L’élection étasunienne consolidera-t-elle ou brisera-t-elle ce pays ?

L’élection étasunienne consolidera-t-elle ou brisera-t-elle ce pays ?

Par Constantin von Hoffmeister – Le 3 novembre 2024 – Source RT

À l’approche des élections américaines de 2024, la tension monte à travers le pays, alimentant les craintes que la république étasunienne elle-même soit en jeu.

Pour certains, cette élection présente le risque d’une fracture finale, celle où les États fatigués de la portée fédérale excessive pourraient affirmer leur autonomie et contester l’emprise de Washington. Les partisans d’une Amérique plus décentralisée soutiennent qu’un retour à la gouvernance locale pourrait renforcer la république, tandis que les critiques avertissent que cela pourrait signaler le début d’une dissolution de ce qui liait autrefois les États par des liens familiaux et un objectif commun. Avec le monde qui regarde, le résultat de l’élection peut déterminer si l’Amérique perdure en tant que puissance unifiée ou se décompose en une mosaïque de territoires rivaux, chacun proclamant sa propre justice.

Beaucoup prévoient une ère de bouleversements – une ère qui pourrait rapprocher la nation de l’effondrement comme jamais auparavant. L’élection, soutiennent beaucoup, pourrait servir d’épée divisant les États, coupant les liens d’unité qui les maintenaient à travers les épreuves et les effusions de sang. Une vague de méfiance s’abat sur le rivage à chaque promesse de campagne et contre-attaque, nourrissant un monstre qui se cache depuis la fondation de la nation. La crainte grandit que des États forts comme le Texas puissent enfin se débarrasser des chaînes fédérales, se taillant des chemins vers des terres souveraines s’ils sentaient la trahison d’une capitale lointaine.

Certaines voix appellent à la sagesse d’une administration désagrégée, suggérant que la force ne réside peut-être pas dans un vaste royaume singulier, mais dans des régions fédérées, unies uniquement par un pacte lâche. Pour ceux-ci, la grandeur de la nation pourrait prospérer dans une structure non monolithique, qui permettrait à chaque région d’exercer son propre pouvoir et de défendre ses traditions distinctes. Ils voient cela comme un moyen de préserver la beauté de la terre, d’éviter la tache de la conformité forcée et de laisser chaque région s’épanouir comme un fier royaume en soi. Mais d’autres y voient le début de la fin, un éclatement de la république autrefois puissante, une descente dans des États frondeurs méfiants vis-à-vis de leurs voisins et aigris par d’anciennes rivalités.

De l’autre côté des océans, les ennemis de la république regardent avec une lueur dans les yeux, sentant l’odeur de la faiblesse. Le monde, autrefois commandé par la main de l’Amérique, pourrait voir de nouveaux royaumes émerger comme piliers d’un changement de pouvoir. Avec l’Amérique éclatée, de vastes civilisations libérées de l’influence occidentale pourraient devenir audacieuses, forgeant un monde de leur propre conception. Au lendemain tumultueux de cette élection, de nouvelles alliances pourraient prendre forme, établies sur des principes anciens qui défient le chant des sirènes de la démocratie. C’est une prophétie d’un ordre dirigé non pas par un seul peuple mais par plusieurs, chacun distinct, chacun suivant l’appel de sa propre terre et de son héritage.

Pour la république elle-même, les sombres pressentiments abondent. Certains avertissent qu’une discorde incontrôlée pourrait déchirer l’union, faisant des États des Ennemis jurés de se conquérir les uns les autres, tout comme les royaumes d’autrefois se sont affrontés sur des champs imbibés de sang. Les batailles politiques, autrefois confinées aux discours et aux votes, pourraient bientôt prendre la forme de l’acier et du feu, les régions cherchant à dominer ou à défendre leur mode de vie. Dans un tel paysage, les bannières des États libres pourraient être hissées haut, chacun soutenant son propre règne “donné par Dieu”, même s’ils marchent les uns contre les autres.

Il y a ceux qui disent que les valeurs libérales, poussées à l’extrême, ont affaibli la vigueur de la république, épuisant le noyau avec l’illusion de l’individualisme sur la dignité communautaire. Ils soutiennent que lorsque les hommes oublient la tribu, le peuple, et ne vivent que pour eux-mêmes, ils sont comme des loups solitaires, vulnérables aux griffes de bêtes plus féroces. Ces arguments dépeignent un avenir sombre où les idéaux éprouvés se sont détériorés, laissant les citoyens comme de simples ombres des fiers guerriers qui ont construit la terre avec une volonté de fer. Si cette élection devait accélérer une telle décomposition, ce pourrait être le coup final porté à une société affaiblie par la division et les traditions abandonnées.

Pour certains, le seul salut réside dans le dialogue, une forme rare de paix obtenue non par la force mais par le respect mutuel entre les États. Si la république peut exploiter cette voie, en amenant chaque voix à la table en accord honnête, elle pourrait encore survivre. Sans elle, une république creuse pourrait devenir la proie de puissances plus sombres, alors que les citoyens se lassent des dirigeants et murmurent, avec nostalgie, les noms des héros passés qui autrefois tenaient l’honneur au-dessus de l’ambition. Ils prévoient un monde où la démocratie elle-même ne deviendra qu’un souvenir éphémère, comme une étoile mourante autrefois brillante dans le ciel, qui s’éloigne maintenant de la vue.

Au cœur de cette tempête, certains prétendent que si les liens ne sont pas reforgés, chaque faction verra l’autre comme un ennemi à vaincre. Ils se souviennent des contes d’anciens rois et empereurs, des guerriers dont les royaumes ne sont pas tombés sous la puissance des épées étrangères mais sous le poison de la trahison et de la fraternité devenue amère. Cette vision avertit qu’à mesure que les factions se fortifient les unes contre les autres, l’esprit de la république pourrait mourir bien avant le coup final, ne laissant derrière lui que la coquille vide d’un pays autrefois grand.

Si un tel schisme se réalisait, de nouvelles puissances pourraient prendre la barre, plaçant le peuple dans une hiérarchie dirigée par le prestige de son droit d’aînesse. Chaque État, chaque faction, gagnerait en force, liés non pas par des idéaux de liberté mais par la fierté ancestrale et le désir de domination. Dans ce monde, la république serait oubliée, ses anciennes gloires poussiéreuses sous les bottes de ceux qui ne connaissent d’allégeance qu’à leur sang et à leur sol.

Ainsi, la république se tient au bord d’un volcan actif. L’élection de 2024 se profile comme le prochain coup de lame du destin, celui qui pourrait soit rompre ses liens fragiles, soit les lier à nouveau à travers la lutte et l’épreuve. Pour certains, les jours à venir promettent l’aube d’une nouvelle configuration, où la force de chaque région est respectée et honorée ; pour d’autres, cela signifie la fin de tout ce qui leur est cher, la fin d’une union née dans le sang et liée par des serments prononcés sur une terre ancienne et sacrée. Qu’il s’agisse de paix ou de guerre, l’ère à venir promet un jugement qui façonnera la terre aussi sûrement que l’épée de tout conquérant.

Constantin von Hoffmeister

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

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