En France, on est terriblement antifasciste. Partout où se cachent, extrême droite, néofascisme et néonazisme, nos preux chevaliers hexagonaux vont les débusquer. Ah, ils ne ratent personne au point qu’on leur reproche parfois gentiment, d’avoir tendance à qualifier ainsi ceux qui ne pense pas comme eux. Péché véniel puisque c’est pour la cause. Et sont de bien mauvaises langues, ceux qui disent que porter cet antifascisme à sa boutonnière est une facilité surtout destinée à brandir un signe de supériorité morale. Il y a même de la concurrence entre les belles âmes au point qu’un secrétaire général du PCF caricature de social-démocrate mollasson, se voit qualifié par ses partenaires de « Doriot » ! De Jean-Luc Mélenchon et Sandrine Rousseau aux parlementaires macronistes en passant par ce que tout Saint-Germain compte d’intellectuels déclassés, c’est à qui dénoncera qui un journal qui une télévision, qui un journaliste, qui un écrivain. La chasse est ouverte, no pasaran !
Curieusement, alors qu’il vient de se dérouler un événement qui a provoqué un scandale mondial, dont articles et vidéos qui le relataient ont fait plusieurs fois le tour du monde, ils sont restés, tous tant qu’ils étaient complètement muets. Personnalités politiques, journalistes, intellectuels, habituellement intraitables ont eu soudain piscine et regardé ailleurs.
Pas un seul des chasseurs de nazis de la cohorte n’a jugé bon de sauver l’honneur. Le mot honneur s’impose car est bien un déshonneur, ce silence sur l’ignominie qui s’est déroulée au Canada, organisée par des gens qui savaient parfaitement ce qu’ils faisaient.
Justin Trudeau, petit domestique de l’empire
Qu’est-il arrivé à Justin Trudeau ? Les médias français, en général paresseux, nous l’ont présenté lors de son arrivée au pouvoir en novembre 2015, comme un politicien benêt, suscitant la moquerie pour ses déguisements puérils et son wokisme extrémiste. À l’étranger, pas grand monde ne le prenait au sérieux. La première surprise survint lors du renouvellement législatif de 2019 à l’occasion duquel, malgré divers scandales de corruption, il parvint à sauver son poste, se révélant alors être un politicien habile, mais surtout désireux d’être le meilleur élève de la folie wokiste en en justifiant les dérives les plus inquiétantes. Notamment dans la gestion des conséquences de la pandémie de covid, où il n’eut aucune hésitation à faire appliquer des mesures liberticides violentes contre les réfractaires à sa politique. Il se révèle également comme un ferme soutien de toutes les initiatives américaines en matière de politique étrangère.
Il reprend à son compte toutes les orientations de son grand voisin, allant jusqu’à accepter d’exécuter certaines basses besognes. Ce fut le cas lorsque le Canada fit arrêter une dirigeante du mastodonte numérique chinois Huawei, par ailleurs fille du fondateur. Les États-Unis utilisant le principe d’extraterritorialité de leur droit demandaient son extradition pour une soi-disant violation de leur régime de sanctions. Les Chinois répondirent à leur façon, en arrêtant quelques citoyens canadiens se trouvant en Chine et en les faisant condamner à la réclusion perpétuelle. Le message fut reçu, et l’échange d’otages réalisé.
Depuis le début de la guerre en Ukraine, le Canada s’est signalé par un soutien sans faille à la position américaine, en participant activement au financement du régime de Kiev, à la fourniture d’armes, et à l’entraînement des troupes de l’armée ukrainienne. On sait la responsabilité de l’ex-Premier ministre britannique Boris Johnson dans l’échec des négociations et de la mise en œuvre de l’accord intervenu au mois de mars 2022. Après le départ de celui-ci, on a pu avoir l’impression que Justin Trudeau voulait prendre sa place comme dirigeant le plus belliciste de l’Occident. Le vernis de calme et de tranquillité a disparu au profit d’une parole publique étonnamment vindicative, dès lors qu’il s’agissait du conflit russo-ukrainien. Combinée avec l’alignement millimétré sur Joe Biden et le gouvernement américain, le premier ministre canadien est devenu un acteur diplomatique fébrile des différents sommets internationaux et notamment ceux du G7 au Japon et du G20 en Inde. Il vient d’organiser chez lui ce qu’il pensait être une démonstration de force. Cela s’est révélé une catastrophe.
Quand le Parlement canadien réécrit l’histoire
Volodymir Zelensky devait se rendre au Canada en visite officielle après son voyage aux États-Unis à l’occasion de l’assemblée générale des Nations unies, où l’accueil tiède – et parfois glacial – qu’il a reçu fait que le succès de ce nouveau téléthon américain a été pour le moins contrasté. Pour sa visite au Canada, il fallait par conséquent lui faire un triomphe. Dans un savant mélange de duplicité, d’ignorance et de bêtise, Trudeau a organisé au Parlement un véritable triomphe romain, au profit de Jaroslav Hunka, un SS ukrainien survivant de la Division Galicie, ancien membre des pires unités chargées des massacres de juifs et de Polonais en Ukraine. Au cours d’une scène ahurissante, on vit l’ensemble des députés se lever pour acclamer un criminel de guerre non repenti. Le président de cette triste instance déclarant pour solliciter l’ovation, que Hunka était honoré pour sa lutte menée contre les Russes pendant la Deuxième Guerre mondiale ! Donc contre les soldats canadiens qui étaient leurs alliés ? Était-il possible de faire pire ? La vidéo de la longue ovation a fait le tour du monde, avec le visage extatique de Volodymyr Zelensky devant son compatriote, dont il savait très bien de qui il s’agissait. Et avec l’attitude radieuse de Christya Freeland, vice-premier ministre qui n’en est pas à son coup d’essai en matière de proximité avec des mouvements néonazis ukrainiens. Peut-être ravie du bon coup qu’elle venait de jouer et s’imaginant qu’il allait contribuer à sa nomination à la tête de l’OTAN en remplacement du calamiteux Jens Stoltenberg ? Puis devant l’incendie médiatique, ce furent les excuses pitoyables du président du Parlement, revendiquant son inculture et son incompétence. Trudeau quant à lui, refusa de s’excuser, niant la réalité pour une fois de plus, dans un discours lunaire, mettre la catastrophe sur le compte de la « propagande russe ». Chez nous, les réactions des soutiens militants des USA furent finalement du même acabit. On ne citera que le journal Le Monde qualifiant l’horrible séquence « d’événement malencontreux ». Mais on aurait pu attendre quelques réactions outrées des habituels professeurs de maintien d’un Jean-Luc Mélenchon, d’une Sandrine Rousseau, d’un Fabien Roussel, d’un François Ruffin etc. Nommer Geoffroy Lejeune à la tête du JDD, c’est la preuve que la France marche vers le fascisme, acclamer un criminel nazi génocidaire dans un parlement occidental, c’est au pire « malencontreux ». Ce fut au contraire un pieux silence démontrant que leur antifascisme est de pacotille et finalement leur totale soumission au narratif américain.
On ne procédera pas ici à une analyse approfondie du phénomène néonazi ukrainien et de son rôle dans la survenance et la gestion actuelle de la guerre. On ne peut pas bien sûr pas réduire la résistance de l’armée ukrainienne à cette motivation, ce ne serait pas sérieux. Simplement, il faut admettre que celui-ci joue depuis février 2014 et le coup d’état du Maïdan le rôle d’un caillou dans la chaussure occidentale. Comme le démontre un Arno Klarsfeld favorable à l’Ukraine mais conséquent dans sa critique de dérives incontestables. On rappellera quand même les déclarations très récentes de Sarah Ashton-Cirillo, ex-porte-parole trans-genre de l’armée ukrainienne et victime des fameux imposteurs russes Vovan et Lexus. « Il y a un problème terrible en Ukraine […] je les défends en public, mais en privé, je sais qu’il y a des groupes nazis ». Ah bon ?
Il y a au moins un endroit où ce spectacle a dû être apprécié, c’est probablement le ministère des Affaires étrangères russes. Possible qu’on y ait bu du champagne de Crimée pour fêter la façon dont Justin Trudeau venait de pulvériser un mythe occidental patiemment construit : « il n’y a pas de nazis en Ukraine ». Jusqu’en février 2022, des gouvernements, des institutions, des O.N.G. et la presse avaient souligné en Occident l’existence d’un courant néonazi multi-facettes en Ukraine. Il était assez facile de retrouver articles, photos, vidéos jusqu’à des rapports du Parlement français ou du Congrès américain qui pointaient cette situation. Vladimir Poutine ayant avancé l’objectif de « dénazification » de son opération militaire en Ukraine, le dispositif de propagande occidentale a pris un virage à 180° et les néonazis ont disparu. Ou quand il n’était pas possible de nier le réel, tout était fait pour l’atténuer et présenter ce qui est un courant ancien dans l’Ouest ukrainien sous les traits d’un folklore inoffensif. Eh bien si, il y a des nazis en Ukraine, et d’ailleurs pas seulement en Ukraine, la preuve. On imagine aussi l’effet sur l’opinion publique russe du dévoilement qu’a provoqué cette séquence infecte. La Russie dont on sait la mémoire brûlante de la guerre d’extermination qu’elle a subie entre 1941 et 1945, OK c’est bon article a pu constater que l’Occident portait en triomphe ceux que les nazis avaient chargé des pires exactions contre leur peuple.
Comment être surpris au spectacle de l’horrible séquence et à celui du silence des élites françaises, que Sergueï Lavrov soit écouté lorsqu’il dit : « nous n’avons plus rien à dire à ces gens-là ».
Source : Le Vilain petit canard
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A lire absolument pour mieux comprendre :
Wikipédia – La 14e division SS (galicienne no 1)
Revue Méthode – La division de la Waffen SS « Galicie » : quand l’Ukraine renoue avec les heures sombres de son histoire
Source: Lire l'article complet de Profession Gendarme