Gaza : qu’attend le Hezbollah pour intervenir ?

Gaza : qu’attend le Hezbollah pour intervenir ?

Par Le Cri des Peuples

Suite à la spectaculaire opération « Déluge d’Al-Aqsa » lancée par la résistance palestinienne à Gaza, l’armée d’occupation a infligé un niveau de massacres et de destructions sans précédent aux populations civiles sans défense, prises au piège dans le plus grand camp de concentration au monde. Si l’objectif officiel annoncé par Israël est l’anéantissement de la résistance palestinienne, son objectif officieux semble bien être le nettoyage ethnique de toute la bande de Gaza, où tout est fait pour rendre la vie impossible, ce qui ouvrirait la voie à une liquidation définitive de la cause palestinienne.

Depuis le début de cette phase cruciale de la lutte israélo-arabe, dont les enjeux semblent existentiels de chaque côté, les regards sont tournés vers la frontière nord de la Palestine occupée, avec inquiétude, espoir et/ou frustration : alors que l’OTAN apporte tout son soutien politique et militaire à Israël, notamment via un pont aérien sans précédent, le Hezbollah libanais, qui a fait vœu de toujours se tenir fermement aux côtés des Palestiniens et de combattre l’occupant sans relâche jusqu’à la Libération totale de la Palestine, va-t-il intervenir à l’heure de vérité ?

Pourquoi les regards sont-ils rivés sur le Hezbollah ?

« La France est prête à ce que la coalition internationale contre Daech, dans le cadre de laquelle nous sommes engagés pour notre opération en Irak et en Syrie, puisse lutter aussi contre le Hamas. […] Cette lutte, nous devons aussi la conduire en veillant à éviter l’embrasement de toute la région. Je mets ici en garde le Hezbollah, le régime iranien, les Houthis au Yémen et l’ensemble des factions qui, dans la région, menacent Israël, de ne pas prendre le risque inconsidéré d’ouvrir de nouveaux fronts. Ce serait ouvrir la porte à une conflagration régionale dont chacun sortirait perdant. C’est une nécessité pour tous les peuples de la région : faisons tout pour ne pas ajouter des larmes aux larmes et du sang au sang. »

C’est en ces mots que s’est exprimé le Président français Emmanuel Macron à Tel-Aviv le 24 octobre 2023, lors d’une conférence de presse avec le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, qu’il était venu assurer de son soutien inconditionnel, allant jusqu’à faire la proposition aussi ignoble que grotesque de faire participer les forces armées françaises et celles de l’OTAN à la lutte contre la résistance palestinienne. S’il a été le premier (et le seul) à suggérer cette idée, il n’a pas été le premier à menacer le Hezbollah libanais de ne pas ouvrir un nouveau front contre Israël. L’arrivée d’une importante flotte de guerre américaine en Méditerranée a largement été interprétée comme une tentative d’intimidation de l’ensemble de l’ « Axe de la Résistance » en général (alliance informelle comprenant, en plus des factions de la Résistance palestinienne, le Hezbollah libanais, l’Iran, l’Irak, la Syrie et le Yémen) et du Hezbollah en particulier. Lorsqu’il a annoncé ce déploiement de force dans un discours le 10 octobre, le Président américain Joe Biden a bien précisé de quoi il retournait :

Les États-Unis ont également renforcé leur dispositif militaire dans la région pour renforcer leur dissuasion. Le ministère de la Défense a déplacé le groupe aéronaval USS Gerald R. Ford vers la Méditerranée orientale et a renforcé la présence de nos avions de combat. Et nous sommes prêts à intégrer des actifs supplémentaires si nécessaire. Permettez-moi de le répéter : à n’importe quel pays, à n’importe quelle organisation, à quiconque envisage de profiter de cette situation, j’ai un mot : Ne faites pas ça. Ne faites pas ça. Nos cœurs sont peut-être brisés, mais notre détermination est claire. Hier, j’ai également parlé avec les dirigeants de la France, l’Allemagne, l’Italie et le Royaume-Uni pour discuter des derniers développements avec nos alliés européens et coordonner notre réponse unie.

Ce ballet macabre des dirigeants occidentaux venant renouveler leur allégeance et leur soutien inconditionnels à l’État d’Israël indique clairement, en plus de leur déchéance morale abjecte et sans retour, la gravité de la menace qui pèse sur l’occupant, et souligne sa fragilité bien plus que sa force. Le Hamas, maillon le plus faible de l’Axe de la Résistance, ayant brisé en quelques heures toutes les lignes de défense autour de Gaza et pulvérisé à jamais les illusions sur la supériorité de l’armée israélienne, les conséquences dévastatrices d’une guerre régionale contre Israël sont soudain apparues dans les esprits avec plus de force que jamais : l’entité sioniste est bel et bien menacée d’annihilation totale. Le seul Hezbollah, fort de plus de 100 000 hommes et d’un nombre encore plus grand de roquettes et de missiles de précision, serait capable d’infliger à Israël des pertes humaines considérablement supérieures à celles du 7 octobre, de s’emparer de vastes territoires dans le nord de la Palestine occupée et de détruire les infrastructures vitales du pays, alors que dire si des États comme la Syrie et l’Iran intervenaient ? Le Guide Suprême de la République Islamique Ali Khamenei n’a nullement exagéré lorsqu’il a déclaré qu’en se rendant en Israël, Joe Biden, Ursula von der Leyen, Olaf Scholz, Rishi Sunak, Emmanuel Macron et autres, sont venus au chevet d’un moribond :

« Les [puissances] malfaisantes dans le monde peuvent constater que le régime sioniste s’effondre et se détruit à cause du coup fatal et décisif que lui ont porté les combattants palestiniens. Ainsi, en effectuant ces voyages, en exprimant leur solidarité avec elle et en lui fournissant des outils criminels tels que des bombes et d’autres armes, ils s’évertuent à maintenir debout cette entité blessée et paralysée. »

De son côté, le Président russe Vladimir Poutine a fait un commentaire encore plus explicite au sujet de la présence des forces aéronavales américaines au large d’Israël, qui serait spécifiquement dirigée contre le Hezbollah libanais :

« Je ne comprends pas pourquoi les États-Unis envoient des porte-avions en Méditerranée. Ils ont envoyé un groupe naval et annoncé leur intention d’en envoyer un autre. Je n’y vois aucun sens. Que prévoient-ils de bombarder là-bas ? Le Liban ? Que comptent-ils faire là-bas ? Ou font-ils cela pour intimider ? Mais il y a des gens là-bas qui n’ont plus peur de rien. Le problème ne devrait pas être abordé de cette façon. Nous devrions plutôt rechercher des solutions de compromis. C’est ce que nous devrions faire. Ces actions attisent certainement les tensions. Si le conflit s’étend au-delà des territoires palestiniens, la situation deviendra incontrôlable. »

Effectivement, ni le Hezbollah ni ses alliés n’ont peur, bien au contraire : on peut même dire que tant en Palestine occupée que sur la scène internationale, la peur a changé de camp. Du reste, si Joe Biden a commencé par menacer le Hezbollah et l’Axe de la Résistance de ne pas intervenir dans le conflit entre Israël et Gaza, il a rapidement démenti l’idée (répandue par le gouvernement Netanyahou) que les Etats-Unis interviendraient aux côtés d’Israël si le Hezbollah attaquait (« Ce n’est pas vrai. Je n’ai jamais dit ça », a-t-il répondu sèchement), et son administration conseille maintenant discrètement à Israël de ne rien faire qui puisse amener le Hezbollah à entrer en scène.

Enfin, rappelons que l’Axe de la Résistance lui-même a lancé les avertissements les plus explicites aux forces américaines : toute intervention ouverte aux côtés d’Israël entrainera une intervention massive des forces alliées de la Palestine, avec des frappes directes non seulement contre l’entité sioniste (le Yémen l’a déjà frappée à plusieurs reprises), mais également contre les forces américaines en Méditerranée et dans tout le Moyen-Orient. Et il ne s’agit pas de vaines menaces : les bases américaines en Irak et en Syrie sont frappées quotidiennement par les factions de la résistance depuis le 8 octobre (23 attaques sont reconnues par le commandement américain à ce jour, et seulement deux « ripostes » ont eu lieu, ce qui démontre bien qui est enhardi et qui est intimidé), et les Brigades du Hezbollah irakien ont d’ores et déjà fait vœu d’expulser par la force l’occupant américain en réponse à son soutien aux massacres à Gaza. Il est clair que ce n’est pas seulement le Hamas qui est à l’offensive, mais toutes les forces de l’Axe de la Résistance, qui ont un enthousiasme et un moral au zénith depuis le succès spectaculaire du « Déluge d’Al-Aqsa ».

Quel regard le Hezbollah porte-t-il sur la situation ?

Loin d’adopter la vue défaitiste et catastrophiste répandue en Occident du fait de la prégnance du racisme, de l’impérialisme et de la mythologie hollywoodienne vantant l’invincibilité des armées blanches — qu’il s’agisse de celles de l’OTAN ou d’Israël, largement assimilé à la civilisation dominante —, vision promue par la plus formidable machine de propagande médiatique de l’histoire, l’Axe de la Résistance ne considère nullement Gaza au bord de l’anéantissement, mais au seuil de sa plus grande victoire. Gaza n’est pas en position défensive, mais en position de conquête. Gaza ne lutte pas pour sa survie, mais mène la plus grande bataille de Libération de l’histoire du conflit israélo-arabe. Et la Résistance palestinienne a lancé son attaque la plus audacieuse à ce jour au moment qu’elle a choisi, celui où ses forces et celles de ses alliés sont à leur apogée, et que celles de l’ennemi sont plus fragiles que jamais.

Les objectifs immédiats de la Résistance à Gaza sont la libération de milliers de prisonniers palestiniens détenus par Israël, la fin des profanations de la mosquée d’Al-Aqsa et de l’épuration ethnique en Cisjordanie et en particulier à Jérusalem-Est, et la levée du blocus, trois buts qui seront très certainement atteints, même s’il faut plusieurs années pour cela. L’expérience l’a montré en 2006 : que ce soit pour la capture de Gilad Shalit en juin par le Hamas ou celle de Ehud Goldwasser et Eldad Regev en juillet par le Hezbollah, Israël commence toujours par se laisse emporter par la rage et lancer ses campagnes de destruction dont le but annoncé est de de détruire totalement la Résistance (le Hamas ou le Hezbollah), puis il revoit ses objectifs à la baisse et espère seulement réaliser un quelconque accomplissement militaire, s’efforçant surtout de châtier les populations civiles pour les dresser contre la Résistance, puis finit par se rendre compte qu’aucun de ces objectifs ne peut être atteint et que son armée va au-devant d’une débâcle, et sauve la face en demandant à son parrain américain de ne plus mettre de veto aux résolutions de cessez-le-feu du Conseil de Sécurité de l’ONU. L’occupant finit enfin par se résoudre à s’engager dans la voie des négociations et cède aux exigences de la Résistance : le Hezbollah a obtenu la libération de tous ses prisonniers en 2008, et le Hamas en a fait libérer plus de 1 000 en 2011. Ce schéma est récurrent, et a toutes les chances de se reproduire encore cette fois-ci.

Certes, les destructions infligées par Israël à Gaza, l’ampleur des massacres et de l’étranglement humanitaire sont sans précédent. Mais elles ne constituent nullement un accomplissement militaire. Le commandement, les forces et les capacités du Hamas et des autres factions de la Résistance à Gaza restent intactes, comme le démontre leur capacité à maintenir les tirs de roquettes et de missiles contre Israël quotidiennement, et à frapper l’ennemi israélien de plus en plus loin. La guerre de 2006 au Liban a définitivement prouvé qu’une simple campagne aérienne, si violente soit-elle, était incapable de liquider, ni même d’affaiblir significativement une Résistance populaire ayant adopté des tactiques de guérilla. Et la perspective d’une offensive terrestre, que ce soit au Liban ou à Gaza, est toujours restée un vœu pieu du côté israélien, car les combattants du Hezbollah, du Hamas et du Jihad islamique ne rêvent que de cette occasion pour infliger des pertes considérables aux forces israéliennes. Des décennies d’occupation low-cost contre des civils en Cisjordanie ont rendu Tsahal absolument incapable de mener une véritable offensive face à des forces armées dignes de ce nom, et cette perspective terrorise littéralement tous les échelons de commandement, qui craignent même des mutineries et désertions massives de la part de leurs soldats, les plus lâches au monde. La preuve en est que depuis 25 jours, Israël promet une offensive terrestre imminente, mais n’a réalisé que de timides incursions à la lisière de Gaza, dans des zones largement désertes, essuyant de lourdes pertes que seules la stricte censure militaire et le black-out imposé à Gaza permettent de cacher pour le moment (et encore, pour le seul 1er novembre, Israël a dû reconnaître 16 morts, soit plus que la somme des victimes de Tsahal dans toutes les guerres menées à Gaza après 2014) : une telle armée est-elle prêt à confronter une guérilla urbaine, ou se fera-t-elle décimer ? Tous les massacres de civils ne font que refléter la rage impuissante de l’armée d’occupation et démasquer sa lâcheté, sa barbarie et sa soif insatiable de sang innocent. Les images atroces qui sont diffusées chaque jour constituent une véritable déchéance et suscitent l’indignation du monde entier, qui a clairement compris que Tsahal n’est pas une armée de combattants, mais d’assassins de femmes et d’enfants, et seront de plus en plus convaincus que la cohabitation avec une entité si monstrueuse n’est ni possible ni souhaitable. Et ce qui reste de prestige de l’armée israélienne n’est pas seulement brisé à l’international, mais aux yeux du gouvernement, du commandement et de la population israéliennes, qui sont plus divisés que jamais.

Voir Gaza : les masques tombent

Le Hezbollah, de même que les forces de l’Axe de la Résistance, ne sont certes pas indifférentes à l’aspect humanitaire de la situation à Gaza, et interviendront très certainement en force si une certaine ligne rouge est franchie. Mais elles restent concentrées sur l’aspect militaire, dans lequel, si difficile que cela puisse paraître à accepter parmi les scènes quotidiennes de carnage et de désespoir de la population civile de Gaza, la Résistance palestinienne garde la main haute, de même que la Résistance libanaise n’a jamais perdu l’avantage tout au long des 33 jours de massacres et de destruction en 2006. Détruire des infrastructures civiles, massacrer et affamer les populations et leur imposer un siège médiéval privant d’eau, d’électricité, de carburant et de médicaments plus de deux millions de personnes ne peut permettre de remporter une guerre que face à une direction politique faible, et à un peuple incapable de subir de telles souffrances : mais les Palestiniens ont depuis longtemps démontré que leur résilience est, littéralement, sans égale et à toute épreuve. Ils se feraient massacrer jusqu’au dernier homme, femme, enfant et nourrisson plutôt que de céder au terrorisme de masse israélien ou de devenir réfugiés pour la troisième fois, après les exodes forcés de 1948 (Nakba) et de 1967 (Naksa) dont ils sont les descendants directs. Mais malgré tout, il ne fait aucun doute que si la Résistance à Gaza est sérieusement menacée dans son intégrité voire son existence, ou si la population palestinienne tout entière est menacée de déplacement forcé ou de catastrophe humanitaire imminents, alors le Hezbollah et toutes les forces de l’Axe de la Résistance interviendront avec toute leur puissance de feu, et ce sera la fin de l’entité usurpatrice temporaire, même si le prix à payer sera énorme. Si le Hezbollah était prêt à une guerre totale contre Israël sur la question des frontières maritimes du Liban, comment pourrait-il hésiter au moment où la cause palestinienne serait confrontée à une menace existentielle ? Il est même possible que certaines forces de l’Axe de la Résistance aient déjà pris la décision d’intervenir massivement, mais elles le feront au moment opportun, probablement lorsque l’armée d’occupation sera embourbée à Gaza et aura subi un nouveau désastre militaire, que la Résistance aurait peut-être même intérêt à « encourager » en restant en retrait.

Laisser l’ennemi dans le doute et l’incertitude, exercer la pression nécessaire pour le dissuader de franchir certaines limites, et lui réserver des surprises, est un art dans lequel excellent le Hezbollah et ses alliés, qui doivent souhaiter une incursion terrestre d’ampleur à Gaza aussi ardemment que le Hamas et le Jihad islamique : la résistance palestinienne a en effet promis d’en faire le cimetière des envahisseurs. Les discours d’Abu Obeida, porte-parole des Brigades al-Qassam, ne sont en aucun cas de vaines fanfaronnades, mais révèlent la vision commune de tout l’Axe de la Résistance quant à la situation militaire à Gaza, et l’inébranlable certitude d’une victoire triomphale, qui sera décuplée en cas d’opération terrestre à grande échelle. Voici des extraits de ses interventions des 30 et 31 octobre :

« Dans la continuité de la bataille héroïque du Déluge d’Al-Aqsa que la résistance palestinienne, dirigée par les Brigades Al-Qassam et les Brigades Al-Quds, a lancée, nous tenons bon face à l’agression, et continuons à écrire des chapitres d’honneur et de fierté et à remporter succès après succès sur le chemin de la victoire inévitable, avec la grâce de Dieu.

Sous vos yeux, la Résistance se dresse avec orgueil, ses combattants ont toujours le doigts sur la gâchette et font face sur le terrain, et les barrages de roquettes bénis ne se sont pas arrêtés, continuant de frapper Tel-Aviv, Ashdod, Asqelon, Beersheva et toute la zone autour de Gaza, en riposte à la perpétuation continue des massacres et au ciblage délibéré des civils innocents.

Nos forces, aux côtés de celles des autres factions de la Résistance, continuent leurs actes héroïques sur le champ de bataille, confrontant les manœuvres futiles d’incursion terrestre menées par l’armée d’ennemie sous un déluge de feu, dans un vain effort visant à restaurer la confiance en la Brigade de Gaza, qui a été la principale cible du Déluge d’Al-Aqsa.

L’ennemi s’évertue à déployer tous ses efforts pour dessiner une illusion trompeuse de succès, et vanter un mirage de progression et d’accomplissements sur le terrain, mais nous savons bien quel est son objectif réel. Nous avons manœuvré sur le terrain à de multiples reprises pour priver l’ennemi d’opportunités de progresser sur le terrain, conformément à notre compréhension de la bataille.

O armée des défaites successives, ô caravane de rats vils venant souiller le sol de la digne et fière Gaza, informez donc Yoav Gallant [ministre de la défense israélien] et Herzi Halevi [chef d’état-major des forces israéliennes] de ce qui vous est arrivé à l’ouest de Bayt Lahia, à l’est de Khan Younis et de Beit Hanoun, et aujourd’hui dans le quartier de Zaitoun. Racontez-leur comment vous vous êtes laissés attirer comme des imbéciles dans un guet-apens de mort et dans des champs d’horreur. Et une fois encore, approchez donc, car je le jure par Dieu, nous vous attendons de pied ferme.

O notre peuple, ô nations arabes et islamiques, ô hommes libres du monde, nous poursuivons notre bataille, la bataille du Déluge d’Al-Aqsa. et à nos côtés se trouve notre peuple résilient et prêt à tous les sacrifices, qui continuent à scander, malgré son sang qui coule à flots, son attachement immuable pour sa cause et les plus nobles marques de dévouement et de fidélité, prêt à tout donner sur le chemin de la liberté du peuple palestinien.

Nous réaffirmons, avec le soutien de notre peuple, la valeur et la dignité de notre vie, en témoignage de fidélité à l’appel à la Résistance. Notre peuple, dans toutes ses composantes et factions, se tient debout et se relève de dessous les décombres, que ce soit en tant que martyr, drapé du linceul de la victoire annoncée par son sacrifice, ou en tant que survivant, criant de toutes ses forces son soutien pour la Résistance, dans une scène qui désarçonne les lâches sionistes, qui ont travaillé dur pour dresser le peuple contre nous mais n’ont pas réussi à séparer la Résistance de sa base populaire. […]

Récemment, l’ennemi sioniste a entamé des manœuvres terrestres sur plusieurs fronts. Le premier front se situe au nord-ouest de la bande de Gaza, le second s’étend du centre est de la bande de Gaza jusqu’à son sud-est. Ils sont également présents autour du point de passage de Beit Hanoun et dans les environs de Beit Hanoun.

L’ennemi criminel s’est approché de ces fronts après plus de 20 jours de bombardements utilisant tous les types d’armes, tentant de déplacer notre population et causant d’importantes destructions, vraisemblablement pour restaurer l’image de leur armée vaincue que nous avons brisée le 7 octobre. Dès que ces forces terrestres sionistes ont atteint nos lignes de défense et nos zones de contact, nos forces ont commencé et continuent à se défendre contre les attaques planifiées de l’ennemi sur tous les fronts.

Nos combattants sont et ont été engagés dans des confrontations féroces et des affrontements directs. Malgré l’avancée de l’ennemi, nos combattants ont réussi à engager le combat avec les forces ennemies et à détruire 22 véhicules sionistes jusqu’à présent en utilisant les obus Al-Yassin 105 hautement pénétrants et nos bombes de guérilla explosives dévastatrices qui ont été déployées dans cette bataille.

Nos combattants ont attaqué en utilisant divers types d’explosifs et de missiles, et ils ont exécuté des opérations d’infiltration depuis l’arrière des lignes ennemies dans les rassemblements et les zones d’avancée, réussissant à tuer de nombreux soldats de l’occupation.

Nous continuons à bombarder les forces terrestres avec des obus de mortier et des barrages de missiles à courte portée, tout en continuant à frapper profondément dans le territoire ennemi avec des roquettes de différentes portées. Nos forces navales ont réussi à mener de multiples attaques sur plusieurs cibles navales, en utilisant la torpille Al-Asif qui est entrée en service au cours de cette bataille.

Nos opérations défensives se poursuivent et n’en sont qu’à leurs débuts. Par la grâce et la force de Dieu, nous avons encore beaucoup de choses en réserve. Comme nous l’avons promis à l’ennemi, Gaza sera son cimetière et un cauchemar pour ses soldats. […]

Nous affirmons que les résultats stratégiques de cette bataille consisteront en une transformation à tous les niveaux et dans toutes les directions au profit de la Résistance et du projet de Libération de la Palestine, de toute la Palestine, avec la grâce de Dieu. »

C’est sur cette analyse du terrain, mot pour mot, que le Hezbollah se base pour planifier ses actions. Rappelons en effet que le but ultime de la Résistance palestinienne, et le seul but du Hezbollah et de l’Axe de la Résistance, n’est pas simplement la levée du blocus ou la libération des prisonniers, l’arrêt du nettoyage ethnique en Cisjordanie ou des profanations d’Al-Aqsa, ni même d’imposer une résolution du conflit avec la mise en place de deux États, solution morte et enterrée depuis longtemps du fait de la colonisation : le but de l’Axe de la Résistance est de faire disparaître complètement l’État d’Israël, et d’en expulser tous les colons, pour établir un État palestinien unique de la mer Méditerranée au fleuve Jourdain. De plus, suite à l’assassinat de Qassem Soleimani, le chef des forces Quds des Gardiens de la Révolution Islamique d’Iran, l’Axe de la Résistance a annoncé que leur objectif était de chasser toutes les forces américaines au Moyen-Orient. Ces deux objectifs stratégiques doivent être accomplis avec le moins de pertes humaines possibles. Ils seraient le résultat inéluctable d’une guerre régionale totale (qui aurait pu être déclenchée lorsque l’Iran a frappé la base américaine d’Al-Assad en Irak, une première depuis Pearl Harbor, si Trump n’avait pas avalé l’affront), mais celle-ci coûterait la vie à des centaines de milliers de Libanais, de Syriens, d’Irakiens, d’Iraniens et de Yéménites et détruirait leur pays si elle était menée aujourd’hui, l’empire américain étant en net déclin mais pas encore en phase terminale d’effondrement (même si le Covid, la débâcle en Afghanistan puis en Ukraine et la crise économique et énergétique laissent entrevoir ce moment avec plus d’acuité que jamais). La patience stratégique exige d’attendre le moment opportun, où une guerre ne sera peut-être même pas nécessaire (ou sera du moins beaucoup moins meurtrière et n’impliquerait pas les forces de l’OTAN), par exemple si la chute des États-Unis suit le modèle de l’Union soviétique. Le Secrétaire Général du Hezbollah Hassan Nasrallah avait lui-même évoqué l’hypothèse lors d’un entretien datant de 2019 :

« La puissance d’Israël dépend essentiellement de celle des États-Unis. Par conséquent, si quelque chose arrive aux États-Unis – comme ce qui est arrivé à l’URSS, par exemple un effondrement de son économie, des problèmes et discordes internes, des catastrophes naturelles ou tout autre incident susceptible d’amener les États-Unis à se consacrer à leurs problèmes internes et à réduire leur présence et influence dans la région –, je vous assure que les Israéliens plieront bagage d’eux-mêmes et évacueront dans les plus brefs délais. Par conséquent, leur destruction ne nécessite pas forcément une guerre. »

Nasrallah l’a répété suite à l’assassinat de Soleimani en janvier 2020 :

« Au sein de l’Axe de la Résistance, notre volonté et notre objectif doivent être les suivants : la réponse au meurtre de Qassem Soleimani et d’Abu Mahdi est d’expulser les forces américaines de l’ensemble de notre région. Si nous réalisons cet objectif, et nous le réaliserons avec la Grâce de Dieu, la Libération d’Al-Quds, du peuple palestinien, de toute la Palestine et des lieux saints de Palestine par Communauté arabo-musulmane sera toute proche, à un jet de pierre. Lorsque les Etats-Unis quitteront notre région, ces sionistes plieront bagage et partiront dare-dare. Il se peut que cela ne nécessite même pas de bataille contre Israël. »

Si difficile que cela puisse être à dire et à accepter, il ne ferait pas de sens que le Hezbollah déclenche une guerre qui sacrifierait des milliers de civils Libanais et détruirait les infrastructures du pays pour sauver 5 000, ni même 10 000 Palestiniens. D’autant plus que le Hamas peut remporter cette victoire seul, même au prix d’énormes sacrifices, et que le Hezbollah et ses alliés ne veulent pas lui disputer les lauriers. Si la Résistance à Gaza l’emporte, l’humiliation n’en sera que plus grande pour l’entité sioniste, et accélèrera sa disparition inévitable : ce serait un choc bien plus grand pour Israël d’être vaincu par Gaza seul que par une coalition internationale de forces, et cela briserait tout sentiment de sécurité pour les colons autour de Gaza, qui pourraient ne jamais revenir. Mais si, à n’importe quel moment, la cause palestinienne est en jeu, si Gaza ou la Résistance palestinienne sont au bord de l’anéantissement ou même d’un affaiblissement conséquent, s’il s’agit de sauver Al-Quds (Jérusalem) et la mosquée Al-Aqsa, le Hezbollah et l’Axe de la Résistance entreront en scène avec toute leur puissance de feu et ne reculeront devant aucun sacrifice, absolument aucun, dût-il avoir des proportions bibliques. Même si l’idéal serait une Libération d’Al-Quds sur le modèle de l’entrée du Prophète dans La Mecque, sans aucun combat majeur (car alors la supériorité des armées musulmanes était si écrasante que personne n’osa s’y opposer), voire sur celui de la libération de Jérusalem par Saladin lorsqu’il a laissé les Croisés partir sains et saufs en échange de la reddition de la ville, le Hezbollah et tout l’Axe de la Résistance ne reculeront pas devant l’Armageddon s’ils n’ont pas d’autre choix pour sauver la Palestine. Ce scénario n’est pas celui que favorise le Hezbollah, mais il a été évoqué à plusieurs reprises, notamment dans ce discours de Nasrallah du 1er octobre 2017 :

Je veux adresser un message clair aux Israéliens et aux Juifs en Palestine Occupée et (partout) dans le monde. Je leur dis ceci : dès le début, nous avons souligné au sein de la Résistance que notre bataille est dirigée contre les envahisseurs sionistes qui occupent la terre de Palestine et nos territoires arabes. Notre bataille n’est pas dirigée contre les Juifs en tant qu’adeptes de la religion juive céleste (reconnue par l’Islam) ou en tant que peuple du Livre [la Torah]. C’est le mouvement sioniste qui a instrumentalisé le judaïsme et les Juifs pour réaliser un projet d’occupation colonialiste en Palestine et dans la région, au service des Britanniques il y a cent ans, puis plus tard au service des politiques américaines.

Les Juifs qui ont été amenés de tous les coins du monde doivent savoir qu’ils ne sont que de la chair à canon dans une guerre colonialiste occidentale contre les peuples arabo-musulmans dans cette région. Et ils sont aujourd’hui du combustible pour les projets et les politiques américaines qui ciblent les peuples de la région. Et lorsque nos peuples défendent leur existence, leur terre et leur honneur face aux gangs sionistes, ils sont accusés injustement d’antisémitisme. C’est une accusation récurrente partout dans le monde.

Je dis aujourd’hui aux savants Juifs, à leurs personnalités éminentes, à leurs penseurs : ceux qui vous ont ramenés de tous les coins du monde en Palestine pour leurs propres intérêts œuvrent en fin de compte à votre destruction. Vous devez le savoir, car cela est écrit dans vos livres religieux. Le gouvernement israélien actuel, dirigé par Netanyahou, mène votre peuple à l’anéantissement et à la destruction. Car il ne fait de plans que pour la guerre, et ne fait que la rechercher. Il a œuvré par le passé à empêcher la signature de l’accord nucléaire avec l’Iran, et il a échoué. Et il œuvre actuellement avec Trump à déchirer cet accord et à pousser la région à une nouvelle guerre.

Si Trump et Netanyahou poussent la région à une nouvelle guerre, elle sera déclenchée à vos dépens, et c’est vous Israéliens qui paierez un prix très élevé pour ces politiques stupides du chef de votre gouvernement. Et Netanyahou pousse également la région vers une guerre contre le Liban, la Syrie, Gaza et les mouvements de la Résistance, à des titres mensongers et en invoquant des prétextes défensifs, une guerre préventive comme il le prétend.

Et ici, j’espère que tous les Israéliens vont écouter avec attention ce que je vais dire : Netanyahou, son gouvernement et ses cadres militaires ne savent pas comment finira cette guerre s’ils la déclenchent. Et je vous confirme également à ce sujet qu’ils n’ont pas une image juste de ce qui les attend s’ils entreprennent un acte aussi stupide que cette guerre. Ils n’ont ni clarté (de vision), ni évaluation précise, ni image juste. S’ils allument le brasier de la prochaine guerre, ils n’ont aucune idée de jusqu’où elle parviendra, quelles territoires elle embrassera, et qui y participera.

C’est pourquoi j’appelle aujourd’hui en premier lieu tous les Juifs non sionistes à détacher leurs considérations des calculs sionistes qui se conduisent eux-mêmes à la destruction finale. Et j’appelle tous ceux qui sont venus en Palestine occupée en croyant aux promesses qu’ils trouveraient la terre du lait et du miel à la quitter. Je les appelle à quitter la Palestine et à retourner dans les pays d’où ils sont venus afin de ne pas être un combustible dans toute guerre à laquelle les mènerait le gouvernement de Netanyahou l’imbécile. Car si Netanyahou lance une guerre dans cette région, il n’y aura peut-être plus le temps pour eux de quitter la Palestine, et il n’y aura pour eux aucun endroit sûr en Palestine occupée.

Le gouvernement ennemi doit savoir que les temps ont changé, tout comme il doit savoir que ceux avec qui il espère une alliance seront un fardeau pour eux, car ils ont besoin qu’on les défende eux-mêmes (et ne peuvent aider personne). Et l’ampleur des massacres commis par Israël contre le peuple palestinien et les peuples de la région son partenariat avec Daech et sa complicité ouverte dans le projet de partition de la région à travers son soutien ouvert et empressé à la sécession du Kurdistan, tout cela fera que les peuples de la région rendront un verdict capital à son encontre.

Et je conclus en disant aux Israéliens, au peuple de base israélien dans cette entité usurpatrice : vous savez que ce que vous disent vos dirigeants politiques et militaires au sujet de la capacité d’Israël à remporter une victoire dans tout guerre prochaine est largement composé de mensonges et d’illusions. Ce qu’on vous dit est largement composé de mensonges et d’illusions. Et vous connaissez l’ampleur des failles et des brèches qui existent au sein de votre armée et de votre société.

Et c’est pourquoi vous ne devez pas permettre à des dirigeants stupides et arrogants de vous mener dans une aventure dans laquelle il y aura peut-être la fin de toute chose et la disparition de toute cette entité.

Israël n’a pas tenu compte des mises en garde du Hamas et l’a chèrement payé le 7 octobre. Si Netanyahou, son gouvernement et son état-major continuent à ignorer cet avertissement autrement plus solennel de Nasrallah, Israël pourrait bien courir à sa perte.

Le Hezbollah est-il inactif ?

Dernier point, et non le moindre, il convient de rappeler que depuis le 7 octobre, le Hezbollah ne reste pas les bras croisés : il ne cesse d’affronter Israël à la frontière du sud-Liban, et de lui infliger de sérieuses pertes. La politique du Hezbollah est simple : dans un premier temps, il laisse les différentes factions de la Résistance palestinienne au Liban frapper Israël par des tirs de roquettes, ou des tentatives d’incursion, qu’il couvre et facilite officieusement mais sans y prendre part officiellement ; dans un deuxième temps, lorsque l’occupant riposte, le Hezbollah déclare qu’il ne peut pas tolérer cette agression contre le Liban, et qu’il va y répondre (soit dit en passant, il ne s’agit nullement d’impudence : selon le droit international, un peuple occupé a le droit de recourir à la force pour libérer ses terres ; un occupant n’a que le droit de plier bagage, et ne saurait invoquer la légitime défense) : ainsi le Hezbollah peut-il soutenir la Résistance palestinienne sans sortir des règles d’engagement définies contre Israël, et mener des attaques quotidiennes contre les bases, les troupes et les colonies israéliennes (on peut en voir toutes les vidéos sur cette chaine Telegram) sans que la situation n’escalade en une guerre totale.

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La Résistance libanaise vient de publier ce graphique qui indique les pertes infligées à l’occupant entre le 8 et le 30 octobre « dans le cadre d’opérations sur la route de la libération d’Al-Quds » : 120 soldats israéliens ont été tués ou blessés, 65 000 colons ont été évacués de 28 colonies, 13 véhicules armés ont été détruits (2 véhicules blindés de transport de troupes, 2 Humvees et 9 chars) et 105 sites militaires ont été ciblés. De plus, 69 systèmes de communication, 17 systèmes de brouillage et 27 systèmes de renseignement, 140 caméras, 33 radars et 1 drone ont été détruits, de sorte qu’Israël est presque totalement aveuglé sur ce qui se passe à la frontière libanaise, ce qui faciliterait une offensive terrestre majeure depuis le Liban. De son côté, le Hezbollah a annoncé 49 martyrs : il s’agit certes d’affrontements de basse intensité, mais de part et d’autre, les pertes en soldats représentent déjà près d’un tiers de celles de toute la guerre de juillet 2006, ce qui est loin d’être insignifiant. D’autant plus que cette pression quotidienne sur l’occupant ne représente pas seulement un soutien moral, mais bel et bien un soutien militaire. Comme l’a déclaré Cheikh Naïm Qassem, le Secrétaire général adjoint du Hezbollah, Israël a amassé 5 brigades autour de Gaza, et 3 brigades à la frontière libanaise (dont des troupes d’élite) : sans la menace que fait peser le Hezbollah sur Israël, des moyens bien plus conséquents seraient amassés autour de Gaza. Il s’agit donc avant tout, pour la Résistance, de diviser les forces de l’ennemi, et de laisser son commandement dans l’incertitude, afin de paralyser sa décision et sa disposition à engager massivement ses forces contre la Résistance palestinienne, et à cet égard, le succès est indéniable : il suffit pour s’en persuader d’écouter les déclarations confuses et contradictoires de Netanyahou, de ses ministres et de l’état-major israélien sur le lancement de l’opération terrestre, son timing, son ampleur, ses objectifs, etc.

Liban: Hassan Nasrallah discute avec Al-Nakhalah et Al-Arouri de  l'évolution de la situation

De plus, le Hezbollah est directement impliqué dans les opérations quotidiennes de la Résistance à Gaza, travaillant en étroite collaboration avec les cadres du Hamas et du Jihad Islamique basés au Liban dans une salle de commandement commune. Suite à la réunion très médiatisée de Hassan Nasrallah avec les dirigeants du Hamas et du Jihad islamique le 25 octobre, le chef politique du Hamas Salah al-Arouri a notamment déclaré :

« Nous assistons à une épopée héroïque de résistance au Liban contre l’occupant le long des frontières sud, où des affrontements quotidiens éclatent et où des martyrs tombent quotidiennement parmi le Hezbollah, les Brigades d’Al-Quds et les Brigades Al-Qassam. Le Hezbollah opère à tous les niveaux militaires et politiques, et cette bataille est aussi la sienne. Nous partageons un seul objectif et un seul destin. Notre lutte est unie, notre destin est partagé vers Al-Quds. Nous sommes en coordination constante dans cette bataille.

Toutes nos réunions avec le Hezbollah ne sont pas publiques. Nous avons rencontré Sayed Hassan Nasrallah le premier jour de la bataille. Nous sommes en réunions constantes et entretenons une communication profonde et précise avec toutes les forces de Résistance et nos frères du Hezbollah, avec Sayed Nasrallah en première ligne.

Si l’ennemi envahit par voie terrestre, cela marquera un nouveau et glorieux chapitre pour notre peuple et une défaite sans précédent pour l’occupation dans l’histoire de la lutte. La punition des crimes de l’occupation est inévitable. Nous assurons à notre peuple que la résistance se porte bien malgré les crimes de l’ennemi et apaisera vos cœurs par rapport à l’ampleur de vos souffrances en cas d’attaque terrestre brutale.

A l’occupation, je déclare ceci : soyez prêts, car la bataille n’a pas encore commencé. »

Il est probable que le Hezbollah n’a pas été surpris par l’opération du 7 octobre ni par son succès spectaculaire, Nasrallah n’ayant cessé d’avertir Israël de ne pas sous-estimer la Résistance palestinienne, et de craindre une réaction massive s’ils ne cessaient pas leur épuration ethnique en Cisjordanie et leurs provocations à la mosquée Al-Aqsa : « Ne faites pas d’erreur de calcul », n’a-t-il cessé d’avertir l’occupant israélien et son nouveau gouvernement fasciste. On peut même affirmer que la Résistance libanaise, qui, grâce à son expérience de libération de territoires occupés par Daech et Al-Nosra en Syrie, planifie une opération d’invasion d’Israël et de Libération de la Galilée depuis des années, a certainement transmis son expertise à la résistance palestinienne à Gaza, qui a pris l’armée israélienne totalement au dépourvu en lançant une opération à laquelle elle s’attendait à sa frontière nord. Le Hezbollah est donc directement lié à tous les aspects du terrain et de la situation, et assiste les factions de la Résistance de toutes les manières possibles, à l’instar de ce que font les États-Unis pour Israël.

Et maintenant ?

Les décisions du Hezbollah ne sont influencées ni par les menaces des ennemis, ni par les reproches (voire les insultes amères) des amis qui se laissent emporter par l’émotion et voient dans leur attitude de la lâcheté ou une trahison de la cause palestinienne. Le Hezbollah ne s’est jamais soucié de « sauver la face » et n’est animé que par sa vision stratégique sur le long terme, qui est tout entière tournée vers la Libération totale de la Palestine et les manières d’atteindre cet objectif stratégique en minimisant les sacrifices, si cela est possible. Ceux qui considèrent l’éradication d’Israël comme une illusion irréalisable sont les mêmes qui, en 1982, considéraient comme de la folie la volonté du Hezbollah naissant d’expulser par la force l’armée israélienne qui occupait la moitié du Liban, ou qui, avant le 7 octobre, auraient jugé inconcevable que la Résistance à Gaza puisse briser le siège et infliger de telles pertes et une telle humiliation à l’ennemi en quelques heures à peine. Les lignes rouges qui, si elles étaient franchies, feraient intervenir le Hezbollah et l’Axe de la Résistance avec toute sa puissance de feu sont probablement tracées de manière claire, mais il ne serait pas sage de les divulguer : ce serait dire à Israël qu’il peut aller jusqu’à ce point sans risquer de guerre totale. Laisser l’ennemi dans la confusion et exercer une pression contrôlée à la frontière libanaise est la meilleure stratégie pour cette phase de la bataille : le Hezbollah démontre qu’il est présent, qu’il n’a peur ni de l’affrontement ni de l’escalade, et qu’il est prêt à une guerre ouverte, mais laisse les honneurs au Hamas qui doit être le grand vainqueur de cette bataille.

Quoi qu’il advienne, le 7 octobre restera gravé dans l’histoire comme une victoire éclatante de la Résistance palestinienne, et un tremblement de terre pour Israël. Aucun massacre, aucune destruction, aucun génocide ne pourront jamais l’effacer. Comme l’a souligné Cheikh Naïm Qassem, Israël n’a guère le choix aujourd’hui qu’entre se contenter de la défaite cinglante qu’il a déjà subie, ou s’entêter dans la vengeance aveugle et subir un discrédit et une défaite plus grands encore. Chacun de ces deux scénarios est satisfaisant pour la Résistance palestinienne et ses alliés, qui ne l’abandonneront pas, quel que soit le prix à payer. Et d’ores et déjà, la confiance de la société israélienne en son armée et en elle-même, qui n’a fait que se fragiliser au cours des deux dernières décennies, est irrémédiablement brisée, et le processus de remigration des colons israéliens vers l’Europe et l’Amérique ne fera que s’accélérer : rappelons que contrairement aux Ukrainiens, dont le pays est également en voie de décomposition, des millions d’Israéliens ont une double nationalité, et choisiront de plus en plus la sécurité de leurs nations d’origine.

Le discours de Hassan Nasrallah annoncé pour le 3 novembre, en hommage aux martyrs de la Résistance islamique libanaise tombés ces derniers jours, brisera enfin le silence du Secrétaire Général du Hezbollah, expert en guerre psychologique, dont tant le silence que les prises de parole sont redoutés et décryptés par Israël. Il ne fera pas forcément d’annonces tonitruantes, même si beaucoup d’analystes ont prédit un discours historique, mais clarifiera du moins la situation très tendue à la frontière libanaise, qui n’a fait que s’aggraver, et peut dégénérer en conflit ouvert à tout moment. Parmi tous les discours que Nasrallah a prononcés, il s’agit probablement de celui qui sera le plus suivi, tant par les amis que par les ennemis du Parti de Dieu et de la cause palestinienne.

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À propos de l'auteur Le Cri des Peuples

« La voix des peuples et de la Résistance, sans le filtre des médias dominants. »[Le Cri des Peuples traduit en Français de nombreux articles de différentes sources, principalement sur la situation géopolitique du Moyen-Orient. C'est une source incontournable pour comprendre ce qui se passe réellement en Palestine, en Syrie, en Irak, en Iran, ainsi qu'en géopolitique internationale.]

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