S’exprimant à l’université de Valladolid, le responsable de la politique étrangère de l’Union européenne a déclaré que le mouvement islamiste palestinien, créé en 1987, avait été « financé par le gouvernement israélien pour tenter d’affaiblir l’Autorité palestinienne du Fatah ».
La déclaration de Josep Borrell risque de faire du bruit en Israël. Le chef de la diplomatie européenne a accusé, vendredi 19 janvier, l’Etat hébreu d’avoir « créé » et « financé » le mouvement islamiste palestinien Hamas, actuellement au pouvoir à Gaza et à l’origine de l’attaque meurtrière sans précédent du 7 octobre sur le sol israélien.
S’exprimant à l’université de Valladolid (Espagne), qui lui a décerné un doctorat honoris causa, le haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères a plaidé pour la création d’un Etat palestinien, auquel s’oppose le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou.
« Nous pensons qu’une solution à deux Etats [israélien et palestinien] doit être imposée de l’extérieur pour ramener la paix. Même si, et j’insiste, Israël réaffirme son refus [de cette solution] et, pour l’empêcher, est allé jusqu’à créer lui-même le Hamas », a déclaré M. Borrell lors d’une allocution en espagnol. « Le Hamas a été financé par le gouvernement israélien pour tenter d’affaiblir l’Autorité palestinienne du Fatah. Mais si nous n’intervenons pas fermement, la spirale de la haine et de la violence se poursuivra de génération en génération, de funérailles en funérailles », a-t-il ajouté.
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Prise de contrôle de Gaza en 2007
Le Hamas a été créé en décembre 1987, peu après le début de la première Intifada, soulèvement palestinien dans les territoires occupés, par un groupe de militants islamistes se réclamant des Frères musulmans, parmi lesquels l’influent cheikh Ahmed Yassine. Acronyme d’Harakat al-Muqawama al-islamiya (« Mouvement de la résistance islamique »), le Hamas a été fondé pour faire échec au Jihad islamique palestinien et rivaliser avec l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), mouvement principalement laïc mené alors par Yasser Arafat.
Vingt ans plus tard, en juin 2007, à la suite d’une guerre civile due à la rivalité entre le Hamas et le Fatah – mouvement au cœur de l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas, successeur de M. Arafat –, le Hamas a pris le contrôle de la bande de Gaza.
Au cours des dernières années, la bande de Gaza, sous blocus israélien, a reçu une aide de plusieurs millions de dollars du Qatar, ce qui a valu des critiques à M. Nétanyahou, accusé par des détracteurs d’avoir favorisé le financement de ce mouvement, ce qu’il nie.
M. Nétanyahou et les Etats-Unis en désaccord
Ces derniers jours, le premier ministre israélien a de nouveau rejeté l’idée de la création d’un Etat palestinien viable, s’attirant ainsi des critiques de son allié américain qui dit plaider pour un Etat de Palestine aux côtés d’Israël.
Dans une tribune publiée le 15 janvier 2024 dans Le Monde, M. Borrell avait déjà affiché son soutien à la création d’un Etat palestinien et d’une « Autorité palestinienne », lorsque les otages israéliens seront libérés et la guerre entre Israël et le Hamas sera terminée.
« Il y a deux leçons à tirer de l’échec des accords d’Oslo de 1993 », qui posaient les bases d’un Etat palestinien, expliquait-il. « La première est qu’il faut poser d’emblée l’impératif des deux Etats comme solution au conflit. La seconde est de ne pas compter uniquement sur les Israéliens et les Palestiniens pour s’entendre. Les conditions de la paix doivent être appliquées et garanties par l’ensemble de la communauté internationale », plaidait le chef de la diplomatie européenne.
Source : Le Monde avec AFP
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