Les Pères de l’Église eux-mêmes seraient à exclure comme de véritables hérétiques si l’on était cohérent avec la vision du monde catholique issue des Conciles et des papes. Il n’y a pas de plus grand contraste et opposition imaginable dans le christianisme qu’entre l’esprit étroit, philistin et dogmatique des Conciles et l’esprit des premiers Pères de l’Église (Philon et Clément d’Alexandrie, Jean Chrysostome, plus tard Origène d’abord anathémisé puis au contraire élevé au rang de Père de l’Église ou d’éminent docteur comme le savant irlandais Jean Scot Erigène). Les Pères de l’Église étaient encore imbus de gnose et de paganisme assumé, du courant graalique et solaire si l’on veut, surtout par le biais de la pensée grecque (voir l’exemple de Paul et des Pauliciens). Même Augustin considère le miracle grec comme porteur du courant chrétien avant le Christ. Augustin a introduit dans le culte catholique, lui-même imbu de gnose païenne, de nombreuses caractéristiques du culte manichéen (qui intégra une grande part des Pauliciens), auquel groupe il a tenté de faire partie mais dont il a toujours été rejeté, maintenu au rang de simple auditeur. L’islam aussi a emprunté, pour ne pas dire volé, quantité de traits du manichéisme. L’empire ouighour fut un jour manichéen avant d’être sauvagement détruit, comme l’ont été à l’Ouest les Albigeois, les Cathares, les Bogomiles, les Vaudois, par les frères noirs de l’Inquisition.
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