Une visite en Chine sous le signe de la transition écologique — Albert ETTINGER

Une visite en Chine sous le signe de la transition écologique — Albert ETTINGER

En décembre 2023, j’ai fait partie d’un groupe de la gauche européenne invité en Chine pour un voyage d’information et d’échanges. Nous avons entre autres eu l’occasion de nous informer plus en détail sur la politique de la transition écologique mise en œuvre par la Chine, sur ses efforts et ses succès, et nous avons surtout pu voir quelques-uns des progrès réalisés de nos propres yeux.

L’objectif déclaré : une économie verte, à faible émission de carbone et circulaire.

Le président chinois Xi Jinping souligne à bon escient que le « développement économique ne doit pas se faire au prix de l’écologie » et que « les eaux limpides et les montagnes luxuriantes sont des atouts inestimables ».

Dans la Résolution du XXe Congrès du Parti communiste chinois publiée le 22 octobre 2022, on a pu lire ce passage remarquable :

« Il faut promouvoir le développement vert et la coexistence harmonieuse entre l’homme et la nature. La nature est la source de toutes nos richesses : il faut graver dans notre esprit cette idée, agir en conséquence, et planifier le développement en prenant en compte la coexistence harmonieuse entre l’homme et la nature. Nous devons procéder à une protection intégrale et à un aménagement systématique de l’environnement comprenant les montagnes, les rivières, les forêts, les champs, les lacs, les steppes et les déserts de sable, et coordonner les actions menées dans les domaines tels que la restructuration industrielle, le traitement de la pollution, la protection des écosystèmes et la lutte contre le changement climatique. Il nous faut accélérer la transition écologique du mode de développement, approfondir la lutte contre la pollution, assurer la préservation de la diversité, de la stabilité et de la durabilité des écosystèmes, et poursuivre activement et prudemment nos actions en matière d’atteinte du pic des émissions de CO2 et de neutralité carbone. »
La transition écologique a donc été parmi les sujets les plus importants évoqués lors de notre récent voyage en Chine.

« L’objectif Double Carbone et le développement vert de la Chine »

Tel a été le titre de l’exposé de Madame Chen Ying lors de notre rencontre à Beijing. Madame Chen Ying est une chercheuse à l’Institut pour la Civilisation écologique de l’Académie des Sciences Sociales de Chine (CASS). Elle a contribué depuis des années aux rapports du GIEC et venait juste de rentrer de la COP 28 à Dubaï.
Elle a commencé son exposé en montrant que la Chine est gravement affectée par le réchauffement climatique. En 2023, la capitale chinoise a connu 29,7 jours où la température a dépassé 35°, soit 21,1 jours de plus que la normale.
Dans la lutte contre le réchauffement climatique, la Chine s’est fixé l’objectif « Double Carbone » : elle s’est engagée d’atteindre le pic des émissions de CO2 avant 2030 et la neutralité carbone d’ici 2060. Dans ce contexte, la Chine a l’intention de réduire d’ici 2030 l’intensité carbone de son économie de plus de 65% par rapport au niveau de 2005.

Les chiffres témoignent des succès déjà obtenus dans la transition écologique. Le charbon, qui représentait 70,2% du mix énergétique de la Chine en 2011, n’en représentait plus que 56,8% en 2021.

Il faut souligner que l’objectif « Double carbone » de la Chine est extrêmement ambitieux. Il s’agit d’un vrai défi. Car la Chine est non seulement la plus grande économie en développement, elle veut atteindre la plus grande réduction d’émissions de carbone dans le plus court délai entre le pic carbone et l’objectif de la neutralité carbone. Elle a élaboré un plan d’action en dix points afin d’atteindre cet objectif.
Un autobus électrique de BYD exposé au siège de l’entreprise à Shenzhen (photo : Albert Ettinger)

Le champion dans le domaine des énergies renouvelables

L’industrie photovoltaïque chinoise est devenue le leader mondial.
Les énergies renouvelables ont atteint 119 GWhs en 2022 (13,8% du total). Au premier semestre 2023, avec 1322 MW soit 48,8% de la production totale, elles ont dépassé la part produite à base de charbon.
La Chine mise sur le développement de la mobilité électrique. Grâce aux véhicules électriques, la Chine a d’ailleurs détrôné le Japon en tant que premier exportateur mondial de voitures, en expédiant 3,22 millions d’unités à travers le monde entre janvier et août 2023.
60 % des voitures électriques dans le monde sont vendues en Chine. En outre, elle fabrique 77 % des batteries au niveau mondial.

Sensibilisation du public

Madame Chen Ying a souligné l’importance des mesures visant à réduire l’utilisation de plastique jetable et à promouvoir le tri ainsi que le recyclage des déchets.
En rappelant que le gaspillage représente un tiers du total mondial des émissions anthropiques, elle a évoqué la lutte contre le gaspillage, et plus spécialement contre le gaspillage alimentaire. Une journée nationale contre le gaspillage a ainsi été introduite pour sensibiliser la population, notamment via des campagnes d’information dans les écoles.
Une œuvre d’art à base de déchets exposée au Parc de l’énergie écologique de Nanshan à Shenzhen (photo : Albert Ettinger)

Au cours de la discussion qui a suivi son exposé, Madame Chen Ying a encore abordé les succès considérables dont la Chine peut se prévaloir dans les domaines de la reforestation et de la lutte contre la désertification.

Le parc des Zones humides de Nankao à Nanning

Une vue du parc de la rivière Nakao à Nanning (photo : Albert Ettinger)

Avec ses 8 millions d’habitants Nanning est la capitale de la province du Guangxi. Cette région du Sud de la Chine bénéficie d’un climat subtropical. Les précipitations y sont abondantes et elle est traversée par de nombreux cours d’eau.
Afin de prévenir ou, au moins, de réduire les inondations, les autorités chinoises ont élaboré le concept des « villes éponges ». Par la rétention et le stockage des eaux de pluie, elles entendent en même temps empêcher une pénurie en eau potable, réduire l’effet d’île de chaleur des agglomérations urbaines et améliorer l’environnement naturel ainsi que la biodiversité.

Dans le cas de Nanning, on a longtemps évacué les eaux usées de la ville en les déversant dans la rivière Nakao, ce qui a transformé celle-ci en un cloaque nauséabond.

En créant le Parc de la zone humide de la rivière Nakao, les autorités ont mis à profit la rivière et ses environs pollués. Ils l’ont élargie en aménageant des marécages, des mares et des étangs remplis de plantes qui ont la propriété de filtrer l’eau. De nouveaux espaces verts ont été créés ; des passerelles et huit kilomètres de sentiers couverts d’un revêtement perméable ont été construits.

Modèle réduit du Parc de la zone humide de la rivière Nakao (photo : Elena Ettinger)

Aujourd’hui, une végétation luxuriante retient et purifie l’eau tout en offrant un merveilleux espace de loisir et de repos à la population. Les odeurs nauséabondes appartiennent au passé. On a réussi la prouesse d’assainir toute la zone et d’épurer les eaux de la rivière tout en créant un lieu idéal de détente et de loisir.

Albert ETTINGER

»» http://www.chine-ecologie.org/penser-l-ecologie-en-chine/dans-l-actual…

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Source: Lire l'article complet de Le Grand Soir

À propos de l'auteur Le Grand Soir

« Journal Militant d'Information Alternative » « Informer n'est pas une liberté pour la presse mais un devoir »C'est quoi, Le Grand Soir ? Bonne question. Un journal qui ne croit plus aux "médias de masse"... Un journal radicalement opposé au "Clash des civilisations", c'est certain. Anti-impérialiste, c'est sûr. Anticapitaliste, ça va de soi. Un journal qui ne court pas après l'actualité immédiate (ça fatigue de courir et pour quel résultat à la fin ?) Un journal qui croit au sens des mots "solidarité" et "internationalisme". Un journal qui accorde la priorité et le bénéfice du doute à ceux qui sont en "situation de résistance". Un journal qui se méfie du gauchisme (cet art de tirer contre son camp). Donc un journal qui se méfie des critiques faciles à distance. Un journal radical, mais pas extrémiste. Un journal qui essaie de donner à lire et à réfléchir (à vous de juger). Un journal animé par des militants qui ne se prennent pas trop au sérieux mais qui prennent leur combat très au sérieux.

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