C’était en 1976. Il y a longtemps mais ce qui c’est passé ces jours là a guidé ma vie.
Je viens dire ici ce qui est mon vécu, la réalité de ce monde qui n’a rien à voir avec la propagande qui règne en France sous la dictature macronienne empêchant toute opposition.
C’était donc en 1976, la guerre d’Algérie venait à peine de se finir. Mon frère ayant préféré la coopération à l’incorporation fût nommé professeur à Oran. Il se trouvait là bas sans voiture et me demanda de lui en chercher une et de la lui apporter, ce que je fis. Je profitais de quelques jours de congé pendant les vacances de Noël et je pris la route de Toulouse pour le Maroc et l’Algérie. Bien que n’ayant jamais mis les pieds en Espagne à cause de Franco, je me mis en route avec mon épouse : c’était un 24 décembre.
Après de nombreuses heures de conduite on décida de s’arrêter dans un petit bistrot au bords de la route. C’était le soir de Noël et le bistrot était plein de gens qui nous on demandé d’où nous venions et où nous allions, ce que nous avons expliqué avec les quelques mots d’Espagnol que nous pratiquions, et nous ont souhaité un « Feliz Navidad ». Nous nous sommes bien restaurés et, au moment de payer, tout avait déjà était réglé.
De retour dans la voiture nous nous sommes regardés et nous sommes demandés à qui nous avions fait du tort en ne mettant jamais les pieds en Espagne ? Etait-ce vraiment à Franco ?
Arrivés à la frontière maroco-algérienne que nous savions fermée, nous ne doutions pas que la voiture étant pour mon frère coopérant, on nous laisserait passer. C’est ce qui s’est passé après de nombreuses heures d’attente pour vérifier nos dires.
Avant de partir j’avais appris, grâce à mon boucher juif ( je mangeais cacher depuis des années sans le savoir), un peu d’arabe que je m’employais à utiliser pour les douaniers. Eh oui j’avais appris de l’arabe par mon ami boucher juif rapatrié d’Algérie qui vivait au milieu des Arabes et n’en avait pas gardé un mauvais souvenir au contraire ils s’invitaient pour les fêtes juives et musulmanes. Leurs différences étaient que la France pour une fois moins antisémite avait donné la nationalité française et le droit de vote aux juifs mais toujours aussi raciste l’avait refusé aux musulmans. D’où la suite.
Mon frère travaillant, il accepta de me laisser la voiture quelques jours pour visiter un peu le sud de l’Algérie. Nous voilà parti pour le sud algérien. Après quelques étapes berbères et romaines nous prenons la route du sud.
C’était il y a longtemps mais la mémoire de ces journées inoubliables ne pourra jamais s’effacer. Le voyage est une leçon de vie quand on vie au milieu des gens, il en a été de même pour moi en Afrique.
Nous prenons donc la route de Biskra je crois et en route nous prenons un jeune garçon de 12-13 ans qui faisait du stop. Il parlait bien français comme beaucoup des jeunes Algériens à cette époque et nous avons bien discuté. Comme nous aimions beaucoup fréquenter les marchés, il nous indique où était le marché et nous nous quittons. Finalement il nous y rejoins et nous invite à venir chez lui pour manger. Arrivés chez lui on nous offre dans une pièce à part un excellent repas que nous mangeons avec les doigts sur des nattes, à la mode algérienne. Nous sommes aux anges, on ne pouvait pas mieux rêver.
Mais la surprise ne s’arrêtait pas là ! Notre garçon nous invite à venir voir sa mère ! Nous sommes d’autant plus interloqués que nous croyons que la société des femmes était interdite à tout occidentaux ! Nous voilà donc introduits chez les femmes et pas uniquement sa mère mais au moins une dizaine de personnes. Avec son fils je suis le seul homme de cette assemblé et écrasé par le tel honneur qui m’est fait. Me voilà complètement paralysé, je ne sais quelle contenance adopter. Je remercie d’abord sa maman très avenante dont le fils me traduit les paroles. Et puis, comme dans un rêve, les femmes se mettent à chanter puis danser. On invite mon épouse, puis moi complètement coincé et raide devant ces femmes qui dansaient magnifiquement. Elles riaient et moi aussi devant mon incapacité ! Une après-midi comme on en vit une seule fois dans sa vie et que l’on oublie jamais.
Comment ces femmes qui avaient vu pour certaines leur maris tués par des Français pouvaient-elles avoir tout pardonné et nous accueillir ainsi ? La religion musulmane contrairement à tout ce que l’on dit enseigne le pardon et j’en suis le témoin. Mais ce n’est pas fini. Sa mère a insisté pour que nous restions coucher là le soir car nous devions rentrer le le lendemain. Nous montons par un petit escalier dans une pièce en haut dans la maison. Là il y avait toute la richesse de la maison : la robe de la mariée et toutes les choses les plus précieuses de la maison. Jamais dans ma vie je n’ai senti une telle confiance ! Nous avons dormi au milieu d’un trésor ! Aujourd’hui en écrivant ce texte j’en pleure encore.
Alors vous : anonymes espagnoles qui m’avez payé ce repas de Navidade, mon boucher juif de Toulouse qui avait, quand j’étais un étudiant fauché, un problème avec sa balance et qui, en plus, me donnait toujours quelque chose à goûter et, finalement, me nourrissait pour pas grand-chose, à vous les femmes de Biskra qui m’avez appris la vraie valeur du pardon, je vous ai tous et toutes dans mon cœur, jamais je ne pourrai choisir car vous m’avez appris à aimer et à pardonner. Je n’arriverai sans doute jamais dans ma vie à égaler ce que vous m’avez donné. Ami(e)s. J’essaye.
Quand j’entends certain chanteur français qui, de retour d’Algérie sait ce à quoi amène l’occupation de la terre des autres, et continue à demander l’élimination du peuple palestinien, on comprend que, bien qu’instituteur, il ait pu oublier les leçons de l’histoire : tout peuple occupé, opprimé, nié dans son existence finit toujours un jour par gagner sa liberté. Le temps est avec lui. La France qui a vécu les mêmes événements qu’en Israël est d’autant plus inexcusable parce qu’elle sait à quoi mène ce genre d’intransigeance : un jour il faudra bien négocier et ce sera devant un monde post-colonial qui risque de ne pas pardonner.
Ô Israël fais la paix, reconnais tes torts et pardonne ! Le massacre que tu te prépares à faire annonce ta mort dans 3 ans, 10 ans ou 30 ans mais tu sera condamné ! Regarde l’Histoire ! Renonce ! Plus aucun peuple après cela ne pourra te soutenir, même les lâches occidentaux qui aurons tellement trahi « leurs valeurs » ne pourrons plus te défendre devant leur peuple. La vengeance est mauvaise conseillère elle te conduit à ta perte.
Source: Lire l'article complet de Le Grand Soir