dostoyevsky, Les Frères Karamazov
On trouve depuis le Paléolithique des traces d’habitation humaine en Palestine. Jéricho est, au 7ème millénaire avant J.-C., une des plus anciennes cités du monde. Les premiers habitants connus de la Palestine sont les Cananéens, une mosaïque de tribus (Hittites, Amorrites, Hivvites, Jébuséens, Amalécites, Édomites…). À sa sortie d’Égypte Moïse verra le Pays de Canaan du haut du Mont Nébo. L’Ancien Testament raconte la conquête de cette Terre promise. Les Hébreux doivent anéantir les autochtones, considérées idolâtres dans la Bible, afin d’en prendre possession suivant la volonté divine. Au moment de la traduction de la Septante en grec, au 3ème siècle avant J.-C., les juifs d’Alexandrie représentent près du tiers de sa population. À l’époque romaine la Palestine correspond à la province juive de Judée. Dès le début des conquêtes romaines une importante diaspora juive s’installe sur la pourtour de la méditerranée. Shlomo Sand, historien et professeur à Tel Aviv, précise dans son livre « Comment le peuple juif fût inventé » et dans ses vidéos qu’il n’existe pas de décret romain d’expulsion des juifs de la Judée-Samarie. L’apôtre Paul dans son voyage vers Rome rencontrera les juifs de la diaspora : ceux d’Antioche et Iconium en Turquie ou Thessalonique en Grèce.
À Rome, la population juive est déjà importante sur le Tibre au moment du procès plaidé par Cicéron, vers 60 avant J.-C. L’auteur de cet article accusera Cicéron, le défenseur de Lucius Flaccus, d’antijudaïsme car il parle de la solidarité des Juifs et de leur influence déjà considérable à Rome. La solidarité des juifs, dont ils sont et à juste titre très fiers, a une longue histoire.
Au VIe siècle, les chrétiens sont majoritaires en Palestine à leurs côtés on trouve une forte minorité juive, des Arabes païens et une petite communauté samaritaine. La conquête musulmane entraînera de nombreuses conversions.
Jusqu’au XIXe siècle les juifs sont très minoritaires en Palestine. Il y aura fin 19ème des vagues d’immigration juive en provenance de Russie et le baron Edmond de Rothschild favorisera l’implantation de colonies juives. Aujourd’hui les tests de judéité exigé par le rabbinat sont contestés.
La Palestine occupée : Un avenir sans aucune espérance qui conduit à un comportement suicidaire
Il y a d’abord la volonté israélienne constante de criminaliser sous l’accusation d’anti-sémitisme toute défense du peuple palestinien. La complicité de la plupart des gouvernements qui regardent ailleurs est totale. Quelques exemples, sur quelques jours, rapportés dans la presse israélienne.
– Le 6 mai 2021, il y a eu en Dordogne des rassemblements pour la Palestine. Le journal Jforum, portail juif francophone, en rendra compte en écrivant : « Ce sont encore les idiots inutiles, manipulés par des médias qui trahissent la vérité ».
– Le même jour, 6 mai, le Times of Israel (TOI) rapporte que le Bureau national de Vigilance contre l’Antisémitisme (BNVCA ) accuse une professeure de Sciences-Po, spécialiste du Proche-Orient d’être en faveur du mouvement BDS, pour le boycott d’Israël.
– La veille, 5 mai, le journal ISRAELHAYOM, déclarait : « Human Rights Watch va au-delà de l’antisémitisme », cela alors que le rapport de HRW est accablant pour la politique d’apartheid israélienne en Palestine. Les nombreuses tableaux de ce texte comparant les conditions de vie des Palestiniens et des Israéliens dans les territoires occupés ou en Israël ne sont jamais critiqués car ils sont indiscutables.
– Le TOI du 2 mai rapporte qu’une femme sexagénaire s’est approchée d’un groupe de soldats avec un couteau à la main et a voulu les poignarder. Un soldat lui a tiré une balle dans la jambe et elle a été emmenée à un centre médical de Jérusalem dans un état critique. Il y a dans l’article une courte vidéo où on voit deux soldats puissamment armés, casqués, avec gilets pare-balle et à une dizaine de mètres cette dame âgée, en djellaba, tête couverte d’un foulard, cabas sur l’épaule et agitant un couteau de cuisine, dont le journal donne une photo, dans la main gauche. Le contraste entre ces deux militaires et cette femme est saisissant. Il y a de plus quelque chose qui ne va pas, une balle dans la jambe ne colle pas avec son état critique rapporté.
Il faut lire le journal israélien beaucoup plus objectif du même jour, Haaretz, pour comprendre : « Alors qu’elle continuait à marcher vers eux, deux balles ont été tirées sur elle. Elle a été blessée à la poitrine et aux membres ».
Le journal Le Monde Juif titrera le 2 mai : « Barbariepalestinienne : tentative d’attaque au couteau, la terroriste neutralisée, elle a été neutralisée par le tir d’une balle dans la jambe après avoir tenté de poignarder un soldat ». Même omission d’une balle dans la poitrine et mensonge sur la tentative de poignarder un soldat qui se trouve à plusieurs mètres.
Le Jewish & Israel News Algemeiner du 2 mai rajoute quelques détails : « Ce matin, nous avons été témoins d’une nouvelle tentative de faire du mal aux juifs simplement parce qu’ils sont juifs », seul le tir dans la jambe est mentionné. L’article rapporte à cette occasion deux autres « neutralisations » à cette jonction Gush Etzion située au sud de Bethléem, le 31 janvier, un assaillant a été abattu après avoir chargé des soldats avec une lance improvisée (sic) et le 5 janvier, un terroriste brandissant un hachoir à viande (re-sic) a été abattu par un civil présent sur les lieux.
Aaron Boxerman dans le TOI du 3 mai 2021 donnera sa version : la Palestinienne tuée lors d’une attaque souffrait de troubles mentaux. Un psychiatre a déclaré qu’elle refuse toute thérapie et médicaments et espère la mort et le suicide. L’armée israélienne a estimé que l’attaque était manifestement un acte de terrorisme et a empêché la libération du corps d’Al-Hroub. Israël a une politique controversée consistant à conserver les corps des terroristes présumés à des fins de dissuasion.
Aucun journal n’abordera ce problème d’un désespoir si fort chez certains jeunes et moins jeunes dans la société palestinienne qu’il conduit à la recherche d’un suicide plus glorieux que la servitude.
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source : https://plumenclume.org
Source : Lire l'article complet par Réseau International
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