La pénurie de main-d’oeuvre connaît une accalmie dans le secteur manufacturier

La pénurie de main-d’oeuvre connaît une accalmie dans le secteur manufacturier

La machine manufacturière du Québec a encore besoin de plus de 21 300 rouages pour fonctionner à plein régime. Malgré une légère accalmie au deuxième trimestre, la pénurie de main-d’oeuvre continue d’affecter la presque totalité des entreprises du secteur et représente le principal obstacle à son essor.

Les plus récentes données de Statistique Canada indiquent qu’il restait encore 21 325 postes à pourvoir au deuxième trimestre de l’année. Le chiffre représente une modeste amélioration par rapport au début 2023, où il manquait 22 695 travailleurs et travailleuses, mais il constitue surtout une embellie marquée par rapport à la même période en 2022, où il fallait trouver presque 32 000 personnes pour que tous les postes vacants aient un titulaire.

« En 2020-2021, la demande internationale était très forte et nous n’arrivions pas à lui répondre. Donc, nous cherchions à embaucher et il y avait beaucoup plus de postes vacants que nous n’arrivions pas à combler », explique Véronique Proulx, présidente-directrice générale de Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ).

« Ensuite, les plus grandes entreprises me disent que ça va mieux : elles peuvent offrir de meilleures conditions salariales qui attirent de la main-d’oeuvre. Par contre, il y a seulement 1000 entreprises manufacturières de plus de 100 employés parmi les 13 000 que compte le Québec. Pour les PME, le recrutement demeure difficile. »

Selon MEQ, une association qui revendique 1100 membres, quatre domaines accusent particulièrement le coup : l’alimentation, la métallurgie, la fabrication de machinerie et la fabrication de matériels de transport. Le salaire d’entrée moyen dans le secteur manufacturier s’élève à 27 $ l’heure, précise l’association.

Trois régions comptent près de la moitié des postes à pourvoir au Québec. Seulement à Montréal, en Montérégie et en Chaudière-Appalaches, il manque 11 330 travailleurs et travailleuses pour combler tous les besoins de l’industrie.

C’est toutefois dans Lanaudière, le Bas-Saint-Laurent, le Centre-du-Québec, la Côte-Nord et le Nord-du-Québec que le taux de vacance se fait le plus douloureusement sentir. C’est dans ces régions, plus éloignées, que le nombre de postes à pourvoir s’avère le plus important par rapport au nombre d’emplois total au sein des entreprises manufacturières.

Dans un sondage mené par MEQ auprès de ses membres, 98 % des entreprises ont affirmé avoir des postes à pourvoir. Le coût pour l’économie québécoise de ce manque de main-d’oeuvre se chiffrait à sept milliards de dollars à l’automne 2022. À titre comparatif, le secteur manufacturier représente 86,8 % des exportations québécoises et a engendré près de 213 milliards de dollars en 2021.

MEQ demande à Québec d’atténuer la pénurie en haussant substantiellement son seuil d’immigration. Pour répondre au besoin de main-d’oeuvre, il faudrait admettre 90 000 immigrants permanents par année d’ici 2027.

« En 2020, le secteur manufacturier embauchait 4000 travailleurs étrangers temporaires. Aujourd’hui, nous sommes passés à plus de 16 000 : les assouplissements négociés avec les gouvernements ont permis de soulager en partie la pénurie », souligne Véronique Proulx.

« Toutefois, ça favorise encore une fois la grande entreprise, parce que le processus pour faire venir un travailleur étranger temporaire coûte entre 12 000 $ et 15 000 $. […] Ça pénalise doublement les PME, qui n’ont pas souvent les moyens d’attirer une main-d’oeuvre étrangère temporaire. »

D’autres moyens d’embaucher

Une immigration permanente assurerait une réponse plus pérenne aux problèmes de main-d’oeuvre, croit MEQ. Pour encourager une immigration francophone et régionalisée, il faudrait notamment « élargir l’accessibilité de la francisation avant l’arrivée au Québec » et permettre la francisation « en amont » des époux et des conjoints des travailleurs accueillis, propose l’association.

MEQ suggère également qu’on offre un incitatif financier aux immigrants qui s’enracinent à l’extérieur des grands centres, notamment en s’inspirant du crédit d’impôt pouvant remettre jusqu’à 3000 $ par année à ceux et celles qui choisissent de vivre en région.

Le contexte économique difficile, où plusieurs voient une récession poindre à l’horizon, allégera le manque actuel de personnel, selon la p.-d.g. de MEQ. « Je m’attends à ce que ça diminue un peu compte tenu de la demande internationale moins forte », conclut Véronique Proulx.

« Des entreprises sont préoccupées, reportent des projets d’investissement et font plus attention. Nous sommes toutefois loin des mises à pied : les entreprises ont travaillé tellement fort pour attirer des talents, elles ne sont pas près de s’en séparer malgré le ralentissement économique annoncé. »

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À propos de l'auteur Le Devoir

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