La violence sexuelle contre les prisonnières palestiniennes depuis le 7 octobre. — Abdelhamid SIYAM

La violence sexuelle contre les prisonnières palestiniennes depuis le 7 octobre. — Abdelhamid  SIYAM

Depuis octobre, les autorités sionistes ont arrêté 6 255 Palestiniens en Cisjordanie jusqu’à présent, portant le nombre de détenus à plus de 11 000. Actuellement, 210 femmes et mineures, ainsi que 355 enfants de moins de dix-huit ans, et 35 journalistes se trouvent dans les centres de détention et les prisons. Sept prisonniers ont perdu la vie en raison de tortures directes, de mauvais traitements jusqu’à la mort, ou en raison de l’empêchement d’accéder à des soins médicaux. Les agressions de nature sexuelle contre les femmes ont atteint un niveau intolérable, et ces pratiques barbares et interdites au niveau international doivent être dénoncées.

On note l’hypocrisie de la communauté internationale lorsqu’il s’agit de prisonniers, de personnes enlevées et d’otages palestiniens. Les discussions lors des réunions internationales et les déclarations des responsables ne mentionnent que les otages israéliens, et les agressions sexuelles ne concernent que les prisonnières israéliennes. C’est ainsi que le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a suivi le récit israélien, après avoir été intimidé et poussé à la démission. C’est ainsi qu’il a ouvert son discours lors de la séance du Conseil de sécurité sur la situation en Palestine occupée et la guerre à Gaza (le mardi 24/10/2023) : «Rien ne peut justifier le meurtre délibéré de civils, leur blessure, leur enlèvement, ou l’utilisation de violence sexuelle contre eux, ou le lancement aléatoire de roquettes vers des cibles civiles. Je demande une fois de plus la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages. Pendant ce temps, ils doivent être traités humainement et autorisés à recevoir des visites et de l’aide de la Croix-Rouge.» La violence sexuelle est mentionnée uniquement en référence à ce que les Palestiniens ont fait aux Israéliennes, et les otages pour lesquels il demande la libération sont uniquement les 129 détenus à Gaza, détenus par les factions de la résistance.

Ces phrases ont été répétées dans la plupart, sinon la totalité, des déclarations des représentants des pays soutenant l’entité sioniste tels que les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne, la France, le Canada, l’Autriche, l’Australie, et d’autres. Même la représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la violence sexuelle en temps de conflit, Pramila Patten, est allée plus loin et a exprimé dans une déclaration vigoureuse sa profonde préoccupation concernant les rapports émergents sur la violence sexuelle contre les femmes et les hommes, pendant leur détention par le Hamas. Elle a également exprimé sa préoccupation concernant les civils qui restent pris en otage par le Hamas et a appelé « à leur libération immédiate, sûre et inconditionnelle. »

Elle a ensuite répondu à l’invitation du gouvernement d’Israël pour effectuer une visite officielle, saluant cette occasion comme une opportunité de rencontrer les survivants de la violence sexuelle liée au conflit, y compris des otages récemment libérés, afin de faire entendre leurs voix. Elle a écouté directement leurs témoignages et a condamné sans équivoque les attaques perpétrées par le Hamas le 7 octobre. Elle a exprimé une profonde préoccupation face aux rapports terrifiants sur les violences sexuelles et les atrocités alléguées, manifestant sa solidarité avec le choc collectif intense causé par cette cruauté.»

Quant aux crimes commis par l’entité sioniste contre des civils palestiniens, à la torture et aux meurtres dans les prisons, ainsi qu’aux humiliations auxquelles les femmes palestiniennes sont confrontées dans les prisons et les centres de détention sionistes, personne ne semble s’en soucier : ni Patten, ni le procureur de la Cour pénale internationale, Karim Khan, ni la Représentante du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés, Virginia Gamba, ni la Représentante spéciale pour la prévention et la répression du crime de génocide, Alice Weremo Ndereto. Les pays occidentaux, qui prônent la civilisation, le respect des droits de l’homme, l’égalité, le respect de la loi, le respect des femmes et le rejet de la torture, exemptent l’entité sioniste de toutes ces obligations. Ils la traitent comme une entité qui n’a le droit d’être qu’au-dessus de la loi, au-dessus de la responsabilité et au-dessus de la redevabilité.

Je présenterai quelques exemples de ce que subissent les femmes palestiniennes dans les geôles des fascistes. Depuis la guerre de 1967, plus de 17 000 femmes et filles ont été incarcérées dans les prisons sionistes. Ces femmes représentent des secteurs vitaux et essentiels du peuple palestinien, parmi elles des enseignantes, des médecins, des journalistes, des écrivaines, des élues au Parlement et aux conseils locaux. Elles sont aussi des mères, certaines d’entre elles ont donné naissance à des enfants en captivité. De nombreuses interviews avec des femmes récemment libérées ont été publiées pendant la trêve fin novembre. L’ex-prisonnière récemment réincarcérée, Khalida Jarrar (1), a mené une excellente étude sur le sujet, publiée par l’Independent Commission for Human Rights.

Le calvaire de la prisonnière commence dès le moment de son arrestation, qui a généralement lieu la nuit. Des menottes sont placées aux mains de la détenue, qui n’est pas autorisée à changer de vêtements de nuit ni à porter des vêtements couvrants.

Ses yeux sont bandés, des insultes grossières et des malédictions obscènes sont proférées contre elle devant sa famille, qui est généralement confinée dans une seule pièce. La jeune Palestinienne est emmenée les yeux bandés au centre de détention pour interrogatoire. En chemin, elle est maltraitée et menacée de viol. Ensuite, elle est conduite dans un lieu d’interrogatoire prolongé, où elle est déshabillée et fouillée de manière détaillée, une expérience humiliante pour sa dignité. Certains enquêteurs la touchent pendant l’interrogatoire, et l’un d’eux la menace de viol en détaillant les types de viol. Dans d’autres cas, des membres de la famille de la détenue sont arrêtés et placés au même endroit. Les enquêteurs commencent à utiliser des termes offensants qui portent atteinte à la dignité de la prisonnière, en présence de son père ou de son frère. Dans un autre cas, les enquêteurs ont pratiqué une fouille corporelle sur cinq prisonnières, les dénudant entièrement, comme une forme de dégradation de leur dignité.

Elles étaient contraintes d’effectuer des mouvements humiliants, accentuant ainsi le sentiment de dégradation. Une détenue, entièrement déshabillée dans la prison de Jalameh, a témoigné que l’interrogateur lui posait des questions obscènes sur sa vie sexuelle, effectuait des gestes à caractère sexuel en présence d’une enquêtrice, et proférait des paroles indécentes. Les enquêteurs s’acharnent également à dénigrer les symboles religieux, suscitant la colère de la détenue en insultant le Prophète ou Dieu devant elle, en se moquant de son voile, et certains vont jusqu’à lui retirer de force. Un enquêteur a même suggéré à une prisonnière voilée qu’elle utilisait son voile pour tromper son père tout en se livrant à des actes immoraux en secret.

Les femmes sont également sanctionnées en étant privées de leurs articles essentiels tels que les serviettes hygiéniques, les contraignant à laver leurs vêtements quotidiennement et à les réutiliser avant qu’ils ne sèchent. Les gardiens de la prison de Damon ont informé les détenues qu’après l’opération du 7 octobre, ils étaient autorisés à agir comme bon leur semblait avec les prisonnières en raison de l’attention portée à la situation à Gaza. Ces femmes sont également empêchées de crier et privées de «l’heure de récréation» ou de la courte pause pendant laquelle elles peuvent voir le soleil. L’avocat bien connu des prisonniers à Haïfa, Hassan Abbadi, confirme que les prisonnières sont photographiées sans leur consentement et que parfois les soldats retirent leur voile pour prendre des photos sans l’accord de la prisonnière.

Les cellules des détenues sont surpeuplées, accueillant un nombre supérieur à la capacité prévue. Huit prisonnières sont entassées dans une seule pièce et reçoivent un repas qui ne suffit même pas pour deux personnes ; la qualité de la nourriture est très médiocre, dégageant une odeur repoussante. De surcroît, les femmes se voient refuser l’accès à leurs avocats et sont privées de visites familiales.

La réalité est que l’entité sioniste mène une guerre génocidaire contre le peuple palestinien sous différentes formes, mais l’objectif demeure le même : dépeupler la Palestine de sa population autochtone et s’emparer de leurs terres. Cette guerre revêt plusieurs facettes qui se complètent mutuellement. À Gaza, des massacres généralisés sont perpétrés contre l’ensemble de la population, en particulier visant les enfants et les femmes. En Cisjordanie occupée, ils pratiquent le meurtre, les incursions, la destruction des maisons, la confiscation des terres, l’expansion des colonies ou la construction de nouvelles colonies, et emprisonnent des milliers de femmes, d’hommes et d’enfants.

À l’intérieur, ils s’efforcent à réduire au silence la voix palestinienne, menaçant de sévères sanctions non seulement ceux qui expriment leur opinion sur les réseaux sociaux, mais aussi ceux qui commentent les écrits des autres ou manifestent quelque forme de solidarité avec la résistance courageuse. Puis, ils mènent cette guerre génocidaire dans des prisons fascistes. Ils arrêtent des milliers de personnes et exercent les pires formes de répression, de torture, de meurtre, de famine et de négligence médicale. Ils cherchent la sécurité sur les cadavres des Palestiniens, mais cela ne se produira jamais tant qu’il y aura parmi ce peuple «des hommes qui ont été fidèles à leur engagement envers Dieu, certains d’entre eux ont atteint leur fin, et d’autres attendent encore, et ils n’ont jamais changé leur engagement (2) «. Nous sommes à l’aube d’une grande transformation qui nous conduira bientôt vers la liberté.

Abdelhamid Siyam (écrivain palestinien )

Traduit de l’arabe par Hassan TARFAOUI
(1) https://fr.wikipedia.org/wiki/Khalida_Jarrar
(2) https://fr.assabile.com/read-quran/sourate-al-ahzab-33/aya-23
Dans la phrase coranique citée par l’auteur, il manque un mot (pour les arabisants)
le lien de l’article du journal Al-Quds Al-Arabi ( vendredi 26 janvier 2024) :
https://www.alquds.co.uk/%D8%A7%D9%84%D8%B9%D9%86%D9%81-%D8%A7%D9%84%D…

»» https://www.alquds.co.uk/

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Source: Lire l'article complet de Le Grand Soir

À propos de l'auteur Le Grand Soir

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