TIKTOK, une application à mâter — Georges RODI

TIKTOK, une application à mâter — Georges RODI

La guerre contre TikTok est repartie pour un tour.

Le président Trump a eu l’honneur de lancer une première bataille, en essayant de forcer la vente de cette application à un consortium étasunien mené par le groupe ORACLE.

La raison ? TikTok était l’application la plus téléchargée du moment.
Que la Chine puisse faire mieux que les GAFAM sur le sol des EU n’était rien de moins qu’un affront intolérable. Cette tentative a échoué devant les tribunaux.

En 2023, plus de 170 millions d’abonnés étasuniens sont connectés à TikTok. Cela représente plus de 50 % de la population étasunienne, et pas loin de 100% de la jeunesse.

Pour ne rien arranger, 2 autres applications chinoises -Shein et Temu- sont venues accentuer les maux de tête des dirigeants du pays.

Shein concurrence directement des groupes comme Zara et H&M en produisant des vêtements en petits lots à un rytme effréné. Là où Zara souffre de 40% d’invendus, Shein en a 8%.

Temu concurrence Amazon, (qui pouvait imaginer cela possible il y a 3 ans ?) en vendant les mêmes produits made in China, 3 fois moins chers. Temu peut s’appuyer sur sa société mère, Pin Duo Duo, qui permet aux consommateurs chinois de se grouper pour acheter au prix de gros. Gros succès, 13 000 employés, 1/3 des colis expédiés en Chine.

Une autre tentative d’interdire TikTok, soutenue par un intense battage médiatique, a donc été menée par l’état du Montana : tentative repoussée par les utilisateurs pour atteinte à la liberté d’expression.

Mais il y a eu le conflit entre Israéliens et Palestiniens, et tout a changé.

Alors que les sionistes commettaient les crimes les plus horribles et les plus inhumains contre le peuple palestinien, il fallait s’assurer que ces atrocités n’atteignent jamais le public.

Filtrage des informations sur les réseaux sociaux, auto-censure des grands médias, et meutres des journalistes présents en particulier à Gaza. « Près de 100 journalistes tués et 400 emprisonnés rien qu’en 2023 » rapporte le Guardian, et la situation a empiré en 2024. Tout permettait d’espérer un génocide en toute discrétion.

Mais TikTok a permis de contourner ces médias de masse. Les Palestiniens, des citoyens étrangers, israéliens parfois, ont pu filmer les atrocités sans fin. Le génocide a pu être porté à l’attention du monde entier, en direct. Il n’y avait aucun moyen de cacher ce qui se passait.

Le Wall Street Journal nous explique « Comment TikTok amène la guerre à votre enfant ». Le Jewish Chronicle publie « Comment TikTok détourne la jeunesse contre Israël et l’Occident ».

Le Jewish Forward se demande à quelle vitesse TikTok envoie les utilisateurs dans le terrier antisémite et publie un article « Les jeunes Américains se retournent contre Israël – et vous pouvez remercier TikTok ».

Le Jewish Telegraphic Agency a publié un article disant que « la Chambre s’apprête à voter un projet de loi qui pourrait déclencher l’interdiction de TikTok, avec le soutien d’un important groupe juif ».

Le Times of Israel nous dit : « Un important groupe juif américain soutient un projet de loi bipartisan qui pourrait interdire TikTok », et les Fédérations juives d’Amérique du Nord affirment soutenir le projet de loi en raison des préoccupations liées à la prolifération de l’antisémitisme sur la plateforme.

Je ne nierais pas que sur la version chinoise de TikTok (Dou Yin), il est plus que facile de trouver des témoignages qui mettent à terre l’armée la plus morale du monde. Et pour ne rien arranger, la position officielle chinoise s’est durcit, tant sur la question de l’Ukraine que de la Palestine.

Il est donc grand temps pour le monde basé sur des règles de relancer le flot d’accusations contre la Chine pour « violations des droits de l’homme », et revenir à la charge pour forcer la société mère ByteDance, située en Chine, à vendre TikTok à un Étasunien, faute de quoi l’application sera interdite.

81% du congrès approuve ce projet, à coups d’arguments massue.

1/ La Chine interdit Google et Facebook sur son territoire
2/ Le gouvernement chinois peut imposer l’accès aux informations des utilisateurs étasuniens
3/ « Une société chinoise n’a pas à contrôler une plateforme médiatique dominante aux États-Unis »

Seul détail, tous ces arguments sont biaisés et ne résistent pas à l’analyse.

–  La Chine n’interdit pas Google et Facebook, mais impose que les datas des utilisateurs chinois soient stockées sur des serveurs en Chine. Apple et Microsoft acceptent de respecter la loi, et sont présents sur le marché chinois. Google et Facebook refusent, et s’excluent du marché par choix.

–  TikTok USA stocke les données des utilisateurs étasuniens sur des serveurs situés au Texas et à Singapour, serveurs supervisés par des employés étasuniens. Le tout sous le contrôle d’obsevateurs externes agrées par les services secrets des EU.

J’ajouterais le témoignage d’un utilisateur de Tik-Tok, très énervé, précisant que ses datas personnelles ont déjà été piratées 15 fois. Pas celles sur Tik-Tok, mais de sa banque, sa compagnie d’assurance, son fournisseur d’électricité… Comment le sait-il ? Parce que sur une période 12 ans, il a reçu 15 lettres confirmant ces piratages, l’assurant qu’une « class action » lui permettrait d’obtenir une compensation financière.

Un chèque de 5$ pour finir. Il faut bien que les avocats soient récompensés de leurs efforts.

–  ByteDance, la société mère de TikTok, une société chinoise ?
Une société située en Chine, oui, mais dont le capital est contrôlé à 60% par des investisseurs étasuniens : Genoa Atlantic, Sequoia, SIG, General Atlantic, Carlisle, l’inévitable Blackrock, etc.

Et pour complèter le tout, 20 % pour les fondateurs, 20% pour les employés. Aucune trace du PCC…

Ne pas s’étonner si Steven Mnuchin, un sioniste, ancien secrétaire du Trésor sous l’administration Trump, s’est mis sur les rangs et compte parmi les favoris pour acheter TikTok USA (avant de passer à TikTok UE probablement).

Surprise surprise.

Eh oui, la surprise nous viendrait plutôt de Donald Trump, et de Ron Paul, qui s’opposent à ce projet.

Pour ne pas laisser le champ libre à Facebook dit l’un, pour ne pas mettre en péril les petites sociétés individuelles qui ne vivent que grâce à cette application dit l’autre.

Sauf que… Ce serait bien mal connaître le monde politique étasunien, corrompu jusqu’à la moelle, et ses donors qui tirent les ficelles en coulisse.
Le plus important donor du candidat républicain, et de Ron Paul, et quelques autres, se nomme Jeffrey Yass. Retenez ce nom, il fera certainement partie du gouvernement si le Donald est élu.

Il se trouve que Jeffrey a une participation dans la société Bytedance, de 15 milliards de dollars.

Oups.

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Source: Lire l'article complet de Le Grand Soir

À propos de l'auteur Le Grand Soir

« Journal Militant d'Information Alternative » « Informer n'est pas une liberté pour la presse mais un devoir »C'est quoi, Le Grand Soir ? Bonne question. Un journal qui ne croit plus aux "médias de masse"... Un journal radicalement opposé au "Clash des civilisations", c'est certain. Anti-impérialiste, c'est sûr. Anticapitaliste, ça va de soi. Un journal qui ne court pas après l'actualité immédiate (ça fatigue de courir et pour quel résultat à la fin ?) Un journal qui croit au sens des mots "solidarité" et "internationalisme". Un journal qui accorde la priorité et le bénéfice du doute à ceux qui sont en "situation de résistance". Un journal qui se méfie du gauchisme (cet art de tirer contre son camp). Donc un journal qui se méfie des critiques faciles à distance. Un journal radical, mais pas extrémiste. Un journal qui essaie de donner à lire et à réfléchir (à vous de juger). Un journal animé par des militants qui ne se prennent pas trop au sérieux mais qui prennent leur combat très au sérieux.

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