L’économie, « par en bas »… — Jean-Marc GARDES

L’économie, « par en bas »… — Jean-Marc GARDES

Je séjourne dans une petite cité thermale de la Méditerranée. Certainement soucieuse du « confort » des curistes qui y sont accueillis, la municipalité a fait installer un panneau lumineux où défilent les informations communales : annonce de films, expositions, conférences, manifestations sportives etc.

Oui mais voilà : sur ledit panneau qui fonctionne j’imagine, avec des ampoules ou diodes lumineuses, celles-ci doivent être « grillées » puisque les dernières lignes de chaque annonce, celles qui donnent les lieux, et conditions de participation à ces activités, n’apparaissent pas !

Je me rends à la mairie pour informer de ce dysfonctionnement et de cette privation d’informations, finalement précieuses. Il m’est répondu que ma demande est entendue et qu’il y sera donné suite.

10 jours plus tard, le panneau d’information n’est toujours pas réparé. A proximité, je croise un employé des services techniques de la mairie. Je lui raconte mon histoire et il m’en dit alors un peu plus : l’exploitation du panneau (et peut-être aussi, initialement son installation ?) a été confiée à une société privée. Et, ajoute-t-il, celle-ci a des délais d’intervention qui ne sont pas les nôtres, plus longs, laisse-t-il clairement entendre.

A partir de là, je n’ai pas beaucoup de peine à trouver des éléments d’explication. J’imagine :

1) que cette société doit être basée dans une grande métropole, et pas sur place,

2) qu’elle n’envoie pas une équipe d’agents pour, seulement, changer quelques diodes sur un panneau lumineux. Mais au contraire qu’elle doit attendre d’avoir un carnet de demande d’interventions bien complet pour diligenter une équipe d’intervention.

Oui mais…

Du côté de la société gérante, ou concessionnaire, en « bon gestionnaire » qu’elle doit être, on regarde le coût du déplacement et de l’intervention, son impact sur le chiffre d’affaire.

Alors que pendant ce temps, du côté de la commune, les multiples activités proposées le sont en pure perte car, faute d’information donnée, elles sont privées de leur public potentiel. Des activités et manifestations en « déficit » (de public, d’auditoire), un public appauvri, privé d’initiative culturelle ou sportive. Aussi longtemps que la société ne se décidera pas à intervenir.

Moralité :

1) avec cet exemple tout bête, d’en bas, on voit bien, me semble-t-il, que selon « qui est à la manœuvre », on a bien deux logiques différentes, opposées, qui s’affrontent. D’un côté, une logique de rentabilité, et de profit, et de l’autre, une logique de service public.

2) logique de service public qui est mise à mal, qui est en retrait, chaque fois que la puissance publique se défait, « externalise » pour les confier à des acteurs privés, les prérogatives qui sont les siennes.

Au nom de quoi ? Du « moindre coût » ? de l’efficacité ? Que nenni !
Au prix faudrait-il dire plutôt de la réelle satisfaction des attentes, des besoins du public, c’est-à-dire finalement des citoyens, des usagers qui passe à la trappe.

L’histoire ci-dessus le montre assez bien.

Adblock test (Why?)

Source: Lire l'article complet de Le Grand Soir

À propos de l'auteur Le Grand Soir

« Journal Militant d'Information Alternative » « Informer n'est pas une liberté pour la presse mais un devoir »C'est quoi, Le Grand Soir ? Bonne question. Un journal qui ne croit plus aux "médias de masse"... Un journal radicalement opposé au "Clash des civilisations", c'est certain. Anti-impérialiste, c'est sûr. Anticapitaliste, ça va de soi. Un journal qui ne court pas après l'actualité immédiate (ça fatigue de courir et pour quel résultat à la fin ?) Un journal qui croit au sens des mots "solidarité" et "internationalisme". Un journal qui accorde la priorité et le bénéfice du doute à ceux qui sont en "situation de résistance". Un journal qui se méfie du gauchisme (cet art de tirer contre son camp). Donc un journal qui se méfie des critiques faciles à distance. Un journal radical, mais pas extrémiste. Un journal qui essaie de donner à lire et à réfléchir (à vous de juger). Un journal animé par des militants qui ne se prennent pas trop au sérieux mais qui prennent leur combat très au sérieux.

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Recommended For You