Scandale au sein de la plus grande organisation mondiale de « santé trans »
Début mars, la publication des WPATH files — des extraits de conversations entre membre de la WPATH, l’Association professionnelle mondiale pour la santé des personnes transgenres — a révélé que la plus grande organisation de santé trans au monde n’était rien d’autre qu’un regroupement de savants fous. Des médecins et autres professionnels de santé ont exposé des personnes parfois vulnérables à de graves risques sans aucune raison scientifique, au nom de prétendues « identités de genre ». Personnes traumatisées, aux traits schizoïdes, sans domicile, adolescent.es ont ainsi été abreuvé.es de cocktails hormonaux, subi des ablations d’organes sains ou ont vu leur risque de contracter un cancer croître.
Note sur l’écriture : J’emploie par moments le terme « elle/il ». Mais rassurez-vous, ce n’est pas parce que je m’adapte à ce nouveau langage masculin qu’est la novlangue queer. C’est simplement que je ne sais pas toujours si la personne qui écrit est une femme ou un homme, parce que les noms sont parfois dissimulés sur les conversations, et parce que l’anglais est très peu genré par rapport au français.
Dans certains cas j’utilise délibérément le masculin pour rappeler que le mouvement trans est un mouvement masculiniste.
J’ai pris le plus grand soin à utiliser le genre correct pour les femmes et hommes cité.es. Si toutefois, vous notez que je me réfère à un homme comme s’il était une femme, et vice-versa, ce n’est que par inadvertance, et je vous prierais de bien vouloir me le signaler.
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Se vantant de 3000 membres rien qu’en 2022, la WPATH (World Professional Association of Transgender Health), l’Association professionnelle mondiale pour la santé des personnes transgenres, est considérée comme la référence scientifique mondiale sur la « santé trans ». La publication le 6 mars dernier des « WPATH Files » (« Fichiers [ou dossiers] de la WPATH ») pourrait bien mettre fin à ce statut.
Publiées par l’ONG étatsunienne Environmental Progress, les WPATH Files sont des captures d’écran et des enregistrements vidéo de conversations internes entre dirigeant.es (peut-être devrais-je mettre un x quelque part comme le voudrait l’écriture queer) et autres membres. En les consultant, on y découvre — ou retrouve, selon votre connaissance du sujet — des individus idéologiquement motivés, guidés par une logique commerciale et ayant infligé en toute connaissance de cause des risques sinon des préjudices à des personnes parfois en situation de faiblesse.
Michael Shellenberger, président de l’ONG Environmental Progress, a reçu les documents fuités en tant qu’ex-contributeur aux Twitter Files. Mia Hughes, journaliste qui alertait déjà sur la question trans a ensuite structuré les documents et rédigé un rapport de plus de deux cents pages intitulé « The WPATH Files : Pseudoscientific Surgical and Hormonal Experiments on Children, Adolescents and Vulnerable Adults » (« Les fichiers de la WPATH : expérimentations chirurgicales et hormonales sur enfants, adolescent.es et adultes vulnérables »).
[Shellenberger est par ailleurs un ardent défenseur du capitalisme industriel, et notamment du nucléaire. Mais le sujet trans, comme quelques autres, illustre le fait que la pensée binaire gauche = camp du bien, droite = camp du mal, est une ineptie. L’esprit de parti qu’avait brillamment dénoncé Simone Weil continue de faire des ravages. NdE]
Les découvertes sont accablantes, même pour les habitué.es. Nul besoin d’aller voir de médiocres films de science-fiction quand la réalité est bien plus glauque. La conclusion de l’autrice — « nous sommes actuellement témoins d’un des pires crimes de la médecine moderne » — est pesée. Il est difficile de décrire l’expérimentation médicale trans autrement que comme un jeu biotechnique aux mains de scientifiques abusant manifestement de leur position d’autorité et d’expertise, pour paraphraser un.e éthicien/ne cité/e dans le rapport.
Serment d’Hypocrite
La WPATH est née d’un siècle d’expérimentation « médicale » sur les caractéristiques sexuelles des individus. Avant 2007, la WPATH s’appelait la Harry Benjamin International Gender Dysphoria Association (HBIGDA), soit l’Association internationale Harry Benjamin pour la dysphorie de genre. Les origines de cette association remontent à 1963. Harry Benjamin était un endocrinologue allemand grand ami et admirateur de Magnus Hirschfeld, sexologue gay adepte de travestisme ayant réalisé la première chirurgie dite de « changement de sexe ». La force d’Harry Benjamin a été de durablement formaliser et financer la médecine trans grâce à son opération de la richissime Reed/Rita Erickson qui sera son plus grand mécène.
[En 1964, Rita Erickson, devenu Reed, fille d’un magnat de l’industrie du plomb, crée la Erickson Educational Foundation, qui financera ensuite « la recherche sur la transsexualité », comme l’explique Joan Meyerowitz dans son livre How Sex Changed. Et en 1966, l’hôpital universitaire Johns Hopkins, avec des fonds provenant d’Erickson, annonce la création de sa Gender Identity Clinic, sa clinique dédiée à l’identité de genre, la toute première à proposer des opérations chirurgicales improprement dites de « changement de sexe ». La vie de Reed Erickson est tragique. Après ses opérations de « changement de sex », elle sombre dans les drogues puis développe de lourdes formes de démence dont elle finira par mourir. NdE]
Depuis 1979, l’HBIGDA/WPATH publie régulièrement de nouvelles versions de ses « standards de soins » (Standards of Care) comme un pape convoquerait un concile du Vatican : des réformes entre croyant.es qui empiètent sur la vie de tout le monde. Les Standards of Care 8 (SoC8) du vénérable an 2022 proclament que le but de la WPATH consiste à :
« offrir des conseils cliniques aux profesionnel.les de santé pour soutenir les personnes transgenres et diverses dans leur genre [transgender and gender diverse (TGD)] dans l’accès à des parcours sûrs et effectifs pour atteindre un confort personnel durable avec leur être genré dans le but d’optimiser globalement leur santé physique, leur bien-être psychologique et leur épanouissement personnel ».
Non, ce n’est pas du Judith Butler, mais c’est tout comme. Lectrices, vous étiez prévenues.
Pour atteindre ce merveilleux but, la WPATH prodigue un « soin affirmatif du genre » [gender affirming care] jamais défini dans le manuel. On voit tout de suite le premier manquement médical relevé par Mia Hughes : la négation de l’identité sexuelle des patient.es. En effet, les membres de la WPATH plaident pour l’administration de bloqueurs de puberté, d’hormones de l’autre sexe et de chirurgies à des enfants et adultes souhaitant conformer leur corps à leur prétendue « identité de genre ». Concrètement, nous parlons, entre autres, de la suppression des menstruations, de l’ablation des seins ou encore de l’inversion du pénis. Ces destructions de caractéristiques sexuelles primaires et secondaires peuvent entraîner la stérilisation des jeunes patient.es — la reproduction humaine étant un flagrant rappel de notre condition animale et de la pertinence des sexes.
En dénonçant ce premier gravissime manquement éthique, Mia Hugues va au cœur du paradoxe du « soin » trans : une profonde dissociation corps/esprit qui donne la primauté à l’esprit, notamment la parole, pour ensuite agir uniquement sur le corps. Les « professionnel.les » de santé figent en outre des identités dont ils et elles admettent pourtant qu’elles sont potentiellement transientes, dans un vaste n’importe quoi médical.
Les agissements de ces médecins évoquent davantage l’artiste Orlan que de véritables opérations médicales. Un ou une professeur/se décrit d’ailleurs « le corps trans comme une expression libre et artistique du genre » [trans embodiment as a free-form artistic expression of gender]. Dans les WPATH Files, on découvre que le renommé chirurgien californien Thomas Satterwhite aurait demandé des conseils pour des ablations de seins et de tétons [top surgery without nipples], une procédure de nullification (lorsque vos parties génitales ressemble à celles de Barbie ou à une excision très nette) et des vaginoplasties avec préservation du phallus [phallus-preserving vaginoplasty].
Face à cette question, les autres membres du forum s’insurgent. « Comment osez-vous bidouiller ainsi avec des personnes saines ? Pourquoi pas des implants d’ailes de poulet aussi pendant que vous y êtes ? ». Non, bien sûr que non, rien de tel, j’invente totalement : les autres membres ont simplement été offusqués par son langage, aucun professionnel.le de santé ne souhaitant être pris.e en flagrant délit de soin. Un.e thérapeute dénonce son langage « cisgenriste ». Une étudiante en médecine insiste sur la nécessité de « dé-genrer » [de-gendering] les chirurgies de modifications sexuelles. Après tout, pourquoi dénoncer ces pratiques à la carte lorsque ce genre de procédure rentre pleinement dans le parcours de santé WPATH sous le nom de chirurgies « customisées individuellement » [individually customised] ?
Critiquer les pratiques de la WPATH ne revient pas nier les origines physiques de certains troubles mentaux et vice-versa. Au contraire, c’est insister sur le fait que la dissociation corps/esprit aussi est une belle invention masculine. La critique sert avant tout à questionner ces opérations systématiques. La santé « trans » incarne la confusion entre capacité et nécessité médicale : qu’on puisse le faire ne signifie pas qu’on doive le faire. Autrement, c’est la mentalité du violeur : « je l’ai fait parce je pouvais ».
Ils font du mal (Primum nocere)
Même si la « dysphorie de genre » était un trouble psychologique correctement défini, les soins promulgués ne correspondent pas à la définition d’un traitement médical. Les recommandations de la WPATH n’ont aucune base scientifique. La première prescription de suppression de puberté (SoC6 en 2001) se basait sur une étude portant sur une personne, la deuxième sur une étude néerlandaise peu probante (SoC7 en 2012). Cette étude relevait d’ailleurs de ce que l’on appelle en médecine une « pratique innovante » [innovative practice] qui établit un cadre pour que médecins puissent tester des interventions encourageantes en l’absence de meilleurs traitements.
Si ces lacunes scientifiques fondamentales sont graves, les remèdes proposés sont pires. Sur les forums on peut lire des dizaines et de dizaines de messages de professionnel.les de santé hagard.es. Un ou une infirmière demande des conseils pour une patiente souffrant de maladie pelvienne inflammatoire après trois ans sous testostérone, la crème d’œstrogène ne faisant plus d’effet. En guise de réponse, on ne lui propose que des anecdotes concernant d’autres crèmes à tester. Vinted a des forums plus rigoureux.
Ailleurs, un/e endocrinologue demande comment gérer les douleurs érectiles d’un patient sous hormones. Encore une fois que des anecdotes, aucune réponse sur les conséquences d’une vaginoplastie future. Un thérapeute [counsellor] explique avoir vécu la même chose et qu’une amputation du pénis aurait fini par le soulager. (Quand des féministes le suggèrent c’est misandre apparemment).
Conséquences
La liste des conséquences de toutes ces procédures est immense. En janvier 2022, la présidente de la WPATH, Marci L. Bowers (un homme qui se dit femme, ou femme trans) admet l’absence de données sur l’impact des bloqueurs de puberté pour les garçons et la présence de « conséquences chirurgicales problématiques ». Mia Hughes nous rappelle que bloquer la puberté d’un garçon bloque la croissance de son pénis. Il n’y a donc pas assez de tissu pour la vaginoplastie qui consiste à inverser le pénis. Des médecins s’aventurent alors dans les colons ou les cavités abdominales de leurs jeunes patients pour y récupérer de la peau. Certains expérimentent avec la peau de poisson, le tilapia, pour les adultes. Un adolescent de 18 ans est mort après l’utilisation d’une partie de son intestin pour sa vaginoplastie. Il était un des patients de l’étude néerlandaise. « Pratique innovante ». L’auteur critique cité par Mia Hughes, Michael Biggs, note qu’avec un taux de mortalité d’1%, il n’y aurait pas dû y avoir d’autres expérimentations sur des adolescent.es.
Sur son site, Marci L. Bowers propose aussi des chirurgies réparatrices pour des femmes victimes d’excision.
En plus des douleurs récurrentes post-chirurgicales et hormonales, pour les filles et femmes on peut noter : les difficultés à orgasmer (autre cuisant rappel de la réalité sexuelle humaine), l’atrophie vaginale (inflammation vaginale), la maladie pelvienne inflammatoire, les utérus atrophiés, l’accroissement clitoridien douloureux (ce clitoris qui continue de « pousser » est sobrement qualifié de « croissance du bas » [bottom growth]).
Un/e médecin se demande si la tumeur au foie détectée chez sa patiente de 16 ans pourrait être liée à la prise de progestérone et testostérone. Un/e autre lui répond qu’elle ou il nourrit le même doute au sujet de sa collègue ayant développée un cancer du foie après 8–10 ans de prise de testostérone. Elle ou il n’a jamais eu le temps de s’assurer de la causalité car la collègue serait décédée quelques mois après le diagnostic. Rappelez-vous qu’en France, lors des élections présidentielles de 2017, les perturbateurs endocriniens étaient un réel sujet de campagne. Et comparez cela avec l’accueil fait à ces nouveaux perturbateurs endocriniens.
Cas encore plus graves
Ces révélations sont déjà assez graves sur des adultes, encore plus sur des enfants et adolescent.es. Pour des personnes atteintes de graves troubles de santé c’est encore pire. Maladie dégénérative ? Obésité ? La WPATH prend. Même s’il s’agit de dystrophie musculaire de Becker caractérisée par une faiblesse et une fonte musculaire ? Oui. Même si les chirurgies non-nécessaires doivent être limitées à cause des complications qu’elles entraînent pour les personnes atteintes d’obésité ? Pas de problème.
Un/e thérapeute relate qu’elle/il a déjà conseillé des chirurgies génitales à des personnes atteintes de dépression sévère, syndromes post-traumatiques ou même sans-abris. On relève de très nombreuses références à des patient.es atteintes de troubles dissociatifs sévères, sans que la demande de transition sexuelle elle-même soit considérée comme un symptôme. Des cas schizoïdes sont régulièrement cités dans le forum. Une déclaration publique de la WPATH en date de 2022 va jusqu’à affirmer que la négation des soins affirmatifs du genre à des personnes atteintes d’autisme ou de troubles mentaux serait « discriminatoire et erronée ».
Les conversations sur les patient.es atteint.es de trouble de la personnalité multiple ou de trouble dissociatif de l’identité sont lunaires. Certain.es recommandent de bien demander le consentement à chaque personnalité du/de la patient.e. Dan Karasic de l’Université de California San Francisco et un des auteurs des SoC8 se vante de sa réputation de « psychiatre » non-plurielphobe [not plural phobic]. Au congrès international de 2022 de la WPATH, des « scientifiques » ont présenté leur « recherche » sur les individus trans et aux identités « plurielles » (les fameux gens aux pronoms they/them ?).
Ils savent
Ce qui est encore plus glauque, c’est qu’elles et ils savent. Les « professionnel.les » de la WPATH savent agir dans l’obscurité scientifique la plus totale, embarqué dans le même « voyage de genre » [gender journey] prodigué à leur « patient.es ». Cette expression, digne de techniques de manipulation de proxénètes, est d’ailleurs utilisée pour dédramatiser la détransition, cette procédure par laquelle certain.es souhaitent revenir sur leur « changement » de sexe. Ainsi, il n’y a plus de regret véritable, aucune erreur médicale, juste une belle aventure. Father knows best.
Les membres de la WPATH connaissent en fait très bien les critiques féministes du phénomène trans. Elles et ils savent que certaines patient.es confondent leur homosexualité avec leur « identité de genre ». Elles et ils savent qu’un traumatisme lié à une violence sexuelle peut être un facteur déclenchant de « transidentité ». Par exemple, dans un atelier intitulé « Évolution de l’identité » [Identity Evolution Workshop], Ren Massey, psychologue et co-auteur du chapitre sur l’adolescence des SoC8 admet que des patient.es ont clarifié leur rapport à l’ « identité de genre » après avoir exploré leur sexualité, et distingue alors les agressions sexuelles de l’identité de genre.
Dr Ren Massey : sourire Colgate et zygomatiques saillantes.
Les membres de la WPATH préfèrent trivialiser ces questions politiques et les risques que leurs actions posent. Elles et ils s’amusent des enfants et adolescentes incapables de saisir la nature et les effets de leurs faux traitements, notamment sur leur vie sexuelle et reproductive future. Mais comment ces enfants pourraient-ils et elles comprendre la reproduction humaine alors que leurs médecins nient le dimorphisme sexuel et la binarité de la reproduction sexuée ?
L’endocrinologue Daniel Metzger rappelle devant l’auditoire tout à fait réceptif d’« experte.es » de l’atelier sur l’évolution de l’identité que les plus jeunes patient.es des membres de la WPATH n’ont parfois même pas eu le temps de suivre des cours de SVT. Ses patient.es à quatorze n’envisagent pas une vie avec des enfants ou se font des illusions sur l’adoption. Confronté à un/une ex-patient/e regrettant son infertilité causée par le bourrage hormonal, Daniel Metzger l’aurait provoqué/e ainsi : « Ah un chien ne te suffit plus maintenant, c’est ça ? ».
Logique commerciale
La motivation commerciale et non médicale de ces candidat.es en Charlatanerie Sup Option Sciences transpire par leur utilisation constante du mot « client.e » [client] dans leurs conversations privées. Mia Hugues parle de modèle clientéliste de l’autonomie – autre mot fétiche de la WPATH – qui consiste à offrir à la patiente-cliente ce qu’elle veut tant que celle-ci peut payer et que les progrès techniques permettent de le faire. L’autonomie étant invoquée surtout pour se dédouaner.
C’est le principe même d’une autre catastrophe médicale affectant disproportionnellement femmes et adolescentes, celle de la chirurgie esthétique sans aucune finalité réparatrice. Mia Hugues relève que le président de la WPATH Marci L. Bowers admet inadvertamment que les procédures de santé trans sont cosmétiques et donc superflues : « les législations et les médias ne s’en prennent pas à l’augmentation mammaire, à la ligature des trompes ou aux liftings ». Pour lui, les « patient.es doivent prendre la responsabilité de leurs décisions médicales, surtout lorsque celles-ci ont des effets potentiellement permanents ».
Personnellement, je parlerais aussi de l’institution de quinceañeras gringas par ces professionnel.les de santé étatsunien.nes. Les quinceañeras, fêtes d’anniversaire de quinze ans, sont des rites de passage à l’âge adulte pour les adolescentes d’Amérique Latine (pensez Mon incroyable anniversaire/My Super Sweet 16 de MTV ou bar-mitsvah pour vous faire une idée du niveau). Il est désormais coutume « d’offrir » des « seins » (des implants mammaires) à ces filles devenues femmes. Comme dans ce rite de passage, les médecins offrent désormais un « changement » de sexe à leurs patient.es-client.es avant leur entrée à l’université : « Pour les patient.es qui sont prêt.es, je pense que le moment idéal pour la chirurgie aux Etats-Unis est l’été avant leur dernière année à l’université. Beaucoup de chirurgien.nes me l’ont confirmé ».
Marci L. Bowers en fait partie :
« parfois la fin du lycée [pour la chirurgie de « transition »] est un bon moment puisque [les patient.es] sont sous la surveillance de leurs parents […]. Pour l’instant notre standard est 18 ans, même si je suis d’accord pour dire que ce nombre est arbitraire ».
Histoire de préciser : les premières recommandations sont celles du chirurgien ex-militaire Christine N. McGinn. Ses propres finitions sont, je l’avoue, très réussies. Il répondait à un/une collègue se demandant si elle/il pouvait opérer une fille de quatorze ans en « transition » depuis l’âge de 4 ans
Le site de Christine McGinn.
Idéologie
Christine N. McGinn n’est pas le seul médecin trans qui « transitionne » des enfants. En lisant les WPATH Files, je ne peux m’empêcher de penser au film postapocalyptique Bird Box (2018), avec pour vedette Sandra Bullock. Bullock y incarne un personnage qui doit constamment se couvrir les yeux pour ne pas succomber à une entité invisible menant au suicide. Une poignée d’illuminé.es survit malgré son exposition. Elles et ils tentent par tous les moyens d’inciter les autres à les imiter, à ouvrir les yeux pour vivre cette merveille, les poussant ainsi au suicide.
Une personne sur le forum de la WPATH écrit :
« Je m’appelle [nom retiré] (they/them) […]. Si vous avez besoin de consulter avec un.e professionnel.le avec du vécu, je serais ravi.e de discuter avec vous. J’ai écrit pas mal de lettres de recommandation […] pour les mineur.es [pour des chirurgies de « transition »] ».
Une ou un gynécologue pose une question sur un patient qui se plaint de ses éjaculations post-vaginoplastie — trop d’odeur de sperme dans son « vagin ». Un homme dont la profession n’est pas révélée répond :
« En tant que femme à expérience trans et qui a eu une chirurgie du bas [bottom surgery] il y a quarante ans, je dis profitez-en. Selon mon expérience c’est le signe physique ultime de l’orgasme…que demander de plus ? »
La force de l’idéologie trans est évidente dans les WPATH Files, les factions les plus poussées ayant évincé les modérées. En 2001, le médecin Richard Green, président de l’époque, défait le travail de Stephen B. Levine, président du comité ayant rédigé les SoC5 en 1998. Les Standards of Care 6 n’exigent plus qu’une lettre de recommandation psychologique avant la prise d’hormones au lieu des deux requises par le SoC5.
Le langage préconisé a évolué avec la pensée. Nous avons déjà vu les identités multiples, mais avant cela il y avait la préférence pour « l’incongruence de genre » de la Classification Internationale des Maladies de l’OMS au lieu de la « dysphorie de genre » du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux de l’Association américaine de psychiatrie. L’ingénierie linguistique faite pour distinguer l’identité trans des maladies mentales rend la position de la WPATH encore plus contradictoire. Si l’incongruence n’est pas une maladie, nul besoin de médecins, et s’il devait y avoir besoin de médecin, il faudrait éviter le clientélisme. La mascarade est révélée pour ce qu’elle est : des médecins qui viennent en aide à des client.es qui ne sont pas malades.
Eunuques
Le cas d’influence nocive la plus grave (et plus folle) reste celle de l’« identité de genre » dite « eunuque ». Les Standards of Care 8 de 2022 incluent tout un chapitre sur les personnes s’identifiant « eunuque ». « Les individus identifiés eunuques ont tendance à vouloir enlever chirurgicalement leurs organes génitaux ou du moins à vouloir les rendre non-fonctionnels ». Ce chapitre mythique source les Eunuch Archives, un forum où des hommes partagent leurs fantasmes de castration.
Pendant le congrès international de 2022 à Montréal, Michael Irwig, un co-auteur du chapitre a déclaré que sa première opération « eunuque » était sur un jeune homme de 19 ans, peut-être atteint d’Asperger. Celui-ci ne se serait pas identifié comme tel, mais Irwig l’aurait « déduit ». Irwig s’est d’ailleurs félicité de l’acceptation progressive du terme :
« Plus nous aurons de sessions du genre, plus les gens seront éduqués, et plus nous aurons des gens comme vous [Thomas Satterwhite, le même qui faisait déjà des nullifications] capables de le faire. »
La journaliste féministe Genevieve Gluck n’est bizarrement pas citée dans les WPATH Files alors qu’elle mène les plus grandes enquêtes sur l’organisation et autres dérives trans depuis plusieurs années. Ce site, Le Partage, a diffusé son travail par le passé. Avec ses collègues de Reduxx elle a révélé en 2022 que trois universitaires particulièrement actifs sur le forum ont joué un rôle déterminant dans l’adoption de la terminologie « eunuque » dans les SoC8. Il s’agit notamment de Thomas W. Johnson (pseudonyme « Jesus »), Richard J. Wassersug (« EunuchUnique ») et Krister H. Willette (« Kristoff »). Johnson et Wassersug ont publié leurs sondages sur les membres du site contenant plus de 10 000 histoires sadiques, dont des milliers sur des mineurs. Johnson va jusqu’à se vanter d’avoir été choisi en 2016 par Eli Coleman, un ancien directeur de la WPATH, pour contribuer aux SoC8.
Thomas W. Johnson présente sa recherche sur les eunuques en 2022.
Autres influenceurs
Pour continuer à valoriser le précieux travail de Genevieve Gluck et pour poursuivre tout aussi suavement dans l’horreur, mentionnons le cas de Laura Jacobs, membre du comité éditorial d’une revue éditée par la WPATH, intitulée International Journal of Transgender Health. Cet homme dont les talents de travestissement vous donneront envie de vous arracher les yeux et les orbites avec se décrit comme un « travailleur du sexe kinky et BDSM ». Ce « thérapeute » est un expert en « torture génitale », jeu de rôles pour enfants et à jouer au docteur — castration, pedocriminalité et fétichisation des rapports médecin-patient.e. Il a contribué au chapitre sur les approches thérapeutiques pour adolescent.es dans les SoC8.
Influence mondiale
L’influence n’est pas qu’interne à l’organisation : parmi le comité d’expert.es sur la santé trans convoqué en ce début d’année par l’Organisation Mondiale de la Santé, 16 membres sur 21 sont des activistes trans, dont 5 affilié.es à la WPATH.
En France, Nicolas Casaux a souligné que la WPATH était mentionnée dans le « Rapport relatif à la santé et aux parcours de soins des personnes trans, remis à monsieur Olivier Véran, ministre des Affaires sociales et de la Santé » de janvier 2022. Il existe même la succursale française, l’association TRANS SANTÉ France, ou FPATH (L’Association professionnelle française pour la santé des personnes transgenres).
Manquements déontologiques de toute part
On aura beau en faire un problème de « wokisme », de liberté d’expression, d’avarice, d’abus d’enfants (garçons uniquement d’habitude), tant qu’on n’appréhendera pas le transgenrisme comme un phénomène misogyne, on ne pourra y apporter une réponse adéquate. La chercheuse Janice Raymond nous l’avait appris en 1979 dans L’Empire transsexuel. Elle mérite le plus grand « je vous l’avais dit » de l’histoire du féminisme.
Mia Hugues compare à juste titre le scandale trans à d’autres expérimentations médicales comportant chirurgies et hormones comme la lobotomie ou la croissance induite d’enfants. Mais c’est à l’ovariectomie de masse du 19ème siècle et à l’apotemnophilie que le phénomène trans s’apparente le plus. Le premier impliquait l’ablation des ovaires sains des femmes dans le but de soigner des troubles mentaux ou physiques parfois liés aux menstruations douloureuses. Le deuxième, l’amputation de membres sains pour satisfaire un désir d’identité d’amputé ou érotique des hommes.
Les WPATH Files indiquent que les filles et femmes « transitionnant » le font pour des raisons différentes de celles des garçons et hommes. Certaines souhaitent simplement et uniquement mettre fin à leurs règles. La transition est alors un double manquement médical dans la prise en charge des filles/femmes. Depuis les hystérectomies, il n’y a toujours pas eu le même engouement médical pour apporter des solutions durables à nos besoins de santé et on nous propose maintenant de cocher une case pour sortir de notre féminité.
Mais que les hommes désirent une chose et les médecins accourent. Comme avec l’apotemnophilie, la médecine trans sert avant tout les hommes, avec une préoccupation purement esthétique et non éthique. Mia Hugues note que le recours aux bloqueurs de puberté n’a été initié que parce que les hommes ayant « transitionné » à l’âge adulte étaient encore trop masculins pour être pris pour des femmes.
Les fausses transitions sexuelles ne font en effet que réaliser des fantasmes masculins, comme le disait Janice Raymond. Les néo-tétons des fausses femmes flottent en l’air défiant la gravité pour satisfaire le partenaire plutôt que nourrir le bébé. Les pseudos-vagins sont conformes à la vision masculine du vagin comme outil de masturbation et n’ont rien à voir avec le couloir vital qu’est le véritable vagin. On dirait des Tenga® incorporés, ces objets masturbatoires masculins japonais ressemblant à des thermos. Et si certains souhaitent ajoute l’option « lactation » à la carrosserie c’est « juste pour expérimenter ».
L’apotemnophilie par contre, contrairement au transgenrisme, n’a pas d’utilité patriarcale plus large. Les chirurgies trans réalisent l’idéal masculin de garçons Peter Pan — castrés mais avec des seins en bonus — et des femmes qui ne verront jamais le jour, puisque leurs caractéristiques sexuelles secondaires, seins et menstrues, entre autres, seront définitivement effacés. Je dois donc nuancer les quinceañeras gringas : les procédures de « transition » des adolescent.es sont des rites de passage anti-passage. Ils imposent à des enfants des concepts d’adultes en les maintenant dans un état de perpétuelle dépendance morale mais surtout clinique et donc financière.
Les WPATH Files nous permettent aussi de saisir les manquements éthiques et déontologiques de toute part. D’accord, des médecins veulent tester des trucs sur des gens. Mais pourquoi toi, revue supposée scientifique, tu le publies ? Pourquoi toi, université, tu l’embauches ? Comment ces articles ont pu être publiés et pris au sérieux ?
L’autre manquement cuisant est celui du corps journalistique qui a pour la plus grande partie adopté le langage trans sans esprit critique. UnHerd, The Telegraph, le New York Post, The Washington Post ont immédiatement écrit dessus. Même le trans-friendly Guardian a dû en parler. Mais ce week-end encore, The New York Times était capable de faire co-exister une enquête sur les travailleuses du Maharashtra en Inde contraintes à des hystérectomies pour supprimer ce grand frein au travail forcé, les règles (« retirer l’utérus d’une femme comporte de graves conséquences ») avec un entretien avec Judith Butler sur les féministes « excluant les trans ». En France, il n’y a à ce jour pas eu de couverture médiatique notable.
Comme avec la prostitution transformée en innocent petit boulot, des journalistes nous ont privé des mots pour dénoncer ces énormités. La journaliste féministe Helen Joyce appelle justement à dénoncer les journalistes pour diffusion de « fausse information » lorsqu’elles et ils font délibérément passer des hommes pour des femmes.
Des hommes imposent une énième fois leur langage. Ce n’est pas du harcèlement sexuel mais de la « drague ». Ce n’est pas une « agression » mais une « main baladeuse ». Ce n’est pas « un violeur » mais « une violeuse ». Ce n’est pas un « homme » mais une « femme ». Comme si nous étions à la dernière étape d’un gynocide où l’existence même des victimes – réduite à une image pornographique projetée sur un corps faussement neutre — serait vouée à l’effacement. Comme si.
Yagmur Uygarkizi
Edition : Nicolas Casaux
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