Y a pas que les éléphants qui Trump !

Y a pas que les éléphants qui Trump !

Le soir des caucus de l’Iowa, Donald Trump, celui-là même qui a semé depuis le chaos aux États-Unis et ailleurs dans le monde, a lancé un appel à l’unité et à la réconciliation… Plusieurs médias sont tombés dans le panneau et n’ont pas vu que le diable était devenu ermite, mais pour un instant seulement. Il y a fort à parier qu’au moment où ces lignes seront lues, il aura eu le temps de défroquer à de multiples reprises.

Il faut comprendre que pour la première fois depuis près de quatre ans, le Donald gagnait quelque chose. Après sa défaite en 2020, après avoir mordu la poussière dans près de 90 cours de justice où il contestait le résultat de l’élection, après la défaite de la plupart des candidats qu’il avait appuyés aux élections de mi-mandat en 2022, cette victoire attendue avait tout pour gonfler son ego, dont on sait qu’il est surdimensionné, comme l’a décrit sa nièce Mary Trump.

Plusieurs voix s’élèvent pourtant pour alerter les Étasuniens du danger pour la démocratie que ferait apparaître le retour au pouvoir d’un histrion en qui des millions de personnes ne voient rien de moins qu’un nouveau messie dont l’épée vengeresse va décapiter la « vermine » qui, à leurs yeux et aux siens, « contamine le sang de leur pays ». C’est en effet lui qui, en novembre dernier, a promis d’«éradiquer les communistes, les marxistes, les fascistes et les voyous de la gauche radicale qui vivent comme de la vermine dans notre pays ».

Il a été aussi clair sur son programme politique, emprunté à des dictateurs comme Poutine, Xi Jinping et Kim Jong-Un, dont il admire la manière autoritaire et autocratique de gouverner. En décembre 2022, il avait soutenu que l’élection frauduleuse de 2020 allait lui permettre « de mettre fin à toutes les règles, règlementations et articles, même ceux que l’on retrouve dans la Constitution ». Même si Mathieu Bock-Côté a beau dire que le Donald n’utilise pas la langue de bois, comme le font la plupart des politiciens, on a envie de lui reprocher de préférer une langue sale, une langue de vipère qui n’a de cesse d’injurier quiconque s’oppose à lui.

Sa première épouse, Ivana, avait révélé en 1990 que son mari avait sur sa table de chevet les discours d’Adolf Hitler. Plusieurs chercheurs ont comparé leurs discours pour comprendre leur rhétorique. L’un et l’autre répètent constamment les mêmes logorrhées verbales ; ils disent les mêmes choses jour après jour ; jamais ils n’admettent avoir fait une erreur ; ils ne retirent aucun des mots qu’ils ont pu prononcer. Toutes les critiques attirent injures, insultes et interpellations. Ils utilisent une langue de base, primaire, des phrases simples que la personne la moins éduquée, saura comprendre

Une ex-procureure fédérale, Joyce Vance, a clairement exprimé son inquiétude. « Il y a tellement de preuves, un déluge de preuves, qu’une deuxième administration Trump serait bien plus sombre, bien plus dangereuse et bien plus proche du fascisme et de l’autoritarisme que la première. C’est un animal blessé acculé, Trump n’a pas d’autre issue. Il n’est pas difficile de voir les signes. Ce qui est difficile, c’est de comprendre comment tant de gens sont capables d’ignorer la vérité qui est devant nous. »

Sa base électorale principale demeure, ironiquement, les chrétiens évangélistes, dont on peut dire sans se tromper qu’ils se comportent davantage comme des punaises de sacristie et des rongeurs de balustres que comme des personnes portées sur la gaudriole. Ils lui pardonnent tout, au Donald la misogynie, les viols attestés, les propos déshonorants, les 91 accusations criminelles portées contre lui.

Dans une récente chronique, le politologue Loïc Tassé expliquait qu’un des facteurs les plus sous-estimés favorisant le soutien à Trump était le taux élevé d’analphabétisme. Environ 21% des Étasuniens ne savent ni lire ni écrire, écrivait-il, ajoutant que 54% des Étasuniens ont un niveau de compréhension de la langue anglaise équivalent à celui d’élèves de sixième année ou moins. On sera aussi étonné d’apprendre que 77% des Noirs étasuniens possèdent un niveau de compréhension des textes de modéré à élevé, un niveau qui tombe à 66% chez les Hispaniques et à 65% chez les Blancs. Les États-Unis se classent loin derrière le Canada et les pays européens, qui ont des taux d’alphabétisme proches de 99%. Le taux d’alphabétisme étasunien les place au niveau de pays comme l’Irak, la Tunisie ou le Congo. Qu’un Étasunien sur quatre croie que l’assaut du Capitole a été ourdi par le FBI ne surprendra donc  personne…

Mais le plus grand mensonge de ce milliardaire, fils de multimillionnaire, est bien de se présenter – et surtout qu’on le croie – comme le défenseur de l’ouvrier déclassé par la mondialisation. Dans une entrevue publiée quelques mois avant la défaite de Trump, Noam Chomsky soutenait qu’il était difficile de trouver un président américain qui ait autant œuvré à enrichir les ultrariches et les grands groupes et à leur donner les pleins pouvoirs, ce qui explique évidemment qu’ils tolèrent ses bouffonneries. « Par exemple, disait-il, la seule véritable réforme qu’il ait menée, c’est sa réforme fiscale, une arnaque pure et simple. Ce n’est rien d’autre qu’un cadeau aux plus riches et aux grands groupes. Trump est un serviteur très loyal du secteur privé, des grandes fortunes et des grands groupes. »

Chomsky rappelait qu’à Davos, en 2020, Trump avait été applaudi à tout rompre après son discours. « Ils l’ont applaudi parce qu’il a dit une phrase qu’ils comprennent tous et qui en dit long : « Je vais vous mettre de l’argent plein les poches, alors vous avez plutôt intérêt à me soutenir. »  

Décidément, voilà un éléphant qui trompe !

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Source: Lire l'article complet de L'aut'journal

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