Danger de marchandisation de l’éducation

Danger de marchandisation de l’éducation

L’auteur est président de la Fédération du personnel de l’enseignement privé (FPEP-CSQ)
 

À la lecture du texte « Une école (privée) nommée PME de l’année » publié dans La Presse, certaines observations et réactions s’imposent.

L’éducation est un pilier fondamental de notre société, et il est primordial d’aborder ces sujets avec rigueur et responsabilité. Pour nous, la marchandisation de l’éducation est une tendance préoccupante qui risque de compromettre la mission éducative essentielle du réseau scolaire.

Considérer l’école comme une simple entreprise commerciale réduit la réussite éducative à une vision utilitariste et matérialiste, faisant fi ainsi de l’importance de la démocratisation de l’école pour atteindre une meilleure égalité des chances. Le travail quotidien et le dévouement du personnel de l’éducation, qu’il soit du réseau public ou privé, vont bien au-delà de cette vision marchande et méritent d’être reconnus à leur juste valeur.
 

Pour une intelligence artificielle responsable

Quant à la présence de l’intelligence artificielle (IA) à l’école, nous sommes favorables à son utilisation lorsqu’elle permet d’aider le personnel de l’éducation dans son travail. Cependant, il est crucial de garantir le respect de l’autonomie professionnelle du personnel et de s’assurer que l’utilisation de l’IA se fasse sur une base volontaire, responsable et éthique.

Le déploiement d’outils numériques en éducation nous a montré les risques d’adhérer et d’adopter aveuglément ces changements technologiques. Dans ce contexte, le personnel en éducation doit avoir la latitude de juger de la pertinence et des méthodes d’implantation d’une nouvelle technologie. On doit également lui offrir la formation qu’il jugera nécessaire pour y arriver. Surtout, la plus-value pédagogique doit être l’unique phare qui guide nos décisions d’enraciner ou non une innovation technologique en milieu scolaire. A contrario, les visées marketing ou entrepreneuriales ne devraient, en aucun cas, être des facteurs de décision.
 

L’IA, moteur de la marchandisation de l’éducation?

En aucune façon, il ne faut que la course à l’IA n’alimente la marchandisation de l’éducation, transformant ainsi nos écoles en entreprises en compétition. Cette approche de gestion entrepreneuriale réduit comme peau de chagrin l’autonomie professionnelle du personnel enseignant, qui devrait se contenter d’appliquer des recettes pédagogiques dites probantes boostées à l’IA.

L’exemple d’Émilia, cette aide à la correction qui intègre l’intelligence artificielle, est une avancée prometteuse pour l’éducation, mais son intégration doit se faire sur une base volontaire et dans le respect de l’autonomie professionnelle.

De même, le dialogue social et une évaluation continue sont essentiels pour mesurer adéquatement les impacts de l’IA sur les compétences du personnel et des élèves, ainsi que sur les tâches et l’autonomie.

Par conséquent, nous croyons fermement que l’IA doit être un outil qui met en capacité les humains, pas en dépendance, garantissant ainsi que l’éducation reste un bien commun favorisant l’égalité des chances pour tous.

En somme, l’IA en éducation doit être développée et utilisée de manière volontaire, responsable, éthique et en respectant l’autonomie professionnelle. Il est primordial que les décisions concernant l’utilisation de ces technologies soient prises de manière réfléchie et collégiale, dans l’intérêt des élèves, du personnel et de la société dans son ensemble, et non dans une optique de marchandisation de l’éducation.
 

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À propos de l'auteur L'aut'journal

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