D’après nos informations, l’accord concerne trois contrats. Le premier porte sur l’achat de trente avions de chasse Rafale à Dassault pour un montant de 3,75 milliards d’euros. Les deux autres représentent un marché à 200 millions d’euros au profit du missilier MBDA et de l’équipementier Safran Electronics & Defense. Montant total de l’opération : 3,95 milliards d’euros.
Un prêt garanti par la France
Une semaine après cette signature, la transaction est entrée dans sa phase finale. Dans les prochaines heures, une délégation d’officiels égyptiens doit atterrir à Paris avant d’être reçue à Bercy pour parapher, mardi 4 mai, l’accord financier lié au méga-contrat, le premier depuis la vente, en 2015, d’un lot de vingt-quatre Rafale.
Selon ce document à en-tête du ministère de l’économie français et du ministère de la défense égyptien, consulté par Disclose, les versements se feront principalement à crédit. Surendetté, l’état égyptien a en effet obtenu un prêt garanti par la France à hauteur de 85 % sur dix ans. Autrement dit, le Trésor public s’est porté caution auprès de plusieurs établissements bancaires français – le Crédit agricole, la Société générale, la BNP et le CIC – pour permettre au maréchal Sissi de conclure le transfert d’armement.
Si l’Egypte n’arrive pas à rembourser, c’est donc le contribuable français qui devra effacer l’ardoise de 3,4 milliards d’euros laissée par Le Caire, sans compter les intérêts. C’est plus qu’il y a six ans, lorsque Al-Sissi avait obtenu un prêt garanti à hauteur de 60 %. Contactés, l’Elysée et Matignon n’ont pas répondu à nos questions.
Opération reconquête
Il y a cinq mois, les 7 et 8 décembre 2020, Emmanuel Macron déroulait le tapis rouge au dictateur Sissi. Accueil fastueux aux Invalides, dîner à l’Elysée, remise de la grand-croix de la Légion d’honneur…
Malgré le tollé, le président n’a pas flanché, réservant tous les honneurs à son homologue accusé de l’incarcération arbitraire de plusieurs dizaines de milliers de personnes dont des responsables d’ONG, des membres de la société civile ou des journalistes. « Je ne conditionnerai pas notre politique de défense aux désaccords [sur les droits de l’homme] car je crois à la souveraineté des peuples », avait-il déclaré à l’époque, ajoutant : « Cela romprait la discussion avec l’Egypte et cela serait contre-productif dans la lutte contre le terrorisme. »
Ce soutien affiché au régime autoritaire d’Abdel Fattah Al-Sissi a immédiatement porté ses fruits : dans la foulée, Eric Trappier, le PDG de Dassault, a été reçu dans la résidence parisienne du maréchal. Suivi, un mois plus tard, par un déplacement au Caire du ministre des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian.
Contrôle renforcé
La conclusion de ce méga-contrat intervient au moment où les parlementaires français étudient les propositions des députés Jacques Maire (La République en marche) et Michelle Tabarot (Les Républicains) pour un renforcement du contrôle des exportations d’armes (lire notre enquête). Les deux élus, qui, dans leur rapport, attachent une attention particulière à l’Egypte, l’un de « nos premiers clients », en appellent à la création d’une commission parlementaire chargée d’examiner la nature des ventes et leurs destinataires. L’opacité qui entoure ces nouveaux contrats en dit long sur l’opposition de l’exécutif à rendre des comptes.
Disclose
Edit mardi 4 mai : Quelques heures après la publication, le ministère de la défense égyptien a été contraint de confirmer publiquement l’achat des Rafale. Ce mardi matin, la ministre des armées Florence Parly a fini par se féliciter d‘un « succès à l’export » pour la France.
*Source : Disclose
Source : Lire l'article complet par Mondialisation.ca
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