Empoignade

Empoignade

Si les fondamentaux vont dans le sens d’un déclin relatif assez évident de l’empire dans sa lutte contre le Heartland depuis une vingtaine d’années (un prochain billet sera d’ailleurs consacré au sujet), le Washingtonistan conserve une indéniable capacité de nuissance au jour le jour. A l’inverse, il semble à la peine dans certains dossiers majeurs. Vous l’aurez compris, le bras de fer entre l’ours et l’aigle continue de plus belle…

Au Brésil, l’Agence de régulation sanitaire vient de s’opposer à l’importation du vaccin russe, dans un pays pourtant touché de plein fouet par la vague pandémique et comptant ses morts à la pelle. A l’instar de l’euronouillerie, les « arguments » médicaux présentés tiennent difficilement la route. La Hongrie vient d’ailleurs de publier une première étude comparant les cinq vaccins qui y ont cours. Le résultat est sans appel : le plus efficace et le plus sûr est de loin le Spoutnik.

Dans le monde, ce dernier a même le vent en poupe :

Les raisons sont donc ailleurs et point n’est besoin d’être grand clerc pour les deviner. Il y a quelques semaines paraissait un article qui montrait comment les Etats-Unis faisaient pression sur le Brésil pour qu’il refuse le sérum russe. Avec succès apparemment, même si c’est au prix de quelques milliers de morts supplémentaires…

L’histoire ne dit pas si Bolsonaro, dont on sait que les relations avec Biden ne sont pas au beau fixe, y est pour quelque chose ou si l’agence en question a pris sa décisions « seule ». Une chose est sûre : les BRICS ne retrouveront leur vitesse de croisière qu’avec un retour de Lula aux affaires.

Autre information, plus spéculative celle-là : le Soudan aurait suspendu son accord avec Moscou pour la base navale dans la mer Rouge. Le conditionnel reste de mise et l’ambassade russe à Khartoum a d’ailleurs démenti la chose. Mais, dans le cas où celle-ci se révèlerait vraie, on imagine que l’oncle Sam a fait des pieds et des mains pour freiner le projet.

On sait à quel point cette base, à un emplacement de plus en plus stratégique sur l’Océan mondial, était une importante évolution dans la capacité de projection russe au-delà de sa sphère d’influence traditionnelle. La perte de ce futur point d’ancrage serait indéniablement un coup d’arrêt pour l’ours au moment où il prend son essor sur le continent africain. On en saura sans doute plus ces prochains jours…

Ailleurs, l’empire est moins heureux. Dans la Baltique, la construction du feuilleton de la décennie continue et l’Akademik Cherski a rejoint son compère Fortuna pour accélérer la pose des tubes qui pourrait être terminée en été. Farce Navalny, flambée de tension ukrainienne, rien n’y a fait : pour l’instant, Berlin tient bon.

Certes, la saga a connu tellement de rebondissements qu’il serait follement présomptueux d’en deviner le fin mot mais, dans son roman visant à diaboliser/sanctionner Moscou, l’empire semble temporairement manquer de prétextes : le clown multi-ressuscité est en prison pour trois ans, les dernières manifestations en sa faveur ont fait un flop, Kiev paraît manquer de cran pour aller jusqu’au bout de l’escalade dombasienne et a compris la ligne rouge.

A propos d’Ukraine justement, un drone multimillionnaire Global Hawk de l’USAF aurait récemment été brouillé par les systèmes russes et obligé de retourner chez lui les ailes entre les jambes. Si l’affaire n’est pas un exploit en soi (rappelons que l’Iran a abattu le même spécimen en juin 2019), c’est le message qui pourrait être plus intéressant. Apparemment, la bestiole volait certes à proximité de la frontière, mais tout de même dans le ciel ukrainien. L’ours vient-il de signifier qu’il établira une bulle de déni protégeant le Donbass ? Pas impossible quand on sait que la Crimée voisine est en train de devenir une véritable tête de pont de la défense électronique. A suivre…

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À propos de l'auteur Chroniques du Grand Jeu

« La géopolitique autrement, pour mieux la comprendre... »Présent à l'esprit de tout dirigeant anglo-saxon ou russe, le concept de Grand jeu est étonnamment méconnu en France. C'est pourtant lui qui explique une bonne part des événements géopolitiques de la planète. Crise ukrainienne, 11 septembre, tracé des pipelines, guerre de Tchétchénie, développement des BRICS, invasion de l'Irak, partenariat oriental de l'UE, guerre d'Afghanistan, extension de l'OTAN, conflit syrien, crises du gaz, guerre de Géorgie... tous ces événements se rattachent directement ou indirectement au Grand jeu. Il ne faut certes pas compter sur les médias grand public pour décrypter l'état du monde ; les journaux honnêtes font preuve d'une méconnaissance crasse, les malhonnêtes désinforment sciemment. Ces humbles chroniques ont pour but d'y remédier. Le ton y est souvent désinvolte, parfois mordant. Mais derrière la façade visant à familiariser avec la chose géopolitique, l'information est solide, étayée, référencée. Le lecteur qui visite ce site pour la première fois est fortement invité à d'abord lire Qu'est-ce que le Grand jeu ? qui lui donnera la base théorique lui permettant de comprendre les enjeux de l’actuelle partie d’échecs mondiale.Par Observatus geopoliticusTags associés : amerique latine, asie centrale, caucase, chine, economie, etats-unis, europe, extreme-orient, gaz, histoire, moyen-orient, petrole, russie, sous-continent indien, ukraine

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