Le trumpisme, comme l’anti-trumpisme, sont tous deux des leurres à révolutionnaires

Le trumpisme, comme l’anti-trumpisme, sont tous deux des leurres à révolutionnaires

Par Caitlin Johnstone – Le 26 août 2024

Il y a un récit confus qui circule actuellement dans les cercles « MAGA » disant que s’il est réélu, Donald Trump va nommer Robert F Kennedy Jr au poste de directeur de la CIA. Ce récit a été extrapolé à partir de commentaires très vagues faits par Donald Trump Jr sur un podcast conservateur la semaine dernière.

C’est hilarant que quiconque puisse penser que cela va se produire, et cela en dit long sur la crédulité et la confusion perpétuelles des partisans de Trump. Les directeurs de la CIA de Trump ont été Mike « Nous avons menti, nous avons triché, nous avons volé » Pompeo et la fétichiste de la torture « Bloody Gina » Haspel, et ces idiots pensent qu’il va soudainement donner le poste à RFK Jr ? Allons bon. Mais Trump ne va pas assécher le marais. Trump est le marais.

Aujourd’hui encore, même après avoir vu pendant quatre ans des preuves du contraire, les partisans de Trump croient toujours qu’il va mettre fin aux guerres, assécher le marais et mener le combat contre l’État profond. Ils croient qu’il combattra l’État profond même après avoir emprisonné Assange. Ils croient qu’il mettra fin aux guerres même après avoir intensifié les agressions de style guerre froide contre la Russie, tué des dizaines de milliers de Vénézuéliens avec des sanctions créant la famine, opposé son veto aux tentatives de sauver le Yémen du génocide soutenu par les États-Unis, fomenté une guerre civile en Iran en utilisant des sanctions créant la famine et des opérations de la CIA dans le but déclaré de provoquer un changement de régime, passé à deux doigts de déclencher une guerre à grande échelle contre l’Iran en assassinant le général Qassem Soleimani, occupé les champs pétroliers syriens dans le but d’empêcher la reconstruction de la Syrie, augmenté considérablement le nombre de troupes au Moyen-Orient et ailleurs, augmenté considérablement le nombre de bombes larguées quotidiennement par l’administration précédente, tuant un nombre record de civils. Ses partisans pensent encore qu’il va assécher le marais après avoir rempli son cabinet de monstres néoconservateurs sortant du marais, comme John Bolton et Elliott Abrams.

https://x.com/FrankFigliuzzi1/status/1826791822493933960

Au cas où vous auriez besoin d’une autre raison de voter pour la démocratie ; RFK Jr., pourrait être le directeur de la CIA de Trump : https://t.co/hegmhYB82t

Frank Figliuzzi (@FrankFigliuzzi1) 23 août 2024

Les gens de droite qui sont mécontents du statu quo politique américain ont été poussés à soutenir un homme politique qui incarne ce statu quo autant que n’importe quel autre président, pensant à tort qu’ils mènent ainsi une bataille contre l’establishment. Et cela se reflète de l’autre côté de la division partisane imaginaire de la politique américaine, avec des gens qui se créé une identité politique en méprisant Donald Trump et en agissant comme si cela faisait d’eux de courageux révolutionnaires.

Lorsque Trump a été élu pour la première fois, j’avais espéré que les Démocrates qui s’étaient endormis au volant sous Obama s’engageraient à nouveau politiquement et commenceraient à critiquer les maux de l’empire américain comme ils l’avaient fait pendant les années Bush. Mais ce qui s’est réellement passé, c’est que, même si les Démocrates ont recommencé à s’intéresser à la politique, ils ont été parqués comme du bétail par les médias de masse pour s’opposer à des choses qui n’avaient aucun rapport avec les réalités réelles de l’empire américain et la façon dont il fonctionne dans le monde.

Au lieu de se concentrer sur les nombreuses dépravations de Trump énumérées ci-dessus, les Démocrates ont fini par passer des années à hurler à propos d’une théorie du complot complètement fausse disant que la branche exécutive du gouvernement américain avait été manipulée par le Kremlin, pour ensuite perdre tout intérêt et faire comme si rien ne s’était passé après que l’enquête de Mueller n’a pas réussi à inculper un seul Américain pour une quelconque implication avec la Russie. Ils ont dépensé toute leur énergie politique à s’inquiéter des méchants tweets de Trump et de son impolitesse envers les membres de la presse, tout en ignorant ou même en louant le bellicisme et la tyrannie insensés de son administration à travers le monde.

Trump est devenu le personnage central de la politique américaine autour duquel tout tourne, et que l’élection soit remportée par ceux qui le soutiennent ou par ceux qui s’opposent à lui, le statu quo impérial est assuré de rester inchangé. Alors que les Américains sont de plus en plus mécontents de la nature abusive du gouvernement de leur pays, un homme est apparu et a conduit les Démocrates et les Républicains à croire que la meilleure façon de s’en prendre à lui est de prendre une position très émotionnelle, pour lui ou contre lui. Alors qu’en réalité, qu’il gagne ou qu’il perde n’a aucune importance pour ceux qui ont le pouvoir réel.

Trump aspire tout l’oxygène de la salle pour empêcher un vrai discours sur des choses réelles. Sous Biden au moins, nous avons vu une réelle opposition à des choses réelles comme les atrocités soutenues par les États-Unis à Gaza, mais sous Trump, ce furent quatre années où les deux factions politiques traditionnelles hurlèrent à propos de bêtises inventées avec l’illusion qu’elles combattaient le pouvoir.

Et c’est tout ce que la politique électorale traditionnelle a toujours été dans l’empire américain : une fausse révolution, un leurre mis en scène pour le public, tous les deux ou trois ans, pour qu’il n’y en ait pas de vraie. Une cérémonie symbolique où le public fait semblant de jeter le statu quo abusif à la mer pour avoir l’impression que la bataille contre ses oppresseurs a été gagnée. Et puis leurs oppresseurs continuent de les opprimer.

Tous les deux ou trois ans, le public a la possibilité de choisir entre deux laquais fiables de l’empire oligarchique, et tous les maux de cet empire sont alors imputés au vainqueur. Le public dirige alors sa colère contre le laquais plutôt que contre la structure de pouvoir réelle qui l’opprime, après quoi il organise une autre élection pour se débarrasser du scélérat une fois pour toutes. Ils s’embrassent, pleurent, célèbrent, et la machine d’oppression continue ainsi sans interruption.

Comme l’a dit un jour Gore Vidal :

En fait, cela ne fait aucune différence que le président soit Républicain ou Démocrate. Le génie de la classe dirigeante américaine est d’avoir réussi à faire croire au peuple qu’il a quelque chose à voir avec l’élection des présidents depuis 200 ans alors qu’il n’a absolument rien à dire sur les candidats, les politiques ou la façon dont le pays est dirigé. Un très petit groupe contrôle à peu près tout.

Ce petit groupe est la classe ploutocratique dont la machine de propagande et de corruption légalisée a une immense influence sur la politique américaine, ainsi que sur la machine de guerre impériale et les groupes d’intérêts spéciaux avec lesquels la classe ploutocratique est alliée. Il est nécessaire de former des coalitions de soutien au sein de ce groupe de pouvoir si l’on veut devenir président dans la démocratie gérée que sont les États-Unis, et aucune partie de ce groupe de pouvoir ne soutiendra un président qui ne fera pas avancer de manière fiable les intérêts de l’empire oligarchique.

https://x.com/HotSpotHotSpot/status/1824435345263341894

Miriam Adelson, mégadonatrice pro-israélienne, se vante de la façon dont Trump a laissé Israël faire ce qu’il voulait lors d’un événement de club de golf intitulé « Stop Antisemitism » pic.twitter.com/bx4zNosf7u

HOT SPOT (@HotSpotHotSpot) 16 août 2024

De ce point de vue, le groupe de pouvoir oligarchique monte essentiellement ses propres employés les uns contre les autres et leur fait promettre de mettre fin aux injustices qui sont inextricablement ancrées dans l’empire oligarchique. Les Américains vivent dans un État totalitaire dont les élections les plus importantes sont truquées de haut en bas, pendant qu’ils sont nourris d’histoires sur les dictateurs maléfiques d’autres pays qui truquent leurs élections pour rester au pouvoir.

Les politiciens ne peuvent pas changer le statu quo en un autre qui profite aux gens ordinaires au lieu de leurs propriétaires oligarchiques, car l’empire oligarchique est construit sur la nécessité d’une guerre, d’une pauvreté et d’une oppression sans fin. Vous ne pouvez pas avoir un empire mondial unipolaire sans utiliser la force violente (et la menace de celle-ci) pour maintenir cet ordre mondial, et vous ne pouvez pas avoir une ploutocratie sans vous assurer que quelques dirigeants ont bien plus de contrôle sur les richesses que la simple population.

C’est pour cette raison que même les politiciens qui se présentent sur des plateformes relativement progressistes font eux-mêmes partie de ce leurre à révolutionnaire, à moins qu’ils n’exigent un démantèlement complet de l’oligarchie et de l’empire. Les politiciens qui se présentent aujourd’hui comme progressistes aux États-Unis n’offrent qu’une légère opposition à certains aspects de l’empire et de l’oligarchie, soutenant simplement un empire oligarchique qui fournit aux Américains des soins de santé. Puisque maintenir les Américains pauvres, occupés et soumis à la propagande est une dynamique essentielle au cœur d’un empire oligarchique mondial, cette position est absurde ; les oligarques ne veulent pas que les Américains ordinaires aient de l’argent à dépenser en dons de campagne et du temps libre pour rechercher ce qui se passe réellement dans leur monde, car ils pourraient alors se mêler des rouages ​​de l’empire. Une structure de pouvoir construite sur l’injustice économique ne permettra jamais la justice économique.

La porte d’un changement significatif en Amérique via la politique électorale a été fermée, verrouillée, condamnée, soudée et barricadée avec une tonne d’acier massif. La seule chose qui puisse mettre fin à l’oppression et à l’exploitation est la fin de l’empire oligarchique lui-même, et la seule chose qui puisse mettre fin à l’empire oligarchique est l’action directe du peuple américain : un activisme de masse, des grèves nationales et une désobéissance civile comme la nation n’en a jamais vu auparavant, en nombre suffisant pour faire tomber les institutions ploutocratiques qui maintiennent le statu quo.

Le problème est que cela n’arrivera jamais tant que les Américains seront convaincus avec succès par la propagande de se contenter de leurs fausses et illusoires révolutions. Il y a zéro pour cent de chance que cette politique électorale mène à la fin de l’empire, mais un effort concerté de sensibilisation de la part de ceux qui comprennent ce qui se passe pourrait bien y parvenir.

Tout changement positif dans le comportement humain est toujours précédé d’une prise de conscience accrue, qu’il s’agisse de la prise de conscience des conséquences de sa dépendance conduisant à la sobriété ou de la prise de conscience accrue des injustices du racisme conduisant à des lois de justice raciale. Faire prendre conscience aux gens que les médias de masse nous mentent sur la réalité, les sensibiliser aux horreurs de la guerre, aux dynamiques sous-jacentes de l’injustice économique qui écrase les Américains, peut conduire à une réaction en chaîne qui voit la collectivité utiliser le pouvoir de son nombre pour se débarrasser des chaînes de l’oppression aussi facilement que l’on enlève un lourd manteau par une chaude journée.

Ce qu’il faut, c’est que les gens s’éveillent à la vérité. Un empire entier est construit sur des paupières fermées.

Caitlin Johnstone

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

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Source: Lire l'article complet de Le Saker Francophone

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