Thomas Bach, le président du CIO, et Vladimir Poutine
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Publié le 15 novembre à 20 h 15 UTC+1
Le président du Comité international olympique a prononcé un discours sans équivoque au Forum des fédérations internationales, cette semaine, à Lausanne. Devant les membres, Thomas Bach a lancé un vibrant appel à l’unité.
En ces temps difficiles, le pouvoir unificateur du sport est plus important que jamais, a-t-il lancé. Pour qu’un tel pouvoir unificateur se concrétise, il est essentiel que nous soyons tous solidaires. L’autonomie du sport, votre autonomie en tant que fédération internationale de sport, est menacée. Les actions de ces forces politiques qui sèment la discorde signifieraient qu’elles se substitueraient effectivement à votre rôle de fédération internationale.
Thomas Bach
Photo : Gracieuseté : CIO – Christophe Moratal
Dans son discours, il a désigné, à mots à peine voilés, les Russes, qui organisent leurs propres Jeux afin de se dissocier définitivement du Mouvement olympique.
D’aucuns voudraient décider de la participation de quels athlètes à quelles compétitions. D’autres aimeraient décider du lieu où les compétitions devraient se tenir. D’autres souhaitent encore organiser leurs propres événements sportifs dans une optique politique. Dans ce dernier cas en particulier, cela signifierait qu’un gouvernement prendrait le contrôle du sport international. Si tel était le cas, votre rôle et celui du Mouvement olympique deviendraient obsolètes
, a-t-il ajouté.
La menace d’une scission de plus en plus présente
Dans son plaidoyer, Thomas Bach parle d’un danger croissant pour l’ensemble du mouvement sportif de voir sa mission fédératrice mise à mal, pour ne pas dire qu’elle est attaquée, par tel ou tel gouvernement
.
Hasard ou non du calendrier, le président Vladimir Poutine prononçait à son tour un discours à 100 jours du début des Jeux du futur
. Par sa seule présence, le maître du Kremlin voulait montrer l’importance de son événement parce que, pour lui, c’est la Russie qui incarne dorénavant l’idéal olympique.
Le président russe Vladimir Poutine lors de son discours annuel à la nation.
Photo : Reuters / SPUTNIK
En Russie, nous comprenons bien la valeur de la diversité, y compris, bien sûr, dans le sport, a affirmé Poutine. Pour nous, c’est bien plus qu’une compétition de force et d’habileté ou la base d’un mode de vie sain et actif. Le sport est un symbole, l’incarnation de la justice, de l’égalité et de l’humanisme, une voie vers le renforcement de la compréhension mutuelle entre les pays et les peuples. L’importance fondamentale du sport et les principes de l’olympisme constituent la philosophie même des Jeux du futur nés en Russie. Ils ont déjà réuni les représentants d’une cinquantaine d’États. Et bien sûr, ce n’est qu’un début.
Les Jeux du futur
se tiendront à Kazan, capitale du Tatarstan, du 23 février au 2 mars 2024. Deux mille athlètes provenant de 100 pays devraient y participer. Ces Jeux qui se veulent novateurs seront un mélange de compétitions sportives et électroniques.
Il y aura donc des compétitions de sport électronique, ce que les organisateurs appellent des confrontations phygitales
. Une double épreuve où les athlètes s’affrontent d’abord dans un jeu vidéo, puis dans la même discipline, mais cette fois dans sa version physique. Autre nouveauté, il n’y aura pas de limite d’âge, de sexe ou de nationalité.
Proposer des compétitions hybrides, à la fois sportives et électroniques, constitue une gifle au Mouvement olympique. Thomas Bach avait précisément réuni les fédérations internationales pour discuter de l’avenir. La réflexion autour de l’utilisation du sport électronique était à l’ordre du jour.
Les Olympiques de sport électronique
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Le mouvement sportif ne pourra tirer parti des occasions offertes par les
évolutions comme l’IA et le sport électronique qu’à la condition de rester une force unifiée
, a-t-il déclaré dans son rappel à l’unité.
Ces Jeux du futur
sont une nouvelle provocation, après l’annonce de la tenue des Jeux des pays du BRICS, en juin prochain, un mois avant le début des Jeux olympiques de Paris.
Signe que la menace russe est bien réelle, Thomas Bach a conclu son allocution avec une mise en garde.
Dans un monde du sport ainsi politisé, il n’y aurait plus de véritables championnats du monde, a-t-il prévenu. Les compétitions ne se dérouleraient qu’entre des blocs similaires sur le plan politique, et il serait impossible pour le sport d’incarner une force unificatrice pour l’ensemble de l’humanité. Le sport deviendrait un vecteur de confrontation et de division pour notre monde. Pour toutes ces raisons, j’invite chacun à s’opposer à cette politisation du sport. Aucun d’entre nous ne doit participer, de quelque manière que ce soit, à de tels événements prétendument sportifs à visée politique.
Ce nouveau front ouvert par la Russie semble suffisamment sérieux pour qu’une contre-offensive se prépare. Le sport, jusqu’ici, était porteur de message de paix. Force est de constater que la guerre s’y est aussi invitée.
Source : Radio Canada
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