Pour illustrer certaines choses que j’ai mentionnées dans la « brève histoire du genre » que j’ai publiée l’autre jour, voici une récente interview (juin 2023) de Judith Butler que je me suis fait suer à sous-titrer, et qui prétend nous apprendre ce qu’est le genre (l’entretien est intitulé « La théorie du genre, expliquée, avec Judith Butler »). Je la commente ci-après.
I
- « Le genre est un mélange de normes culturelles, de formations historiques, de l’influence de la famille, de réalités psychiques, de désirs et de souhaits. »
Ah, très bien. C’est parfaitement clair. C’est un mélange de trucs quoi. Bon. Un peu comme une salade, au final. On est un peu déçus. C’est ça, l’incroyable théorie de Madame Théorie du genre ? Un mélange de trucs nébuleux ? Cela dit, on rejoint Judith Butler quand elle affirme que ces « normes culturelles » qui correspondent au « genre » sont oppressives, contraignantes. Mais n’ayant rien dit de clair sur ces normes, tout ça ne mène nulle part. Butler évite de dire que ces « normes » correspondent aux attributs que la société patriarcale assigne à chacun des deux sexes, la raison, la force, l’agentivité, etc., aux hommes, et la douceur, la docilité, le dévouement aux autres, etc., aux femmes. Le patriarcat, chez Butler, ça n’existe pas (reconnaître son existence implique de reconnaître la réalité du sexe, des deux sexes, l’oppression des femmes par les hommes, entre autres choses, ce que Butler ne souhaite pas faire). Les « normes » sont là, on ne sait pas trop comment, pourquoi, à quelles fins. Bref, la définition du mot « genre » ou plutôt l’idée du « genre » que défend Judith Butler est d’une imprécision extraordinaire qui confine au non-sens.
II
- « Le sexe est généralement une catégorie attribuée aux enfants qui a de l’importance dans les domaines médical et juridique. »
Oui, mais surtout non. La sens du mot « sexe » que donne Butler est aussi ridicule que le sens qu’elle attribue au terme « genre ». En vérité, le sexe est une réalité biologique qui permet la reproduction de l’espèce humaine, et un attribut parmi d’autres des êtres humains. Ce n’est pas juste une « catégorie » du vocabulaire humain, pas au même titre que, disons, le mot « nombre ». Un « nombre », ça n’existe pas vraiment dans la nature, c’est un vocable humain qui renvoie à une construction mentale humaine. En revanche, le « sexe », c’est un terme du langage humain utilisé pour désigner une réalité matérielle, biologique et naturelle, qui n’est pas une construction humaine. Le sexe n’importe pas que dans les domaines médical et juridique. Il importe du berceau à la tombe. Le sexe d’une personne détermine beaucoup de choses relatives à sa santé, ses aptitudes physiques, tout son parcours de vie. Le fait que les femelles donnent la vie n’a rien d’insignifiant. Le sexe détermine également, dans les sociétés patriarcales, la manière dont une personne sera traitée, ses opportunités, etc. Les femmes sont moins bien traitées que les hommes, plus à risque de subir diverses sortes de violence, etc. Mais « patriarcat », c’est un mot qui n’existe pas chez Judith Butler, qui n’aime pas le féminisme. Son truc, à Butler, c’est la théorie queer, or théorie queer et féminisme, ça fait deux.
III
- « Nous avons toute une série de différences, de nature biologique, je ne les nie pas, mais je ne pense pas qu’elles déterminent qui nous sommes d’une manière définitive. »
Que peut bien vouloir dire une telle phrase ? Que signifie le fait de dire que nos caractéristiques biologiques nous déterminent d’une manière définitive ? Je suis un être humain, est-ce définitif ? Vais-je me transformer en zèbre à un moment de ma vie ? Sans doute pas. De la même manière, le sexe des êtres humains est immuable, déterminé, définitif, nous ne sommes pas une espèce hermaphrodite séquentielle.
IV
Butler débite des tartines de platitudes consensuelles : « créer des vies plus vivables, où les corps pourraient être plus libres de respirer, de bouger, d’aimer, sans discrimination et sans craindre la violence » ; « La liberté est une lutte parce qu’il y a tant de choses dans notre monde qui nous disent de ne pas être libres avec notre corps. Si nous cherchons à aimer d’une manière libre, à vivre et bouger de manière libre, nous devons lutter pour revendiquer cette liberté » ; etc.
V
- « J’affirme que ce que c’est que d’être une femme, ou un homme ou n’importe quel autre genre, est une question ouverte. »
Malgré tous ses diplômes, Butler ne sait pas ce que signifient les termes « femme » et « homme », qui ne renvoient pas à des « genres » mais à des sexes. La femme est la femelle humaine adulte, et l’homme le mâle humain adulte. La terre est ronde et tourne autour du soleil. Il est important de se brosser les dents deux à trois fois par jour.
VI
- « Je me suis opposée à de nombreuses versions du féminisme. L’une d’entre elles soutenait que les femmes sont fondamentalement des mères, et que la maternité est l’essence du féminin. Une deuxième pensait que le féminisme avait à voir avec la différence sexuelle, mais définissait la différence sexuelle de manière hétérosexuelle. Et les deux m’ont semblé erronés. J’étais assez attachée à l’idée que les gens ne devraient pas être discriminés en raison de ce qu’ils font de leur corps, de qui ils aiment, de la façon dont ils se déplacent, ou de leur apparence. Tout ce que je disais, c’est que le sexe qui vous est assigné à la naissance, et le genre qu’on vous apprend à être, ne devraient pas déterminer la façon dont vous vivez votre vie. »
Ici, pour changer, Butler raconte à moitié n’importe quoi, et ment éhontément. Oui, on peut peut-être dire qu’il a existé une forme de féminisme qui défendait un « essentiel féminin », qui soutenait que le destin de la femme était d’être mère et de s’occuper de la maison et des enfants, qui adhérait à l’idée de la femme, aux normes que le patriarcat perpétue. Mais ensuite, Butler semble rejeter l’idée que le féminisme a à voir avec la différence sexuelle, au prétexte qu’un courant féministe concevait cette différence sous un prisme hétérosexuel (sans expliquer du tout ce qu’elle veut dire par-là). Or le féminisme vise l’émancipation ou la libération des femmes du joug de la domination masculine, le démantèlement du patriarcat. Il donc évidemment et nécessairement à voir avec la différence sexuelle, puisqu’il s’agit de libérer un sexe de l’emprise de l’autre. Mais il faut insister. Butler n’est pas une féministe, c’est une promotrice de la « théorie queer » — un ramassis d’absurdités. Butler ne parle pas du patriarcat.
VII
- « L’idée de base [de Simone de Beauvoir], c’est qu’on ne naît pas femme, mais qu’on le devient, que “le corps n’est pas un fait”. Elle a ouvert la possibilité d’une différence entre le sexe qui vous est assigné et le sexe que vous devenez. »
N’importe quoi. D’abord, le sexe n’est pas assigné, c’est une caractéristique naturelle de n’importe quel être humain, qui est simplement constaté. (On peut parler d’« assignation » lorsque des bébés ou des enfants atteints d’intersexuation sont physiquement mutilés pour correspondre visuellement ou esthétiquement à un des deux sexes, mais parler d’assignation pour tout le monde, c’est simplement idiot.) Et puis, « le corps n’est pas un fait » ? Pardon ? Simone de Beauvoir n’a jamais dit que le corps n’était « pas un fait ». Contrairement à Butler, Simone de Beauvoir savait très bien qui sont les femmes. Les femmes, c’est le « deuxième sexe ». Et comme elle l’écrit dans ce livre : « Il n’y a pas toujours eu des prolétaires : il y a toujours eu des femmes ; elles sont femmes par leur structure physiologique […]. »
Voici le passage dont est tirée la fameuse phrase de Simone de Beauvoir :
« On ne naît pas femme : on le devient. Aucun destin biologique, psychique, économique ne définit la figure que revêt au sein de la société la femelle humaine ; c’est l’ensemble de la civilisation qui élabore ce produit intermédiaire entre le mâle et le castrat qu’on qualifie de féminin. Seule la médiation d’autrui peut constituer un individu comme un Autre. »
Dans Le Deuxième sexe, Simone de Beauvoir écrit encore :
« Mais d’abord : qu’est-ce qu’une femme ? […] Tout le monde s’accorde à reconnaître qu’il y a dans l’espèce humaine des femelles ; elles constituent aujourd’hui comme autrefois à peu près la moitié de l’humanité ; et pourtant on nous dit que “la féminité est en péril” ; on nous exhorte : “Soyez femmes, restez femmes, devenez femmes.” Tout être humain femelle n’est donc pas nécessairement une femme ; il lui faut participer de cette réalité mystérieuse et menacée qu’est la féminité. »
Ce qui devrait donc être clair, c’est que dans la phrase « on ne naît pas femme, on le devient », « femme » désigne simplement la femelle humaine adulte (la femme) ET la féminité à laquelle la femme doit participer pour être considérée comme une femme dans la société patriarcale. Simone de Beauvoir recourt à une sorte de métonymie, c’est-à-dire à une figure de style « par laquelle on désigne une entité conceptuelle [ici la féminité] au moyen d’un terme qui, en langue, en signifie une autre [ici femme], celle-ci étant, au départ, associée à la première par un rapport de contiguïté ».
Tout au long du Deuxième sexe, Simone de Beauvoir emploie le mot femme dans deux sens différents. Tantôt elle l’emploie simplement au sens propre, pour désigner la femelle humaine adulte, et tantôt elle l’emploie, dans un sens figuratif, pour désigner en plus — et insister sur — l’image de la femme que fabrique la société patriarcale, la société qui impose la féminité — et les rôles sociaux qui vont avec — aux femmes. C’est pour cette raison que Simone de Beauvoir écrit par exemple que la « fonction de femelle ne suffit pas à définir la femme ». Ici, elle emploie « femme » dans le deuxième sens mentionné ci-dessus, dans un sens figuratif. C’est pourquoi la fonction de femelle ne suffit pas : il faut lui ajouter la féminité. Ce deuxième sens peut être représenté par l’équation suivante : femelle + féminité = femme. Mais en dehors du monde figuratif et des figures de style, Simone de Beauvoir considère évidemment que les femmes sont les femelles humaines adultes, et réciproquement. Tout le premier chapitre de son livre, intitulé « Les données de la biologie » vise à discuter des différences biologiques entre la femme et l’homme. Par exemple :
« En moyenne elle est plus petite que l’homme, moins lourde, son squelette est plus grêle, le bassin plus large, adapté aux fonctions de la gestation et de l’accouchement ; son tissu conjonctif fixe des graisses et ses formes sont plus arrondies que celles de l’homme ; l’allure générale : morphologie, peau, système pileux, etc. est nettement différente dans les deux sexes. La force musculaire est beaucoup moins grande chez la femme : environ les deux tiers de celle de l’homme ; elle a une moindre capacité respiratoire : les poumons, la trachée et le larynx sont moins grands chez elle ; la différence du larynx entraîne aussi la différence des voix. »
Après avoir amplement décrit les différences physiologiques entre les hommes et les femmes, Simone de Beauvoir ajoute :
« Ces données biologiques sont d’une extrême importance : elles jouent dans l’histoire de la femme un rôle de premier plan, elles sont un élément essentiel de sa situation : dans toutes nos descriptions ultérieures, nous aurons à nous y référer. Car le corps étant l’instrument de notre prise sur le monde, le monde se présente tout autrement selon qu’il est appréhendé d’une manière ou d’une autre. C’est pourquoi nous les avons si longuement étudiées ; elles sont une des clefs qui permettent de comprendre la femme. Mais ce que nous refusons, c’est l’idée qu’elles constituent pour elle un destin figé. Elles ne suffisent pas à définir une hiérarchie des sexes. »
Le corps est donc un fait, un fait crucial même, « d’une extrême importance ». Butler travestit tranquillement et même inverse la pensée de Simone de Beauvoir, qui dénonçait simplement et très justement le fait qu’à un sexe soit imposé des rôles sociaux exclusifs et spécifiques (comme s’occuper de la maison, du ménage, de la vaisselle, des enfants, du soin aux autres, etc.).
VIII
- « Lorsque le mot “performatif” a été inventé, le philosophe J.L. Austin essayait de comprendre les énoncés juridiques. Quand un juge dit, “Je vous déclare mari et épouse”, vous devenez mari et épouse dès que cette déclaration a eu lieu. »
Le concept de « performatif » est central dans la pensée de Butler. Il est aussi assez inepte. Elle l’utilise pour suggérer que par la parole nous créons la réalité. Si je dis que je suis un pingouin, deviens-je un pingouin ? Non. Quoi que… Attendez… Que m’arrive-t-il ? Pourquoi… cette soudaine envie de plonger en eau froide à la recherche de poissons et de petits crustacés ?! Plus sérieusement, même dans l’exemple qu’elle prend, les choses sont bien plus compliquées qu’elle ne le laisse entendre. Ce n’est pas la parole magique du juge qui rend le mariage réel, c’est toute l’existence de l’infrastructure sociale qui permet d’imposer, par la force si besoin, la législation dont le mariage fait partie. S’il n’avait pas une société tout entière derrière lui et des forces de l’ordre etc., la parole du juge n’aurait aucun effet. Le pouvoir ne réside pas dans la parole. Le pouvoir réside surtout dans le pouvoir — qui est avant tout la puissance, la force, la capacité matérielle qui permet d’imposer ses vues aux autres, d’imposer un code juridique particulier à une population donnée.
IX
- « Même le dictionnaire de Cambridge reconnaît que quelque chose a changé. »
Butler se réfère au fait que le dictionnaire de Cambridge compte désormais, parmi les définitions du mot « femme » qu’il propose, et en plus de « un être humain adulte de sexe féminin » (ou « une femelle humaine adulte »), la définition suivante : « un adulte qui vit et s’identifie comme une femme, bien qu’on lui ait attribué un sexe différent à la naissance » (ou, plus littéralement, « un adulte qui vit et s’identifie comme une femme, même si on a pu dire qu’il avait un sexe différent à la naissance »).
Formidable progrès, n’est-ce pas. On a hâte que le dictionnaire de Cambridge propose, comme définition de chirurgien : « Un adulte qui vit et s’identifie comme un chirurgien, bien qu’on lui ait attribué un diplôme différent lors de son CAP fleuriste ». Plus sérieusement, à quoi peut renvoyer l’idée de « vivre et s’identifier comme une femme », sinon au fait d’essayer d’incarner tous les stéréotypes sexistes que la société patriarcale assigne aux femmes ? En quoi une idée aussi givrée et misogyne est-elle un progrès ? En ajoutant cette définition, le dictionnaire de Cambridge inscrit la parodie d’une chose comme la chose elle-même. Si je parodie quelqu’un, je deviens cette personne. Avec la théorie queer, la parodie devient réalité, et la réalité parodie. Je parodie, donc je suis.
X
- « Et pourtant, au moins aux États-Unis, nous avons appris à parler des Noir·es différemment […] ».
Ici, tranquillement, Butler suggère que vu que les États-Unien·nes ont pu apprendre à ne plus être racistes (il me semble que c’est ce qu’elle veut dire, mais rien n’est jamais très clair), alors ils et elles peuvent bien apprendre à accepter le fait qu’un homme puisse être une femme parce qu’il dit qu’il est une femme (et qu’il porte du rouge à lèvres, une perruque, des talons hauts, etc.), et donc accepter de le désigner en utilisant le pronom « elle ». Autrement dit, selon Butler, le racisme, le fait de croire que les Noir·es constituent des êtres humains inférieurs de quelque manière, c’est exactement comme le fait de penser que les êtres humains ne peuvent pas changer de sexe et que les termes « homme » et « femme » renvoient à une réalité matérielle, biologique et immuable, plutôt qu’à des « questions ouvertes », que chacun·e peut apparemment choisir d’incarner à volonté. Autrement dit, la théorie queer, c’est l’asile.
Tout au long de l’interview, Judith Butler n’arrête pas de se présenter comme une grande défenseuse de la liberté, la liberté d’aimer, de se déplacer, la liberté de faire ce qu’on veut de son corps, etc. Le propos est encore une fois tellement nébuleux qu’on ne peut qu’être d’accord. Mais il y a une grosse différence entre la prétendue liberté que Butler et ses travaux servent à promouvoir, et la liberté telle que les féministes la conçoivent. Pour les féministes, une fille qui aime des choses culturellement considérées comme « masculines » n’a aucun problème. Elle n’a pas une « identité de genre » de garçon dans son corps de fille. Nul besoin de l’encourager à « librement » entreprendre de se médicaliser à vie, de bloquer sa puberté, de prendre des hormones de synthèse, de subir une excision de la poitrine, d’effectuer un changement de pronom, une phalloplastie, etc. La fille en question devrait simplement être libre de faire tout ce qu’elle veut et tout ce qu’elle aime sans avoir à prétendre qu’elle est en fait un garçon, sans avoir à mutiler son corps. En contraste, la « liberté » que promeut Butler et que promeuvent les idéologues trans et queer, c’est la « liberté » de mutiler son corps parce qu’on s’est fait embobiner par des charlatans. Les idées « queer » de Butler et l’idéologie trans sont tout sauf libératrices. Au fondement des revendications trans, et même si ce n’est jamais formulé exactement de cette manière (bien évidemment), on retrouve l’idée — normative, sexiste et irrationnelle — selon laquelle à un type de corps sexué devrait correspondre un type d’esprit, un type d’« identité de genre », c’est-à-dire un ensemble de goûts, d’attitudes, de préférences, d’attirances, un type de personnalité, en fait. C’est ce qui explique qu’on parle ensuite de « dysphorie de genre », de « transition », que des individus disent ou s’imaginent être « nés dans le mauvais corps », etc.
***
Je finirai par le début. Dans l’interview, Butler commence par affirmer qu’il existe plusieurs théories du genre mais qu’elle se fiche désormais de savoir lesquelles sont justes et lesquelles sont fausses. Autrement dit, peu importe ce que signifie le genre. Le vrai problème, pour Butler, c’est que cette chose qu’on nomme « genre » (peu importe ce qu’on entend par là) est attaquée. Les « attaques contre le genre » — même si on ne sait pas ce que le terme signifie — sont des attaques « contre la démocratie ». Bon sang, mais évidemment. Clairement. Ça coule de source. On croirait du George W. Bush. Invoquer une menace complètement vague voire fabriquée de toutes pièces (« les terroristes » ou « les attaques contre le genre »), pour justifier la défense d’un truc qui n’existe pas (« la démocratie américaine »).
Il me semble qu’une des seules choses relativement dignes, correctes, qu’on peut déceler dans le galimatias queer de Butler, ce sont ses plaidoyers contre l’hétérosexualité normative, contre l’homophobie et la lesbophobie. Le problème, c’est qu’en niant et détruisant le sens des termes « femme », « homme », « garçon », « fille », et en niant et en rejetant la réalité matérielle et naturelle du « sexe », Butler nuit aussi lourdement aux lesbiennes et aux homosexuels. Entre autres choses, son travail sert à justifier le fait que de nouvelles « lesbiennes à pénis » — des hommes qui se disent femmes et qui veulent relationner avec des femmes — s’immiscent désormais dans les espaces des lesbiennes. Et que signifie le lesbianisme ou l’homosexualité si le sexe n’existe pas vraiment ? À cause de Butler, l’homosexualité et le lesbianisme commencent à être définis comme des « attirances pour le même genre » que soi. Sachant que « genre » ne veut rien dire du tout. En fin de compte, le travail de Butler sert aussi à détruire l’homosexualité et le lesbianisme.
Nicolas Casaux
Source: Lire l'article complet de Le Partage