1 octobre 2023
Juliette Bryant est une sud-africaine de 40 ans avec une courte carrière de modèle. Elle avait tout juste vingt ans quand elle a croisé le chemin de Jeffrey Epstein au Cap en septembre 2002. Il était de la tournée africaine « humanitaire » de l’ancien président américain Bill Clinton.
Le mercredi 25 septembre 2002, Bill Clinton délivrait un discours sur le Sida dans une université du Cap fréquentée par des étudiants d’origines modestes. Pour cette tournée de cinq pays en cinq jours (Ghana, Nigeria, Rwanda , Mozambique et donc Afrique du Sud), il avait apporté Kevin Spacey et Chris Tucker dans ses valises. Juliette Bryant, étudiante en psychologie, est sortie le 24 septembre 2002 au soir. Les soirées du bar-restaurant Asoka, rue Kloof, étaient connues pour ses « Model nights ». Assez vite, une jeune Africaine-Américaine s’approche de Juliette et ses amies. Elle se dit importunée par un homme. Les étudiantes se veulent solidaires, mais l’histoire est fausse… L’importun n’existe pas. La jolie jeune femme s’appelle Naja Hill. Elle fera carrière à la télé… Naja demande alors à Juliette si elle est une modèle… Juliette répond qu’elle a en effet fait quelques shootings. L’Américaine s’enthousiasme. Elle dit qu’elle connaît bien le milieu, elle évoque Jeffrey Epstein, qu’elle surnomme le « King of America ». Naja Hill précise qu’Epstein possède une île personnelle dans les Caraïbes, et qu’il est de passage au Cap, justement, avec Bill Clinton, Kevin Spacey et Chris Tucker !1 2Quelques instants plus tard, après un trajet de 5-10 minutes en voiture, Juliette est présentée à la bande de puissants. Epstein appréciant le physique de la proie qui lui est présentée, le cauchemar de Juliette Bryant va bientôt commencer. Le lendemain, elle est invitée à écouter le speech de Bill Clinton sur le sida. Kevin Spacey, étrangement, filmait les étudiants jusque dans les couloirs. Enfin, les Américains s’en vont, et aussitôt les démarches pour arranger le visa de Juliette se mettent en branle. Le calvaire de la Sud-Africaine démarre quelques semaines plus tard à son arrivée en Amérique. Il est raconté un peu plus en détails dans la presse anglophone.Pour aller très vite, Juliette est devenue une des nombreuses esclaves sexuelles d’Epstein, qui se vantait de travailler pour la CIA et menaçait les récalcitrantes de représailles. Il disait pouvoir s’en prendre aux familles des filles, et racontait en avoir envoyée une en prison en montant une affaire de trafic de drogue. Epstein avait un tout petit sexe mais une libido extrême. Il fallait y passer trois fois par jour. Il aimait qu’on lui pince fort les tétons, et s’acharnait à provoquer l’orgasme de ses victimes avec des objets sexuels dédiés. Les propos de Juliette Bruant sont corroborés par bien d’autres. Juliette Bryant est une victime reconnue, elle a été indemnisée avec 9 autres victimes au titre du Epstein Victims’ Compensation Program3. Si elle a été interrogée par de nombreux médias anglophones mainstream, Juliette regrette la parution de propos souvent vidés des noms des amis d’Epstein. Seul l’article de Kate Briquelet dans The Daily Beast trouve grâce à ses yeux.Jeffrey Epstein, la France et quelques FrançaisNous en dirons davantage sur la vie de Juliette dans un prochain article. Venons en maintenant au volet français. Zoé Sagan (pseudo de l’ancien publicitaire Aurélien Poirson-Atlan) en a révélé une partie, dans son exercice habituel d’info-fiction. Le premier post de la star de X (ex-Twitter) a atteint 1.4 million de vus et a été traduit dans plusieurs lanques. Le second a touché un peu plus de 500 000 à ce jour. Je ne sais pas quel est le pourcentage de lecteurs qui savent lire entre les lignes, ou prennent le temps de soupeser chaque phrase pour en évaluer la crédibilité. En l’ocurrence ici, à ma connaissance, tout est vrai dans le premier post.
Etonnement, aucun journaliste français n’a depuis vérifié les infos. Juliette Bryant n’est pourtant pas difficile à trouver.
Une partie du public éclairé se souvient des deux ou trois filles de 12 ans semble t-il livrées de France pour fêter en Floride l’anniversaire de Jeffrey Epstein, ancien prof de maths devenu milliardaire avec l’aide des services secrets.
L’information avait fait grand bruit à l’été 2019, allant jusqu’à susciter la réaction du ministre de la protection de l’enfance Aurélien Taquet et la secrétaire d’Etat chargée de l’égalité femmes-hommes et de la lutte contre les discriminations, l’iconique Marlène Schiappa. Ils avaient demandé la nomination d’un juge d’instruction, avant d’être recadrés par la Garde des Sceaux Nicole Belloubet, qui, dans son rôle, affirmait : « Les poursuites ne sont pas des décisions du gouvernement ». Le Parquet de Paris annonçait ensuite ouvrir une enquête le 23 août 2019, treize jours après la mort d’Epstein. Par la suite, les témoignages de Thysia Huisman et Virginia Giuffre ont permis de maintenir quelque peu en éveil les médias français. Elles accusaient de viol Jean-Luc Brunel, un des principaux pourvoyeur du réseau, qui fut finalement arrêté en décembre 2020, alors qu’il allait s’envoler pour Dakar. Aussitôt incarcéré, il s’est suicidé en prison quatorze mois plus tard, sans procès donc. Rien n’a filtré depuis sur l’enquête de la justice française4.
Pourtant, des amis, des contacts ou des laquais en France, Jeffrey Epstein en avait beaucoup. J’y reviendrai peut-être une autre frois. Pour l’heure, je vous laisse chercher du côté des carnets de vol du Lolita Express, et des carnets noirs (celui de 2002, mais aussi celui des années 1990, souvent oublié).
Jeffrey Epstein était très régulièrement à Paris où il acquis un hôtel particulier en 2001, dans un angle de rue comprenant le 22 avenue Foch et les 1 et 1 bis rue Chalgrin5.
Epstein a aussi été vu quelques fois à Saint-Tropez. Notamment avec sa complice la maquerelle française Ghislaine Maxwell en mai 2001. Une photo d’eux devant l’office de tourisme a été partagé abondemment.
La fête d’anniversaire des 31 ans de Naomi Campbell avait aussi interrogé.
La journaliste franco-israélo-étatsunienne Laurence Haim avait également révélé une information peu reprise. Il faut croire que le trafic d’êtres humains intéresse peu. A Saint-Tropez, Jeffrey Epstein aurait offert une mineure à un businessman français.
Tout cela a déjà donné lieux à quelques articulets dans la « grande presse ». Intéressons-nous maintenant à des noms moins connus : deux françaises que Juliette Bryant a croisé, notamment à Paris, en février 2002.
Magali Blachon
Le nom de Magali Blachon (écrit Magalee ou Magale Blachou) apparaît vingt fois en 2002-2003 dans les carnets de vol du Lolita Express. Son nom est aussi dans le carnet noir de 2002, avec même le numéro de téléphone de ses parents ! Elle est ici en photos capturée dans le ranch d’Epstein du New Mexico…
Magali Blachon New Mexico © juliette bryant
Jeune entrepreneuse, elle s’est enregistrée une première fois à Foix en 2002. L’information, découverte cet été par un ami enquêteur, est désormais protégée sur les principaux annuaires d’entreprises. Mais nous avions fait des captures d’écran.
Le début de carrière de Magali Blachon a été époustouflant. Elle est rapidement devenu la coach fitness (yoga, pilates…) et la masseuse de vedettes (Charles Berling, Zazi, Zabou Breitman, Gad Elmaleh, Edouard Baer, Mathilde Seigner… soeur de la femme de Roman Polanski) d’après son site Respire-M et un encart dans Madame Figaro de 2010.
Trois ans plus tôt, en 2007, elle avait conseillé le réalisateur Claude Miller pour son film Un secret. La page n’est plus accessible, mais mon ami enquêteur avait fait une capture.
L’entreprise de Magali Blachon, Respire-M, est désormais basée à Saint-Jean, tout près de Toulouse. Elle donne aussi des cours à des apprentis danseurs àTrac L’école.
On est heureux d’apprendre, grâce à son Facebook, qu’elle est toujours en forme. Elle a couru le marathon de Barcelone de 2021.
Comme le dit Zoé Sagan, Magali Blachon pourrait être un des fils démontrant, si besoin était, les complicités d’Epstein au sein de l’appareil d’Etat français. En effet, son entreprise basée à Foix, comme plus tard celle d’Etampes, étaient sises à l’adresse de deux gendarmeries. Ces informations ont été nettoyées de plusieurs sites, mais nous avions appuyé sur « Impr Ecran Système » avant.
L’explication qui nous paraît la plus rationnelle est que Magali Blachon résidait en caserne, avec son mari, et qu’elle n’avait peut-être pas de locaux de travail spécifique. Cette hypothèse est renforcée par la lecture de cet article de 2017, où elle s’appelle Magali Bourgougnon, et où l’on parle de mutation (terme d’usage pour les fonctionnaires)6.
Une capture du Facebook de Magali Blachon et d’autres traces sur Internet confirment qu’elle avait épousé Xavier Bourgougnon.
Ils ont divorcé depuis, et Xavier Bourgougnon s’est remarié avec une femme gendarme. Xavier Bourgougnon indique sur son Linkedin être militaire depuis 2003. En parallèle, il travaillerait dans la sécurité privée (NIS Formation Sécurité, basée en Occitanie mais très actif à Saint-Barthélémy) et comme instructeur de plongée.
Deborah Amsellem
Je serais bref sur Deborah Amsellem. Elle a tourné dans quelques films entre 2007 et 2013, avant de se reconvertir dans la réalisation. Son Linkedin et son Facebook indiquent qu’elle est passée par France Télé et Canal + et qu’elle a appelé à voter Mélenchon l’an dernier. Dans l’entretien ci-dessous, Juliette Bryant l’accuse d’avoir été à l’origine de son empoisonnement.
La voici en photo aux côtés de Chauntae Davies, une victime et employée d’Epstein bien connue ; la photo a été prise par Juliette Bryant.
Chauntae Davies Deborah Amsellem
Juliette Bryant, merci de vous exprimer publiquement. Pourriez-vous s’il vous plaît écrire davantage sur Paris ? Combien de fois y êtes-vous allée ? Quand ? Combien de temps êtes-vous restée ?
J’ai été emmenée à Paris une fois – pendant environ 5 jours – ils ne restaient jamais plus de 5 jours au même endroit lorsque j’étais avec eux. Nous n’étions pas non plus informées de l’heure à laquelle nous allions voyager – on nous disait peu de temps avant de faire nos valises et de nous préparer à voyager. À l’aéroport, les douanes ne vérifiaient pas nos passeports ou nos bagages. Souvent, Epstein avait deux voitures qui venaient nous chercher – une pour les passagers et une autre pour les bagages – ce qui est étrange car ils n’avaient pas besoin de prendre de bagages car ils auraient dû avoir ce dont ils avaient besoin dans chaque propriété (Vêtements, etc.)? A Paris, nous sommes restées dans l’appartement la plupart du temps – nous sommes sorties dans un café et avons visité la tour Eiffel – j’ai fait la sortie avec une autre victime, Teala Davies (sœur de Chauntae), ainsi que les collaborateurs d’Epstein, Michael Liffman et Magali Blachon. Quand j’ai marché dans le couloir de la propriété où nous logions – avenue Foch – j’ai vu beaucoup de filles qui ressemblaient à des mannequins rester dans les chambres – elles ne paraissaient pas parler anglais. Je ne leur ai pas été présentée.
Avez-vous fait des séances photos pour votre carrière de mannequin ?
J’ai fait des séances photo – mais jamais via Epstein – je n’ai jamais fait de travail de mannequin à l’étranger – seulement en Afrique du Sud. J’ai aussi été emmenée à Los Angeles pour être comédienne pendant 3 mois en 2005, j’avais une agence et ils essayaient de me procurer des papiers de travail. Mais j’ai eu le mal du pays et je suis parti de là-bas et n’y suis pas retourné, Los Angeles faisait peur.
Ghislaine Maxwell était-elle là ? Et Sarah Kellen ? Magali Blachon ? Déborah Ansellem ? Oui, elles étaient toutes là à Paris – puis nous avons pris l’avion pour New York – après un arrêt à Terre-Neuve apparemment pour faire le plein de l’avion.
Quel aéroport avez-vous utilisé ?
Je venais d’Afrique du Sud et je suis donc arrivée à Charles De Gaulle, Epstein m’a aidé à obtenir un visa français. Ensuite, je ne me souviens pas de quel aéroport nous sommes partis dans l’avion d’Epstein – cela aurait pu être le même aéroport ou un aéroport privé – donc désolé, je ne m’en souviens pas.
Comment était sa résidence ?
Je n’ai vu que la chambre où je logeais ainsi que la cuisine et le salon principal.
Comment était la décoration ?
La décoration était très coûteuse, comme la plupart des propriétés. À l’exception de l’île qui était très basique – mais je n’y ai jamais vu sa chambre principale – il m’emmenait dans une petite pièce sombre vers où semblait se trouver sa véritable chambre. J’ai récemment vu une photo d’un drone et j’ai réalisé que je n’avais jamais vu sa chambre principale ni son balcon sur l’île. Le manoir de New York était décoré dans un style britannique – très différent de Palm Beach et du Nouveau-Mexique. L’appartement parisien était décoré avec beaucoup de blanc – c’était il y a si longtemps qu’il m’est difficile de me souvenir des détails exacts de la propriété – car j’étais également très bouleversée. C’était un appartement très cher – je n’ai pas vu toutes les pièces – juste l’endroit où je logeais et les salons comme d’habitude. Toutes les propriétés étaient décorées dans des styles différents. Cela ressemblait presque à un club de membres. Cela ne ressemblait pas au goût d’une seule personne.
Je ne vois pas vraiment, que voulez-vous dire ?
On aurait dit que les propriétés appartenaient à un groupe et non à une seule personne. Les styles de chaque propriété étaient si différents les uns des autres. Je suppose qu’Epstein semblait être la façade d’un syndicat ?
Qu’en est-il des chambres de Ghislaine Maxwell ?
Je n’ai jamais vu aucune des chambres de Ghislaine Maxwell – mais je suppose qu’elle devait avoir sa propre chambre à Paris. Elle semblait avoir sa propre chambre dans la plupart des propriétés – mais à New York, elle avait son propre appartement à proximité d’Epstein.
Pouvez-vous citer d’autres victimes à Paris ? Ou plus de violeurs là-bas ?
J’y ai rencontré un mannequin appelé Sephora Vanites – mais je n’ai été présentée à aucune des autres filles que j’ai vues séjourner là-bas. Une autre victime, Teala Davies, était également présente.
Et les filles qui ne parlaient pas anglais, étaient-ils tous originaires d’Europe de l’Est ?
Cela semblait être le cas.
Vous souvenez-vous de quelqu’un parmi le personnel ?
Je ne me souviens pas des noms du personnel qui y travaillait. Mais le personnel qui a voyagé avec Epstein était là – comme Magali, Deborah, Michael Liffman, etc.
Magali Blachon était-elle la professeure de yoga d’Epstein ? Est-ce qu’il faisait du sport ? Est-ce qu’ils semblaient amis ?
Magali était apparemment son entraîneur personnel – Epstein lui a également fait faire des exercices avec moi. À un moment donné, il l’a fait suivre pour m’empêcher de fumer des cigarettes – j’avais le droit d’en fumer trois par jour – une au petit-déjeuner, une au déjeuner et une au dîner.
Et Déborah Amsellem ? Pensez-vous qu’elle aurait pu être victime d’Epstein ?
Je ne sais pas – c’était plutôt comme si elle travaillait pour lui.
Qui surveillait vos allées et venues ?
Ils avaient des caméras là-bas et nous étions toujours entourés par une partie du personnel.
1 : La Fondation Clinton s’est intéressée au Sida après la conférence de Barcelone sur le sida de juillet 2002. Article du Monde.
2 : Le principal pilote d’Epstein, Lawrence Visoski, a parlé du voyage humanitaire des quatre hommes en Afrique du Sud. Article de Bloomberg.
3 : Sur le fond d’indemnisation des victimes en question.
4 : « Les enquêteurs ont eu, à plusieurs reprises, des déclarations dans les médias, et des déclarations qui étaient en contradiction avec les échanges qu’ont a peu avoir avec eux, en contradiction en termes de nombre d’auditions effectuées avec celles que nous avions remis entre leurs mains. Et l’ensemble de ces contradictions nous ont inquiété, sur la réalité et la volonté surtout du procureur de la République et de ses enquêteurs. » Maître Grimaud, avocate de l’association Innocence en danger. En vidéo.
5 : https://twitter.com/JozDire/status/1634919193970868224
6 : Article de la Gazette ariégeoise
POST-SCRIPTUM ET LIENS
Ni Magali Blachon, ni Xavier Bourgougnon, ni Deborah Amsellem, ni le Consulat de France au Cap n’ont répondu à mes questions. Je publierai leurs commentaires s’ils le souhaitent. L’OCRVP a aussi reçu le papier en avance.
Mon ordinateur a vraisemblablement été visité au cours de ce la rédaction de ce papier (qui, je le rappelle, est le fruit d’un travail collectif). Peu après avoir posé mes questions aux protagonistes ci-dessus évoqués, mon Twitter/X a vraisemblablement été piloté a distance. Je n’ai reçu aucune notification indiquant une connexion depuis un lieu différent. J’ai pourtant eu la surprise de remarquer un retweet que je n’avais pas fait, et qui concernait mon partenaire. Un truc du genre : ma femme a de l’ostéoporose, et en rentrant du travail, je remarque un retweet sur l’ostéoporose… Ou bien mon compagnon est originaire de Saint-Pierre-et-Miquelon, et j’observe en me reconnectant que mon compte a reposté, sans que j’en sois l’auteur, un post sur le territoire ultra-marin. Voilà comment on vous intimide.
Quelques liens pour creuser la nébuleuse affaire Epstein :
Black books & quelques Flight logs : https://epsteinsblackbook.com
Flight logs de février 2003 avec Juliette Bryant : https://epsteinsblackbook.com/flights/16
Black book de 1997 : https://s3.documentcloud.org/documents/20973204/jeffrey-epsteins-other-little-black-book-redacted.pdf
Passagers du Lolita Express : https://wikispooks.com/wiki/Lolita_Express/Passengers
Faits et documents de Novembre 2019 : https://wantedpedo-officiel.com/wp-content/uploads/2016/11/N%C2%B0471.pdf
https://gab.com/SestreyduFelay/posts/111136543017614300
Et pour les anglophones, la version originale de l’entretien avec Juliette Bryant :
Could you please write more about Paris ? How many time did you go there ? When ? How long did you stay ?
I was taken to Paris one time – for about 5 days – they never stayed anywhere for more than about 5 days when I was being taken there.
We would also not be given notice of when we would travel – we would be told shortly before to pack and get ready to travel.
At the airport customs didn’t appear to check our passports or luggage.
Often Epstein had two cars collect us – one for passengers, and another seemed to be for luggage – which is weird as they didn’t need to take luggage as they should have had what they needed at each property? (Clothes etc)
When in Paris we stayed in the apartment most of the time – we went out on one outing to a coffee shop and to see the Eiffel tower – I went on the outing with another victim Teala Davies, and Epstein’s staff Michael Liffman and Magali Blachon.
When I walked down the corridor in the property we were staying in – in Ave Foch – I saw many girls that looked like models staying in the bedrooms – it didn’t seem that they could speak English. I wasn’t introduced to them.
Did you do photoshoots for your modeling career ?
I did photoshoots – but never through Epstein – I never did a modelling job overseas – only in South Africa. I was also taken to LA to do acting for 3 months in 2005, I had an agency and they were trying to arrange me working papers. But I got homesick and left there and didn’t go back, LA was scary.
Was Maxwell here ? And Sarah Kellen ? Magali Blachon ? Deborah Amsellem ?
Yes they were all there in Paris – then we flew to NY – we stopped at New Foundland to apparently refuel the airplane.
Which airport did you use ?
I was flown in from South Africa so I arrived at Charles De Gaulle, Epstein helped arrange a French visa. Then I can’t remember which airport we left from in Epstein’s airplane – it might have been the same airport or a private one – so sorry I can’t remember.
How was his mansion ?
I only saw the bedroom where I was staying and the kitchen and main living room areas.
How was it decorated ?
It was very expensively decorated – as were most of the properties. Except for the Island which was very basic – but I never even saw his main bedroom there – he used to take me into a small dark room on the side of where his actual bedroom appeared to be. I recently saw a drone shot and realised I didn’t ever see his main bedroom and balcony on the Island.
The NY mansion was decorated in British style – very different to Palm Beach and New Mexico.
The Paris apartment was decorated with a lot of white colour – it’s so long ago it’s hard for me to remember exact details of the property – as I was also very overwhelmed. It was a very expensive apartment – I didn’t see all the rooms – just where I was staying and the living rooms as usual.
All the properties were decorated in different styles. It almost seemed like a members club. It didn’t look like the taste of one person.
I don’t really see, what do you mean ?
I mean it seemed like the properties belonged to a group – not to just one person. The styles of each property were so different from one another. I guess what I’m saying is that Epstein seemed to be the front for some syndicate?
What about Ghislain Maxwell bedrooms ?
I never saw any of Ghislaine Maxwells bedrooms – but I assume she must have had her own room in Paris. She seemed to have her own room at most of the properties – but in NY she had her own apartment nearby to Epstein.
Can you name more victims being in Paris ? Or more rapists there ?
I met one model there called Sephora Vanites – but I wasn’t introcuded to any of the other girls I saw staying there. Another victim, Teala Davies (sister of Chauntae Davies) was also there.
You wrote that many girls could not speak English. Were them all from eastern Europe ?
It seemed so.
Do you remember of anyone from the staff ?
I don’t remember names of the staff who worked there. But staff that travelled with Epstein were there – such as Magali, Deborah, Michael Liffman etc..
Was Magali Blachon the yoga teacher of Epstein ? Did he do sports ? Did they seemed friends ?
Magali was apparently his personal trainer – Epstein had her do exercise training with me as well. At one point he had her following me to stop me smoking cigarettes – I was allowed 3 a day – one at breakfast, one at lunch, one at dinner.
What about Deborah Ansellem ? Do you think she could have been a victim of Epstein ?
I don’t know – it seemed more like she was working for him.
Were Magali and Deborah friendly / authoritarian ?
They seemed quite close, they were a little friendly but more authoritarian.
Who was watching your comings and goings ?
They had cameras there, and also we were always surrounded by some of the staff.
Source : Mediapart
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